Suffixe -eau

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Le suffixe -eau est un suffixe injustement méconnu car il est très productif et très intéressant. C'est l'évolution du suffixe latin -ellus, qui avait un féminin -ella et un neutre -ellum.

Ce suffixe est à l'origine un suffixe diminutif mais il a le plus souvent perdu son rôle originel et est devenu au cours des siècles un moyen d'enrichir le vocabulaire du français.

En général dans toutes les langues, les suffixes peuvent ainsi changer de sens et donc changer de rôle et influencer l'évolution et le sens des mots.

Il est à noter que souvent les diminutifs en -eau sont masculins et dérivés de termes féminins même si les exceptions sont nombreuses. Ce processus a pu exister dès l'époque latine.

Les réguliers et francs du collier[modifier | modifier le wikicode]

  • le chevreau dérivé de la chèvre.
  • le terreau dérivé de la terre.

Les méconnus un peu oubliés[modifier | modifier le wikicode]

  • le boisseau diminutif de boisse mot oublié : un boisseau était une mesure de capacité valant entre 10 et 30 litres selon les régions.
  • le fléau : évolution du latin flagellum diminutif de flagrum “fouet” dont on retrouve la trace dans le français moderne flagrant.
  • le préau le petit pré du latin pratellum diminutif de pratum qui nous donne pré.

Les célèbres exceptions[modifier | modifier le wikicode]

  • le bateau dérivé du viking bátr (islandais moderne bátur) fait figure d'exception car le mot source n'est pas d'origine latine.
  • le cerveau évolution du latin cerebellum “petit cerveau” de cerebrum “cerveau”.
  • le fardeau qui semble venir de l'arabe fard فَرْد “unique” rattaché au prénom arabe Farid فَرِيد “unique en son genre”.
  • le gâteau dérivé du franc wastel “gâteau”. On ignore si le verbe gâter s'y rattache ou pas.
  • le manteau pourrait être à l'origine un terme de maçonnerie d'origine gauloise emprunté par les Romains.
  • le marteau de même semble être une contamination, une confusion entre le mot latin malleus “marteau” et le gaulois ordos “marteau”.
  • le râteau remontant au latin rastellum diminutif de rastrum “racloir” et qui a disparu en français mais en nous laissant un parent qui est le verbe raser.
  • le tréteau évolution du latin transtellum diminutif de transtrum “poutre” qui est peut-être emprunté au gaulois.

Les célèbres mais méconnus[modifier | modifier le wikicode]

  • le bandeau dérivé de la bande.
  • le barreau dérivé de la barre.
  • le blaireau dérivé d'un mot gaulois blaros tache blanche sur le front d'un cheval qu'on retrouve dans l'irlandais blár, le gallois blawr et qui en breton devrait être bleur.
  • le bouleau dérivé de boule oublié mais qui nous laisse boulaie “bois de bouleaux”.
  • le carreau dérivé de carré.
  • le caveau dérivé de la cave ou de l'adjectif cave “vide et creux”.
  • le chapeau masculin mais dérivé du féminin la chape.
  • le ciseau diminutif de cis partiticipe inusé qu'on retrouve en composition dans précis ou dans le verbe inciser.
  • le cordeau dérivé de la corde.
  • le couteau du latin cultellus diminutif de culter coutre.
  • le château du latin castellum diminutif de castrum qu'on retrouve dans le français moderne encastrer et châtrer.
  • le drapeau dérivé du drap.
  • le flambeau dérivé de la flamme qui flambe.
  • le fourreau dérivé de fourrer mais ce verbe est hérité des Francs et l'anglais moderne fur “fourrure” y est apparenté.
  • le hameau dérivé de ham oublié en français mais qu'on retrouve par exemple dans les noms de lieux comme Birmingham en Angleterre. Le mot ham est d'origine germanique.
  • le monceau dérivé de mont : Un monceau d'ordures.
  • le morceau dérivé de mors (ici c remplace le double s qui seul craierait un zézaiement).
  • le naseau dérivé de nez.
  • un oiseau qui vient du latin avicellus “petit oiseau” de avis “oiseau” qui donne aussi avica au féminin qui engendre une oie en français moderne de sorte que oiseau est le diminutif de oie.
  • le pinceau dérivé de pince.
  • le pipeau dérivé de la pipe.
  • le réseau dérivé de rets masculin pluriel littéraire.
  • le roseau dérivé de ros oublié d'origine franque et qu'on retrouve dans l'anglais moderne rush' “jonc”.
  • le souriceau dérivé de la souris (ici c évite de zézayer).
  • le troupeau dérivé de la troupe.

Les célèbres et évidents[modifier | modifier le wikicode]

  • un écriteau dérivé de un écrit.
  • un panneau dérivé de pan.
  • un plateau dérivé de plat.
  • un rouleau dérivé sans doute de rouler.
  • un tombeau dérivé de la tombe. Qui joue ici un rôle augmentatif.
  • le tonneau dérivé de la tonne qui signifiait “conteneur de grande taille”.
  • un tableau dérivé de la table.

les faux-amis et pas évidents[modifier | modifier le wikicode]

  • un agneau déjà agnellus en latin et diminutif de agnus.
  • un anneau qui pourrait être un diminutif de an si l'on considère qu'une année est un cercle qui tourne.
  • le chameau était déjà camelus en latin et le mot vient du sémitique écrit جَمَل jamal en arabe et signifiant à priori “celui qui est beau” et qui devait être prononcé gamal à l'époque romaine comme c'est le cas en Égypte.
  • le créneau diminutif de cran.
  • le jumeau déjà gemellus en latin diminutif de geminus. L'origine est plus ou moins inconnue.
  • le moineau qui pourrait être une confusion du moine et de l'aumône.
  • le poireau qui vient du latin porrum alors que poire vient du latin pirum.
  • le poteau qui vient du latin postis mais n'a aucun rapport avec un pot et qui devrait normalement s'écrire pôteau. Le mot poste est également un troisième larron.
  • le puceau qui est le féminin de pucelle et non le diminutif de puce.
  • le taureau avec un -au- qui est hyperétymologique car le latin taurus avait donné un mot oublié tor “taureau”.
  • le traîneau qui pourrait être le diminutif de train ou dériver de traîner.

Les mystérieux[modifier | modifier le wikicode]

  • le berceau qui serait un mot gaulois.
  • le bourreau qui pourrait remonter au latin burrus “marron” à cause du tablier de cuir qu'il portait. L'espagnol burro “âne” et même le français bourrique seraient alors de la même origine.
  • le bureau aurait la même origine. Table recouverte d'une toile marron.
  • le cadeau dont on ne sait d'où il sort.
  • le caniveau apparut subitement en français.
  • le radeau qui viendrait du latin ratis “radeau” mais qui pourrait aussi être un mot celtique (gaulois) dans Ratisbona (Regensburg en Allemagne) et Argentorate (Strasbourg en France).
  • le rideau qu'on croirait dérivé de la ride.

Les déformés[modifier | modifier le wikicode]

  • un arbrisseau est un petit arbre.
  • le niveau qui était livel, évolution du latin libellus masculin à partir du féminin libra “balance, bascule”.
  • le ruisseau est un petit ru, une petite rivière.
  • le seau est le féminin de seille et vient de situlus “petit seau” diminutif de situs “seau”.
  • le vaisseau est un petit vase qui en latin se dit vas “récipent”.
  • le veau qui en latin est vitellus qui est un diminutif de vitus “veau de l'année” et qui est sans doute l'origine de Italie ancienne Vitalia "pays des jeunes taureaux".

Les adjectifs[modifier | modifier le wikicode]

  • nouveau qui est le diminutif de neuf et qui modifie son sens : Une voiture neuve n'est pas une nouvelle voiture.
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