Projet de Troisième Restauration

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Le problème de la droite monarchiste : À qui confier le pouvoir (Plon-Plon est le surnom du chef bonapartiste) ? Image d'Épinal des années 1870.

Après l'effondrement du Second Empire, les députés républicains parisiens proclament la République le 4 septembre 1870. Cette république apparaît comme provisoire puisque l'ensemble du pays ne s'est pas prononcé et un mouvement monarchique va se former pour tenter de rétablir la royauté.

Les élections législatives de février 1871 donnent une écrasante majorité aux monarchistes à l'Assemblée nationale, mais les Français avaient surtout voté pour conclure une paix rapide avec l'Allemagne.

Les monarchistes sont divisés entre légitimistes (soutenant le comte de Chambord) et orléanistes (soutenant le comte de Paris). Le comte de Chambord ne veut pas du drapeau tricolore que tous les autres groupes politiques (républicains, bonapartistes et orléanistes) acceptent. Les différentes élections entre 1871 et 1875 montrent une progression rapide des idées républicaines. Une partie des monarchistes conduite par Adolphe Thiers se résout alors à établir une république conservatrice. En 1875 des lois constitutionnelles établissent la Troisième République.

Divisions des monarchistes[modifier | modifier le wikicode]

Le camp monarchique est divisé entre « légitimistes », partisans de la maison de Bourbon (qui dirigeait la France avant la Révolution française et pendant la Restauration), et « orléanistes » qui soutiennent la maison d'Orléans et la monarchie de Juillet.

De très nombreuses tentatives d'accord pour savoir qui occuperait le trône échouèrent devant le refus du comte de Chambord à accepter le drapeau tricolore. (8 mai 1871).

Thiers se rallie à l'idée d'une République conservatrice[modifier | modifier le wikicode]

Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif de la République en février 1871 puis président de la République d'août 1871 à mai 1873.

En août 1871, par la loi Rivet, Adolphe Thiers recevait le titre de Président de la République. En septembre 1871, les républicains triomphent aux élections pour les conseils généraux des départements (ils obtiennent 2 290 sièges contre 650 pour les monarchistes). En 1872, Thiers, progressivement devenu « républicain conservateur », entre en conflit avec les députés monarchistes modérés qui lui reprochaient de prendre parti pour la République contre la monarchie. Entre janvier et février 1872, les orléanistes et une petite partie des légitimistes envisagent de soutenir la candidature à la Présidence de la République du duc d'Aumale (fils du roi Louis-Philippe Ier), élu député de l'Oise en février 1871. Le comte de Chambord s'y oppose fermement.

Par une campagne nationale d'agitation politique, les républicains et en particulier Léon Gambetta, demandent la dissolution de l'Assemblée : les républicains remportent haut-la-main les élections législatives organisées dans sept départements, les monarchistes n'obtenant qu'un siège.

Le 13 novembre 1872, dans un message à l'Assemblée, Thiers prend ouvertement parti pour un régime républicain. Les monarchistes de droite crient à la trahison, les monarchistes du centre acceptent l'idée d'une république conservatrice, la gauche républicaine applaudit Thiers. À l'issue des débats houleux qui suivirent ce message, la position de Thiers est adoptée par 372 députés contre 336. On assiste alors à un rapprochement entre la droite monarchique (les légitimistes) et les bonapartistes jusque là considérés comme des adversaires. Le 9 janvier 1873, l'ex-empereur Napoléon III mourrait dans son exil anglais. Prétextant de l'agitation bonapartiste, le gouvernement fait voter le 20 mars une loi bannissant de France pour une durée de 5 ans tous les membres de l'ex-famille impériale.

L'élimination de Thiers[modifier | modifier le wikicode]

Afin de réduire l'influence de Thiers, les monarchistes lui rognent ses pouvoirs. À partir du 13 mars 1873, il ne peut plus siéger à l'Assemblée avec laquelle il communique par des messages. Il peut intervenir dans l'élaboration des lois, mais il devra au préalable en demander l'autorisation et la discussion se fera en dehors de sa présence (sauf pour les affaires extérieures où il peut intervenir).

Lors des élections législatives partielles le 24 avril 1873, le républicain radical Désiré Barodet est élu député de la Seine face à son opposant Paul de Rémusat, ministre des Affaires étrangères et candidat soutenu par Thiers. Dans les douze autres élections, 10 républicains sont élus. Les résultats convainquirent les monarchistes que la République préconisée par Thiers menait directement à la République radicale, et qu'il fallait éliminer Thiers.

Les députés du centre proposèrent la candidature du duc d'Aumale (un orléaniste) mais les légitimistes et les bonapartistes refusèrent. Thiers, qui venait de modifier la composition du gouvernement pour satisfaire les modérés, est alors renversé lors d'une séance où la droite lui demande de mener une politique plus conservatrice, celle de l' « l'Ordre moral ». Le 24 mai, Thiers demande aux députés d'accepter la République puisque la restauration monarchique semble impossible. L'Assemblée refusant, le gouvernement présenta sa démission. Thiers démissionne le même jour. Il est remplacé par le maréchal de Mac Mahon (de tendance royaliste) élu par 390 voix sur 392 votants, les députés républicains s'étant abstenus.

L'attitude du comte de Chambord compromet la restauration[modifier | modifier le wikicode]

Le duc Albert de Broglie.

Thiers étant éliminé, les monarchistes reprennent les tractations pour rétablir la royauté. Le gouvernement est dirigé par le duc Albert de Broglie qui veut installer une politique d'Ordre moral. Le 5 août 1873, le comte de Paris rencontre le comte de Chambord dans la résidence de ce dernier au château de Frohsdorf, près de Vienne en Autriche. Le comte de Paris reconnaît le comte de Chambord comme seul prétendant au trône. Cependant la question du drapeau restait en suspens. Malgré les nombreuses visites de ses partisans qui tentent de le faire changer d'avis, le comte de Chambord refuse le drapeau tricolore. La situation est alors bloquée.

Pendant ce temps les républicains, les monarchistes ralliés à la République conservatrice de Thiers et même les bonapartistes se préparent à résister à la tentative monarchique. Le 27 octobre 1873, le comte de Chambord fait connaître publiquement sa position : jamais il n'acceptera le drapeau tricolore qu'il juge contraire à son honneur.

Le duc de Broglie propose alors d'allonger la durée de la présidence de Mac Mahon, qui devait s'arrêter avec l'existence de l'assemblée élue en 1871. Les monarchistes s'entendirent pour une durée de sept ans (le septennat présidentiel) qui permettrait d'attendre la disparition du comte de Chambord. Le septennat est accepté le 20 novembre 1873 par 383 voix contre 317 (les députés de la gauche républicaine votant contre), pour le moment il ne concernait que la présidence de Mac Mahon (qui pensait-on démissionnerait sans difficulté une fois que les royalistes auraient trouvé un roi compatible avec le drapeau tricolore).

De multiples péripéties jalonnent les mois qui suivent : chute du ministère De Broglie en mai 1874 ; en mars 1875 chute du ministère De Cissey (composé par des fidèles du maréchal de Mac Mahon et des bonapartistes). Pendant ce temps une commission de trente députés de l'Assemblée nationale tente de rédiger des lois organisant définitivement la vie politique en France. La solution est trouvée non sans mal le 30 janvier 1875, lorsque par l' amendement Wallon, l'Assemblée adopte par 353 voix contre 352 la disposition suivante : « Le président de la République est élu à la majorité des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblé nationale. Il est nommé pour sept ans. Il est rééligible. » La présidence de la République n'est plus liée à la personne de Mac Mahon, elle devient une des pièces essentielles de l'organisation des pouvoirs politiques. La tentative de restauration monarchique est définitivement enterrée.

Cet amendement est suivi par trois lois constitutionnelles la même année qui forment la Constitution de la Troisième République française.

Vikiliens à compléter[modifier | modifier le wikicode]

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • « Histoire de la France contemporaine ». Librairie Larousse. 1919
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