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Rafle de Marseille

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L'Opération Sultan est une rafle organisée par les Allemands, accompagnés par la police nationale, qui a eu lieu à Marseille en janvier 1943. Elle est comparable à la Rafle du Vélodrome d'Hiver à Paris. Cette rafle est suivie de la destruction d’une partie du Vieux Port appelée aussi Le Panier. C'est le Troisième Reich Allemand qui ordonna la destruction de ce quartier mais il existait un plan d'urbanisme, le plan Beaudoin, commandé par la ville et qui imaginait déjà la destruction d'une partie de ce quartier. Pendant des années, cet événement a été appelé par tous les marseillais « l'évacuation », car les autorités ont voulu déguiser cet horrible acte en un acte protecteur, rendant service aux marseillais. C'est bien plus tard que les gens ont commencé à l'appeler « la rafle ».

Les autorités en charge de l'opération Sultan. De gauche à droite, un inconnu, le commandant du 10è régiment SS Bernhard GRIESE, le préfet régional Antoine LEMOINE, le commandant de la gestapo pour la région Rolf MÜHLER (derrière Lemoine), Le secrétaire général de la police de Vichy René BOUSQUET, et le Préfet délégué à l'administration de Marseille Pierre BARRAUD - 23 janvier 1943.

Le contexte historique[modifier | modifier le wikicode]

Nous nous situons pendant la Seconde Guerre mondiale. Marseille est une ville populaire. En Novembre 1942, elle perd sa liberté, devient territoire occupé par l'armée ennemie et voit sa tutelle déléguée aux allemands. A la suite de 2 attentats commis à Marseille contre des soldats allemands en 1942, Adolf Hitler et Berlin en général voient Marseille comme une « porcherie », « un nid de résistance » et ils décident alors d'amorcer la destruction des vieux quartiers de la ville ( situés sur la rive Nord du Vieux Port). Le quartier du Panier était pour eux un « concentré de pauvreté ». Adolf Hitler lui-même en avait peur. Les Allemands avaient d'ailleurs fait des photos de propagande pour accentuer la pauvreté des rues. Sur ces photos, ils accentuaient les particularités du quartier : ils montraient que les rues étaient trop étroites, que du linge (sale) pendait aux fenêtres. Ils décidèrent donc le raser tout en conservant quelques immeubles, guidés en cela par le plan « Ville de Marseille, quartier évacué » de l'architecte Eugène Beaudoin. Ils voulaient créer à la place des grandes avenues pour faciliter les déplacements en voiture.

Vue de Marseille avant 1944. On aperçoit de l'autre côté du port les quartiers nord dont une partie sera détruite

La rafle de l'opéra, vendredi 22 janvier 1943[modifier | modifier le wikicode]

L’opération Sultan débute le matin du vendredi 22 janvier 1943. Des milliers de policiers français et allemands quadrillent la ville et contrôlent les gens. Parmi ceux qu'ils arrêtent, beaucoup de personnes sont emmenées de force en camions au commissariat central ou aux Baumettes. La police vise surtout les Juifs qui sont particulièrement repérables grâce à leurs tampons sur leurs papiers. A 21h45 les Résistants font exploser une bombe dans un tramway sur le boulevard Maritime. De 22h30 à 5h du matin, dans le centre-ville, la Canebière et surtout dans le quartier de l'Opéra où les familles juifs sont très présentes, les policiers français visitent les appartements. 1865 personnes, hommes, femmes et enfants sont dirigés vers la prison des Baumettes où leur situation doit être examinée. Jusqu'au petit matin, les policiers français multiplient leurs visites domiciliaires et les arrestations.

Le samedi 23 janvier 1943[modifier | modifier le wikicode]

Tous les quais sont gardés par les allemands arrivés par milliers pour l'opération Sultan. Aucune information n'est donnée et la pression monte chez les marseillais. La nouvelle se répand qu'il y a un char place Sadi-Carnot, et que depuis la nuit la gare d'Arenc est aussi occupée par les allemands. Les policiers français annoncent la coupure provisoire de la ligne téléphonique, l'arrêt des livraisons alimentaires, et de nombreux contrôles d'identité seront effectués.

Nuit du 23 au 24 janvier 1943 / Soldat en place pour la rafle du Vieux Port.


L'évacuation du 24 janvier 1943 et le transfert vers la gare d'Arenc[modifier | modifier le wikicode]

Le matin du 24 janvier 1943, une Citroën noire passe dans le quartier et lit un communiqué. On annonce que tout le quartier du panier va devoir être évacué pour une durée de 48 heures. Les habitants sont amenés a prendre le strict nécessaire pour cette durée ainsi que leurs papiers d'identité. Pendant que les habitants préparent leurs bagages, il est interdit de circuler dans les rues.

Une fois que l’évacuation commence les allemands amènent tous les habitants du quartier vers des camions qui les conduisent jusqu'aux tramways qui les emmènent à la gare d'Arenc.

Le départ en train vers Frejus[modifier | modifier le wikicode]

Ils sont alors entassés dans des wagons à bestiaux, ne pouvant presque pas bouger. Ils ne sont nourris que de quelques boules de pain et quelques boites de conserves. Le voyage dure toute la journée et le soir, ils arrivent en gare de Fréjus où ils sont transportés dans des camps désaffectés de l'armée.

Ceux qui partent vers Compiègne[modifier | modifier le wikicode]

Les marseillais qui ont été raflés à l'opéra puis les jours suivants dans la ville et qui ont été emprisonnés aux Baumettes seront amenés eux aussi en gare d'Arenc et partiront pour Compiègne. Ils seront alors envoyés au Camp d'extermination de Sobibor où ils seront exécutés.

Les conditions de vie dans le camp de Fréjus[modifier | modifier le wikicode]

Elles sont très rudimentaires et déplorables. Avant d'entrer, les personnes sont contrôlées (nom, prénom, profession) et pourront être déportées à Compiègne si elles sont juives ou communistes. Les hommes sont séparés des femmes et des enfants (l'enfant reste avec sa mère). On entasse tout le monde dans des baraquements jonchés de paille souillée et qui accueilleront chacun 100 personnes. Il n'y a aucun meuble et on doit dormir à même le sol. On distribue très peu de nourriture et d'eau. En quelques jours, la gale et les poux s'installent. On compte trois décès en une semaine dans le camp. On ne peut pas sortir du camp éclairé de projecteurs, entouré de barbelés et gardé par des soldats, des chiens, des gendarmes. Au lieu de durer deux jours, le séjour des habitants expulsés de leurs maisons à Marseille va durer une semaine.

La destruction des quartiers évacués[modifier | modifier le wikicode]

Pendant que les habitants sont emprisonnés au camp de Fréjus, les allemands, aidés de la police française, mettent en place des charges explosives pour détruire leur quartier. Le 1er février 1943 commencent les opérations de dynamitage qui vont durer plus de deux semaines. 1500 immeubles furent détruits.14 hectares en tout, l'équivalent de 20 terrains de football. 50 rues disparaissent de la carte.

le quartier détruit vu depuis le pont transbordeur. Bundesarchiv
le quartier avant d'être détruit vu depuis le pont transbordeur. Bundesarchiv

Le retour à Marseille[modifier | modifier le wikicode]

Le 1er février 1943, le retour de Fréjus pour Marseille commence. Les gens sont sales et affaiblis par leur séjour au camp de Fréjus mais sont heureux de repartir.

Une fois arrivés en gare d'Arenc, en fin d’après midi, hommes, femmes, enfants sont poussés dans les trams par des gardes mobiles et des soldats allemands.

Le tram ne s’arrête pas au Vieux Port comme d'habitude mais continue jusqu'à Castellane, au cinéma Eldorado ( actuellement cinéma César). Nombreux sont les gens qu'on oblige à entrer dans le cinéma car leur quartier, leur maison et leurs biens ont été détruits à la dynamite. Les salles sont remplies. Les habitants du Vieux quartiers ignorent la raison pour laquelle ils se trouvent dans le cinéma. Ils l'apprendront plus tard. Ils ne possèdent plus rien. Leur maison, leur quartier n'existent plus.

Pour les plus chanceux, ils seront aidés par leur famille puis indemnisés plus tard mais certains, comme les italiens, n'étant pas français ont tout perdu et doivent recommencer leur vie à zéro.

Pour que justice soit faite[modifier | modifier le wikicode]

Après la guerre, des procès sont attendus par la population marseillaise et une plainte est déposée pour collaboration avec l'ennemi.

René BOUSQUET et Antoine LEMOINE sont renvoyés devant la Haute cour de justice. Au terme d'un procès de trois jours, ils sont condamnés à une peine minimale de "cinq ans de dégradation nationale".

C'est en 2019 que Pascal LUONGO un avocat marseillais dépose une plainte pour crime contre l'humanité pour la rafle du Vieux-Port. Cette plainte est toujours en cours, et la décision est très attendue par les derniers rescapés de la Rafle du Vieux-Port.

Les crimes contre l'humanité sont des infractions commises dans le cadre d'une attaque de grande ampleur visant des civils.

Même si les documents d'archive montrent que les allemands sont les principaux coupables, les études ont pu démontrer la complicité des autorités françaises dans cette opération. Le régime de Vichy a facilité ces événements de janvier-février 1943 à Marseille voire a précédé les initiatives allemandes en leur remettant notamment le plan Beaudoin.

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

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