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Bataille du Bosphore

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Bataille du Bosphore
Flotte turque du sultan Mehmed II.
Flotte turque du sultan Mehmed II.
Informations générales
Dates 20 avril 1453
Lieu Bosphore
Cause Siège de Constantinople par les Turcs
Issue Victoire byzantine
Belligérants
Commandants
Empire byzantin Phlatanelas
Forces en présence
Empire byzantin 1 transport byzantin
République de Gênes 3 galères génoises
Empire ottoman Plusieurs dizaines de galères
Pertes
23 morts ainsi que de nombreux blessés
100 morts et 300 blessés
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La bataille du Bosphore est une bataille navale qui a eu lieu le 20 avril 1453, quelques semaines avant la chute de Constantinople. Elle oppose quatre navires de secours chrétiens, venus aider les Byzantins assiégés, à la flotte turque commandée par l'amiral Suleïman Baltaoğlu. Malgré les efforts déployés par les Ottomans, elle se solde par une victoire occidentalo-byzantine qui augmente considérablement le moral des assiégés. Suite à son échec, Baltaoğlu est roué de coups sur ordre du sultan Mehmed II qui, en outre, lui confisque tous ses biens, et il est renvoyé de l'armée turque.

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

Dès son accession au pouvoir en 1451, le sultan ottoman Mehmed II projette de conquérir Constantinople. Cette ville est la dernière possession de l'Empire byzantin, à cette époque gouverné par l'empereur Constantin XI Paléologue ; et elle s'est révélée imprenable pendant près de dix siècles. Pour mener à bien son entreprise, Mehmed II fait construire la forteresse de Rumeli Hisarı (Roumeli Hisar), dans le Bosphore, qui contrôle complètement le détroit.

Pendant les préparatifs du siège, Constantin XI Paléologue envoie des ambassadeurs en Occident, notamment en Italie, pour y trouver des renforts ou soutiens. Encouragé par l'union des deux Églises du 12 décembre 1452 qui promet que l'Église orthodoxe byzantine se remettra sous l'autorité du pape, le pape Nicolas V achète trois galères génoises qu'il fait charger d'armes et de vivres et envoie à Constantinople à la fin du mois de mars 14531. Sinon, les ambassadeurs de l'empereur byzantin n'obtiennent quasiment aucune aide. Seul, le roi Alphonse V d'Aragon les autorise à acheter des vivres en Sicile ; un navire byzantin peut ainsi s'y approvisionner en blé afin d'apporter son chargement à la ville assiégée2. De leur côté, les Vénitiens votent bien l'envoi d'une flotte de galères à Constantinople, mais ils prennent du retard dans les préparatifs de celle-ci et quand leur flotte de secours arrivera à Constantinople, la ville sera déjà tombée3.

Bataille[modifier | modifier le wikicode]

Entrée des navires dans le Bosphore[modifier | modifier le wikicode]

Les galères génoises du pape sont, pendant deux semaines, bloquées au niveau de l'île de Chios par un violent vent du nord. Le vent ne cesse que le 15 avril ; les navires se remettent alors en route vers Constantinople. Comme ils passent les Détroits, le bateau byzantin chargé de blé et commandé par le capitaine PhlatanelasNote 1 les rejoint. Ils traversent donc ensemble le détroit des Dardanelles qui n'est pas surveillé par les Ottomans, car l'intégralité de leur armée est rassemblée autour de Constantinople assiégée4.

Le 20 avril au matin, les quatre navires de secours chrétiens atteignent le détroit du Bosphore et y pénètrent. Ils sont alors repérés par les vigies turques et byzantines. Le sultan Mehmed II envoie à leur rencontre l'amiral Suleïman Baltaoğlu avec l'ordre de s'emparer de la petite flotte ennemie s'il le peut, et sinon, de la couler. Le sultan précise à son amiral qu'en cas d'échec, il sera mis à mort4.

Assaut des vaisseaux turcs[modifier | modifier le wikicode]

Suleïman Baltaoğlu prépare donc aussitôt la flotte turque pour un abordage des navires chrétiens et dans ce but, choisit des galères (birèmes et trirèmes) plutôt que des voiliers, car le vent qui souffle depuis le sud les empêcherait de manœuvrer. Quant au sultan, il observe la bataille navale depuis son campement, derrière Péra5.

La flotte de Baltaoğlu étant prête pour l'assaut au début de l'après-midi, l'amiral turc lance ses galères contre les quatre navires venus au secours de Constantinople et qui approchent de la ville. Il les somme de se rendre ; ils refusent. Malgré le mauvais temps qui gêne leurs manœuvres, les galères ottomanes réussissent à encercler les navires chrétiens. Les Turcs déclenchent l'abordage. Mais les bateaux génois et surtout le navire byzantin, le plus grand des vaisseaux de secours chrétiens, sont plus hauts que les galères ottomanes et l'assaut turc se révèle ardu. Une pluie de flèches accable les assaillants et les oblige à reculer. Les quatre navires chrétiens parviennent donc, malgré des assauts ennemis répétés, à repousser les galères ottomanes5,6 et à progresser vers la ville assiégée.

Nouvel assaut turc[modifier | modifier le wikicode]

Le feu grégeois, un mélange de salpêtre, de bitume et de naphte, qui, enflammé, peut brûler même la surface de l'eau. Cette arme très puissante a pendant longtemps conféré un important avantage aux Byzantins, et ce, jusqu'à la chute de Constantinople.

Alors qu'ils sont tout proches d'atteindre Constantinople, les quatre navires de secours impériaux sont malheureusement aspirés par un courant du Bosphore qui les rejette vers Péra, où Mehmed II a installé son quartier général. Suleïman Baltaoğlu opère une nouvelle tentative d'encerclement, sa flotte gardant cette fois une certaine distance, afin d'éviter les tirs ravageurs des Génois et Byzantins. Après encerclement des bateaux chrétiens, les galères ottomanes pourvues de canons ont ordre de les couler. Mais le plan de l'amiral turc échoue encore : la portée de ses canons est insuffisante et leurs tirs n'atteignent aucun des quatre navires chrétiens qui s'en sortent indemnes. En désespoir de cause et ne voyant plus d'autre solution, l'amiral Baltaoğlu ordonne un nouvel abordage, et lui-même, à bord de sa grande trirème, attaque le grand bateau byzantin. Très vite, une des galères génoises est encerclée par trente fustes, une deuxième par quarante parandaires et la troisième par cinq trirèmes ; la grande trirème de Baltaoğlu tente, elle, de fracasser le bateau byzantin en l'éperonnant. Mais les marins génois, vaillants et bien armés, parviennent une fois encore à repousser leurs assaillants turcs et à éteindre les départs d'incendie. Quant au grand navire byzantin, il transporte le feu grégeois, ce qui lui confère un avantage décisif sur les navires ottomans et nombre de ceux-ci sont maintenant en feu. En outre, contraintes, par leur tentative d'encerclement, de manœuvrer dans un espace resserré, les galères turques se heurtent les unes aux autres, et ces entrechocs répétés brisent leurs rames6.

Malgré tout, sur le grand bateau byzantin, les marins de Phlatanelas, assaillis de toutes parts, commencent à faiblir. C'est que Baltaoğlu envoie toujours plus de guerriers à l'abordage, et les chrétiens, moins nombreux, moins bien équipés, épuisés, reculent face aux Ottomans. La situation difficile, dans laquelle se trouve Phlatanelas, n'échappe pas aux capitaines des trois vaisseaux génois et ils manœuvrent de telle sorte que les quatre navires chrétiens puissent faire front dans un même alignement. Il leur est alors plus facile de résister et le combat reprend de plus belle7. Depuis le rivage, Byzantins et Turcs observent le combat naval avec une nervosité croissante.

Tombée de la nuit et issue de la bataille[modifier | modifier le wikicode]

La chaîne ayant servi à barrer la Corne d'Or.

Au crépuscule, l'avantage du nombre joue en faveur des vaisseaux turcs et les équipages des navires chrétiens impériaux sont à bout de forces. Par chance, un vent se lève à la tombée de la nuit et leurs vaisseaux, munis aussi de voiles, peuvent se frayer assez rapidement un passage entre les galères ottomanes et atteindre la Corne d'Or, le port naturel de Constantinople. L'obscurité croissante devient une vraie gêne pour Baltaoğlu qui peine à distinguer ses navires et à les rassembler. Et voilà que les défenseurs de la ville, tablant sur l'effet de surprise, ouvrent le barrage de la Corne d'Or (qui empêchait les vaisseaux turcs d'y pénétrer) et font sortir trois galères vénitiennes commandées par l'amiral Gabriele Trevisano. Il s'agit de créer une diversion et de faire croire aux bateaux ottomans que les assiégés de Constantinople lancent une contre-attaque. La flotte turque se retire. Et c'est ainsi qu'escortés par les galères de Trevisano, les quatre navires impériaux de secours peuvent faire leur entrée victorieuse dans la Corne d'Or8.

Conséquences[modifier | modifier le wikicode]

Cette victoire byzantine rehausse considérablement le moral des assiégés ; outre les armes et les vivres apportés par les bateaux impériaux, elle prouve aux Byzantins comme aux Ottomans qu'il est possible de forcer le blocus de la ville. Cela apporte beaucoup d'espoir aux défenseurs qui peuvent par la même occasion avoir des nouvelles de l'Occident, chose dont ils étaient privés depuis le début du siège.

Côté turc, le moral est beaucoup plus bas. Cet échec met le sultan Mehmed II dans une fureur telle qu'il ordonne la décapitation de Baltaoğlu, qui ne sera sauvé que grâce aux témoignages de ses hommes qui affirment au sultan que l'amiral s'est battu avec courage. Mehmed II se contente de l'humilier publiquement, de lui retirer ses titres d'amiral et de gouverneur de Gallipoli pour les donner à son autre conseiller Hamza Bey, de le bastonner et de distribuer tous ses biens aux janissaires (l'unité d'élite de l'Empire ottoman), avant de le renvoyer. Suleïman Baltaoğlu finira sa vie dans la misère, oublié de tous9.

Ce n'est pas tant les pertes (qui sont insignifiantes pour l'immense armée ottomane) que l'humiliation qui fait enrager Mehmed II. En effet, le moral de ses troupes est alors au plus bas. Les soldats commencent à penser qu'après tout, Constantinople est peut-être réellement imprenable. La rumeur d'une immense croisade partie de Hongrie se répand dans les rangs de l'armée turque. Cet exploit rappelle également à Mehmed II que la Corne d'Or est un point stratégique important de Constantinople, et que sa perte signifierait, pour les défenseurs, la défaite. L'issue de cette bataille incite donc indirectement Mehmed II à faire preuve d'ingéniosité pour obtenir la victoire finale — il fera pénétrer par la terre ferme soixante-dix navires de sa flotte dans la Corne d'Or10 —, qui interviendra le 29 mai de cette même année 1453Note 2.

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Personnage semi-historique, son existence peut être remise en question car il provient des récits de Macaire Mélissène, qui n'a pas assisté au siège de Constantinople et qui a inventé plusieurs personnages et évènements de son œuvre.
  2. Le mardi 29 mai 1453, après trois assauts successifs depuis la terre ferme, et suite à presque deux mois de siège, Constantinople tombe aux mains des Ottomans. L'intrusion de bateaux turcs dans la Corne d'Or joua un rôle important dans la prise de la ville, puisque, en plus de démoraliser les Byzantins, elle donna aux Ottomans un contrôle quasi-total du port naturel, mais également un accès aux remparts maritimes jusqu'alors moins protégés, qu'il a donc fallu garnir de davantage de soldats byzantins, ce qui, par contrecoup, a affaibli d'autant la défense des murs terrestres.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier, p. 131
  2. La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier, p. 130
  3. La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier, p. 232
  4. 4,0 et 4,1 La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier, p. 155
  5. 5,0 et 5,1 La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier, p. 156
  6. 6,0 et 6,1 La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier, p. 157
  7. La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier, p. 158
  8. La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier, p. 159
  9. La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier, p. 160
  10. La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier, p. 162

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • La Chute de Constantinople, 1453, Steven Runciman, éd. Tallandier ;
  • Récits tirés de l'Histoire de Byzance, Jean Defrasne, éd. Fernand Nathan.
Source : cette page a été partiellement adaptée de la page Bataille du Bosphore de Wikipédia.
Article mis en lumière la semaine du 20 février 2023.
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