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Nattes de Djerba

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Les nattes à Djerba :[modifier | modifier le wikicode]

Définition d'une natte (Dictionnaire le Robert)[modifier | modifier le wikicode]

La natte est une pièce d'un tissu fait des brins végétaux entrelacés servant  de tapis.

Les nattes à Djerba (Fatou) :[modifier | modifier le wikicode]

Sont des tapis dont la matière première est le jonc1 « Smar ». Ces nattes sont  formées d'une chaîne dont ses fils sont très forts tandis que la trame est constituée  de jonc « Smar ».

L’historique des nattes :[modifier | modifier le wikicode]

Le métier des nattes est aussi très connu que les autres métiers traditionnels  à Djerba. Ce métier a été introduit à l'île de Djerba presque cinq siècles par un  groupe ethnique de Chahbane2 de Tataouine3. Ces artisans se regroupent à Fatou  (une région à côté de Houmet Essouk4) et comptent une cinquantaine de familles.  En se fixant sur l'île, ils introduisent leur technique de tissage du jonc.

Les nattiers fabriquent de variétés de nattes, les nattes murales « Guiyas », des nattes de sol « Hasira » et le « Matrad ». Le jonc est une plante vivace, qui pousse naturellement au bord des rivières, des lacs salés. Chahbane sont les habitant de Chahbania entre la région de Tataouine et Medenine.

Il y a des nattes simples (jaunes)ou bien avec des couleurs  (jonc teinté) ayant une décoration inspirée de l'art traditionnel.  

L’utilité de la natte :[modifier | modifier le wikicode]

Avant il avait un usage massif de nattes. Elles servaient à isoler les coussins  de l'humidité des murs en hiver, et à isoler les tapis de laine (Klim) du sol froid tandis qu’en été, les Djerbiens s’asseyaient directement  dessus.  

Les salles de prière des mosquées et des Zaouias5 sont toujours recouvertes  en été comme en hiver. Les banquettes des cafés ou les bas des murs  sont couverts par des nattes aussi pour les isolés de l'humidité. Les fibres végétales  robustes font de ces nattes des véritables matelas orthopédiques naturels. D'ailleurs certains les utilisent traditionnellement en cas de mal de dos.

Les étapes de fabrication des nattes :[modifier | modifier le wikicode]

Le métier des nattes raconte l’histoire et la patience que les pères  transmettent aux fils, afin de garder le stigmate du métier traditionnel.

C'est grâce à cette transmission de technique de tissage de jonc que ses  mains expertes gardent le savoir-faire. Ce métier risque la disparition tant que les  fils n'acceptent plus de prendre la succession.

Le nattier travaille accroupi et à quelques centimètres du sol, le métier  tendu horizontalement devant lui, il tend les cordes qui font la trame et puis il commence le tissage de la fibre végétale de jonc avec une  compétence extrême. Il passe les fibres de la trame entre les fils de la chaîne avec  les doigts jouant le rôle de la navette

Pour fabriquer une natte, il faut passer par plusieurs étapes ce que nécessite l'aide de deux ouvriers ou deux membres de la famille généralement. Voici les  étapes suivies.

L'achat du jonc « Smar » :[modifier | modifier le wikicode]

Le jonc « Smar » est la matière première de la fabrication des nattes. Le  cueille du jonc se fait chaque année au mois du juin par des moissonneurs à côté des oueds et des lacs salés. Le jonc se trouvait avant à Djerba et à Tataouine mais  maintenant se trouve uniquement à Gbeli.

Les nattiers de l'île fournissent le stock nécessaire de l'année c'est pourquoi ils doivent acheter le jonc vert en une grande quantité au moins un camion.

Préparation du jonc « Smar » :[modifier | modifier le wikicode]

Après avoir acheté le jonc, les nattiers l’étalent en éventail à côté de leurs ateliers pour l’assécher et le font dorer au soleil. Cette opération consiste de 15 jours à un mois avant de l'utiliser. Le prix du jonc qui a doublé ces dernières  années, explique que six familles seulement perpétuent ce métier de tissage et  cette production.

Le trempage du jonc :[modifier | modifier le wikicode]

Avant l'utilisation du jonc il faut le préparer ce qui nécessite le trempage  d'une nuit, couvert pour garder de l'humidité.

La réhumidification est nécessaire aussi pendant le travail pour que le jonc soit souple sinon il se casse ou pourrisse. Avant de tremper le jonc, les nattiers  coupent les fleurs pour servir comme fourrage ou sur l'atelier. Le jonc aussi doit être trier, avant le tissage, suivant la longueur, l'épaisseur et la couleur.

Le « Massgef » :[modifier | modifier le wikicode]

C’est l’atelier ou les nattiers se regroupent généralement. Le « Massgef » a  la structure triangulaire en bois de palmier recouvert de joncs séchés et des feuilles  des palmiers séchés posées à l’envers pour que l’eau de la pluie s’écoule  facilement. Les feuilles des palmiers sont recouvertes par des fleurs de joncs  récupérées.

Le « Massgef » est environ de 2.5m de hauteur et de 10m de longueur mais ce  type de d’atelier n’existe plus, il est disparu totalement.

Préparations de tasseau « Daff » ou « Tsamrise » :[modifier | modifier le wikicode]

Pour commencer le tissage, il est nécessaire de préparer le tasseau de bois  « Daff » et les cordes qui servent des chaînes. Les nattiers trempent  les joncs une autre fois. Pour tisser une natte de sol « Matrad » qui mesure 1,5 m de largeur et 3,5 m de longueur il est indispensable d'ajouter à peu près 10 cm à  ces dimensions parce que les joncs ont tendance à se contracter lorsqu'ils sèchent.

D’abord, l'artisan enfile les cordes à travers le tasseau de bois troué. Ce travail se fait à trois : un prépare le métier à tisser, l’autre met en place  les cordes et le dernier tire pour tendre. Ainsi le métier à tisser est prêt. Cette étape  s’appelle « Tsamrise ».

Le Tissage « Dhfira » :[modifier | modifier le wikicode]

C'est le fait d'entrecroiser plusieurs tiges de joncs une à droite et une à  gauche sur « Laadawa » (trois joncs s’ils sont fins et deux joncs  s’ils sont épais).

Les nattiers commencent par tisser la partie en haut et l'autre aligne les joncs. Ils glissent le tasseau en bois « Daff » puis ils plient les deux extrémités du jonc et tissent la partie inférieure. Après avoir terminé, ils coupent ce que dépasse les bords.

Le « Takhtim » ou finalisation :[modifier | modifier le wikicode]

Le travail consiste maintenant à finaliser en nouant les brins. Chaque nœud sous forme d’une « fleur », doit être de même  dimension que les autres. Cette opération s’appelle la finalisation ou « Takhtim ».

Ensuite, il faut prendre une corde pour l'attacher afin d'avoir un nœud mort. Ce nœud sous forme d'une « fleur » il faut qu'elle soit plus petite que celle déjà faite, la tourner et la couper comme d'habitude.

Enfin, il faut plier la natte et la mettre en dehors au soleil ou elle reste une  ou deux jours selon le climat.

Conclusion :[modifier | modifier le wikicode]

Dès l’apparition des nattes en plastique, l’utilisation des nattes en fibres  végétales a connu une diminution notable.

Cela est dû d’une part au cout peu élevé des nattes en fibre végétale et  d’autre part à la côté pratique des nattes en plastique, ces dernières sont souples,  légères, faciles à rouler, à transporter, à déplacer et surtout facile à nettoyer.  

Malgré cette régression d’usage, la natte en fibre végétal fait toujours partie  de la culture djerbienne. Elle est plus qu’un élément indispensable du mobilier,  elle joue un rôle important dans la vie socio-culturelle.

La présence des nattes pendant la vie quotidienne, le décès et les mariages  explique l’ancrage des nattes dans la mémoire populaire.

A présent, comme tous les métiers artisanaux, le tressage des nattes en jonc  n’est plus destiné à une consommation locale mais elle vise une population  étrangère notamment les touristes ainsi que le tressage de « Helfa » (une plante  naturelle qui poussent en abondance dans les endroits secs et ensoleillés) et des  palmiers.

Les artisans fabriquent des coffins, des sacs, des chapeaux et des récipients  à grains et des objets de décoration. Tous ces produits sont exposés dans la  vannerie d’atelier de nattes : c’est un endroit authentique et artisanal qui s’appelle  le « Fondouk »

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. TLATLI, Salah-Eddine. Djerba l’ile des Lotophages.
  2. Encyclopédie Berbère. Pacte – Phonologie.
  3. GARGOURI, Samira. Les arts populaires en Tunisie.
  4. STABLO, René. Les Djerbiens.
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