Manifestations de 2021 en Russie

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Un photo-montage des manifestations de 2021 en Russie.

Les manifestations de 2021 en Russie sont une série de protestations qui mobilisent entre 100 000 et 300 000 manifestants dans environ 200 villes de Russie et 80 villes à l'étranger. Elles font suite à l'arrestation le 17 janvier 2021 de l'opposant Alexeï Navalny, de retour en Russie suite à son empoisonnement dans le ciel d'Omsk en août 2020 et à sa convalescence en Allemagne, et à la publication par son équipe d'un documentaire sur le lien entre le président Vladimir Poutine et la résidence du cap Idokopas (dite « palais de Poutine »), illustrant un système de corruption au plus haut niveau de l'État.

Bien que non autorisées par le pouvoir, les manifestations sont les plus importantes dans le pays depuis la contestation des élections législatives de 2011. Les manifestations se déroulent le samedi 23 janvier, le dimanche 31 janvier, le mardi 2 février, le dimanche 14 février et le mercredi 21 avril. Elles mettent fin à l'idée que l'opposant Alexeï Navalny serait un simple blogueur qui serait présent uniquement sur les réseaux sociaux et incapable de mobiliser. L'ampleur du nombre de villes mobilisées est l'une des plus importantes particularités de la série de manifestations. L'enchaînement de l'empoisonnement et de l'emprisonnement de Navalny lui octroie une reconnaissance mondiale, confirmant son statut d'opposant principal à Vladimir Poutine. Les événements sont l'objet d'un intense traitement médiatique en Russie et dans le reste du monde, y compris dans les médias d'État russes qui citent pour la première fois le nom de l'opposant, jusqu'ici ignoré. L'affaire cristallise les relations déjà dégradées entre le gouvernement russe et l'Occident.

Alexeï Navalny est condamné le 2 février à deux ans et huit mois de colonie pénitentiaire lors d'un procès jugé politique et largement condamné par les grandes ONG de défense des droits de l'Homme dont Amnesty International et plusieurs gouvernements étrangers, majoritairement occidentaux. Il entame une grève de la faim le 31 mars en protestation à ses conditions de détention et au refus de le laisser consulter des médecins civils. Il l'interrompt le 23 avril, clamant une demi-victoire suite à deux examens médicaux ne relevant pas de l'administration pénitentiaire.

La répression des manifestations est la plus importante en Russie depuis la chute de l'Union soviétique. Le nombre d'arrestations excède 10 000 en janvier. Des étudiants ayant participé aux rassemblements reçoivent des menaces de renvoi. Les autorités s'attaquent aux structures militantes d'Alexeï Navalny qui subissent perquisitions et arrestations préventives. En avril 2021, le parquet russe exige que la fondation d'Alexeï Navalny soit classée comme « extrémiste », c'est-à-dire au même niveau que l'organisation État islamique. La presse indépendante est également prise pour cible ; le journal d'investigation Meduza est désigné « agent de l'étranger » en avril 2021.

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

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Situation économique et politique[modifier | modifier le wikicode]

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Formation de l'État russe[modifier | modifier le wikicode]

Le président de la Russie Vladimir Poutine en 2018.

Depuis la chute de l'Union soviétique en 1991, deux grandes phrases se distinguent dans l'existence de la nouvelle Fédération de Russie :

  • L'ère Boris Eltsine, premier président du pays, de 1991 à 1999. Même si sa gouvernance est considérée comme globalement démocratique (l'une des seules fois dans l'histoire de la Russie, (avec les Républiques de Novgorod et Pskov au Moyen-Âge et l'éphémère République russe de 1917), elle est entachée d'une série de crises politiques et financières graves ainsi que d'affaires de corruption. La Russie passe d'une économie planifiée communiste à une économie de marché capitaliste par une « thérapie de choc ». Cette période voit l'émergence du système d'oligarques où une minorité d'hommes d'affaires émergent et s'approprient les ressources du pays, laissant le reste de la population moins familière avec le système capitaliste dans la pauvreté.
  • L'ère Vladimir Poutine, qui continue en 2021. Vladimir Poutine est élu président de la Russie lors de l'élection présidentielle de 2000 avec une parenthèse anecdotique entre 2008 et 2012 où il a dirigé comme Premier ministre pendant que le président était Dmitri Medvedev. La première décennie de l'ère Poutine marque un redressement du niveau de vie des Russes grâce à la hausse du prix des hydrocarbures dont dépend fortement l'économie de la Russie. Ces réussites lui valent à cette époque une forte popularité auprès des Russes qui voient en lui un homme honnête qui redistribue les richesses du pays. Néanmoins, le niveau de vie en Russie reste nettement inférieur à celui des pays de l'ancien bloc communiste ayant rejoint l'Union européenne. Si le PIB de la Russie passe de 260 milliards de dollars en 2000 à 1 700 en 2019, la croissance a fortement ralenti (1,3 % en 2019 contre 10 % en 2000). Le pays se confronte à une corruption massive et se situe au 137e rang mondial sur 180 des pays du monde les plus corrompus pour un score de perception de 28/100 dans le secteur public, derrière le Mexique ou le Mali.

Mise en place du système Poutine[modifier | modifier le wikicode]

En tant qu'ancien espion du KGB pendant la période de l'Union soviétique, Vladimir Poutine modifie le fonctionnement du nouvel État russe à l'image du KGB et établit un système centralisé et secret :

  • Dès les premières années de son arrivée au pouvoir, le président Vladimir Poutine met la majorité des médias indépendants sous le contrôle de l'État. C'est d'abord le cas de la télévision fédérale, puis la télévision régionale, puis la presse écrite. Dès lors, les médias repris sous contrôle se transforment en organes d'influence que l'État utilise pour transmettre des discours ; si ces discours sont objets de propagande, il existe un fond qui rend la société russe encline à y répondre, ce qui favorise le rétablissement d'une autocratie. Les discours médiatiques s'orientent autour de la spécificité russe à protéger des influences extérieures (taille du territoire, richesses, ressources, composition multiethnique, etc) et de la grandeur nationale à travers la récupération de la puissance internationale de la Russie. Si un grand nombre de médias indépendants continue d'exister principalement sur Internet, c'est dans des conditions financières très difficiles avec de nombreux risques pour les journalistes traitant de sujets délicats. La journaliste emblématique Anna Politkovskaïa, qui écrivait sur la deuxième guerre de Tchétchénie, est assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou. On compte plusieurs dizaines de journalistes indépendants russes assassinés pour leur traitement de la politique en Russie1.
  • Avec la plupart des grands médias sous contrôle, la presse cesse de surveiller plusieurs sujets délicats. De ce fait, l'État russe modifie le système des élections. Vladimir Poutine lance deux grands chantiers de réformes :
    • Le fédéralisme de la Fédération de Russie est réformé de sorte que les gouverneurs, élus au suffrage universel dans les années 1990, soient désignés par les assemblées régionales sur proposition du président Vladimir Poutine.
    • Le système politique est réformé grâce à l'usage de la législation électorale. Contrairement à Boris Eltsine, Vladimir Poutine choisit de se doter d'un grand parti présidentiel, Russie Unie. Par la modification de la loi électorale, Russie Unie acquiert d'écrasantes majorités dans tous les champs de la politique russe. Les conditions pour candidater aux élections présidentielles sont renforcées, ce qui gêne l'opposition voire l'empêche de se présenter. Le pouvoir russe acquiert une grande fluidité qui lui permet de modifier la loi électorale afin d'adapter le système à l'humeur de la population pour conserver sa majorité aux élections législatives. Parfois, il va privilégier l'opposition systémique ; parfois, il va élargir largement le spectre de l'offre politique pour totalement diviser les voix en faveur de l'opposition ; parfois, il ne va plus faire attention à l'abstention comme cela a été le cas lors des élections législatives de 2016 où Russie Unie a remporté 75 % des sièges avec seulement 25 % des voix sur tout l'électorat. Les médias sous contrôle avaient alors réalisé une communication optimisée qui visait à décourager la majorité des électeurs. La participation s'est donc effondrée. Comme le rôle de l'État dans l'économie est très important en Russie, des primes généreuses et des encouragements à aller voter ont été délivrées à des groupes de personnes très ciblées, en général payées par l'État, pour qu'elles aillent voter Russie Unie. C'est de cette manière comme lors de plusieurs autres élections que Russie Unie a remporté un grand nombre de sièges avec très peu de voix. À l'inverse, les élections présidentielles nécessitent une participation maximale pour des questions de légitimité, d'où la communication active du pouvoir pour inciter la population à voter Vladimir Poutine en 2018. Le nouveau système politique mis en place sous Vladimir Poutine garantit donc un contrôle total des gouvernements central et locaux par Russie Unie
  • Les oligarques sont mis sous contrôle.
  • Le régime emploie le pouvoir judiciaire.

Opposition organisée à Vladimir Poutine[modifier | modifier le wikicode]

L'opposant Alexeï Navalny en 2013, l'année de son unique participation à des élections.

La Russie sous Vladimir Poutine connaît un raidissement. Selon l'indice de démocratie de The Economist, la Russie a d'abord été un régime hybride de 2006 à 2011 et est considérée comme un régime autoritaire depuis 2011. Toutefois, on considère avec le recul que le régime autoritaire de Vladimir Poutine s'est mis en place très rapidement après son élection en 2000 par la mise sous contrôle des médias et des oligarques.

L'opposition à Vladimir Poutine se structure en deux catégories2, 3 :

  • L'opposition intra-système, incarnée par les partis parlementaires tels que le parti communiste de Guennadi Ziouganov, le parti Russie juste de Sergueï Mironov de lignes social-démocrate et progressiste ou le parti libéral-démocrate de Russie de Vladimir Jirinovski de lignes conservatrice et nationaliste. Cette opposition est complétée par d'autres partis qui font des scores plus petits comme le parti démocratique russe unifié Iabloko dont fait partie Grigori Iavlinski ou des partis plus anecdotiques tels que le parti nationaliste Rodina. Cette opposition est tolérée par le pouvoir et exprime des critiques sans constituer une menace électorale, ni remettre en cause la position du président Vladimir Poutine, préférant dénoncer les oligarques autour de lui. Selon les régions et les sujets, elle peut être totalement alignée sur le parti de la majorité, notamment sur les questions sécuritaires et sur la politique étrangère, et n'est donc pas considérée comme une opposition sérieuse par une majorité de politologues.
  • L'opposition hors-système dont les membres sont nombreux, peu connus pour la plupart ; beaucoup sont discrédités et beaucoup ne s'entendent pas entre eux. Elle n'est, en général, pas admise dans le cercle institutionnel russe. De cette catégorie, une grande partie risque sa liberté et sa vie pour ses activités. Ainsi, le principal opposant Boris Nemtsov, ancien ministre de Boris Eltsine, a été assassiné le 27 février 2015 non loin du Kremlin. Depuis la mort de Boris Nemstov, l'opposition est principalement incarnée par Alexeï Navalny, qui n'a pas de passif dans le gouvernement de Boris Eltsine comme plusieurs autres membres. Lors d'une rare parenthèse d'élection libre, Navalny se présente aux élections municipales à Moscou en 2013 et, en étant privé de tout accès aux médias, termine deuxième avec 27 % des voix. Depuis, sa candidature à des élections est systématiquement rejetée.

Affaire Alexeï Navalny : empoisonnement et emprisonnement[modifier | modifier le wikicode]

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Déroulement[modifier | modifier le wikicode]

Manifestations du 23 janvier[modifier | modifier le wikicode]

Les manifestations du 23 janvier sont les plus importantes de la série. Selon les calculs de MBH Media, le nombre total de manifestants en Russie le 23 janvier atteint moins 110 000 personnes, probablement plus de 160 000 personnes. Selon le chef du réseau des quartiers généraux de Navalny, Leonid Volkov, le nombre total de manifestants s'élève entre 250 000 et 300 000 personnes. Les manifestations se déroulent dans 198 villes à travers la Russie.

Manifestations du 31 janvier[modifier | modifier le wikicode]

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Condamnation d'Alexeï Navalny[modifier | modifier le wikicode]

L'opposant est transféré dans la colonie pénitentiaire de Pokrov à 1 000 km de Moscou, réputée pour être l'une des plus dures de Russie. Perdant la sensation des mains, des jambes et des bras et se plaignant d'être torturé en étant réveillé toutes les heures par ses gardiens la nuit, il entame une grève de la faim le 31 mars pour protester contre ses conditions de détention et le refus des autorités carcérales de l'autoriser à consulter des médecins civils.

Le 2 février, Alexeï Navalny voit le sursis d'une précédente condamnation de trois ans et demi de colonie pénitentiaire être annulé et remplacé par de la prison ferme. Il doit passer deux ans et huit mois en colonie pénitentiaire. Plusieurs dirigeants occidentaux dont le président des États-Unis Joe Biden, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel demandent sa libération dans la foulée.

Manifestations du 2 février[modifier | modifier le wikicode]

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Manifestations du 14 février[modifier | modifier le wikicode]

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Grève de la faim d'Alexeï Navalny[modifier | modifier le wikicode]

Suite à l'examen d'un groupe de médecins civils, le risque de mort de l'opposant est ouvertement envisagé le 18 avril après dix-neuf jours de grève de la faim. Les partisans de Navalny organisent alors une cinquième manifestation pour le 21 avril, annoncée particulièrement risquée pour les participants, qui rassemble entre 50 000 et 100 000 personnes. Un chiffre significatif mais insuffisant pour menacer le régime de Vladimir Poutine ou obtenir des concessions majeures. Navalny annonce mettre fin à sa grève de la faim le 23 avril, clamant une demi-victoire suite à deux examens médicaux ne relevant pas de l'administration pénitentiaire.

Manifestations du 21 avril[modifier | modifier le wikicode]

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Réactions[modifier | modifier le wikicode]

Réactions nationales[modifier | modifier le wikicode]

Réactions internationales[modifier | modifier le wikicode]

Conséquences[modifier | modifier le wikicode]

Les manifestations sont considérées comme un tournant dans l'histoire politique de la Russie, de par le nombre de ville mobilisées et par l'ampleur de la répression politique. Le Kremlin communique très tôt sur le caractère non autorisé des manifestations qui voient plus de 11 000 manifestations. Pour la première fois, le gouvernement russe adopte une stratégie d'affrontement face à l'opposant Navalny plutôt qu'une stratégie d'évitement4 et réfute les accusations portées par Navalny et ses partisans dans le documentaire anti-corruption. Les manifestations illustrent la difficulté pour les autorités russes et les médias d'État de communiquer et rassembler efficacement4. Elles démontrent, à l'inverse, la capacité d'Alexeï Navalny à rassembler des personnes externes à son cercle habituel de soutiens. En effet, plusieurs participants aux manifestations scandent davantage des slogans anti-Poutine que pro-Navalny.

Toutefois, les manifestations du 21 avril confirment qu'un soulèvement majeur contre le régime Poutine demeure improbable à court terme5. Pour l'ancien oligarque Mikhaïl Khodorkovski, un rassemblement de 500 000 personnes à Moscou ou de 2 à 4 % de la population à l'échelle du pays ferait vaciller le pouvoir6. Si les slogans anti-corruptions sont efficaces au point d'attirer des dizaines ou centaines de personnes dans la rue, l'opposition est dépourvue de la grande idée captivante capable d'inspirer des millions de Russes telles que la fin de la division sociale lors de la révolution russe de 1917 ou la sortie d'un système totalitaire lors du soulèvement populaire contre le putsch de Moscou en 19915.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. (fr) Ressource en ligne [en ligne] L’UNESCO condamne l’assassinat de journalistes - Journalistes assassinés en Fédération de Russie en 2018 par l'UNESCO sur fr.unesco.org (consulté le 28 juin 2021)
  2. (fr) Interview d'un expert [interview] Arnaud Dubien, président de l'Observatoire franco-russe, le 22 février 2017 dans Auditions conjointes sur la Russie de Arnaud Dubien, Isabelle Facon et Igor Delanoë (consulté le 28 février 2021)
  3. (fr) Interview d'un expert [interview] Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie/NEI de l'Institut français de relations internationales (IFRI), le 22 janvier 2020 sur Les Experts du Dessous des cartes | ARTE (consulté le 28 février 2021)
  4. 4,0 et 4,1 (fr) Ressource en ligne [en ligne] Le prix à payer pour s’opposer à Vladimir Poutine, par Tamara Alteresco le 6 février 2021 sur ici.radio-canada.ca (consulté le 8 février 2021)
  5. 5,0 et 5,1 (en) Ressource en ligne [en ligne] What is next for Aleksey Navalny’s movement? par Leonid Ragozine le 22 avril 2021, sur www.aljazeera.com (consulté le 29 avril 2021)
  6. (fr) Ressource en ligne [en ligne] « Au début des années 2000, Poutine se donnait l’image d’un libéral » par Marc Nexon et Katia Swarovskaya le 27 mars 2021, sur www.lepoint.fr (consulté le 29 avril 2021)
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