Communauté  • Livre d'or
Chats noirs.jpg Actualités, astuces, interview... Venez lire la gazette de ce printemps de Vikidia ! DessinInterview.png

Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
Aller à la navigation Aller à la recherche
Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle, maréchal, duc et pair de France.

Charles Louis Auguste Fouquet (ou Foucquet), comte puis duc de Belle-Isle, est né le 22 septembre 1684 à Villefranche-de-Rouergue et mort le 26 janvier 1761 à Versailles. Il est le petit-fils de Nicolas Fouquet, surintendant des finances1 de Louis XIV.

Il effectue tout d'abord une très belle carrière dans l'armée. Blessé au ventre au siège de Lille (1708), il est promu brigadier de dragons ; il acquiert ensuite la charge de mestre de camp général des dragons. Il devient secrétaire de Villars, lors des négociations de paix de Rastatt (1714).
Il s'enrichit sous la Régence grâce au Système de Law et est promu maréchal de camp et gouverneur de Huningue (en Alsace). En 1721, il épouse une jeune femme qui a du bien, Henriette-Françoise de Durfort de Civrac.
Sous le ministère du duc de Bourbon, il est frappé par la disgrâce et brièvement embastillé.
Son ascension reprend ensuite sous Fleury. Il est successivement nommé : lieutenant général des armées du roi (1731), gouverneur général du pays messin et des Trois-Evêchés (1733), ambassadeur (16 décembre 1740) extraordinaire à la diète de Francfort devant se réunir et élire le nouvel empereur romain-germanique, et maréchal de France (11 février 1741). La guerre de Succession d'Autriche vient de commencer. Louis XV et Fleury le nomment chef de l'armée française qui intervient à titre d'auxiliaire des troupes bavaroises en Haute-Autriche (prise de Linz, le 10 septembre 1741), puis en Bohême (prise de Prague, 26 novembre de la même année). Suite à quoi, il est fait duc le 8 mars 1742.

Cependant, dans la deuxième moitié de 1742, son armée est bloquée dans Prague, assiégée par 60.000 Autrichiens. Dans la nuit du 16 au 17 décembre, forçant le blocus, il effectue une brillante mais difficile retraite vers Egra (toujours tenu par les Français) et de là, à travers la Bavière, vers le Rhin. Les mécomptes de l'armée française en Bohême lui valent une brutale, quoique passagère, chute de popularité.

Le 20 décembre 1744, alors qu'à la demande du secrétaire d'État aux Affaires Étrangères, le marquis d'Argenson, Belle-Isle se rendait à Berlin pour discuter de nouveaux plans offensifs avec Frédéric II, il est illégalement arrêté (puisqu'il bénéficiait de l'immunité diplomatique) à un relais de poste (de plus, en territoire neutre germanique) par des gardes hanovriens et expédié à Londres, où il est alors détenu, avec son frère le chevalier de Belle-Isle, dans une tour du château de Windsor. Ils y resteront captifs huit mois durant. Leur libération, fin août 1745, est une conséquence indirecte de la victoire de Fontenoy et des nombreux prisonniers anglais faits à cette occasion, l'Angleterre espérant en retour un geste semblable de la part de la France.

En novembre 1746, Louis XV le nomme chef de l'armée de Provence et de l'Italie du nord (en remplacement de Maillebois, novembre 1746). Il y rétablit la situation militaire et lance une contre-offensive globalement victorieuse. Mais son frère, le chevalier de Belle-Isle, meurt à la bataille (et défaite) du col de l'Assiette2 (19 juillet 1747).

Blason de Charles Louis Auguste Fouquet. L'écureuil (un fouquet, en patois de l'Ouest), qui y figure, donne son sens à la devise familiale : « Jusqu'où ne montera-t-il pas ? ».

L'année suivante (1748), le duc de Belle-Isle est nommé pair de France.

En janvier 1756, alors que la guerre avec l'Angleterre semble non seulement inévitable mais imminente, il a le commandement, tout à fait stratégique, du littoral de la Manche et de l'Atlantique (de Dunkerque à Bayonne)3. Le 16 mai de la même année, il est nommé ministre d'État au Conseil d'En-Haut, et deux ans plus tard (3 mars 1758) secrétaire d'État de la guerre. La guerre de Sept ans fait alors rage. Dès la fin 1758, Belle-Isle a non seulement la direction effective de toutes les forces armées, mais il prend l'ascendant sur le Conseil d'État4. Il se consacre alors entièrement à sa tâche (de chef implicite du Gouvernement). Il le fait comme un service rendu au roi, avec un seul objectif en tête : tenir. Tenir dans l'adversité, malgré les revers militaires. Il meurt au travail, dans son cabinet, le 26 janvier 1761, à 76 ans.

C'était un fastueux personnage, plein de fougue et de rêves grandioses5, doublé d'un bourreau de travail et d'un homme de réseaux. En somme, un Fouquet fidèle à la devise familiale : Quo non ascendet ? (Jusqu'où ne montera-t-il pas ?).

Il était très lié à son frère cadet, de neuf ans plus jeune : Louis Charles Armand, dit le chevalier de Belle-Isle (1693-1747), l'un et l'autre animés par une féroce ambition. Quand éclate la guerre de Succession d'Autriche, ils sont à la tête du parti anti-autrichien et pensent pouvoir démembrer le Saint Empire romain germanique, redessiner la carte de l'Europe. Bref, ils tirent des plans sur la comète... Six ou sept ans plus tard, ce frère, devenu lieutenant général des armées du roi, mourra en brave à la tête de ses troupes, lors de la bataille du col de l'Assiette (comme dit plus haut).

Côté vie privée, Belle-Isle, après la mort en 1723 de sa première femme, fait en 1729 un brillant remariage avec Marie-Casimire de Béthune-Chabris, petite-cousine de l'Électeur de Bavière Charles Albert et du prétendant au trône d'Angleterre Jacques III Stuart. Il leur naît un fils en 1732, Louis-Marie, comte de Gisors, qui décèdera à 26 ans, mortellement blessé à la bataille de Krefeld (23 juin 1758), durant la guerre de Sept ans.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Charge ou fonction à peu près équivalente à celle qui lui sera substituée en 1665 : à cette date, Colbert (qui, depuis 1661, a remplacé Nicolas Fouquet comme surintendant des finances) devient Contrôleur général des Finances. Ce "ministère" est détaillé à Principaux ministres de Louis XV#Autres ministres s'étant illustrés durant le règne de Louis XV.
  2. L'Assietta est un plateau alpin, situé à l'Ouest du Piémont, à plus de 2.500 m d'altitude.
  3. Edmond Dziembowski, La guerre de Sept Ans, Perrin - collection tempus, 2018, p. 175.
  4. Autre appellation du Conseil d'En Haut.
  5. "Au parti anti-autrichien, il fallait un chef. |...| Charles-Louis Fouquet, comte de Belle-Isle, pour devenir l'idole de la jeunesse, n'était pourtant pas bien jeune lui-même. Mais le souvenir du surintendant, son grand-père, en retardant sa fortune, lui avait conservé, à la maturité de la vie, le charme de l'espérance et le prestige de l'inconnu. Pour se tirer de la profonde disgrâce où il était tombé avec toute sa famille, il lui avait fallu une furieuse ambition et un indomptable courage d'esprit et de coeur. Brave, hardi, intrigant, beau parleur, abondant en projets, écrivain infatigable, spéculateur sans scrupules, homme d'épée, de plume et d'argent, il passa, écrit Saint-Simon, par toutes les portes, les cochères aussi bien que les carrées et les rondes. Avec cela, gai, facile, sachant parler aux femmes, se mettant à l'unisson de tous les mondes. Il vivait dans une intimité entière avec un frère plus jeune qu'on appelait le chevalier. Chez celui-ci, même fertilité de vues, même souplesse, même application, mais aussi plus de sécheresse et plus de hargne. Les deux, solidaires en tout, marchant d'un pas égal à la grandeur, au commandement, à la domination et aux richesses. |...| Le populaire considérait Belle-Isle comme l'homme élu par la Providence pour achever ce que le cardinal de Richelieu avait commencé et ce que le poltron Fleury se refusait à terminer." Pierre Gaxotte, Le siècle de Louis XV, Fayard, 1974 (1997), p. 210-211.
Portail de la Monarchie française —  De Clovis à Napoléon III. Les rois, les reines, les institutions royales.
Icone chateau.png Portail de l'Histoire —  Toute l'Histoire, de la préhistoire, jusqu'à aujourd'hui.