Kokowa

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Lutteurs du Niger

Le kokowa est un sport de combat traditionnel du Niger1. Son objectif est de terrasser l'adversaire ou de le vaincre par décision du corps arbitral ou du corps médical. Il se pratique en position debout. À cet effet, toute action entreprise après la chute est interdite.

Préparation de l'arène[modifier | modifier le wikicode]

L'arène[modifier | modifier le wikicode]

Lutte Niger-Sénégal lors du tournoi de Tolac.

Les compétitions de kokowa se déroulent dans une arène qui comportent neuf (9) parties :

  • Les gradins et tribunes réservés aux spectateurs ;
  • L'aire de combat, réservée aux lutteurs et aux arbitres ;
  • Les vestiaires ;
  • Les parkings réservés aux forces de l'ordre et aux secours ;
  • La cabine de presse, réservée à la presse ;
  • La cabine du jury, réservée aux membres du jury ;
  • L'espace réservé à la table technique ;
  • La salle de soins ;
  • Les sanitaires.

L'aire du combat[modifier | modifier le wikicode]

L’aire de combat est de forme circulaire. Elle doit avoir au minimum 15 mètres de diamètre et au maximum 20 mètres. Elle comporte une zone de protection (une bande de 1,5 mètres de largeur, limitée à l’intérieur par des sacs et à l’extérieur par des cordes soutenues par des piquets) et une zone de combat (couverte d’un matériau amortissant, de préférence du sable, propre et en quantité suffisante).

Préparation du combat[modifier | modifier le wikicode]

Le lutteur[modifier | modifier le wikicode]

Yahaya Kaka et Issaka Issaka, deux lutteurs du Niger.

Pour être qualifié, le lutteur doit avoir au minimum 18 ans requis au moment de la compétition ; il doit présenter un certificat de nationalité (pour les compétitions officielles du Sabre National) et une carte d’identité nationale ou un passeport en cours de validité.

Il doit aussi posséder une licence sportive pour l’année en cours (délivrée par la Fédération Nigérienne de Lutte (FENILUTTE)2), et être inscrit sur la liste d’engagement présentée par la délégation régionale à laquelle il appartient.

De plus, il doit présenter un certificat de non-contre-indication à la pratique de la lutte datant de moins de quatre (4) mois délivré par un médecin au moins sept (7) jours avant la date de l’ouverture des compétitions du Sabre National.

La tenue du lutteur[modifier | modifier le wikicode]

Le lutteur doit obligatoirement se présenter dans l’aire du combat en tenue de lutte traditionnelle confectionnée à l'aide de la peau de chèvre ou de bouc. Toute la ceinture est ornée de crinière d’animaux, de perles ou de cauris3 et de fils colorés.

Aujourd'hui, les lutteurs peuvent très bien mettre une culotte plus moderne en dessous. Autour des hanches, les lutteurs portent des cordons en gris-gris ou talismans divers confectionnés par leurs familles, leurs marabouts ou leurs sorciers en vue de leur porter chance.

Le lutteur se présente torse nu, ongles des doigts et des orteils coupés très courts. Le port d’objet susceptibles de blesser le lutteur ou son adversaire (bague, bracelet, collier métallique etc.); l’usage des matières glissantes, de mauvaise odeur et/ou éblouissantes sont formellement interdits au cours du combat.

Le pré-combat[modifier | modifier le wikicode]

Chaque région est tenue de faire défiler devant les membres du jury et les spectateurs la tenue de combat des lutteurs de ladite région. Après délibération du jury, place est faite au concours de poème, là également les régions présentent chacune un lutteur, généralement bon parleur pour chanter des louanges ou poèmes liés aux lutteurs, à leur région, à leur terroir, etc. Après proclamation des résultats, le comité procède au tirage, pour constituer le calendrier des combats.

Les officiels techniques[modifier | modifier le wikicode]

Deux lutteurs dans l’arène.

Les combats de lutte traditionnelle sont dirigés par les officiels techniques qui sont :

La table technique[modifier | modifier le wikicode]

  • Le président de la table technique ;
  • Le chronométreur ;
  • Le marqueur ;
  • Les arbitres ;
  • Les juges-arbitres.

Les arbitres[modifier | modifier le wikicode]

Pour officier au sabre national, l’arbitre doit avoir un âge compris entre 25 et 55 ans, et présenter un certificat médical datant de moins de trois (3) mois. Pour chaque combat, l’arbitrage est assuré par trois (3) arbitres : un arbitre central et deux (2) juges-arbitres munis chacun de deux (2) fanions (rouge et bleu) correspondants aux couleurs distinctes des deux (2) lutteurs

L'arbitre central[modifier | modifier le wikicode]

Lutteurs en plein combat lors du championnat national ; l’arbitre porte une tenue blanche.

Il travaille en rapport avec la table technique et les juges-arbitres, et annonce le début et la fin du combat par un coup de sifflet. L'arbitre central est responsable du déroulement régulier du combat, il rappelle à l’ordre tout lutteur passif (refus de combat, fuite, etc.), et inflige les sanctions (avertissements et disqualifications). Il proclame la victoire en levant la main du lutteur vainqueur ; il oblige les lutteurs à rester dans l’aire du combat jusqu’à l’annonce des résultats.

Les juges-arbitres[modifier | modifier le wikicode]

Les juges-arbitres sont chargés d’assister l’arbitre central dans ses fonctions. Ils signalent à l’arbitre central les fautes commises par un lutteur, en agitant le fanion correspondant à la couleur du lutteur fautif de façon très visible, et ils aident l’arbitre central pour la prise de décision finale.

La tenue des arbitres[modifier | modifier le wikicode]

L’arbitre central et les juges-arbitres sont chacun vêtus d’une tenue blanche composée d’un boubou (col rond, hauteur mi-cuisse, manche trois quarts), d’un pantalon et d’une paire de chaussures fermées.

Les griots[modifier | modifier le wikicode]

Encouragés et flattés par les tam-tams et les beaux poèmes de "Sogolo", l’infatigable griot des lutteurs, et de son rival "Zoura Mai Goundoua" de "Guidan Adou", les lutteurs se déplacent en dansant avec nonchalance vers l’arène de lutte en intimidant les adversaires. Les compétitions étaient accompagnées des rites mystiques et des "kiraris", plein d’élégance et de fair-play. Durant le combat les griots ne ratent pas aussi l’occasion de flatter les dignitaires, les grands commerçants, les sultans, les ministres, etc.

Les comités chargés de la réglementation de la lutte[modifier | modifier le wikicode]

Les litiges[modifier | modifier le wikicode]

En cas de litiges, un jury est mis en place afin d’instruire les réserves et réclamations qui lui sont transmises par la table technique.

"Tchali-tchali" pour la lutte traditionnelle au Niger

Pour statuer, le président du jury consulte les membres pour recueillir leur avis sur la réserve ou la réclamation. En cas de nécessité, le jury peut faire recours à la vidéo du télé diffuseur officiel. Dans chacun des cas, les membres du jury se prononcent par écrit. La synthèse est faite en présence de tous les membres du jury et le président communique publiquement le verdict. Le jury statue sur les combats truqués sur saisie du président du comité chargé de détecter les combats truqués.il prend les sanctions prévues par l’article 23 (suspension ou radiation d’un lutteur) et l’article 27 (sanctions contre l'entraîneur qui sont : l’avertissement ou la suspension sur rapport de la table technique).

Le comité chargé de détecter les combats truqués[modifier | modifier le wikicode]

Le comité est composé de neuf (9) membres dont : un président, et huit (8) anciens lutteurs désignés chacun par sa région.

Ce comité statue sur la sincérité de chaque combat lors des compétitions du Sabre National. Lorsqu'il statue sur un combat, les anciens lutteurs désignés par les régions concernées ne participent pas à la délibération. En cas de combats truqués, le président dudit comité saisit par écrit le président du jury qui prononce la sanction prévue au règlement du Sabre National.

Le comité ad'hoc[modifier | modifier le wikicode]

Le comité ad ’hoc statue sur appel des décisions rendues par le jury. En outre, il peut s’auto saisir et régler tous les litiges qui surviennent à tous les niveaux du processus du Sabre National. Ses décisions sont sans appel. Il est constitué de huit (8) membres:

  • Président : Le ministre en charge des sports ou son représentant.
  • Rapporteur : Le directeur général des sports.
  • Membres : Le gouverneur de la région hôte ou son représentant; Le président de conseil de ville ou le maire de la commune hôte; Un chef traditionnel de la région hôte; Le président et le vice-président de la FENILUTTES.

Victoire et récompenses[modifier | modifier le wikicode]

La victoire est obtenue quand l’adversaire tombe au sol dans les positions suivantes :

  • La tête touche le sol ;
  • Sur les fesses ;
  • Sur le ventre ;
  • Sur le flanc ;
  • Sur les deux genoux ;
  • Sur les deux coudes ;
  • Sur un genou et un coude ;
  • Le ventre en l’air avec appui sur les deux mains.

La victoire s’obtient également dans les cas suivants :

  • Avertissement de l’adversaire au terme du temps réglementaire ;
  • Trois (3) avertissements infligés à l’adversaire ;
  • Suspension de l’adversaire ;
  • Abandon de l’adversaire sur décision du médecin.

Pour les récompenses, le champion remporte le Sabre national, un cheval harnaché ainsi qu’un chèque de 10 millions F CFA.

Le vice-roi des arènes, empoche un chèque de 5 millions F CFA.

Le 3ème empoche quant à lui, 2,5 millions F CFA.

A ces cachets officiels s’ajoutent d’autres lots en espèces ou en natures offerts par des partenaires et des personnalités au champion, à ses dauphins ainsi qu’aux autres lutteurs et l’ensemble des acteurs des éditions du sport roi au Niger. Comme il est de tradition les récompenses aux lutteurs et animateurs du championnat de lutte affluent tout au long de la compétition. Le champion reçoit également une voiture 4x4, des billets pour le pèlerinage à la Mecque, des parcelles et diverses autres récompenses. Il y’a aussi un prix « Fair play » qui est décerné à la meilleure équipe par région, et enfin un prix offert dans la catégorie des malvoyants.

Palmarès des 40 éditions du sabre national de lutte traditionnelle au Niger

Année Lieu Noms du champion Région du champion
1975 Tahoua Yacouba A. Kanta Maradi
1976 Maradi Salma Dan Rani Dosso
1977 Dosso Yacouba A. Kanta Maradi
1978 Zinder Yacouba A. Kanta Maradi
1979 Diffa Salma dan Rani Dosso
1980 Agadez Yacouba A. Kanta Maradi
1981 Niamey Balla Kado Zinder
1982 Tahoua Langa Langa Zinder
1983 Maradi Kassou Kazouga Tahoua
1984 Dosso Issoufou Aboubacar Tahoua
1985
1986 Zinder Ousseini M. Kataki Tahoua
1987 Diffa Naroua Sanou Niamey
1988
1989 Agadez Sani Moumouni Maradi
1990 Dosso Mahamadou Tahoua
1991 Niamey Ada Masko Maradi
1992 Tahoua Labo Maikafo Maradi
1993 Maradi Badamassi Alassane Zinder
1994 Zinder Labo Maikafo Maradi
1995 Diffa Badamassi Alassane Zinder
1996 Agadez Balla Harouna Zinder
1997
1998 Tahoua Mahamadou Idi Tahoua
1999 Dosso Balla Harouna Zinder
2000 Zinder Issa Kazagourou Tahoua
2001 Tillabéry Hassane Amadou Tahoua
2002 Maradi Balla Harouna Zinder
2003 Niamey Mahamadou Abdoul karim Niamey
2004
2005 Niamey 5ème Jeux de la Francophonie
2006 Diffa Oumarou Bindigaou Maradi
2007 Agadez Harouna Abdou Tahoua
2008 Dosso Harouna Abdou Tahoua
2009 Tahoua Laminou Maidabba Agadez
2010 (1) Zinder Laminou Maidabba Agadez
2010 (2) Tillabéry Oumarou bindigaou Maradi
2011
2012 Maradi Laminou Maidabba Agadez
2013 Niamey Alio Salaou Zinder
2014 Diffa Yacouba Adamou Niamey
2015 Agadez Issaka Issaka Dosso
2016 tahoua yahaya Kaka Tahoua
2017 Zinder Tassiou Sani Zinder
2018 Tillabéry Issaka Issaka Dosso

Références[modifier | modifier le wikicode]

Article mis en lumière la semaine du 23 janvier 2023.
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