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Jeanne-Agnès Berthelot de Pléneuf

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Portrait présumé de Jeanne Agnès Berthelot de Pléneuf, marquise de Prie. D'après Jean-Baptiste Van Loo.

Jeanne-Agnès Berthelot de Pléneuf, marquise de Prie, est née à Paris en août 1698 et morte le 7 octobre 1727 dans son château de Courbépine en Normandie (dans l'actuel département de l'Eure).

Fille d'un riche fournisseur des armées1, elle est mariée au marquis de Prie, cousin issu de germain de la duchesse de Ventadour (gouvernante de Louis XV jusqu'à ses sept ans et qui lui servit de mère, puisqu'il n'avait que deux ans à la mort de ses parents).

Madame de Prie devient, dans les années 1720, la maîtresse du duc de Bourbon (dit à la Cour : Monsieur le duc). « Jolie, intelligente et spirituelle, ambitieuse pour deux, toute-puissante sur son amant, Mme de Prie protégeait les gens de lettres et les artistes, annonçant ainsi l'importance du pouvoir féminin au XVIIIème siècle »2.

Surintendant de l'éducation du Roi en remplacement (depuis le 26 août 1718) du duc du Maine, le duc de Bourbon demande, le jour même de la mort du duc d'Orléans (2 décembre 1723), la charge de Premier Ministre au jeune roi qui, avec l'assentiment du futur cardinal de Fleury, la lui accorde. Monsieur le duc exercera la fonction de chef du Gouvernement jusqu'en juin 1726.

Entre-temps, sur les conseils orientés3 de Mme de Prie, il arrange et conclut le mariage du jeune Louis XV (15 ans) avec Marie, fille unique de l'ex-roi, complètement désargenté, de Pologne Stanislas Leszczynski, princesse qu'il avait d'ailleurs lui-même envisagé d'épouser, étant veuf et sans enfant.

La nouvelle reine (six ans et demi de plus que le tout jeune Louis XV) est naturellement très reconnaissante à Mme de Prie du rôle qu'elle a joué dans son mariage. Ainsi, pendant des mois, celle-ci peut se croire la femme la plus influente à la Cour de France. N'est-elle pas la grande amie de la reine et la maîtresse (de l'esprit comme du corps) du Premier Ministre d'un roi de 15 ans ? Sauf qu'entre le duc de Bourbon et Louis XV s'interpose M. de Fleury, son ancien précepteur. Il fait partie du Conseil du Roi, il est constamment à ses côtés, il a toute sa confiance. En décembre 1725, une manœuvre tentée pour écarter le futur cardinal échoue piteusement et oblige le duc à se jeter aux pieds de Sa Majesté en protestant de son dévouement et en demandant pardon. Louis XV pardonne du bout des lèvres. Mais quelques mois plus tard, le 11 juin 1726, Monsieur le duc se voit remettre, par le capitaine des gardes, un billet du Roi le disgraciant d'une phrase : « Je vous ordonne, sous peine de désobéissance, de vous rendre à Chantilly et d'y demeurer jusqu'à nouvel ordre ». Louis XV l'a décidé : le nouveau ministre principal sera le cardinal de Fleury4. Et pour longtemps.

La disgrâce du duc de Bourbon entraîne automatiquement celle de Mme de Prie. Elle reçoit l'ordre de se retirer dans son château de Courbépine5, avec la seule compagnie de son mari. Loin de la Cour, elle s'ennuie vite à périr, maigrit au point de n'être plus qu'une « tête de femme sur un corps d'araignée »6. Le 7 octobre 1727, ses domestiques la trouvent morte sur son lit. Elle a 29 ans. Un suicide par poison est vraisemblable.

Notes et références -[modifier | modifier le wikicode]

  1. Autrement dit : munitionnaire aux armées.
  2. Michel Antoine, Louis XV, Fayard, 1789, p. 143.
  3. En avril-mai 1725, la nouvelle impératrice de Russie Catherine Ire proposait pourtant sa fille (qui était aussi celle de Pierre le Grand), la grande-duchesse Elisabeth, du même âge que Louis ; une prétendante quasi idéale. De plus, la proposition s'accompagnait d'une offre d'union offensive et défensive avec le puissant empire russe. Elle fut néanmoins repoussée, principalement parce que « Mme de Prie craignait avec un tel arrangement de perdre son influence à la Cour. Ce qu'elle voulait, c'était une petite oie innocente, obscure, docile, humble, soumise, malléable. |...| L'intérêt supérieur de la France n'effleura jamais l'esprit de Mme de Prie ». Jean-Christian Petitfils, Louis XV, Perrin, Collect. Tempus, 2018, p. 149-150.
  4. Fleury aura toutes les attributions et le pouvoir d'un Premier Ministre, mais il n'en aura pas le titre. Louis XV n'en nommera désormais plus jamais.
  5. Situé, comme dit plus haut, en Normandie.
  6. Pierre Gaxotte, Le Siècle de Louis XV, Fayard, 1997, p.109.
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