Funérailles d’un initié du Poro

Réunion dans le bois sacré.

Les funérailles d’un initié du Poro en pays Sénoufo ont un caractère particulier. Face au décès d’un membre, les cérémonies changent d’un village à un autre. Ce fait culturel, à Kanitélégué, mérite d’être connu. Kanitélégué est situé au nord de la Côte d'Ivoire dans la région de la Bagoué, précisément dans la sous-préfecture de Siempurgo. Les habitants de ce village sont appelés les Pogabelé du Kassemblé ou les Gbonzoré. Ils sont connus pour leur culture de paix et de cohésion avec les villages voisins. Comme tous les peuples, ils connaissent des moments de tristesse, surtout à l’occasion du décès d’un des leurs. Cette tristesse est plus grande lorsqu’il s’agit de la mort d’un initié du village.

L’annonce du décès de l’initié du Poro

Annonce du décès chez le chef du village.

A la mort de l’initié, l'information est d'abord donnée au chef du village puis au chef du bois sacré. Celui-ci convoque les personnes initiées dans le bois sacré pour une réunion. Et ils tapent le tambour. Les non-initiés se cachent et le Poro sort pour aller voir si la personne est vraiment décédée. Après confirmation, des personnes sont envoyées dans les villages environnants pour informer les familles et les connaissances du décès et de la date des funérailles.

Le déroulement des funérailles

Les funérailles chez les Pogabelé se déroulent sur deux jours. Elles commencent toujours un vendredi et prennent fin le lendemain samedi. Dans la journée du vendredi, le corps est mis dans la cour puis on tape le tambour dans le bois sacré pour annoncer la sortie du Poro afin qu'il vienne voir le cadavre. Les masques Goundali sortent et avertissent les non-initiés afin qu’ils se cachent. Ils ferment tous les accès du village. Le Poro de Kanitélégué vient voir si c’est vraiment le corps de l’initié en question. Les autres Poro des villages voisins viennent, tour à tour, voir le visage du défunt. Après le passage des Poro, c’est le tour des parents du village, des villages voisins et les connaissances. Suite à cette étape, les différentes danses des villages viennent saluer le chef du village, la famille du défunt et les grandes familles de Kanitélégué. Les familles choisies accueillent les danses des villages voisins.

Danse traditionnelle avec le balafon.

Pour aider la famille endeuillée, les membres de la communauté viennent avec des présents ( des bœufs, des draps, des sacs de riz…). Après le dîner, une veillée de danse de balafon est organisée jusqu'au petit matin.

L’enterrement de l’initié

Le samedi, les initiés se retrouvent au bois sacré pour l’organisation de l’enterrement. Il s'agit de préparer le terrain pour la sortie du Poro. Tous les petits masques (les Goundali ; les Ganlandjon et les Foutigui) sortent pour chasser les non-initiés et ferment les entrées et sorties du village. Le Poro sort, fait ses rituels (Coufloro) sur le cadavre et retourne au bois sacré. Après, tout le monde sort de sa cachette et accompagne le corps au cimetière avec des danses pour l'enterrement.

Le Poro revient une dernière fois dans les mêmes conditions pour aller dans la maison du défunt afin de ranger ses bagages et faire un colis d'habits appelé Kpelié. Le Kpelié est déposé sur le lit du défunt jusqu'au dimanche. Après le départ de tous les étrangers, les initiés vont loin du village pour jeter le colis afin que l'âme du défunt ne se promène pas dans Kanitélégué.

Le Kpelié.

Cet article a été créé ou enrichi dans le cadre d'une classe. Autres articles fruits d'un travail scolaire

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