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Francisco Ferrer

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Francisco Ferrer
L'afusellament de Francesc Ferrer i Guàrdia (Barcelona, Catalunya) - panoramio.jpg
Nom Francisco Ferrer
Dates 1859-1909
Nationalité Espagnole
Profession Enseignant
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Bulletin de l'École Moderne du 31 décembre 1905

Francisco Ferrer y Guardia, est né en 1859 à Alella en Catalogne et mort fusillé en 1909 à Barcelone. C'est un libre-penseur autodidacte et un pédagogue libertaire espagnol, qui a dû s'expatrier en France de 1886 à 1901.

En 1901, il fonde l'École moderne à Barcelone. Ses relations avec le mouvement anarchiste sont difficiles car il réprouve la violence et prône une évolution progressive de la société par le développement de l'éducation : l'émancipation de l'individu par l'instruction doit aboutir naturellement à la transformation de la société.

Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Autodidacte, il suit des cours du soir organisés par des organisations républicaines et des sociétés de résistance ouvrières. Il découvre les théoriciens anarchistes classiques comme Proudhon et Bakounine. Il s'intéresse aux idées internationalistes.

En 1886, il participe à la tentative insurrectionnelle du général républicain Villacampa à Barcelone et doit s'expatrier en France.

En 1893, après la mort de deux de ses enfants, il se sépare de son épouse. En 1899, six ans après cette rupture, Ferrer épouse Léopoldine Bonnard dont il a un fils.

À Paris, il gagne sa vie en donnant des cours d'espagnol et publie en 1895 un manuel, L'Espagnol pratique qui a beaucoup de succès. Il s'intéresse aux méthodes pédagogiques libertaires mises en pratique par Paul Robin dans l'orphelinat de Cempuis.

Il refuse de prendre part aux attentats anarchistes et s'oppose à la violence aveugle.

Retour en Catalogne[modifier | modifier le wikicode]

Buste en bronze à Barcelone par Josep Cardona i Furró

En 1901, grâce à un héritage légué par une de ses anciennes élèves françaises, il décide de fonder une école primaire moderne doublement mixte (riches et pauvres, garçons et filles), à la demande des milieux ouvriers espagnols et de la bourgeoisie républicaine radicale, opposés au monopole éducatif de l'église catholique.

Il loue et aménage un ancien couvent, à Barcelone : L'Escuela moderna est mixte : elle accueille 30 élèves (12 filles et 18 garçons) à la rentrée, 70 au mois de décembre et 86 en janvier.

D'autres centres éducatifs rationalistes voient le jour dans tout le pays, malgré l'hostilité du clergé et des milieux monarchistes.

De 1901 à 1903, Francisco Ferrer écrit des articles engagés pour le journal La Huelga General (La Grève Générale).

En 1906, il est mis en prison après un attentat pendant le mariage d'Alphonse XIII ; il est acquitté un an après, mais son école a été fermée.

Le tour de l'Europe[modifier | modifier le wikicode]

Il fait le tour des capitales européennes pour dénoncer cette situation et fonde en avril 1908 la Ligue internationale pour l'éducation rationnelle de l'enfance présidée par Anatole France. D'avril 1908 à juillet 1909 il crée une revue, L'École Rénovée et fonde une maison d'édition pour publier des ouvrages pédagogiques, dont certains écrits en collaboration avec Élisée Reclus.

Parallèlement, il continue son engagement politique : En 1907, il s'engage dans le rassemblement syndical Solidaridad Obrera. Quand cet organisme organise en 1909 la grève générale contre la mobilisation nationale réprimée par le gouvernement de Madrid, Francisco Ferrer est accusé d'en être l'instigateur. Après une parodie de procès contre ses idées considérées comme subversives par l'État espagnol, il est exécuté le 13 octobre au fort de Montjuic, ce qui provoque une explosion de colère obligeant le gouvernement espagnol à démissionner. Son procès sera révisé en 1911.

Ses idées en pédagogie[modifier | modifier le wikicode]

Bibliothèque pour les enfants
Bibliotèque de Caldes de Malavella

Les engagements de Francisco Ferrer doivent être replacés dans le contexte sociologique, économique et politique de l'Espagne au tournant du siècle ; le pouvoir est aux mains de l'armée et de l'Église catholique, qui a le monopole de l'enseignement. Résistant aux modèles dominants dans tous les domaines, il symbolise la lutte contre le fanatisme catholique et l'autoritarisme.

L'école moderne animée par Francisco Ferrer de 1901 à 1906 met en œuvre cinq principes de base reposant sur le constat du potentiel révolutionnaire que possède l'école notamment grâce aux progrès scientifiques qui favorisent la stimulation intellectuels de travailleurs instruits.

  • La mixité : les femmes ont le droit d'accéder aux mêmes métiers que les hommes. La femme ne doit pas être recluse dans son foyer et pour que son action soit bénéfique hors les murs de maisons, elle doit pouvoir disposer qualitativement et quantitativement des mêmes connaissances que celles dispensées aux hommes.
  • L’égalité sociale : les droits d'entrée sont proportionnels aux revenus des familles. Son école de Barcelone est privée de manière à échapper au dogmatisme de l'État, elle vise la co-éducation des riches et des pauvres ; elle est financée par trois sortes de revenus, les dons, les bénéfices de sa maison d'édition (qui produit des manuels scolaires indépendants) et les droits d'inscription des élèves.
  • La transmission d’un enseignement rationnel : démarche scientifique sans dogme ni système, permettant de rejeter erreurs et superstitions au lieu d'assurer la défense des privilèges des nantis. Face au constat du nombre de maladies contactées par les élèves scolarisés, il attache une attention toute particulière à l'hygiène et à la santé à l'intérieur de l'école, engage un médecin, organise des visites médicales et met en place un carnet de santé individuel.
  • L’autonomie : les enfants élaborent leurs projets de travail. On peut parler de pédagogie active passant par les apprentissages pratiques au lieu de démarrer par des enseignements théoriques. Ferrer introduit le jeu dans le cours, en accord avec le pédagogue cubain Don Rogelio Columbié.
  • L’entraide et la solidarité : pas de compétition. Récompense et sanction n'entrent pas dans les motivations des élèves. Ils apprennent en débattant avec l'adulte pour évaluer si leur comportement est nuisible ou bénéfique.

Le Bulletin de l'École moderne publie des articles de fond et des rédactions d'élèves.
Une maison d'édition publie des manuels scolaires, des livres pour enfants et quelques ouvrages scientifiques.
L'école moderne organise aussi conférences et cours du soir à l'intention des adultes.

La société égalitaire universaliste dont Ferrer rêve ne passe pas par le régionalisme, qu'il considère comme source d'étroitesse d'esprit, de mauvaise répartition des richesses et d'enfermement des gens dans leurs différences.

Sa rencontre avec le géographe belge Élisée Reclus a renforcé son respect de la nature : l'être humain doit être capable de développer un environnement culturel en harmonie avec l'environnement naturel qui l'entoure.

Francisco Ferrer prend ses distances par rapport aux anarchistes car il défend une pédagogie pacifiste. Il collabore avec les pédagogues Paul Robin et Ovide Decroly.

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • Il a publié de nombreux articles en espagnol dans le Bulletin de l'École moderne de 1901 à 1906.
  • Deux collaborateurs anarchistes ont publié en 1911 un ouvrage posthume, à partir de ses notes rédigées pendant ses deux séjours en prison ; cet ouvrage a été traduit en français en 2009 : L'école moderne. Explication posthume et finalité de l'enseignement rationnel.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

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