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Usine d'alumine de Fria

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Une partie de l'usine d'alumine de Fria

L'usine d'alumine de Fria ou usine d'alumine de Kimbo est la première usine d’alumine, située en Guinée, en terre africaine1. Elle a permis à la ville de Fria de connaître un rapide développement économique et démographique. Cependant, l'usine s'est arrêtée pendant 6 ans à partir de 2012, avec de lourdes conséquences sur la ville et ses habitants. Elle est à nouveau en fonctionnement depuis 2018.

La technique est d'extraire le minerai : la bauxite, puis d'en tirer l'alumine par un procédé chimique conduit dans l'usine. L'alumine sert ensuite à produire de l'aluminium, mais cela ne se fait pas à Fria.

L’usine comprend deux unités de production, le broyage de la bauxite et la calcination de l’hydrate d’alumine. L’alumine est stockée dans un silo d’une capacité de 6 000 tonnes et évacuée par suite par train jusqu’au port de Conakry. L’usine avait employé 1 600 agents, dont 370 agents de maîtrise et cadres et ingénieurs, répartis dans les différents secteurs de l’usine.

Situation géographique[modifier | modifier le wikicode]

Située à l’Ouest du pays, dans la région naturelle de la Basse Guinée, et à 160 km de la capitale Conakry, la préfecture de Fria, subdivisionLe Dico des Ados small logo current.svg de la République de Guinée, fait partie de la région administrative de Boké. Son chef-lieu est la ville de Fria.

L'usine occupe une superficie d’environ 60 ha, elle est située sur un plateau à 200 m d’altitude au pied duquel coule le fleuve Konkouré.

Historique[modifier | modifier le wikicode]

Train de transport de minerai à Conakry.

Fria ou Kimbo procède à des longues prospections effectuées par des sociétés. Depuis 1942, il a été constaté par les sociétés les indices de bauxite. En 1956, des travaux de prospection ont commencé, puis en 1957, la décision a été prise de construire une usine, sur le plateau de Kimbo, après les études de faisabilité.

Le 30 avril 1960, la première usine en terre africaine, au départ appelé la compagnie de Fria, a été inaugurée, avec 5 sociétés qui avait des actions dedans :

Le coût élevé des premiers investissements (environ 140 000 000 de dollars US) explique le recours à un financement d'origine internationale.

Le 2 juillet 1973, la compagnie de Fria a été transformée avec l’aide du Président Ahmed Sékou Touré, en une société d’économie mixte dénommée FRIGUIA, dont 49% des actions sont au gouvernement guinéen et 51% aux sociétés étrangères regroupées dans une holding appelée FRIALCO.

Les infrastructures de base[modifier | modifier le wikicode]

En 1959, un centre de formation professionnelle a été créé pour dispenser l’enseignement technique de base. Les cités pour loger le personnel et leur famille, l’hôpital Pechiney pour les soins médicaux des familles et des centres de loisirs ont vu le jour.

Impact sur la population et son environnement[modifier | modifier le wikicode]

C’est l’usine qui a généré une ville qui à son tour a généré les infrastructures socio-économiques de base.

La vie de la ville de Fria dépend de l’usine. L’usine apportait à la ville plus de 600 000 000 de francs guinéens. C’est ce qui a permis à Fria de connaitre un rapide développement économique. Le ville s'est beaucoup agrandie et est devenue le centre d’une région administrative. On y retrouve toutes les installations d’une grande ville : centre administratif, postes, écoles, galeries marchandes, restaurants, aérodrome, hôpital, terrain de football, maison des jeunes, mosquée, Église...

Dans le domaine du sport : trois cours de tennis, une piscine, deux terrains de volley-ball, un terrain de basketball, un terrain de jeu ont été construits.

Il existe en outre une bibliothèque et des ateliers pour peintres, photographes, maquettistes...

La détérioration de l'usine[modifier | modifier le wikicode]

Au fil du temps, les conditions de travail à l’usine se sont détériorées.

En octobre 1997, les actionnaires de Fria ont vendu l’usine à un dollar symbolique. Tous les jours, il fallait déposer 25 000 000 de dollars dans une banque suisse.

La société RENOX (américaine) a eu le marché. Cette société a signé un contrat de location gérance pour 25 ans à partir de l’année 2000. Les actions ont été réparties comme suit :

  • L’État guinéen 10% ;
  • TRADER 15%
  • RENOX et ses sociétés 75%

Malheureusement en 3 ans le coût de l’alumine a chuté, il n’y avait plus de rentabilité, RENOX a vendu ses actions à Rusal en 2003 (Rusal est le premier producteur d'aluminium au monde. Ses capitaux et ses dirigeants sont russes).

La grève[modifier | modifier le wikicode]

Depuis 2008, la crise sévissait déjà suite à l’incompréhension entre la Direction et les travailleurs. Le syndicat avait lancé un préavis de grève. Avant 2012, les négociations avaient commencé. Vingt-quatre (24) points ont été présentés dont le premier était l’augmentation de salaire. Les négociations n’ont pas abouti, alors la grève fut déclenchée par le syndicat le 4 avril 2012.

Faute d'accord, l'activité n'a pas repris après cette grève, et l'usine a fermé.

Les conséquences de cette grève[modifier | modifier le wikicode]

La piscine de Fria abandonnée en 2021

La fermeture de l’usine a eu un impact négatif sur le plan économique, social et démographique à Fria :

  • La ville de Fria n’avait plus d’eau et d’électricité ;
  • Le manque de salaire des travailleurs a occasionné la vente des objets de valeur, tout juste pour nourrir leurs familles qui avaient l’habitude de prendre trois repas par jour gagnaient difficilement un repas par jour ;
  • Un faible revenu dans le commerce ;
  • La dislocation des familles qui a conduit au divorce de certains couples ;
  • Les classes très chargées dans les écoles publiques et beaucoup d'échec scolaire ;
  • La fermeture de certaines salles de classe suite au départ massif de la population vers d’autres horizons ;
  • Le manque d'argent a conduit certaines filles à se prostituer ; et de jeunes garçons à se livrer à la consommation et/ou à la vente de drogue ;
  • La dégradation de la cité, des lieux de loisirs, de l'hôpital, des routes…

Suite à cette misère, certains travailleurs et leurs familles sont tombés gravement malades et d’autres en sont morts.

La reprise des activités de production[modifier | modifier le wikicode]

Le gouvernement de Guinée et la société Rusal ont eu de fructueuses négociations dont la plus importante est celle tenue du 20 au 22 avril 2016 à Moscou.

La reprise d'activité de l'usine a été prévue de manière progressive en deux phases après une étude détaillée de l’état des installations :

  • La remise en route de l’usine en 2018, avec pour objectif d’atteindre une capacité entre 550 000 et 600 000 tonnes par an ;
  • La deuxième phase va consister à l’extension de la production et doit commencer en 2024, après des études de faisabilité.

L'usine a effectivement redémarré en mai 2018, et la majorité des 1200 anciens employés du groupe ont repris le travail, tandis que les autres continuent à recevoir des allocations de chômage2. Elle fonctionne en 2021, mais elle cause une pollution notable dans la ville3.

Références[modifier | modifier le wikicode]

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]


Article mis en lumière la semaine du 29 mai 2023.
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