Ordalie

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L'ordalie par le feu. Manuscrit du XIIe siècle

L'ordalie est un ancien mode de preuve en justice. Reposant sur la croyance en une intervention de Dieu pour désigner le coupable ou protéger l'innocent, il est aussi appelé jugement de Dieu. L'ordalie consiste à soumettre l'accusé à une épreuve physique dont le résultat décidera de son sort.

L'Église catholique était hostile aux ordalies, car elles étaient contraires au commandement évangélique : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu (évangile selon Luc ; IV-12)

L'ordalie avec une seule personne[modifier | modifier le wikicode]

L'accusé doit prouver son innocence ou son bon droit grâce à une épreuve sous le regard de la divinité.

Au Moyen Âge, il y avait différentes épreuves d'ordalies :

  • L'ordalie par le fer rouge. Après trois jours de jeûne et audition d'une messe, l'accusé devait porter une barre de fer rougie au feu sur une certaine distance (ou marcher sur des socs de charrue chauffés à blanc). Selon la gravité du crime, la barre était plus ou moins chauffée et le parcours plus ou moins long. La main était par la suite bandée dans un sac de cuir scellé par le juge. Pour savoir si l'accusé était coupable ou innocent, trois jours plus tard on ouvrait le sac et on regardait l'évolution de la plaie. Si la plaie était « belle », donc bien cicatrisée, cela prouvait l'innocence. Une plaie saignante ou purulente prouvait la culpabilité, la sentence étant proportionnelle à son état. C'est de cette pratique que viendrait l'expression {{"|mettre sa main au feu» lorsqu'on est sûr de son innocence.
L'ordalie par l'eau. Manuscrit du XIIe siècle
  • L'ordalie par l'eau bouillante. L'accusé devait plonger son bras dans un chaudron rempli d'eau bouillante et ramener le caillou (ou plus souvent l'anneau béni) qui s'y trouvait plus ou moins profondément suspendu. Une fois de plus, on bandait le bras brûlé et on vérifiait l'état de la plaie quelques jours plus tard.
  • L'ordalie par l'eau froide. Surtout réservée au peuple. L'accusé avait la main gauche liée au pied droit et la main droite liée au pied gauche. Puis il était plongé dans une eau glacée bénite (souvent une rivière). S'il flottait c'est qu'il était rejeté par l'eau bénite et donc était coupable ; si le corps coulait, c'est qu'il était reçu par l'eau bénite, cela prouvait son innocence (certains innocents qui ne parvenaient pas à se libérer se noyaient).
  • L'ordalie par le feu. L'accusé devait traverser deux bûchers entrecroisés sans se brûler, afin de prouver son innocence.

L'ordalie avec deux personnes[modifier | modifier le wikicode]

Un duel judiciaire. Manuscrit du XIVe siècle

les épreuves opposaient les personnes aux prétentions opposées :

  • Le duel judiciaire. Il était la suite normale d'un serment face à un juge à l'issu duquel les deux parties restaient sur leurs positions. Les deux parties (ou leurs champions respectifs s'il s'agissait d'une femme, d'un vieillard ou d'un enfant)) s'opposaient dans un duel à mort. Avant le combat, chacun des duellistes devait remettre au juge une somme suffisante, le gage, pour couvrir les dépens, les amendes et les dommages-intérêts dos au vainqueur. Le vainqueur de l'épreuve prouvait par ce jugement divin le bien-fondé de sa position. Ce combat mortel, allant toujours à son terme, était courant pour les affaires de crimes. Les nobles pouvaient se battre à l'épée ou la lance, les non-nobles se battaient avec des bâtons.

Ce combat pouvait opposer un homme à un animal.

Pour en savoir plus, lis l’article : Duel.
  • Ordalie de la croix. Instituée par Charlemagne, elle consistait pour les personnes impliquées à se placer en forme de croix, être ligotées à un poteau et réussir à tenir le plus longtemps les bras levés à l'horizontale. Le premier à baisser les bras abandonnait, d'où peut être l'expression "baisser les bras. L'empereur Louis le Pieux interdisit cette épreuve en 819, car il l'accusait de copier la Passion de Jésus

Disparition des ordalies[modifier | modifier le wikicode]

Le concile de Valence de 855 condamne les duels judiciaires.

Le concile de Latran de 1215, rappelle l'interdiction des ordalies par le feu, ou l'eau.

Cependant les épreuves subsistent. Mais le roi Louis IX interdit les ordalies en 1258. Il les remplace par le serment purgatoire ( purgatio per sacramentum) . Et le roi Philippe IV le Bel interdit les duels judiciaires. Ils dureront cependant jusqu'au milieu du XVIe siècle (le dernier étant en 1547, le duel opposant Guy Chabot de Saint-Gelais, futur baron de Jarnac à François de Vivonne seigneur de la Châtaigneraie, duel où eu lieu le fameux coup de Jarnac).

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