Tissage à Djerba

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Un atelier de tissage à Djerba

Le tissage à Djerba est l’une des plus anciennes activités économiques1 des citoyens dans l’île. Il est encore pratiqué à Djerba, tissage de la laine pour les couvertures (farachiya), des habits d’hommes d’hiver, le tissage des fils de soie pour les tenues traditionnelles des femmes, la fouta, le houli, le beski..

Travail de la laine[modifier | modifier le wikicode]

Le tissage, étant une activité organisée et rituelle, il instaure un processus de production avec des techniques spécifiques comme le travail de la laine.

Cette activité est exercée en majorité par les femmes Djerbiennes2 surtout l’étape de la préparation de la laine et avant le tissage. Ce travail passe par plusieurs étapes.

Tonte[modifier | modifier le wikicode]

La tonte des moutons

La tonte a lieu en général au printemps dès que le climat commence à se réchauffer pour ne pas exposer le troupeau au froid. Depuis le temps, la tonte se fait ou se pratique à l’aide d’une paire de grands ciseaux noirs en acier qui ont la formes de deux lames triangulaires et en langue djerbienne on le nomme « jlem ».

Nettoyage[modifier | modifier le wikicode]

Le nettoyage de la toison des saletés consiste à dégraisser et à dépoussiérer et à enlever la saleté de la laine brute et ensuite de l’étendre au soleil pour la laisser sécher.

Lavage[modifier | modifier le wikicode]

Cette opération se déroule dans la mer. En arrivant au rivage, les femmes laveuses laissent les toisons sur un rocher au bord de la mer. Puis, les laveuses entrent dans l’eau pour procéder au lavage. Ensuite, elles frappent la laine à l’aide de « kernefa » c’est la base du pétiole de la palme. Enfin, rincée à nouveau jusqu’à ce que finisse le lavage, la laine est alors laissée sur le sable de la plage afin d’être égouttée avant séchage final et complet.

Plâtrage de la laine[modifier | modifier le wikicode]

Le tissage à Djerba

Afin de débarrasser la laine de ses impuretés que l’eau de mer n’a pas enlevé, on a recours au plâtrage. Les femmes délayent la poudre de plâtre dans un récipient de terre cuite, le « mahbes »), puis elles y ajoutent de l’eau et par mèche elles y plongent la laine. Après le séchage complet, elles secouent les mèches de laine et les écrasent avec leurs mains pour enlever le plâtre en poudre. Après cette opération la laine est prête pour le soufrage.

Soufrage de la laine[modifier | modifier le wikicode]

Les femmes mouillent la laine à l’eau douce afin que l’acide sulfureux agisse efficacement, puis elles la placent en mèches plus au moins sur une cage en pétiole de palmes, « gfass tabkhir ». Quand la cage est complètement recouverte, par dessus et sur les côtés, on glisse en dessous, le « kanoun » chaud en poterie allumé avec le charbon et contenant du soufre, puis on enveloppe la cage et la laine avec une pièce toffee mouillée afin d’éviter la déperdition du gaz sulfureux. On laisse agir le soufre pendant plusieurs heures et on ne découvre la cage qu’au moment du filage.

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Peignage des fils de laine[modifier | modifier le wikicode]

La fileuse prend dans sa main gauche un peigne, le « Mchot », les pointes en haut, et dans sa main droite un flocon de laine. Elle accroche cette laine dans les dents du peigne par de légers passages successifs, en étirant à chaque fois le flocon. Quand le premier peigne est gémi, la fileuse arrache cette laine avec un second peigne tenu de la main droite, les pointes en bas. Une fois le peignage proprement dit est terminé, la fileuse procède alors à l’étirage en plaçant le peigne garni sur le sol, devant elle, tout en le maintenant avec ses pieds. À la fin de l’opération, la mèche de la laine peignée, le « Glèm », se sépare d’elle-même de la laine qui reste encore sur le peigne.

Cardage des fils de trame[modifier | modifier le wikicode]

Pour carder, la fileuse saisit une carde, Guerdech ou Guerchâl, dans sa main gauche, les dents en haut, et y dépose un flocon de laine lavée. Puis avec une carde identique, tenue à la main droite mais ayant les dents en bas, elle frotte la première carde cinq à six fois dans le même sens, sans que les dents ne pénètrent les unes dans les autres. La disposition inverse des dents permet de briser la laine qui sera divisée en deux nappes égales qui restent accrochées dans chaque carde. La fileuse détache alors, avec la paume de la main, l’extrémité des nappes prises par les dents et les étire en forme de cylindre.

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Filage de la laine[modifier | modifier le wikicode]

Pour filer, la fileuse s’assoit par terre, dans une hutte au sein du Menzel, en avançant sa jambe droite en demie flexion: C’est sur son mollet qu’elle fait rouler l’axe du fuseau, Moghzèl. Ensuite, la fileuse fixe l’extrémité de la mèche de laine cardée en l’enroulant simplement au bout du fuseau. Puis, par un glissement de la paume de la main droite sur le mollet, elle fait tourner le fuseau. Le fuseau de trame est différent de celui employé pour la chaîne par le fait qu’il est de dimension plus grande et ne dispose pas de crochet sur le volant. Quand le fuseau se trouve garni, la fileuse dévide les filets de chaîne ou de trame enroulés dessus.

Désormais le travail féminin est terminé, celui des hommes commence. La laine est ainsi prête à être tissée.

La teinture[modifier | modifier le wikicode]

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Généralement la laine est utilisée sans modification de sa couleur d’origine qui peut être blanche, brune ou noire, mais elle peut être aussi teintée avant l’opération de tissage. La teinturerie à Djerba était entièrement aux mains des juifs. Le travail du teinturier consiste à faire plonger la laine dans un bain de teinture, dans des chaudrons fumants. Quant aux teintures employées, elles sont préparées à partir d’éléments naturels et organiques.

Dévidage et bobinage de la laine filée[modifier | modifier le wikicode]

Avant de commencer le tissage proprement dit, les filets de chaîne ou de trame sont d’abord dévidés sur un dévidoir, le « Mkabâ ». Une fois l’écheveau démêlé, l’artisan, grâce au rouet, le « Raddanâ », effectue le bobinage de la trame, constituant ainsi nombre de petites bobines.

L’ourdissage[modifier | modifier le wikicode]

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L’ourdissage est l’opération qui consiste à assembler les fils de chaîne en un nombre bien déterminé et à les enrouler par la suite sur l’ensouple du métier de tissage tout en passant par deux étapes: le dévidage de la chaîne sur l’ourdissoir et le montage de la chaîne sur le métier.

La vente[modifier | modifier le wikicode]

La laine filée est généralement vendue aux enchères, au marché hebdomadaire de Houmet Essoug. C’est là que les tisserands viennent s’approvisionner. Les vendeurs exposent les grosses pelotes de chaînes et de trames tout en criant les derniers prix offerts.

Après la vente chaque fournisseur établit avec les fileuses les comptes. Jadis, les fileuses étaient payées à la part et elles recevaient deux tiers du bénéfice contre un tiers pour le fournisseur.

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Couffin de bobines

Le tissage[modifier | modifier le wikicode]

Le travail du tissage se déroule, quotidiennement dans un édifice dont la forme et l’architecture sont propres à Djerba: l’atelier de tissage. Le rôle du tisserand consiste à séparer les fils de chaîne en deux nappes. En appuyant du bout de son pied sur un levier de pédale, il fait abaisser la lame correspondante et fait passer par la suite, entre elles, avec ses mains, une navette, Nizg, contenant un petit morceau de roseau chargé de fil de trame qui va passer à travers les fils de chaîne. Enfin, il pousse le battant amovible en avant pour tasser les duites après le passage de chaque fil de trame sur toute la largeur du tissu. Le tisserand prend place courbé du côté de l’ensouple destinée à enrouler le morceau tissé, sur une planche appelée Zarkoun3, portée par deux supports chacun appelé Bhîm. En face de lui, un couffin accroché, toujours rempli de bobines de trame. Son travail nécessite une attitude particulière du corps en mouvement puisque les bras, les jambes et le bassin y participent.

Les ateliers de tissage (el hanout)[modifier | modifier le wikicode]

Atelier de tissage traditionnel à Djerba.

L’atelier de tissage est parfois bâti dans un coin du Menzel ou à proximité des agglomérations. Il consiste en une seule pièce, à un niveau, longue et étroite, divisée en plusieurs travées et pouvant contenir jusqu'à huit métiers (noul)4. Ces édifices présentent des façades en triangle dont le sommet constitue l’axe de symétrie de l’atelier. Le toit est constitué le plus souvent par une seule voûte reliant deux  murs de 1,5à 2 m de haut.L’adoption de la voûte est justifiée par  l’utilisation des métiers de tissage verticaux.

L’éclairage de l’atelier est assuré principalement par la porte orientée sud-est les deux ouvertures qui l’encadrent. Les petites ouvertures  pratiquées dans les murs latéraux apportent un plus de lumière.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. «Les Djerbiens» : Une communauté arabe-berbère dans une île d’Afrique. De Rene Stablo. P :111- 112-113
  2. Djerba Perle de la méditerranée. De Hédi Ben Ouzdou. P :47 -48
  3. http://djerba-insolite.com/circuit/le-tissage-traditionnel-de-djerba
  4. http://cultpatr.blogspot.com/2017/01/les-ateliers-de-tissage-traditionnel.html
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