Basilicate

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Basilicate
Basilicata in Italy.svg
Région
Drapeau Blason
Drapeau Blason
Administration
Nom local Basilicata (it)
Pays Italie Italie
Chef-lieu Potenza
Président Vito Bardi (FI)
Site web regione.basilicata.it
Localisation
Coordonnées 40° 38′ 21″ Nord
15° 48′ 19″ Est Cartes, vues aériennes et satellitaires
Superficie 9 995 km2
Démographie
Population 575 902 hab. (en 2020)
Densité 58 hab./km2
Gentilé Lucanien
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La Basilicate (en italien : Basilicata), également connue sous le nom de Lucanie, est une région administrative du sud de l'Italie. Limitrophe de la Campanie à l'ouest, des Pouilles au nord et à l'est ainsi que de la Calabre au sud, elle possède deux littoraux : une façade de 30 km sur la mer Tyrrhénienne entre la Campanie et la Calabre, et un littoral plus long sur le golfe de Tarente entre la Calabre et les Pouilles. Géographiquement, la région peut être considérée comme étant le « pied » de la « botte » italienne, les Pouilles faisant office de « talon » et la Calabre d'« orteil ».

La région s'étend sur environ 10 000 km² et, en 2010, sa population était légèrement inférieure à 600 000 habitants. Le chef-lieu régional est Potenza. Elle comprend deux provinces : Potenza et Matera.1 Ses habitants sont généralement désignés comme des Lucaniens (en italien : Lucani), le gentilé Basilicatesi existe mais il est très rarement employé.2

Dans l'Antiquité, une partie de son territoire, soumise aux colonies grecques sur la côte (dont Sybaris), appartenait à la Grande Grèce. Plus tard, la région fut conquise par les Romains. Elle passe ensuite tour à tour aux mains des Byzantins, des Normands de la maison de Hauteville - vers l'an 1000 et dont la domination explique la présence d'enclaves linguistiques gallo-italiques en Basilicate -, des Aragonais et enfin des Espagnols avant de rejoindre le royaume des Deux-Siciles, lui-même annexé par le royaume d'Italie à la suite de l'expédition des Mille, en 1860.

Toponymie[modifier | modifier le wikicode]

Le nom de la région dérive probablement de basilikos (en grec : βασιλικός), hommage aux basileus, les empereurs byzantins, qui ont gouverné la région pendant 200 ans, de 536 à 590 puis de 879 à 1059. Certains soutiennent toutefois que le nom se réfèrerait plutôt à la basilique d'Acerenza, où siégeait le pouvoir judiciaire de la région au Moyen Âge.

Durant les époques grecque et romaine, la Basilicate était connue sous le nom de Lucanie. Ce toponyme pourrait dériver de leukos (grec : λευκός), signifiant « blanc », de lykos (grec : λύκος), signifiant « loup », ou du latin lūcus, signifiant « bois sacré ». Plus vraisemblablement, Lucania est un dérivé du prénom (prænomen) Lucius, issu du mot latin lux (gén. lucis) signifiant « lumière » (du proto-indo-européen *leuk-, « clair », partageant la même racine que le verbe latin lucere, « briller ») et apparenté par exemple au prénom Lucas. Une énième étymologie proposée est la dérivation du mot étrusque lauchum, signifiant « roi », passé en latin sous la forme lucumo.

Géographie[modifier | modifier le wikicode]

Village de Pietrapertosa, dans les Dolomites lucaniennes.

La Basilicate est en grande partie recouverte par le sud de la chaîne montagneuse des Apennins, entre le fleuve Ofanto au nord et le massif du Pollino au sud. Elle est bordée à l'est par la plaine côtière de la vallée du Bradano, traversée par de nombreux petits cours d'eau s'écoulant vers la mer Ionienne. La région possède également un court littoral au sud-ouest, sur le versant tyrrhénien de la péninsule.

Région la plus montagneuse du sud de l'Italie, les montagnes occupent 47 % de la surface de la Basilicate (soit 9 992 km²). Le reste de la région est à 45 % vallonné et 8 % plat. Les principales chaînes de montagnes de la région sont le massif du Pollino, les Dolomites lucaniennes, le mont Vulture et le mont Alpi.

Badlands d'Aliano.

Les caractéristiques géologiques de la région comprennent les formations volcaniques du mont Vulture ainsi que les failles sismiques des régions de Melfi et de Potenza au nord et du Pollino au sud. La majeure partie de la région a été dévastée lors d'un tremblement de terre en 1857. Plus récemment, le séisme de 1980 à Irpinia a affecté le nord-ouest de la région, où de nombreuses villes ont été détruites.

Le terrain à prédominance montagneuse et la typologie assez frêles des roches et des sols favorise les glissements de terrain. La structure lithologique du substrat et sa déformation tectonique chaotique prédisposent la pente aux glissements de terrain, et ce problème est aggravé par le manque de végétation. Comme de nombreuses autres régions méditerranéennes, la Basilicate était autrefois riche en forêts mais celles-ci ont été en grande partie abattues et rendues stériles afin de favoriser l'agriculture à l'époque romaine.

Le climat régional est influencé par la proximité de trois mers (Adriatique, Ionienne et Tyrrhénienne) et la complexité des caractéristiques physiques locales. Ainsi, le climat est généralement considéré comme étant continental dans les montagnes et méditerranéen le long des côtes.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Préhistoire[modifier | modifier le wikicode]

Les plus anciennes traces de présence humaine en Basilicate consistent en des restes d'Homo erectus datant de la fin du paléolithique. Des fossiles du cénozoïque supérieur, retrouvés pour la plupart à Venosa, attestent de la présence d'espèces animales de nos jours éteintes dans la région telles que des éléphants ou des rhinocéros voire totalement éteintes comme les félins à dents de sabre du genre Machairodus. Des exemples d'art rupestre du mésolithique ont été mis au jour près de Filiano. À partir du cinquième millénaire avant notre ère, la population locale a cessé de vivre dans des grottes et a fondé plusieurs regroupements de cabanes le long des vallées de l'intérieur (Tolve, Tricarico, Aliano, Melfi, Metaponto). Dès cette époque, les humains anatomiquement modernes vivaient de la culture des céréales et de l'élevage (bovin et caprin). Les principaux sites chalcolithiques de la région sont les grottes de Latronico ainsi que les découvertes funéraires de la grotte de Cervaro, près de Lagonegro.

La première ville commerçante d'importance attestée de la culture apenninique sur la mer, composée de nombreuses cabanes sur le promontoire de capo La Timpa, près de Maratea, date de l'âge du bronze. Les premières populations indigènes de l'âge du fer vivaient dans de grands villages situés sur des plateaux aux confins des rivières et des plaines, des lieux propices à leurs activités d'élevage et d'agriculture. Parmi ces villages, les plus importants furent Anglona, entre les vallées fertiles de l'Agri et du Sinni, de Siris ou encore d'Incoronata-San Teodoro, sur la côte de la mer Ionienne. Les premiers colons grecs, venus des îles et d'Anatolie, arrivent dans la région vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C.

N'ont survécu pratiquement aucune trace des sites archéologiques antérieurs à l'arrivée des Grecs (à l'exception notable d'une nécropole située à Castelluccio, sur la côte de la mer Tyrrhénienne).

Antiquité[modifier | modifier le wikicode]

Carte ancienne de la Lucanie.

Dans les temps historiques anciens, la région était originellement connue sous le nom de Lucanie, du nom des Lucaniens, population de langue osque vivant dans le centre de l'Italie.

Vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C., des réfugiés grecs provenant de Colophon y établissent la cité de Siris. Plus tard, la fondation de Métaponte par des colons achéens va lancer la conquête grecque de la côte ionienne. Des Œnôtres, population indigène, vivaient également le long de la côte et ont bénéficié de la présence des cités grecques telles que Vélia et Pyxus pour prendre part au commerce maritime. La région, dont les côtes abritent de nombreuses cités-états grecques (poleis), fait alors partie de la Grande-Grèce.

Les premiers contacts entre Lucaniens et Romains datent de la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. Suite à la conquête de Tarente en -272, la domination romaine s'étend dans toute la région : la Via Appia atteint Brindisi et les cités de Potentia (l'actuelle Potenza) et de Grumentum sont fondées sur son tracé.

Moyen Âge[modifier | modifier le wikicode]

Le pape Nicolas II investissant Robert Guiscard comme duc à Melfi.

Après la chute de l'Empire romain d'Occident en 476, la Basilicate tomba sous la domination germanique qui prit fin vers le milieu du VIe siècle lorsque les Byzantins la reconquirent aux Ostrogoths entre 536 et 552 au cours d'une guerre apocalyptique menée par les généraux byzantins Bélisaire et Narsès. La région, profondément christianisée à partir du Ve siècle, appartiendra au duché de Bénévent fondé par les conquérants lombards entre 571 et 590.

Au cours des siècles suivants, les incursions sarrasines ont conduit une partie de la population à déserter les villages côtiers pour s'abriter dans les collines, à l'intérieur des terres. Les villes de Tricarico et de Tursi ont subi une courte période d'occupation musulmane : lors de leur reprise, la population « sarrasine » en sera expulsée.3 Byzance reconquiert la région alors aux mains des Sarrasins et des Lombards à la fin du IXe siècle à la faveur d'une grande expédition menée par Nicéphore Phocas et ses successeurs qui l'intègrent au thème de Langobardie. En 968 fut établi le thème (nom donné aux régions byzantines) de Lucanie avec Tursikon (Tursi) pour capitale.

Au XIe siècle, la Basilicate ainsi que la majeure partie du sud de l'Italie furent conquises par les Normands. Melfi devint la première capitale du comté des Pouilles (renommé plus tard comté des Pouilles et de Calabre) en 1043, quand Robert Guiscard y fut nommé duc par le pape Nicolas II. Appartenant à la dynastie des Hohenstaufen, Frédéric II réorganise la structure administrative de ses prédécesseurs et crée le giustizierato de Basilicate, dont les limites coïncidaient presque intégralement avec celles de la région actuelle. Toujours à Melfi, l'empereur promulgue le Liber Augustalis (communément appelé les Constitutions de Melfi), qui sera le code de lois du royaume de Sicile pendant de nombreux siècles. Les Souabes seront chassés au XIIIe siècle par la maison capétienne d'Anjou. Depuis lors, la Basilicate a commencé à perdre de son importance et entame un déclin sociopolitique irréversible.

Époques moderne et contemporaine[modifier | modifier le wikicode]

Bande de brigands vers 1860.

En 1485, la Basilicate fut le siège des conspirateurs contre le roi Ferdinand Ier de Naples lors de la conjuration des barons à laquelle ont participé les maisons Sanseverino de Tricario, les Caracciolo de Melfi, les Gesualdo de Caggiano, les Orsini del Balzo d'Altamura et de Venosa ainsi que d'autres familles nobles hostiles à la domination aragonaise. Plus tard, Charles Quint dépouillera la plupart de ces barons de leurs terres, leur préférant les familles restées fidèles à son règne telles que celles des Carafa, Revertera, Pignatelli ou encore des Colonna, entre autres. Lors de la formation de l'éphémère République napolitaine, la Basilicate se rebelle également mais la révolte y est rapidement supprimée. En 1663, une nouvelle province de Basilicate est créée avec Matera pour capitale.

La région passa sous la domination de la Maison de Bourbon en 1735. La Basilicate déclare unilatéralement (de son côté et de son plein gré) son annexion au royaume d'Italie le 18 août 1860 lors de l'insurrection de Potenza. Le nouvel État italien procéda alors à la confiscation et à la vente de vastes étendues du territoire lucanien qui étaient jusqu'alors des propriétés de l'Église catholique. Comme les nouveaux propriétaires n'étaient encore qu'une poignée de riches familles aristocratiques, la classe moyenne de la région n'a bénéficié d'aucune améliorations économiques ou sociales suite à l'unification et la pauvreté a persisté sans relâche.

Est apparu en conséquence le phénomène du brigandage, qui s'est transformé en une véritable guérilla au cours de laquelle les Bourbons en exil et l'Église ont encouragé les paysans à se soulever contre le royaume d'Italie. Ce fort mouvement d'opposition s'est poursuivi pendant de nombreuses années. La révolte en Basilicate était dirigée par Carmine Crocco, l'un des meneurs et des chefs de brigands les plus recherchés de tout le sud de l'Italie.

Ce n'est qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale que la situation a lentement commencé à s'améliorer grâce à la réforme agraire. En 1952, les occupants des sassi de Matera sont relogés par l'État mais une grande partie de la région avait déjà émigré ou était en cours d'émigration, ce qui a conduit à une crise démographique dont la Basilicate peine encore à se remettre.

Population et société[modifier | modifier le wikicode]

Population
1861 1881 1921 1936 1971 1981 2001 2021
509 000 539 000 492 000 543 000 603 064 610 186 597 768 578 036

Bien que la Basilicate n'ait jamais été très fortement peuplée, la structure démographique de la région a néanmoins connu des fluctuations assez considérables. En 1881, la population comptait 539 258 habitants mais, en 1911, la population avait diminué de 11 % pour atteindre 485 911 habitants, principalement en raison de l'émigration outre-Atlantique. La population a augmenté lentement jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, après quoi il y a eu une résurgence de l'émigration vers d'autres pays d'Europe qui s'est poursuivie jusqu'en 1971 et le début d'une autre période d'augmentation régulière jusqu'en 1993 (611 000 habitants). Cependant, ces dernières années, la population a diminué en raison d'une nouvelle vague d'émigration, tant vers le nord de l'Italie que vers d'autres pays d'Europe, et d'une réduction du taux de natalité.4

La densité de population y est très faible par rapport à celle de l'ensemble de l'Italie : 59,1 habitants au km² contre 200,4 au niveau national en 2010. Il n'y a pas d'écart considérable entre les densités des deux provinces de Matera et de Potenza.

La religion, en particulier le catholicisme romain, conserve toujours un rôle solide dans la culture et la vie quotidienne des habitants de la Basilicate. L'Institut national italien de statistique (ISTAT) a constaté en 2018 que 24,9 % de la population se rendait chaque semaine à l'église, à la synagogue, à la mosquée, au temple ou à tout autre lieu de culte, la proportion de croyants pratiquants étant plus élevée en Basilicate (27,9 %) que dans la moyenne nationale.

Politique et administration[modifier | modifier le wikicode]

La Basilicate est divisée en deux provinces :

Province Superficie (km²) Population Densité (hab./km²)
Province de Matera 3 447 203 837 59.1
Province de Potenza 6 545 387 107 59.1

Économie[modifier | modifier le wikicode]

Usine Fiat de Melfi.

L'agriculture locale est constituée principalement de celle du blé, qui représente 46 % de la superficie agricole totale de la région. Les pommes de terre et le maïs sont quant à eux produits dans les secteurs d'altitude. La production d'huile d'olive et de vin est relativement faible avec environ 31 000 hectares cultivés.5 La plupart des huiles vendues le sont sans marque ou label et seulement 3 % en sont exportées. Les principaux cultivars d'oliviers sont l'Ogliarola del Vulture, l'Ogliarola del Bradano, la Majatica di Ferrandina et la Ferasana, seule la première (Ogliarola del Vulture) bénéficie d'une appellation d'origine protégée (AOP). Les autres variétés sont l'Arnasca, l'Ascolana, l'Augellina, la Cellina, le Frantoio, le Leccino, la Majatica, la Nostrale, l'Ogliarola (Ogliarola Barese), la Palmarola, la Rapolese di Lavello et le Sargano.

Parmi les activités industrielles, le secteur manufacturier contribue à la valeur ajoutée brute du secteur secondaire avec 64 % du total, tandis que le secteur du bâtiment y contribue à hauteur de 24 %. Au sein du secteur des services, les principales activités en termes de valeur ajoutée brute sont le commerce de distribution, l'éducation et l'administration publique. Ces dernières années, de nouveaux secteurs productifs se sont développés : l'industrie manufacturière, l'automobile et surtout l'extraction pétrolière. En 2009, Eni employait 230 personnes dans ce secteur (dont plus de 50 % étaient originaires de la région), et environ 1 800 personnes étaient employées dans des activités directement générées par les opérations d'Eni, réparties dans 80 entreprises dont plus de 50 % étaient originaires de Basilicate.6 La région a produit 11 % de la demande intérieure de pétrole en Italie.7

L'usine Fiat de Melfi compte 7 200 employés et a fabriqué 229 848 Jeep Renegade, Jeep Compass et Fiat 500X en 2020.8

Le produit intérieur brut (PIB) de la région était de 12,6 milliards d'euros en 2018, soit 0,7 % de la production économique italienne. Le PIB par habitants ajusté au pouvoir d'achat s'élevait la même année à 22 200 euros, soit 74 % de la moyenne de l'UE.

Quant au taux de chômage, il s'élevait à 8,6 % en 2020, soit l'un des taux les plus bas du sud de l'Italie.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

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