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Guerre des Pâtisseries

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La guerre des Pâtisseries se déroule au Mexique d' avril 1838 à mars 1839. Elle oppose la France dirigée par le roi Louis-Philippe Ier à la toute jeune république du Mexique. Par cette guerre, essentiellement un blocus naval comprenant quelques opérations de bombardement, la France tente d'obtenir des compensation pour dédommager les émigrés français installés au Mexique et qui avaient vu leurs propriétés pillées pendant la guerre civile qui avait suivi la guerre d'indépendance du Mexique (wp). Le gouvernement mexicain promet de verser un dédommagement de 600 000 pesos (soit 3 millions de francs-or) qui ne seront jamais versés.

Cette guerre est aussi appelée « Première intervention française » au Mexique. Le nom « guerre des Pâtisseries » fait allusion au fait qu'un des principaux émigrés dont les biens avaient été endommagés en 1828 par les militaires mexicains était un pâtissier d'origine française installé à Tacubaya (localité près de Mexico).

Le commerce français au Mexique[modifier | modifier le wikicode]

La plazza mayor de Mexico en 1836.

Le Mexique devient indépendant de l'Espagne (wp) en septembre 1821. Il cesse alors d'être la chasse gardée des Espagnols et accueille des personnes originaires des autres pays européens ou bien des États-Unis. Dans les années 1830 plus de 6000 Français vivent au Mexique. On y trouve des perruquiers, des modistes, des chapeliers, des coiffeurs, des restaurateurs, des acteurs, des banquiers, des hommes d'affaires, des techniciens miniers, des régisseurs de grands domaines, des enseignants, des personnels de santé, des journalistes, des éditeurs, des industriels. Mais la plus grande partie de ces immigrés venus chercher fortune au Mexique est constituée par des artisans et des commerçants de gros et de détail, accompagnés de leurs commis encadrant une main d'œuvre recrutée parmi les autochtones.

Les Français installés au Mexique non seulement consomment des produits français importés, mais surtout se chargent de la distribution de ces produits à travers le territoire mexicain. En 1830, année où en septembre le gouvernement français reconnaît officiellement l'indépendance du Mexique, les échanges commerciaux entre la France et le Mexique atteignent près de quarante millions de francs dont vingt-trois millions pour les exportations françaises. Ces chiffres ne concernent que les relevés des douanes existantes dans les principaux ports de la côte atlantique du Mexique ; ils ne prennent pas en compte les produits introduits grâce au cabotage entre des ports plus petits où les douanes mexicaines ne sont pas encore installées. Il ne faut pas oublier la contrebande qui sévit de façon endémique dans les ports mexicains ni les marchandises qui ont été débarquées dans des ports des États-Unis et qui entrent au Mexique par voie terrestre ou maritime : les estimations sur cette particularité font doubler le montant total des marchandises françaises entrant au Mexique. Les navires de commerce mettent environ deux mois pour venir d'un port français de l'Atlantique et soixante-dix jours pour venir de Marseille. Les marchandises françaises qui ont le plus de débit sont les vins, liqueurs de toute espèce, eau-de-vie… On recherche aussi les soieries, les articles de Paris, nos draps fins, les toiles de Bretagne et enfin la baptiste… Par contre, les produits exportés par le Mexique sont l' argent, la cochenille, le bois de teinture divers, l'indigo, la vanille, le poivre de Tabasco, l'anis. À cette époque seule le Royaume-Uni vend plus que la France, qui devance les États-Unis.

De riches mexicains certainement des clients des commerçants français. Gravure de 1836.

D'après l'ambassadeur de France auprès du gouvernement mexicain, en janvier 1834 les Français installés au Mexique possèdent au moins quatre cent cinquante-neuf établissements de commerce qui valent 30 millions de francs représentant les marchandises en magasin, les immeubles où ils stockent leurs produits ou les logements qu'ils occupent. Ces commerçants écoulent chaque année quarante-huit millions de francs de marchandises composées essentiellement de produits français. Les établissements de détail valent, a eux seuls, plus de vingt millions de francs et distribuent plus de trente-deux millions de francs de marchandises par an ; ils représentent les deux tiers de la valeur totale des établissements de commerce français au Mexique et les deux tiers de la marchandise totale écoulée chaque année.

Le commerce avec le Mexique est donc une affaire importante, qui est prise très au sérieux par le gouvernement français du roi Louis-Philippe ( très favorable à la bourgeoisie d'affaires). En vain les gouvernements français tentent de conclure un traité de commerce avec le Mexique : déclarations du 8 mai 1827, traité du 13 mars 1831, traité du 15 octobre 1832 et convention provisoire du 4 juillet 1834. Le Congrès mexicain a constamment refusé de ratifier les engagements pris par le gouvernement du pays. Cette mauvaise volonté mexicaine est d'autant plus insupportable à la France que dès 1836, aprtès la suspension de la guerre entre le Mexique et l'Espagne, celle-ci a obtenu rapidement, en décembre 1836, un traité d'amitié, de commerce et de navigation qui lui ouvre les ports mexicains.

Les Français maltraités au Mexique[modifier | modifier le wikicode]

Au Mexique, pays récemment devenu indépendant après une guerre éprouvante contre l'Espagne, pays également soumis à des troubles politiques du fait de la rivalité entre les généraux, le gouvernement a besoin d'argent. Comme partout dans le commerce international, les marchandises importées sont soumises à des droits de douanes perçus au profit de l'État. Au Mexique ces droits de douanes sont particulièrement élevés. Un contemporain évalue en 1826, qu'un produit valant 1 000 piastres est grevé à son arrivée au Mexique de 516 piastres de droits de douanes : l'augmentation de sa valeur est de plus de 50 %.

Il y a bien sûr des moyens d'alléger la facture. Tout d'abord on « achète » les employés de la douane afin qu'ils ferment les yeux sur les débarquements illégaux de marchandises ou bien qu'ils acceptent de sous évaluer la valeur de celles-ci. Un autre moyen, légal cette fois, est d'acheter les « bons de douanes » mis en vente par le gouvernement mexicain quand celui-ci a un besoin pressant d'argent. Ces bons peuvent être souscrits pour 60 voire 40 % de leur valeur nominale. Ils servent à payer les droits de douanes a bon compte (sauf pour l'État mexicain). Il ne reste au Mexique, que le recours à l'emprunt forcé sur les habitants les plus riches, y compris les étrangers (donc les Français).

La solution trouvée par certains pays étrangers, comme le Royaume-Uni en 1826, est de négocier avec le gouvernement mexicain des aménagements, à la baisse, des droits de douanes pour les marchandises venant de leur pays : traité de commerce « échangé » contre la reconnaissance de l'indépendance du Mexique. La France s' emploie depuis 1821, à obtenir la « clause de la nation la plus favorisée », sans succès. En 1830, le nouveau gouvernement de Louis-Philippe reconnait le Mexique indépendant sans avoir au préalable obtenu un traité de commerce avantageux. Les négociations poursuivies après 1830 n'aboutissent pas du fait de l'opposition quasi constante des députés du parlement mexicain. De ce fait les marchandises françaises restent plus chères que les marchandises britanniques.

Les ressortissants français vivant au Mexique sont aussi victimes de multiples exactions de la part d'une partie de la population mexicaine. Les plaintes émises auprès des autorités mexicaines ne sont généralement pas suivies d'effets faute de volonté ou de moyens. En 1828 sur le marché du Parián à Mexico les boutiques tenues par des Français sont pillées. En août 1829, cinq Français sont lapidés dans les rues de Mexico. En 1832, ldes officiers mexicains ivres saccagent la patisserie Remontel à Tucabaya. Le 21 août 1833, de nouveau cinq Français sont assassinés à Atencingo. En 1837 à Tampico un Français accusé d'actes de piraterie est fusillé.

Interventions françaises avant la guerre des Pâtisseries[modifier | modifier le wikicode]

La ville et au second plan le port de Vera Cruz, porte d'entrée des produits français au Mexique. Vue dessinée entre 1829 et 1834.

Le gouvernement français ne peut rester sans réagir à la situation subie par les Français du Mexique. Déjà au cours du premier trimestre 1829, à la suite du pillage opéré par les Mexicains de magasins étrangers (près d'un million de francs de pertes pour les seuls Français), le gouvernement du roi Charles X avait envoyé des vaisseaux de guerre alors stationnés à Cuba, dans le port de Vera Cruz pour rassurer les Français. Ces navires devaient établir un blocus commercial du port de Vera Cruz et obtenir des garanties de remboursement de la part du gouvernement mexicain. Mais au même moment, le Mexique est attaqué par une expédition militaire espagnole par laquelle l'ancien colonisateur du Mexique espérait récupérer sa colonie perdue en 1821. L'expédition espagnole, commencée en juillet mais mal organisée et exécutée se termine par un échec en septembre 1829. Les Français restés neutres pendant le conflit ont de bonnes relations avec le vainqueur, le général mexicain Antonio Lopez de Santa Anna qui promet que les Français seront indemnisés.

Pour autant l'intervention espagnole a fortement indisposé les Mexicains vis à vis des étrangers. La xénophobie ambiante provoque de graves évènements (voir plus haut). Les Français du Mexique réclament que des bâtiments de guerre français visitent régulièrement les ports mexicains, y compris ceux de la côte de l'océan Pacifique, afin de dissuader les attaques contre leurs biens et leurs.

La guerre des Pâtisseries[modifier | modifier le wikicode]

Opérations navales préliminaires[modifier | modifier le wikicode]

Avant de commencer les hostilités militaires, le gouvernement français envoie une dernière mission de conciliation, en avril 1837. Elle est dirigée par le contre amiral de La Bretonnière et la flottille qui mouille dans le port de Vera Cruz est dotée de 90 canons, ce qui inquiète les Mexicains. La mission est bien reçue par les autorités mexicaines qui lui assurent le paiement des dettes et une négociation positive pour un traité de commerce. Elle repart pour sa base de Cuba au début mai. Mais en fait elle n'a rien obtenu de concret. Parallèlement, sans attendre le résultat de la mission La Bretonnière, dès mars 1837, le gouvernement français met sur pieds une expédition navale contre le Mexique à partir de Cuba. Le roi Louis-Philippe donne son accord en octobre 1837.

Le 21 mars 1838, le représentant de la France au Mexique adresse un ultimatum au gouvernement mexicain. Celui-ci est rejeté. Une frégate française est envoyée devant Vera Cruz pour en faire le blocus dès le 16 avril. Cependant l'insuffisance des moyens mis en œuvre et les ravages de la fièvre jaune parmi les équipages contraignent la frégate à se replier sur la Havane.

Une nouvelle expédition est alors organisée sous le commandement du contre-amiral Baudin. Elle comportait 20 navires de guerre dont quatre frégates), soit 380 bouches à feu de tous calibres et environ 4 000 hommes surtout des artilleurs de marine. Notons l'absence des puissants vaisseaux de ligne afin de ne pas indisposer le Royaume-Uni et l'absence de soldats d'infanterie de marine, ce qui interdit tout débarquement d'envergure et invasion du territoire mexicain. Cette escadre devait faire le blocus des côtes mexicaines depuis le Yucatan jusqu'aux Rio Bravo, la frontière avec le Texas (alors un état indépendant). Il est clair qu'il s'agit avant tout de faire pression sur le gouvernement mexicain, en le privant des revenus tirés des douanes sur le commerce extérieur du pays. La tentative des Mexicains de faire passer les marchandises à partir du Texas s'interrompt vite car les Texans ne veulent pas subir les représailles des Français.

Les Mexicains qui n'ont pas de marine guerre, acceptent de rouvrir les négociations avec les français en espérant gagner du temps, pariant sur l'impossibilité des Français à maintenir un blocus prolongé (d'ailleurs le gouvernement français n'avait pas prévu une telle éventualité).

La prise du fort de Saint-Jean d'Ulloa[modifier | modifier le wikicode]

Le Prince de Joinville, repérable à son chapeau haute-forme, dirige le bombardement du fort de Saint-Jean d'Ulloa, depuis, la corvette La Créole qu'il commande.

Face à l'escadre française, les Mexicains ne peuvent compter que sur les fortifications du fort de Saint-Jean d'Ulloa, situé sur une petite île à moins d'un kilomètre de la ville de Veracruz. Le fort dispose d'une garnison d'environ 800 hommes mal équipés et de 186 bouches à feu dont une grande partie est dépassée du point de vue technique. Cependant l'île est entourée de récifs qui sont découverts à marée basse et qui interdisent une approche serrée aux navires des assailants et un débarquement de leurs troupes. Seul un bombardement peut contraindre la fortification à se rendre.

Les navires français ouvrent le feu le 27 novembre en début d'après-midi. Les murailles en corail sont fortement ébréchées, les dépôts de munitions sautent rapidement ralentissant la riposte des Mexicains. Dès 17 heures une partie de l'escadre française est envoyée en arrière. Le tir cesse dès 20 heures. Les Mexicains , qui à cette heure ont perdu plus de 220 hommes, profitent du cessez-le-feu pour envoyer des parlementaires vers l'amiral Baudin. L'ultimatum de reddition de la forteresse doit être accepté la le général Rincon commandant de Veracruz, il expire à 2 heures du matin le 28. À l'aube Rincon n'a toujours pas donné son accord. Mais la menace d'une reprise du bombardement par les Français contraint les Mexicains à la capitulation qui à lieu le 28 novembre. Trois compagnies d'artilleurs français sont alors débarquées pour occuper les vestiges du fort. Les Français ont alors perdu 4 tués et 29 blessés. La ville de Veracruz n'est pas occupée par les Français qui ne disposent pas de soldats en nombre suffisant pour une telle opération. Mille soldats mexicains sont autorisés à rester en ville pour assurer le maintien de l'ordre.

La riposte mexicaine[modifier | modifier le wikicode]

Le général Antonio Lopez de Santa-Anna en 1843.

L'attaque française contre le fort de Saint-Jean d'Ulloa décide le gouvernement mexicain à déclarer la guerre à la France et à expulser tous les Français habitant le Mexique. Une armée de secours d'environ 3 200 hommes est envoyée pour défendre Veracruz, elle est commandée par les généraux Arista et Santa Anna. Les résidents français de Veracruz se réfugient dans le fort de Saint-Jean d'Ulloa. L'amiral Baudin décide un débarquement pour s'emparer de la ville. Celle-ci, alors un espace urbain d'environ 1 kilomètre sur 600 mètres, est défendue par des murailles abritant plusieurs milliers de soldats .

L'attaque française menée par surprise le 5 décembre bien avant l'aube est une réussite. Les colonnes françaises parviennent à entrer dans la ville où la garnison mexicaine n'a pas pris des dispositions pour résister. Le général Arista est capturé mais le général Santa Anna parvient à s'échapper mais est très grièvement blessé à la jambe pendant les combats de la contre-attaque mexicaine qu'il organise. Pendant les combats les Français ont perdu 8 hommes et 56 blessés. Les Mexicains ont eu 31 morts et 26 blessés. Néanmoins l'armée mexicaine renonce à s'installer à Veracruz .

La fin de la guerre[modifier | modifier le wikicode]

Au final, les Mexicains sont tenus en échec. Le gouvernement reprend donc les négociations avec la France. Les Britanniques ne souhaitent pas que les Français profitent trop de leur avantage ce qui pousse le Royaume-Uni à servir de médiateur entre les adversaires. La paix est signée le 9 mars 1839 à Veracruz. Le gouvernement mexicain consent une nouvelle fois à payer les 600 000 pesos demandés et assure que les résidents français ne seront plus inquiétés.

L'expédition navale lève le siège de Veracruz le 15 août et regagne Brest. Le gouvernement mexicain au prise avec les intentions expansionnistes des États-Unis ne tiendra pas sa promesse de dédommagement. Cette question sera une des causes de l'intervention française au Mexique en 1861.

Baudin vainqueur de Veracruz sera promu vice-amiral. Le prince de Joinville, fils cadet du roi Louis-Philippe, marin depuis l'âge de 13 ans, qui comme commandant de la corvette La Créole a eu une action décisive pendant le bombardement du fort de Saint-Jean d'Ulloa et pendant l'attaque contre Veracruz, sera promu vice-amiral en 1844. Santa-Anna, héros malheureux de la guerre contre le Texas en 1836, regagne de la popularité. En mars 1839, il renverse le gouvernement du président Bustamente et devient dictateur du Mexique.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • L'expansion commerciale française au Mexique et les causes du conflit franco-mexicain de 1838-1839. Jacques Penot. Bulletin hispanique. Année 1973 75-1-2 pp. 169–201
  • [1] article de Wikipédia sur le même sujet.
  • [2] article de Wikipédia sur la bataille de Saint-Jean d'Ulloa.
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