Italie fasciste

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L'Italie faciste à son apogée
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L'Italie fasciste est la période de l'histoire de l'Italie comprise entre 1922 et 1943 (et même 1945 pour l'Italie du Nord). L'Italie est alors gouvernée par le parti fasciste dirigé par Mussolini. La dictature politique mise en place progressivement à partir de 1922 débouche sur un état totalitaire qui tente de contrôler la vie et les pensées de tous les habitants. Engagée en 1940 dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés de l'Allemagne nazie, l'Italie est envahie par les Anglo-Américains dès 1943, et le régime fasciste, après un violent soubresaut, disparaît en 1945.

L'installation de la dictature fasciste[modifier | modifier le wikicode]

Victor-Emmanuel III, roi de l'Italie fasciste

Fin octobre 1922, à la suite de la « Marche sur Rome », Mussolini devient le chef du gouvernement italien. Il doit rassurer les conservateurs. Le nouveau gouvernement, qui est une coalition, ne compte que quatre ministres fascistes, les autres ministères sont accordés à des conservateurs et à des militaires prestigieux. Mussolini maintient le cadre politique traditionnel ; le roi Victor-Emmanuel III reste sur le trône, la Chambre des députés et le Sénat sont maintenus, la presse d'opposition continue de paraître. Les Chemises noires (ou groupes armés du fascisme) quittent Rome. Cette « modération » permet le ralliement d'hommes politiques et d'intellectuels de premier plan. Parallèlement, pour réduire l'influence de l'opposition de gauche, les Chemises noires se déchaînent dans les provinces. Elles y attaquent violemment les locaux et les militants syndicalistes, socialistes et communistes. La grève est interdite. La fête du Premier Mai est supprimée. En novembre 1922, à la suite d'un vote des députés et des sénateurs, Mussolini obtient les pleins pouvoirs pour un an. La dictature légale commence. Une nouvelle loi électorale décide que la coalition de partis qui obtient au moins le quart des voix gagne les deux tiers des sièges de députés. Grâce aux moyens financiers des industriels et des grands propriétaires, ainsi qu'à la violence intimidatrice des Chemises noires, les élections législatives d'avril 1924 sont un succès pour les fascistes. La coalition conservatrice qu'ils dominent obtient 4,3 millions de voix et 372 députés (les opposants, avec plus de 3 millions de voix, ne disposent que de 144 sièges). En juin 1924, le chef socialiste, le député Mattéotti, qui dénonçait publiquement le truquage des élections, est enlevé et assassiné par les fascistes. Malgré l'énormité du scandale, grâce aux maladresses de l'opposition, Mussolini, le 3 janvier 1925, revendique publiquement l'ordre d'assassinat et annonce l'établissement de la dictature.

Un état totalitaire[modifier | modifier le wikicode]

Le fascisme repose sur l'idée suivante : « Tout pour l'Etat, rien en dehors de l'Etat, rien contre l'Etat ». Pour le fascisme, l'État est le garant de la grandeur nationale. Rien ne doit l'affaiblir. L'individu et ses intérêts particuliers doivent s'effacer devant l'intérêt supérieur de l'État.

La suppression de la démocratie[modifier | modifier le wikicode]

Mussolini au début des anées 1940

Pour les fascistes, la démocratie supposant le libre affrontement d'idées politiques est un risque d'affaiblissement de l'État. Aussi ils suppriment tous les partis politiques, sauf le parti national fasciste (PNF). Les opposant politiques sont « mis hors d'état de nuire ». Ils sont déchus de leurs mandats électifs, emprisonnés ou déportés dans les régions isolées du Sud italien ou au bagne des iles Lipari. Certains s'exilent, mais ils sont traqués par l'OVRA (police politique fasciste). L'Église catholique, pourtant puissante en Italie, est réduite au silence. Les accords du Latran de 1929, lui accordent la reconnaissance officielle, la souveraineté sur un quartier de Rome (le Vatican) et une énorme indemnité financière. Le catholicisme obtient des privilèges administratifs, mais doit renoncer à encadrer la jeunesse. En 1928, les élections disparaissent. Les députés sont désormais désignés par le PNF sur une liste de 1 000 noms de personnalités des corporations et associations contrôlées par les fascistes.

Désormais, une seule personne pense en Italie : Mussolini. Il prend le titre de Duce (guide en italien), et un slogan répète sans cesse qu'« il a toujours raison ». Mussolini n'est responsable que devant le roi (du moins pour la forme) et devant l'Histoire. Un culte de la personnalité envahissant est mis en place. Le Duce est partout : dans les ateliers d'usine, les rizières, les maternités... Il pratique même le sport sous les projecteurs des actualités cinématographiques. Par la pratique des bains de foule, des parades militaires ou des rassemblements politiques gigantesques, il « comprend » les aspirations de la population et donne l'exemple à suivre. Le Duce est aidé par le PNF, qui a 3 millions d'adhérents en 1933. Le parti quadrille les villes et les campagnes. On y adhère par conviction politique, mais de plus en plus par arrivisme ou nécessité. Les fonctionnaires doivent être fascistes et, pour faire des affaires, il vaut mieux être fasciste. La petite bourgeoisie italienne, jusque-là, tenue à l'écart du pouvoir et dont la situation sociale est mise à mal par les changements économiques, accède alors au pouvoir politique et y trouve un métier. Le PNF se double d'une milice chargée du maintien de l'ordre fasciste (elle a 700 000 membres en 1930).

Le siège du parti fasciste à Reggio Calabria

Le corporatisme[modifier | modifier le wikicode]

Une autre source de division sont les conflits permanents entre les intérêts des patrons et ceux de leurs salariés. Pour les éviter, les fascistes déclarent la grève illégale. En 1927, l'État s'attribue le rôle d'arbitre : il décide des conventions collectives entre employeurs et employés. Mais, seul juge de l'intérêt national, l'État fasciste soutient le plus souvent les patrons. En effet, ceux-ci mettent en avant que leur but est de favoriser la puissance de l'Italie en augmentant la production et la productivité (dont dépendent leurs bénéfices).

En 1934, en partie pour faire face aux effets néfastes de la crise de 1929, les fascistes créent le système des corporations dont Mussolini devient le chef. Les différentes branches économiques sont regroupées en 22 corporations où cohabitent patrons et salariés. Ces derniers sont représentés par les syndicats fascistes qui sont les seuls autorisés. Un Conseil national des corporations examine les problèmes du travail. Y siègent les représentants des corporations, des membres du parti fasciste et des membres du gouvernement. En fait, l'État impose sa volonté dans le domaine économique.

Le contrôle de la pensée[modifier | modifier le wikicode]

Adhérentes des jeunesses fascistes

Mussolini rêve de créer un « homme nouveau », créature dévouée à l'État fasciste. Pour cela, il faut faire disparaître toutes références à d'autres orientations existantes. Les fascistes créent un ministère de la Presse et de la Propagande chargé de contrôler les moyens d'information. Il sera renforcé en 1937 par le ministère de la Culture populaire. Les journaux, la radio et le cinéma sont censurés, les nouvelles jugées défavorables à l'Italie étant écartées. Ils sont chargés de diffuser des œuvres (chansons, films...) optimistes mettant en valeur la grandeur de la civilisation italienne tout en détournant l'attention des dures réalités quotidiennes (comédies sentimentales et péplums). L'attention prêtée aux compétitions sportives nationales et internationales permet de regrouper tous les Italiens derrière leurs champions nationaux et de faire vibrer la fibre nationaliste. L'organisation de cérémonies gigantesques doit persuader l'Italien isolé dans la foule qu'il n'est qu'une minuscule partie d'un tout qui le dépasse : l'État. La propagande utilise tous les moyens modernes de communication : affiches, peintures murales, cinéma dans le but de faire sentir partout la présence du fascisme.

Le souci de l'avenir pousse le fascisme à forger un « homme nouveau ». Dès sa naissance, les Italiens sont encadrés par des organisations étatiques. Le régime, favorable à une augmentation de la population, crée l' œuvre de la Mère et de l'Enfant pour les bébés et les nourrissons. De 4 à 18 ans, garçons et filles sont regroupés dans l'Opera nazionale Balilla qui organise leurs loisirs. Les garçons y sont formés à la vie collective ou sportive et apprennent le maniement des armes (fictives). On essaie de leur insuffler un idéal de virilité et de sacrifice. Les filles, par des activités sportives et civiques, sont formées à devenir des femmes aptes à enfanter et à accepter de sacrifier leurs enfants aux besoins de l'État. En 1939, plus de 5 millions de jeunes Italiens sont enrôlés dans cette organisation. À l'école, l'instituteur fait classe habillé de la chemise noire fasciste. Les professeurs d'université doivent prêter le serment de fidélité au régime fasciste. Les loisirs des adultes sont encadrés par l' Opera nazionale Dopolavoro qui gère des piscines, des installations sportives, des centres culturels, des colonies de vacances...

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Pierre Milza et Serge Bernstein, Histoire du XXe siècle (tome 2), Hatier.
  • Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Bordas
  • Paul Guichonnet, Mussolini et le Fascisme, PUF, collection Que-Sais-Je ?

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