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Peinture belge moderne

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Affiche de l'Exposition internationale de 1897

La peinture belge moderne est représentée au XIXe siècle par de nombreux artistes qui ont été influencés par les écoles parisiennes. Ils n'en sont pas que le reflet ; plusieurs personnalités émergent, de même que la volonté de donner au Salon de Bruxelles une audience européenne.

Au XXe siècle, un mouvement d'avant-garde hétérogène, La jeune peinture belge, est officiellement créé à Bruxelles en 1945, avec comme président d'honneur James Ensor.

XIXe siècle[modifier | modifier le wikicode]

L'épisode français a failli être fatal à la production artistique de la future Belgique, après la dispersion de son patrimoine pendant les années impériales. Cette crise a été renforcée par la mainmise culturelle de Paris, capitale des arts, dans les décennies qui ont suivi, poussant les peintres locaux à s'y rendre pour avoir une chance de se faire connaître.

De 1815 à 1839 Guillaume II, souverain de l'éphémère royaume uni des Pays-Bas, soutient la renaissance des arts néo-classiques par son mécénat.

Mais c'est surtout, paradoxalement, l'installation à Bruxelles, de 1816 à 1825, du peintre français Jacques-Louis David, exilé volontaire, qui relance la créativité des peintres belges et ranime le milieu artistique local.

Une des 70 études réalisées sur place au Caire par Wauters, avant de peindre son Panorama.

Reconstitutions historiques et panoramas[modifier | modifier le wikicode]

À partir des années 1830 et de la création de la Belgique, la veine des reconstitutions historiques inspire les peintres, et surtout les commandes nationales au service de la propagande politique. Les dimensions de toiles géantes (14 mètres sur 40 mètres) sont imposées par deux compagnies bruxelloises qui régissent ce marché européen assez lucratif. De gigantesques panoramas sont ainsi reconstitués, souvent à plusieurs, pour servir de toiles de fond aux scènes proprement dites.

  • Charles-Marie-Émile Wauters (1846-1933). L'État belge lui achète deux tableaux exposés en 1870 et en 1872 :
Marie de Bourgogne implorant des magistrats de Gand la grâce de ses conseillers Hugonet et d'Humbercourt
et la Folie de Hugo van der Goes.
Son Panorama du Caire sera la pièce maîtresse de l'Exposition internationale de 1897, dans un pavillon mauresque en forme de mosquée spécialement construit pour l'abriter.
Il est surtout apprécié pour son talent de portraitiste et reçoit de nombreuses commandes. Ses tableaux de personnages célèbres à son époque se retrouvent dans plusieurs musées européens et américains.
L'allée des vieux charmes à Tervueren, 1871, par Boulenger.

Nouveaux talents[modifier | modifier le wikicode]

Les grands Salons organisés à Bruxelles, Anvers, Gand et Liège ne favorisent pas l'innovation car les jurys sélectionnent pour ces expositions les valeurs sûres, c'est-à-dire les œuvres répondant aux critères de la mode académique. Heureusement, le nombre des acheteurs potentiels s’accroît lentement. De plus l'exposition internationale de Londres en 1862 est l'occasion d'un début de reconnaissance d’œuvres belges, bien que difficilement étiquetables.

De jeunes artistes se regroupent pour faire pression, d'abord dans l'Atelier Saint-Luc qui accueille une dizaine de peintres hors de la ville, dans les prés de Schaerbeek, derrière le Jardin botanique, à partir de 1846. L'atelier est apprécié pour la convivialité des rapports humains.

Puis vingt ans plus tard, se crée la Société libre des Beaux-Arts, ouverte aux sympathisants. Les adhérents à cette association vivent à l'écart des villes et de leurs contraintes stylistiques. Les membres veulent produire une œuvre intègre, sans effets spéciaux, mais aussi accéder aux milieux artistiques officiels. Le premier succès est remporté au Salon de Bruxelles de 1869 avec la Médaille d'Or attribuée à l'artiste indépendant Hippolyte Boulenger.

  • Hippolyte Boulenger (1837-1874) se marie à Vervuren et y fonde l'École de Verduren qui se réunit sur la place du village et dans une auberge qui fut vite appelée le Barbizon belge. Le musée local Het Schaakbord (L’Échiquier) contient une collection d'une quarantaine d'œuvres. Les peintres vont aussi explorer le littoral (Heist, Knocke) et la vallée de la Meuse (Anseremme). Boulenger a joué de rôle de chef de file de cette école de paysagistes.
  • Théodore Fourmois (1814-1871) est un des premiers à avoir introduit des études d'après nature, réalisées en plein air, dans ses tableaux. Au début de sa carrière, il est inspiré par le mouvement romantique, en particulier par le dessin de ruines de monuments historiques et la lithographie.
  • Louis Crépin (1828-1887) se spécialise également dans la représentation de paysages, en liaison étroite avec les impressionnistes.
  • Édouard Huberti (1818-1880) est un peintre autodidacte qui a été attiré par d'autres disciplines, la musique puis l'architecture, avant de se concentrer sur l'étude de paysage.
  • Joseph Coosemans (1828-1904) s'installe à Vervuren en 1846 et prend le poste de secrétaire communal. Il voyage en Italie et en France et s'arrête à Barbizon. C'est un autodidacte, comme Huberti : il s'est appuyé sur ses camarades pour acquérir les techniques de base. En 1887, il est nommé professeur de paysage à l'Institut Supérieur de l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers, le NHISKA.

L'attrait des sites naturels préservés et l'art social[modifier | modifier le wikicode]

Les régions naturelles de Belgique.

La Campine et son paysage naturel séduisant deviennent un point d'attraction (le bassin houiller ne fut découvert qu'en 1901) pour les peintres anversois du cercle Als Ik Kan (Comme je peux) créé en 1883.

Des élèves de l'Académie de Gand s'installent à Laethem-Saint-Martin, sur les bords de la Lys. « 'Cependant, chacun arrive avec son style personnel, et le poursuit. Il n'y a pas de volonté de création d'un style commun, mais coexistence et émulation entre des individus hétérogènes. Laethem et ses environs leur fournira bien sûr un sujet d'inspiration fréquent, mais il n'y a pas unité stylistique pour autant.' » La région de la Lys devient ainsi le point où convergent par la suite symbolisme et le luminisme, qui perpétue la tradition réaliste belge.

Les conditions de vie des travailleurs en ville, dans les usines, dans les ports et à la campagne fournissent des sujets révélateurs de l'exploitation de l'homme par l'homme. Leur observation sans complaisance donne lieu à une interprétation réaliste ou naturaliste, puis symboliste, puis expressionniste en fin de siècle. Même l'art qu'aimait la bourgeoisie cultivée des années 1900, l'Art Nouveau, acheté et soutenu par les riches industriels, renferme plus d'un élément emprunté au vérisme social.

L'art social dénonce les aspects sordides de la collectivité ; quant aux aspects sombres de l'individu, ils sont mis en scène par plusieurs artistes spécialistes du mystérieux et du fantastique.

Le groupe des Vingt ou les XX[modifier | modifier le wikicode]

Le Groupe des Vingt est un cercle artistique d'avant-garde fondé à Bruxelles en 1883 par Octave Maus, critique d'art et mécène qui avait lancé en mars 1881 la revue hebdomadaire L’Art Moderne. Leur premier Salon a lieu en 1884. Van Gogh est invité en 1890 et ils organisent une exposition rétrospective de ses œuvres en 1891.

  • Xavier Mellery (1845-1921) a dessiné les cartons des quarante-huit statues de métiers bruxellois au square du Petit Sablon à Bruxelles.
  • Fernand Khnopff (1858-1921) a passé son enfance à Bruges. Il adhère au mouvement créé en 1897 en Autriche par Gustav Klimt, en réaction contre le conformisme. Ses représentations de femmes rousses énigmatiques font sensation à l'exposition de la Sécession viennoise en 1898, et lui procurent une notoriété internationale. Ses thèmes favoris sont l'eau et ses reflets, le crépuscule et la solitude. Ses cadrages sont inhabituels et caractérisés par le télescopage d'objets insolites.
  • James Ensor peint son premier tableau de masques pour le Salon de 1884 ; mais en 1889, L'Entrée du Christ à Bruxelles est refusée par les XX. Il est l'instigateur du bal costumé philanthropique organisé depuis 1898 à Ostende, le Bal du Rat mort : le thème du carnaval, du monde à l'envers, est un de ses sujets favoris.
Au début de sa carrière il s'était s'inscrit à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles, où il s'était lié d'amitié avec Fernand Khnopff et avait fait la connaissance de la famille Rousseau qui l'avait introduit dans les milieux artistiques et intellectuels de la capitale. Mais, rejetant leur académisme (cette boîte à myopes), il était retourné chez sa mère à Ostende.
Il supporte mal que ses tableaux soient rejetés des Salons et sa palette annonce celle du fauvisme. Sa peur de la foule, ses obsessions se retrouvent dans la place que les déformations grotesques prennent dans son œuvre.
La reconnaissance publique arrive tardivement.

Les frères Stevens[modifier | modifier le wikicode]

À la fin du XIXe siècle, deux artistes bruxellois atteignent une renommée mondiale, ce sont les frères Stevens, fils d'un marchand de tableaux.

  • Alfred Stevens (1823-1906) est contemporain de Manet et Courbet. Il est surtout connu pour ses tableaux orientalisants et sa période impressionniste.
  • Joseph Stevens (1816-1892), son frère aîné, est un peintre animalier et un graveur. Il met en scène des animaux domestiques (chiens, singes et chevaux) et se fait remarquer par Baudelaire pour son réalisme décalé : celui-ci lui dédie son poème en prose Les Bons Chiens.

Ils attirent tous les deux au Salon de Bruxelles de nombreux peintres parisiens.

XXe siècle[modifier | modifier le wikicode]

Structure en bois de G. Hobé, derrière l'actuel Musée royal de l'Afrique centrale.

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La Belle Époque[modifier | modifier le wikicode]

C'est une période qui se terminera en 1914 avec l'entrée en guerre, où les riches s'enrichissent, souvent grâce aux matières premières importées de colonies. Du Congo belge arrivent matériaux rares et précieux comme l'ivoire et les bois précieux tropicaux, qui inspirent les artistes. Bruxelles et Anvers sont considérées comme des places d'art internationales. Les peintres belges exposent dans toutes les capitales d'Europe de l'ouest.

En 1897, le roi Léopold II de Belgique organise à Tervuren une exposition sur le Congo. Le salon d'honneur était consacré à la sculpture chryséléphantine. L'exposition comportait quatre sections dont la conception avait été confiée aux architectes Paul Hankar, Georges Hobé, Henry Van de Velde et Gustave Serrurier-Bovy.

Aux pavots, 1910, céramique à droite du balcon de la gare de Genval.
  • L'Art Nouveau floral est également lancé par des architectes, notamment le concurrent de P. Hankar, Victor Horta, dont la maison a été transformée en musée. Il se caractérise certes par la thématique des fleurs mais aussi par la place des courbes qui amplifient l'impression d'espace et guident le regard. Les arts décoratifs s'en sont emparé, par exemple le vitrail, l'orfèvrerie ou les affiches.
  • Le fauvisme fait des adeptes parmi les peintres belges qui fuient la sophistication de l'Art Nouveau bruxellois. Le brasseur bruxellois François Van Haelen collectionnait l'art moderne en achetant des œuvres de James Ensor. Son assistance, sa sympathie pour les débutants attirent de nombreux jeunes artistes. La Galerie Georges Giroux avait axé sa politique sur la découverte des jeunes talents et obtient une audience qui rejaillit sur les fauvistes débutants, souvent autodidactes : application de couleurs vives, décalées par rapport à la nature.
Rik Wouters (1882-1916), grand admirateur de James Ensor, est le fondateur involontaire du Fauvisme brabançon anti-impressionniste, alliant cubisme et fauvisme.
Auguste Oleffe (1867-1931) s'installe de 1895 à 1902 à Nieuport, sur l'estuaire de l'Yser, au bord de la Mer du Nord, où il peint les pêcheurs et des marines. En 1906, il s’installe ensuite en famille à Auderghem et peint des toiles où il marie les noirs profonds aux tons vifs et clairs chers aux impressionnistes.

L'Entre-deux-guerres et le surréalisme[modifier | modifier le wikicode]

En 1924, André Breton publie le Manifeste du Surréalisme qui reprend les notions d'automatisme, de simultanéité, de hasard qui étaient au cœur du Dadaïsme (Clément Pansaers, Édouard Mesens et Paul Neuhuys). Le jeu littéraire du cadavre exquis est remis à la mode en 1925.

  • Le groupe de Bruxelles : Magritte et Mesens lancent en octobre 1924 la revue Période ; en novembre Nougé, Goemans et Lecomte lancent la revue Correspondance. Magritte et Mesens créent en 1925 Œsophage puis finissent par rejoindre Nougé !
René Magritte (1898-1967). Entre 1927 et 1929 il rencontre les surréalistes parisiens puis Salvador Dalí à Cadaqués.
Édouard L. T. Mesens (1903-1971) est un musicien-poète qui dirige en 1931 la galerie Mesens où il expose Magritte.
Paul Nougé (1895-1967) est un poète, critique littéraire et photographe : Subversion des images est publié en 1968.
  • Le groupe du Hainaut prend en 1939 la suite du groupe Rupture, fondé par Chavée en 1934. Il avait rassemblé pendant cinq ans intellectuels et artistes engagés dans les luttes ouvrières locales et se fixant des objectifs littéraires, politiques et scientifiques. Le groupe réunit les poètes Achille Chavée, Fernand Dumont et Marcel Havrenne et un poète-graphiste, célèbre pour ses logogrammes.
Christian Dotremont (1922-1979). Plusieurs dates ont marqué sa vie artistique de poète et théoricien avant d'aboutir aux créations qui ont fait sa renommée ;
en avril 1941 il rencontre Paul Éluard à Paris qui lui fait visiter l’atelier de Pablo Picasso et lui montre la richesse des liens poètes-peintres ;
en 1947, il lit la « Critique de la vie quotidienne » du sociologue français Henri Lefèbvre et lance le mouvement surréaliste révolutionnaire ;
en 1951, il est atteint de la tuberculose et fait de nombreux séjours en sanatorium ; c'est la catastrophe dont il parle dans son autobiographie La pierre et l'oreiller (1955) ;
en 1956, il se découvre une passion pour sa valise et les voyages, en particulier en Laponie ;
et c'est en 1962, qu'il réussit enfin à atteindre son objectif qui est « l’unité d’inspiration verbale-graphique » avec les logoneiges et les logoglaces, tracés sur la neige ou sur la glace et pris en photos pour les pérenniser.

La jeune peinture belge[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

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