Arcadie
L'Arcadie (en grec : Αρκαδία, Arkadía) désigne la partie centrale du Péloponnèse ainsi que l'un des cinq districts régionaux formant la périphérie du même nom. Elle est créée en tant que nom administratif dès l'indépendance grecque en 1833 jusqu'à la disparition de ce statut lors de la réforme administrative grecque de 2011. En tant que district régional, l'Arcadie envoie six représentants au conseil régional du Péloponnèse mais ne bénéficie d'aucune reconnaissance politique au-delà de l'échelle régionale. Sa plus grande ville est Tripoli.
Géographie[modifier | modifier le wikicode]
La région comprend les hautes terres arcadiennes, territoire de montagnes bien connues depuis l'Antiquité, ainsi que le littoral de la Cynurie, qui lui donne un accès relativement étroit sur la côte orientale du Péloponnèse, à l'est du Parnon.
Située à une altitude moyenne de 500 m au-dessus du niveau de la mer, ses points culminants s'élèvent à 2 376 m (Cyllène) et 2 355 m (Chelmós). La roche y est essentiellement calcaire avec des propriétés karstiques. Entre les crêtes des montagnes se trouvent parfois des lacs ou des marécages.
L'Arcadie est principalement boisée de conifères et est faiblement peuplée. L'agriculture dans ses vallées n'est pas très rentable, c'est traditionnellement une région d'élevage.
Elle comprend les municipalités de Gortynie, Mégalopolis, Cynourie-du-Sud, Tripoli et Cynourie-du-Nord.
Démographie[modifier | modifier le wikicode]
| Évolution démographique | |
|---|---|
| Année | Population |
| 1951 | 154 361 |
| 1991 | 103 840 |
| 2001 | 102 025 |
| 2005 | 100 611 |
| 2011 | 86 685 |
Histoire[modifier | modifier le wikicode]
Origines[modifier | modifier le wikicode]
Jusqu'à présent, peu de découvertes préhistoriques majeures ont été relevées en Arcadie. Les Arcadiens se considéraient dans l'Antiquité comme le peuple grec le plus anciennement présent sur ces terres. D'après la mythologie grecque, c'est Pélasgos qui aurait régné le premier sur cette région et apporté la civilisation à ses populations indigènes. Parmi les autres rois mythiques de la région figurent Arcas, duquel l'Arcadie tient son nom. Elle sera ensuite le théâtre de nombreuses péripéties des aventures d'Héraclès. C'est le roi Agapénor qui commanda les forces arcadiennes au cours de la guerre de Troie.
Les montagnes arcadiennes, d'accès peu aisé, ont été relativement épargnées par l'invasion dorienne. Le développement politique et culturel de l'Arcadie, dont les habitants ont conservé leurs occupations d'agriculteurs et de bergers, est dû à l'essor des cités de Stymphale, Cleitor, Psophis, Tégée, Mantinée et Orchomène, toutes situées à l'est de la région. L'Arcadie occidentale est longtemps restée beaucoup plus rurale et ce n'est que vers 368 av. J.-C. qu'y est fondée la première grande cité de la région, Mégalopolis. Le temple de Zeus sur le Lykaion était vénéré par tous les Arcadiens. En raison de l'isolement de ses communautés montagnardes, des conditions d'existence et culturelles assez primitives y ont subsisté plus longtemps que dans le reste de la Grèce, notamment dans le domaine de la religion où les particularismes locaux étaient très riches.
Aristocrate, roi d'Orchomène, aurait vécu dans la seconde moitié du VIIe siècle av. J.-C. Au cours de la seconde guerre de Messénie, les Messénies, alliés des Arcadiens, livrèrent traitreusement ces derniers aux Spartiates et leurs dirigeants ont été lapidés par leurs propres sujets en signe de protestation, ce qui n'empêcha guère l'extinction du royaume d'Orchomène. Jusqu'au IVe siècle av. J.-C., Sparte a tenté d'acquérir l'hégémonie en Arcadie afin de pouvoir gagner un accès à l'isthme de Corinthe. Vers 550 av. J.-C., Sparte assoit sa domination sur la région dans le cadre de la Ligue du Péloponnèse.
Antiquité classique[modifier | modifier le wikicode]
Au IVe siècle av. J.-C., les Arcadiens combattirent aux côtés des autres Grecs pour préserver préserver leur indépendance. En 473 av. J.-C., ils tentèrent tous de se libérer de l'hégémonie spartiate à l'exception des habitants de Mantinée. Cependant, la rébellion fut rapidement matée par Sparte. Matinée et Tégée rivalisaient constamment à l'époque, entretenant des rapports belliqueux qui ont fortement nui à la prospérité régionale. Lors de la Paix de Nicias, en 420 av. J.-C., Matinée ferma ses portes aux autres cités arcadiennes et forma avec Athènes et Argos une alliance dirigée contre Sparte, qui finit par vaincre les troupes de ses ennemies deux ans plus tard. La cité subira une nouvelle défaite catastrophique face à Agis II lors de la bataille de Mantinée. L'Arcadie retombe ainsi complètement sous la domination de Sparte. Par la suite, de nombreux Arcadiens s'illustreront à l'étranger en leur qualité de mercenaires, ce qui confèrera à la région un certain prestige.
Ce n'est qu'à la suite de la défaite spartiate face au général thébain Épaminondas lors de la bataille de Leuctres (371 av. J.-C.) que l'Arcadie fut enfin en mesure de se débarrasser de la suprématie spartiate. Les cités arcadiennes forment alors leur propre ligue dont la capitale est fixée à Mégalopolis, fondée quelques années après les derniers événements relatés. L'antagonisme opposant Mantinée à Tégée demeurant vivace, une nouvelle scission se forma au sein de la ligue, de sorte que certains de ses membres choisirent de se rallier à Sparte tandis que d'autres préféraient embrasser la cause de Thèbes. Cette dispute intra-arcadienne aboutit à une nouvelle bataille à Mantinée (362 av. J.-C.) au cours de laquelle Épaminondas trouva la mort. Par la suite, l'Arcadie fut divisée entre le nord et le sud. Mégalopolis étant dès ses origines hostile aux Spartiates, elle s'est alliée à la Macédoine lorsque ses dirigeants, Philippe II puis Alexandre le Grand, ont étendu leur suprématie sous toute la Grèce. Les cités arcadiennes se rebellent alors contre leur meneuse (Mégalopolis), surtout après les premiers succès du roi spartiate Agis III sur le général macédonien Antipater. En proie à l'instabilité, Mégalopolis ne prend pas directement part à la guerre et se voit assiégée par Agis III mais Antipater accourut à son secours et y vainquit les Spartiates et leurs alliés lors d'une bataille décisive. En guise de dédommagements, Mégalopolis a reçu une indemnité de guerre de 120 talents ainsi qu'une constitution oligarchique pour assurer la pérennité de l'influence macédonienne tandis que les derniers pactes de son alliance avec les autres cités arcadiennes finissent tous par être rompus bien assez vites.
Période hellénistique et domination romaine[modifier | modifier le wikicode]
L'Arcadie a généralement beaucoup souffert des guerres de l'époque hellénistique. Lors de la guerre lamiaque, les Arcadiens sont restés neutres malgré les tentatives d'Athènes de les persuader de se joindre dans la guerre à ses côtés. Après la mort d'Antipater en 319 av. J.-C., l'Arcadie dut reconnaître la souveraineté de Polyperchon, qui succède au brillant général macédonien. Seule Mégalopolis se rangea aux côtés de Cassandre et fut assiégée en conséquence. Ce dernier conquit Stymphale et Orchomène en 315 av. J.-C. avant de signer un accord de paix en 311 puis de prendre possession de la totalité du Péloponnèse en 303 av. J.-C. Quelques années plus tard, Démétrios Ier Poliorcète fit la guerre à Cassandre et parvint à reconquérir toute la péninsule à l'exception de Mantinée. La tyrannie de Démétrios est instaurée à Mégalopolis pendant une dizaine d'années avant de renoncer à sa domination sur la cité qui, à l'instar de la plupart des autres villes arcadiennes, a rejoint la Ligue achéenne. Elle passe ensuite, au IIe siècle av. J.-C., sous domination romaine. Strabon rapporte alors, vers les débuts de la période impériale, que l'Arcadie est une terre inculte et désolée.
Du Moyen Âge à nos jours[modifier | modifier le wikicode]
Vers la fin de l'Antiquité, l'Arcadie passe aux mains de l'Empire byzantin. Lors des invasions barbares, elle eut beaucoup à souffrir des invasions des Goths. Au VIIIe siècle, cette région peu peuplée fut colonisée par des Slaves qui adoptèrent progressivement la langue grecque. Une arrive massive d'Albanais aura lieu au XIVe siècle. En 1458, l'Arcadie est conquise par l'Empire ottoman. Pendant la guerre d'indépendance grecque (1821-1829), l'Arcadie était l'une des régions les plus convoitées en raison de son importance stratégique.
Utopie[modifier | modifier le wikicode]
Dans les temps anciens, les Arcadiens étaient considérés comme un rustre peuple de bergers. Jusqu'à nos jours, beaucoup de particularismes culturels propres à l'Arcadie sont probablement le fait de son isolement géographique. Ses habitants se considéraient auparavant comme le plus ancien de tous les peuples grecs. Dès l'époque hellénistique, l'Arcadie a été mystifiée comme la terre sur laquelle s'est déroulée l'âge d'or, où la population vivait de ses activités pastorales tout en menant une vie heureuse dans un environnement naturel idyllique, libérés du travail ardu et de la pression sociale. Ainsi, l'Arcadie s'est imposée comme un topos de la littérature bucolique ancienne, par exemple dans les poèmes pastoraux de Virgile. Toutefois, dans la littérature latine, ces caractéristiques seront parfois attribuées à la Sicile et non plus à l'Arcadie, située en Grèce.
Le roman pastoral L'Arcadie de Jacopo Sannazaro jouera un rôle déterminant dans la réémergence de cet ancien genre dans le contexte de la Renaissance. À l'époque baroque, jusqu'au XVIIIe siècle, d'innombrables textes et peintures reprennent les motifs mythologiques de la mythique Arcadie. Les aristocrates cherchaient ainsi à soustraire, au moins sur le plan symbolique, leur sphère d’influence au pouvoir de l’autorité centrale royale.
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