Papyrus judiciaire de Turin

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Papyrus judiciaire de Turin.

Le papyrus judiciaire de Turin est un papyrus qui a permit d'enregistrer le procès à l'encontre des personnes qui ont visé à conspirer contre Ramsès III dans le but de le tuer. Cet évènement est connu sous le nom de « conspiration du harem ».

Le papyrus ne contient pas tous les éléments du procès, mais essentiellement des résumés de celui-ci, concernant les accusations, les condamnations et les peines prononcées contre les conspirateurs1. Il existe deux autres papyrus qui concernent aussi ce procès, mais qui sont orientés sur le côté magique de l'affaire : les papyrus Lee et Rollin, qui parlent de la magie et précisent les peines infligées. La peine n'était pas forcément surprenante pour l'époque, car dans ce genre de cas, la condamnation à mort était prononcée.

Historique[modifier | modifier le wikicode]

Sur la fin de son règne, Ramsès III devait faire face à un pouvoir affaibli en raison des conflits armés, mais aussi d'une population de moins en moins satisfaite qui voit le déclin de leur régime. D'ailleurs, cet affaiblissement est surtout à cause des serviteurs et des fonctionnaires du pharaon qui va conduire à la première grève de l'Histoire, dont les explications sont présentes dans le Papyrus de la Grève au cours de la 29e du règne de Ramsès III2. La cause de cette grève résulte du fait qu'un fonctionnaire n'a pas donné les rations alimentaires, faisant office de salaire, dans les temps aux ouvriers de la vallée des rois3.

Ramsès III est affaibli aussi bien politiquement que physiquement, en effet, lors de la fête anniversaire de son règne, tout montre qu'il arrive au terme de celui-ci, en raison de son décès imminent au point qu'il refuse de retourner dans sa résidence du delta.

Cette situation, conduit sa femme, la reine Tiyi de le faire remplacer par son fils Pentaour, l'un des demi-frères de l'héritier légitime du trône, le prince Ramsès. Sauf que Ramsès III est actuellement toujours en vie, donc la succession est impossible. Néanmoins, étant déterminée, elle décide d'organiser une conspiration contre son époux où les participants devaient se tenir prêt à prendre le pouvoir dès la mort du roi.

Conspiration[modifier | modifier le wikicode]

La conspiration a pour origine, la volonté de sa femme Tiyi qui va demander l'aide de plusieurs fonctionnaires importants, travaillant pour le roi afin de la réaliser.

La côté magique serait dû à un acte de sorcellerie où les conspirateurs se verraient offrir des figurines en cire, contenant de la magie qui devait rendre impuissants les gardes royaux, donc qu'ils ne pourraient défendre le roi.

Ainsi, l'attaque devait venir de l'intérieur du harem, avec l'aide d'une révolte à l'extérieur pour distraire tout le monde. Sauf que le complot ne fut jamais réalisé, car celui-ci fut découvert et les responsables furent arrêtés et jugés.

Procès[modifier | modifier le wikicode]

Composition du tribunal[modifier | modifier le wikicode]

Le tribunal qui a la charge de juger les conspirateurs est composé de 12 juges au total, dont :

  • de 2 chefs du trésor : Montouemtaouy et Payefraouy
  • d'un haut courtisan, le porteur de flabellum Kar
  • de cinq échansons : Paybaset, Qédenden, Baâlmaher, Pairousounou et Djéhoutyrekhnéfer
  • du héraut royal Penrennout
  • de deux scribes du bureau des dépêches, Mây et Parâemheb
  • du porte-étendard de l'armée, Hori.

Le roi demande aux juges de faire leur travail en toute indépendance et en ne lui demandant pas de conseils ou de donner son avis contre les conspirateurs

Incident du procès[modifier | modifier le wikicode]

Lors du procès, un incident eu lieu quand 5 juges sur les 12, décidèrent de rejoindre 6 femmes accusées pour des relations sexuelles organisées par un autre accusé qui les invita, le général Payis.

En raison des actes de ces 5 juges, ceux-ci sont accusés de corruption et finissent à leur tour par être jugés. Pour les juges concernés, ils sont condamnés à des peines infamantes pour l'époque et visible par tous, c'est-à-dire qu'ils sont victimes d'une condamnation par mutilation au niveau des oreilles et du nez, si bien que Paybaset, l'un des juges accusé, se suicida.

Objectif du papyrus judiciaire[modifier | modifier le wikicode]

Ce papyrus n'est pas un compte-rendu du procès et de la procédure judiciaire, mais c'est essentiellement une liste avec le nom des accusés. Plus précisément, les accusés n'étaient pas désignés par leurs vraies noms, mais plutôt par des pseudonymes infamant. L'un d'eux était surnommé « Mésedsourê », ce qui signifie « Rê le hait », donc que le Dieu le déteste4,5, mais les pseudonymes pouvaient aussi être ceux des crimes dont ils étaient accusés ou bien les peines infligées.

Le papyrus énonce plusieurs listes, par exemple, la première transforme les noms des accusés pour les condamner à la déchéance éternelle et seront exécutés, mais le texte ne précise pas comment ils seront tués.

Quant à la deuxième liste, elle concerne les accusés qui ont exercé des fonctions proche de la fonction royale et en raison de la gravité de leurs actes, normalement, c'est la condamnation à mort qui est prononcées6,7. Comme la première liste, le mode d'exécution n'est pas mentionné. Par exemple, le prince Pentaour, a été autorisé (ou forcé) de se suicider par empoisonnement et le texte le mentionne clairement sous la formule « Ils (les juges) l'ont laissé, il a pris sa propre vie ».

Conséquences[modifier | modifier le wikicode]

On pensait que Ramsès III avait vécu assez longtemps pour superviser le procès de ses tentatives d’assassinat, car le document s’ouvre sur une adresse directe des juges. Cependant, il est appelé dans le Papyrus Lee « le Grand Dieu », un terme utilisé uniquement pour les rois décédés à cette époque6. Sa momie, bien conservée et toujours enveloppée, ne présente aucun signe extérieur d’une mort violente, de sorte que la cause de la mort a longtemps été supposée être naturelle8. Un scanner médical récent a révélé que sous les bandages sur son cou se trouvait une grande entaille qui coupait jusqu’à l’os. Cette blessure s’est avérée fatale9,10.

La momie de l'inconnu a été confirmée comme étant un fils de Ramsès III. Cette momie n’a pas été momifiée d’une manière typique, et a été enterrée dans une peau de chèvre rituellement impure à l’intérieur d’un cercueil non inscrit. Ce traitement fait certainement de ce corps un candidat probable pour celui de Pentaour9.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. (fr) Pascal Vernus, Affaires et scandales dans l'Égypte ancienne, Presse universitaire de Cornell, 2003.
  2. (en) Iorwerth Eiddon Stephen Edwards, Cambridge Ancient History, vol. 2, Presse universitaire de Cambridge, 2000.
  3. (fr) La première grève connue de l'Histoire, Egyptos.net.
  4. (fr) Pierre Grandet, Ramsès III : Histoire d'un règne, Paris, Éditions Pygmalion/Gérard Watelet pour Le Grand Livre du mois, 1993.
  5. (en) Kenneth Anderson Kitchen, Ramesside Inscriptions, Historical and Biographical, Oxford, 1968-1989
  6. 6,0 et 6,1 (en) James Henry Breasted, Ancient Records of Egypt, Chicago, 1906.
  7. (en) Barbara Watterson, The Egyptians, Blackwell Publishing, 1997.
  8. (en) James E. Harris et Kent R. Weeks, X-Raying the Pharaohs, Macdonald and Company (Publishers) Ltd., Londres, 1973.
  9. 9,0 et 9,1 (en) Zahi Hawass, Somaia Ismail, Ashraf Selim, Sahar N. Saleem, Dina Fathalla, Sally Wasef, Ahmed Z. Gad, Rama Saad, Suzan Fares, Hani Amer, Paul Gostner, Yehia Z. Gad, Carsten M. Pusch et Albert R. Zink, Revisiting the harem conspiracy and death of Ramesses III : anthropological, forensic, radiological, and genetic study, BMJ Publishing Group Ltd., 17 décembre 2012.
  10. (en) Zahi Hawass et Sahar N. Saleem, Scanning the Pharaohs : CT Imaging of the New Kingdom Royal Mummies, Presse de l'université américaine du Caire, 2016.
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