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Journée du 1er prairial an III

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Les journées révolutionnaires

L’insurrection du 1er prairial an III (20 mai 1795) est une révolte des catégories populaires parisiennes. Cette nouvelle insurrection fait suite à celle du 2 germinal an III (1er avril 1795). Confrontés à une hausse très importante des prix et à la dépréciation continue de la monnaie-papier (l'assignat), les insurgés souhaitent rétablir la réglementation des prix des denrées de première nécessité (en particulier du pain) telles qu'elles avaient été prises par les députés Montagnards en 1793-1794 et annulées après juillet 1794 par les vainqueurs de Robespierre. La salle des délibérations de la Convention est envahie par une foule en armes ; cependant les députés ne cèdent pas aux revendications populaires. L'intervention de l'armée et la répression qui suit brisent pour plus de 35 ans les capacités de révolte des Parisiens.

Les difficultés sociales et économiques continuent pour les catégories populaires[modifier | modifier le wikicode]

Depuis Germinal an III la situation sociale et économique des catégories populaires parisiennes ne s'est pas améliorée en un mois.

Pour en savoir plus, lis l’article : Journée du 12 germinal an III.

Le ravitaillement des familles populaires se dégrade. Dès le 19 mai, la ration de pain tombe de 250 grammes par jour et par personne à 60 grammes (le pain constitue une part importante de la ration alimentaire) alors que les prix sont en hausse continuelle.

La réaction politique se déchaîne contre les Montagnards[modifier | modifier le wikicode]

Les dirigeants politiques thermidoriens poursuivent leur lutte contre ce qui reste des chefs Montagnards. Le 3 avril 1795 (14 germinal An III) la Convention nomme une commission de sept membres, qui sont chargés de préparer les lois organiques de la Constitution de 1793 (il s'agit en fait d'une mise à mort de la constitution considérée comme trop démocratique et favorable aux classes populaires).

Le 5 avril 1795 de nouveaux députés de gauche sont décrétés d'arrestation, parmi lesquels Cambon, qui parvient à s'enfuir, Levasseur de la Sarthe mais aussi des députés thermidoriens jugés peu fiables comme Thuriot et Lecointre.

Le 10 avril 1795 la Convention ordonne le désarmement des personnes ayant soutenues la politique montagnarde en 1793-1794 (ceux qui sont désormais appelés les « terroristes ») et le 11 avril réintègre dans leurs droits civiques ceux qui avaient été mis hors la loi en 1793-1794 car ils étaient alors considérés comme des anti-républicains. Le 17 avril la garde nationale est « épurée » de ses éléments révolutionnaires. Elle passe désormais sous le contrôle du Comité militaire de la Convention. Les soldats de cette garde devront s'équiper eux-mêmes, ce qui élimine les artisans et les ouvriers incapables de financer cet équipement.

En particulier dans les départements du Midi, les royalistes en profitent pour assassiner les républicains qui s'étaient les plus manifestés pendant la période de la Terreur. Le 19 avril 1795 (30 germinal An III) dans l'Ain, six « terroristes », que l'on conduisait à la prison de Lons-le-Saunier, son massacrés à proximité de la ville. Le 4 mai 1795 plusieurs milliers d'émeutiers envahissent les prisons de Lyon et massacrent 99 Jacobins détenus. Le 7 mai 1795 l'ancien maire de Saint-Étienne, le jacobin Johannot est abattu en pleine rue par deux inconnus, tandis que le même jour à Paris l'ancien accusateur public Fouquier-Tinville, l'ex-président Herman et quatorze jurés du tribunal révolutionnaire sont guillotinés. Le 11 mai 1795 une trentaine de Jacobins sont assassinés dans les prisons d'Aix-en-Provence.

La journée du 1er prairial[modifier | modifier le wikicode]

Persuadés que les députés veulent affamer le peuple, et que seule la mise en application de la Constitution de 1793, permettrait de les en empêcher les catégories populaires parisiennes décident de contraindre par la force la Convention à satisfaire leurs revendications politiques et économiques.

Dès cinq heures du matin, le 1er prairial an III, (20 mai 1795), les habitants des faubourgs Saint-Antoine et Saint Marceau (les quartiers les plus populaires de Paris) sont en armes. Dans la nuit, sur les murs de la capitale, on avait affiché une proclamation, en tête de laquelle on lisait : « Insurrection du peuple pour obtenir du pain et reconquérir ses droits. ». Un projet de décret complétait l'affiche : « Le peuple arrête ce qui suit : Article 1er. Aujourd’hui, sans plus tarder, les citoyens et les citoyennes de Paris se porteront en masse à la Convention nationale pour lui demander :

  1. Du pain ;
  2. L’abolition du gouvernement révolutionnaire dont chaque faction abusa tour à tour pour ruiner, pour affamer et pour asservir le peuple ;
  3. Pour demander à la Convention nationale la proclamation et l’établissement, sur-le-champ, de la Constitution démocratique de 1793 ;
  4. La destitution du gouvernement actuel, son remplacement instantané par d’autres membres pris dans le sein de la Convention nationale, et l’arrestation de chacun des membres qui composent les comités actuels de gouvernement, comme coupables du crime de lèse-nation et de tyrannie envers le peuple ;
  5. La mise en liberté, à l’instant, des citoyens détenus pour avoir demandé du pain, et émis leur opinion avec franchise ;
  6. La convocation des assemblées primaires au 25 prairial prochain, pour le renouvellement de toutes les autorités qui, jusqu’à cette époque, seront tenues de se comporter et d’agir constitutionnellement.
  7. Les personnes et les propriétés sont mises sous la sauvegarde du peuple… »

L'appel au soulèvement et au renversement du gouvernement est clairement exposé.

La salle de la Convention envahie par les manifestants armés.

À onze heures du matin, la Convention commence sa séance ; Ysabeau y lit la proclamation du peuple. Les tribunes entourant la salle des délibérations sont remplies d’une foule hostile à la majorité de l’Assemblée (les députés thermidoriens). Nombre de députés protestent et font savoir qu'ils ne céderont pas même devant les menaces de mort proférées par les manifestants. Des députés sont envoyés chercher du secours auprès des sections bourgeoises de la Garde Nationale (celles des quartiers de la Butte-des-Moulins, de Lepelletier, des Piques, de la Fontaine-Grenelle). Rapidement ces gardes nationaux occupent l'entourage de la salle de la Convention (la place du Caroussel et les allées qui y mènent). Les manifestants sont donc encerclés.

Dans la salle des délibérations la situation devient dramatique. Augustin de Kervelegan, député du Finistère, qui tente d’empêcher des personnes de s’approcher de la tribune des orateurs, est blessé d’un coup de sabre. Il parvient néanmoins à sortir de la salle et part à la recherche des bataillons bataillons bourgeois des quartiers centraux de la capitale. Le député des Hautes-Pyrénées Jean Bertrand Féraud, peut être confondu avec Féron, le chef de la « jeunesse dorée », est bousculé, renversé, puis tué. Sa tête coupée est promenée au bout d'une pique dans la salle des délibérations. Le président de séance Boissy d'Anglas salue la tête de son collègue assassiné mais il refuse de céder sa place. De ce fait la Convention ne peut être dissoute. Quelques députés montagnards tentent de faire voter les décrets satisfaisant les demandes populaires et demandent l'application de la Constitution de 1793. Mais le reste des députés refusent de les suivre.

Vers 23 heures les gardes nationaux sous la direction de Legendre parviennent à pénétrer dans la salle des délibérations. Les manifestants après quelques hésitations évacuent les lieux dans le désordre. La Convention reprend sa séance. Toutes les mesures qui ont été prise pendant l'occupation de la salle sont annulées. Vingt huit députés sont arrêtés sous l'accusation d'avoir organisé le mouvement ou de l'avoir approuvé par leurs discours pendant l'occupation. Ils seront traduits devant une commission militaire et seront condamnés à mort le 17 juin. À minuit le mouvement était temporairement terminé.

Cependant les faubourgs ne sont pas désarmés. Le 2 prairial des manifestants, pourvus de canons, parviennent à rejoindre la place du Caroussel. Une délégation est reçue par l'assemblée, ils repartent après avoir reçu l'assurance que la Convention s'occuperait du problème du ravitaillement et ferait paraître les lois permettant l'application de la Constitution de 1793. En fait les députés mettent en place une commission pour rédiger une nouvelle constitution bien moins favorable aux classes populaires. Le 3 prairial des jeunes gens de la jeunesses dorée aident l'armée sous les ordres du général Menou, assisté de Joachim Murat à la tête de 300 cavaliers, pour encercler les quartiers populaires où les manifestants sont concentrés. Le ravitaillement de cette partie de Paris est suspendu. La population doit rendre ses armes, ses piques et ses canons. La garde nationale est définitivement épurée de ses éléments populaires. Près de 1200 sans culottes parmi les plus actifs sont arrêté. Les clubs politiques sont dissous et désormais interdits.

L'élimination des derniers montagnards[modifier | modifier le wikicode]

Le 26 mai 1795 Billaud-Varenne et Collot d'Herbois, anciens membres du Comité de salut public de 1793-94 sont sont déportés pour Cayenne. Le 28 mai 1795 la Convention décrète l'arrestation les membres encore libres des grands Comités de la période de la Terreur, à l'exception de Carnot, de Prieur de la Côte-d'Or et de Louis député du Bas-Rhin. Le 31 mai 1795 la Convention supprime le Tribunal révolutionnaire.

Le 1er juin 1795 la Convention décrète d'accusation quarante-trois députés jacobins. Le 2 juin 1795 à Saint-Etienne, douze Jacobins sont enlevés de leur prison et assassinés. Le 5 juin à Marseille les royalistes massacrent les jacobins emprisonnés au fort Saint-Jean.

Ayant éliminé ses adversaires politiques et réduit à néant les capacités de révolte des catégories populaires la bourgeoisie républicaine va organiser son pouvoir. Ce sera le Directoire.

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