Transformations de Paris sous le Second Empire

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L'avenue de l'Opéra, à Paris en 1898 (tableau de Camille Pissarro)

Les transformations de Paris sous le Second Empire constituent une modernisation d'ensemble de la capitale française, menée à bien de 1852 à 1870 par Napoléon III et le préfet Haussmann.

Les objectifs et le contexte historique[modifier | modifier le wikicode]

Au XIXe siècle en France, les villes grandissent à cause de l'afflux de travailleurs venus des campagnes (c'est l'exode rural et l'urbanisation). L'industrialisation du pays s'accélère sous le Second Empire (1851-1870) et la main d'œuvre se regroupe autour des usines dans les villes ou dans leurs banlieues.

Louis-Napoléon Bonaparte, lorsqu’il devient président de la République en 1848, découvre Paris pour la première fois depuis son enfance. Lui qui a connu Londres, ses jardins et ses quartiers aérés, mais aussi les États-Unis où il a vu naître des villes aux tracés réguliers, trouve une ville archaïque, sombre et insalubre. Son oncle, l'empereur Napoléon Ier, avait voulu faire de Paris la plus belle ville du monde, mais n’avait pu réaliser qu’une partie de ses projets. Le prince président et futur empereur Napoléon III, pendant près de vingt ans, va donc entreprendre la transformation de Paris. Il exprime d’ailleurs cette volonté par un décret, en 1849, année d’une épidémie de choléra qui frappe la capitale.

Napoléon III souhaite réaliser de grandes percées, c'est-à-dire créer de nouvelles rues ou avenues en démolissant quand c'est nécessaire toutes les constructions qu'il y a sur leur emplacement. Les objectifs sont :

  • assainir la ville
  • améliorer l’éclairage naturel ;
  • faciliter la circulation et les échanges industriels et commerciaux ;
  • élever des monuments prestigieux ;
  • rénover l’habitat ;
  • donner du travail de manière à résorber le chômage (menace d’instabilité politique) ;
  • construire des casernes de manière à réprimer les éventuelles émeutes, empêcher à tout jamais que ne puissent se reconstituer des barricades.
Napoléon III

Les moyens[modifier | modifier le wikicode]

Pour entreprendre cette immense tâche, Napoléon III a besoin :

  • de moyens financiers ;
  • de temps ;
  • du pouvoir d’expropriation ;
  • d’un fidèle maître d’œuvre.

Les moyens financiers[modifier | modifier le wikicode]

Le pays est en bonne santé économique et, par simple décret, Napoléon III s’est donné la possibilité d’ouvrir des crédits extraordinaires, basés sur les bénéfices qui résulteraient de ces opérations. En effet, l'organisation revend les terrains à construire pour payer les aménagements.

Le temps[modifier | modifier le wikicode]

La France connaît une longue période de paix de plus de vingt ans.

Le pouvoir d’expropriation[modifier | modifier le wikicode]

Napoléon III, par un décret de 1852, complète la loi d’expropriation créée sous Louis-Philippe. Cela lui permet d'utiliser les terrains de part et d'autre des percées. L'expropriation est une sorte de vente obligatoire pour celui qui possède des terrains ou bâtiment dont on a besoin pour un projet public.

Un fidèle maître-d’œuvre[modifier | modifier le wikicode]

Haussmann

Il s'agit de Georges Eugène Haussmann, protestant d’origine alsacienne qui, à 44 ans, est un fonctionnaire fidèle et zélé. Napoléon III le nomme préfet de la Seine par décret du 22 juin 1853. Il lui confie la mission de modifier l'urbanisme de la capitale française.

Tous les moyens sont maintenant réunis pour permettre à Napoléon III de mener à bien son grand dessein pour Paris.

La transformation de Paris[modifier | modifier le wikicode]

La « machine » se met en place. En 1860, environ 8 000 entreprises emploient 31 000 maçons, 5 000 charpentiers, 3 500 couvreurs, 8 000 menuisiers, 600 peintres et 6 000 serruriers, soit près de 55 000 hommes qui travaillent à ce gigantesque chantier.

Avec cette « armée », Haussmann s’attaque à Paris :

  • les taudis et vieux quartiers sont rasés ;
  • 560 km d’égouts sont créés ;
  • les rues sont équipées de réverbères plus nombreux (il s'agissait de réverbères à gaz qu'il fallait allumer manuellement chaque jour) et de trottoirs plus grands ;
  • un nouveau système d'approvisionnement d'eau est réalisé, il alimente de nouvelles fontaines ou permet même l'alimentation en eau à domicile ;
  • Haussmann fait sauter la ceinture de Paris, les murs des fermiers généraux, qui font place aux boulevards extérieurs (nom de l’époque) ;
  • les villages de Passy, d'Auteuil, de Monceau, de Montmartre, de Charonne, de Bercy, etc. sont absorbés, ce qui étend le territoire de la ville ;
  • de grandes percées sont effectuées : les immeubles haussmanniens sont uniformisés le long des nouveaux boulevards (même aspect, même hauteur des façades).

De nombreux monuments voient le jour à cette époque : l’opéra Garnier en est l’exemple le plus connu, mais il y a également la palais de justice de Paris, des gares (Orsay, par exemple), des églises (comme celle de la Trinité), des casernes (telle celle construite sur l’île de la Cité devenue aujourd’hui préfecture de police), le tribunal de commerce et bien d’autres encore.

Les matériaux utilisés sont la pierre de taille, éventuellement armée de fer et revêtue d’un décor peint, parfois doré. Divers styles sont utilisés, se mélangent : roman et gothique pour les églises, Renaissance et XVIIe pour les grands édifices civils.

Mais la transformation de Paris n’est pas qu’architecturale, l’Empereur s’intéressait beaucoup aux espaces verts. Datent de cette époque :

La transformation de Paris, chantier immense, coûta très cher : près de deux milliards de l'époque et dura près de 20 ans (1853-1870).

Les travaux d'Haussmann permettent à Paris d'être plus propre et plus moderne pour l'époque. Mais les ouvriers ont été obligés de partir du centre parce que les loyers sont devenus trop chers. Haussmann fut beaucoup critiqué ; Napoléon III le lâche même à la veille de l’écroulement du Second Empire. Pourtant, le baron Haussmann lui reste fidèle, assistant même à ses obsèques en Angleterre, en 1873. Georges-Eugène Haussmann s'éteint à son tour en 1891.

Paris est devenue une ville assainie et aérée, et l’on peut bien se demander ce que serait aujourd’hui Paris sans Napoléon III et le baron Haussmann !

Article mis en lumière la semaine du 1 octobre 2012.
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