Boulangisme

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Les crises de la IIIe République

Le boulangisme est un mouvement politique français qui de 1886 à 1889 réunit les opposants à la République parlementaire telle qu'elle fonctionnait à l'époque. Ce mouvement tire son nom du général Georges Boulanger, qui est le très populaire ministre de la guerre dans les gouvernements républicains de janvier 1886 à mai 1887.

Perdant ses fonctions ministérielles en mai 1887, le général Boulanger est « exilé » et muté comme comme général commandant un corps d'armée en Auvergne. Puis il démissionne de l'armée en décembre 1887. Devenant éligible Boulanger se présente avec succès la plupart du temps, à différentes élections législatives partielles. Ses soutiens et ses électeurs se recrutent parmi certains républicains radicaux (situés à l'extrême-gauche de l'époque) en lutte contre la république des Notables modérés, des monarchistes partisans d'un coup d'État contre la République afin de rétablir la monarchie ou pour certains l'Empire bonapartiste et surtout des nationalistes demandant la préparation d'une guerre de revanche contre l'empire allemand.

En janvier 1889, Boulanger est élu triomphalement à Paris contre le candidat des républicains. Mais il hésite à faire un coup d'État, il refuse de s'emparer du palais de l'Élysée pour en chasser Sadi Carnot le président de la République. Le gouvernement par des rumeurs de poursuites judiciaires pour tentative de coup d'État intimide l'ex-général Boulanger qui s'enfuit en Belgique en avril 1889 où il se suicidera en septembre 1891. Le mouvement boulangiste est battu sévèrement aux élections législatives de 1889, ses partisans rejoindront la droite nationaliste.

La France au milieu des années 1880[modifier | modifier le wikicode]

La division des républicains. Ici Jules Ferry (à gauche) contre Georges Clemenceau (à droite). A propos de la crise du Tonkin en janvier 1885

Lorsque le général Boulanger devient ministre de la Guerre en janvier 1886, la France connait de multiples crises.

Le monde agricole et rural est touché par la concurrence des produits provenant des "pays neufs" les producteurs et les exportateurs français sont durement touchés. La crise du phylloxéra qui ravage le vignoble depuis 1876 ruine le nombreux viticulteurs mais aussi réduit les revenus des paysans qui cultivent quelques arpents de vigne. L'exode rural commence. Les grands travaux tels que le développement des lignes locales du chemin de fer ou le creusement de nouveaux canaux fluviaux sont freinés faute de capitaux suffisants ou des difficultés financières de l'État et des collectivités locales. Il en est de même de la construction des écoles rendues nécessaires par les lois scolaires de Jules Ferry. Le chômage dans le bâtiment et l'industrie progresse.

La crise économique qui secoue le monde développé depuis 1873 atteint la France en 1882. La concurrence des produits agricoles provenant des "pays neufs}} concurrencent fortement les produits français et touchent les exportateurs. La crise du phylloxéra qui ravage le vignoble depuis 1876 ruine le nombreux viticulteurs mais aussi réduit les revenus des paysans qui cultivent quelques arpents de vigne. L'exode rural commence. Les grands travaux tels que le développement des lignes locales du chemin de fer, le creusement de nouveaux canaux fluviaux sont freinés faute de capitaux suffisants ou des difficultés financières de l'État et des collectivités locales. Il en est de même de la construction des écoles rendues nécessaires par les lois scolaires de Jules Ferry. Le chômage dans le bâtiment et l'industrie progresse.

Le camp républicain qui en 1879 l'emporte enfin sur le camp conservateur se divise entre républicains radicaux et républicains « opportunistes ». Les premiers veulent une révision de la constitution afin de la rendre plus démocratique et une lutte plus importante du gouvernement contre l'Église catholique (très liée à l'époque aux milieux royalistes). Les seconds veulent poursuivre une œuvre de réformes progressives afin de ne pas effaroucher les paysans et la moyenne bourgeoisie. S'il réalisent ensemble de grandes réformes civiles, scolaires et politiques, les républicains rompent leur alliance de fait en 1885 à cause de la politique coloniale menée par le gouvernement Ferry. Les élections législatives de décembre 1885, voient le succès républicains mais les deux partis s'équilibrent, ce qui fragilise les gouvernements.

Les conservateurs restent cependant influents dans les campagnes et sont soutenus par la plus grande partie du clergé catholique (qui à l'époque à le statut de fonctionnaires de l'État). Surtout la plupart des officiers de l'armée et de la marine sont d'origine aristocratique ou de la haute-bourgeoisie. Certains Français pensent que le gouvernement républicain ne prépare pas la revanche contre l'Allemagne afin de récupérer l'Alsace-Lorraine perdue en 1871. Le mouvement nationaliste apparaît avec la création de la Ligue des Patriotes en 1882

Pour en savoir plus, lis l’article : France des années 1880.

Le brave général Boulanger[modifier | modifier le wikicode]

Le général Boulanger du temps de sa splendeur

En janvier 1886, le général Boulanger est nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement Freycinet. Il doit ce poste à l'appui du radical Georges Clemenceau. À l'époque Georges Boulanger était un des rares officiers généraux à professer des idées républicaines. Très rapidement il devient très populaire parmi les soldats, en améliorant la vie quotidienne par le remplacement dans les casernes de la gamelle par des assiettes ou celui de la paillasse par le matelas. Il autorise les sous-officiers a porter la barbe. Il fait repeindre aux couleurs du drapeau les guérites installées à la porte des casernes.

Pour satisfaire les républicains il « épure » l'armée en en chassant le duc d'Aumale (fils du roi Louis-Philippe Ier) pourtant son ancien protecteur. Il oblige les ecclésiastiques à faire le service militaire (ce dont ils étaient dispensés jusque là).

En mars 1886, à l'occasion de la grève des mineurs de Decazeville il laisse entendre qu'il est favorable à une fraternisation entre les ouvriers grévistes et les soldats envoyés pour réprimer la grève. Le 14 juillet 1886, il parade à la tête des troupes qui défilent à Longchamp. De multiples chansons de café-concert, des poèmes, des images célèbrent sa prestance et témoignent de sa popularité.

En avril 1887, à la suite d'un curieux incident à la frontière franco-allemande il devient l'idole des patriotes en s'affichant comme le partisan résolu d'une guerre immédiate contre l'Allemagne, il apparaît comme le général Revanche. Il prépare d'ailleurs un conflit futur en faisant adopter le fusil lebel, plus efficace que l'antique chassepot. En septembre, il fait savoir que désormais la France peut abandonner une position défensive et mener une politique offensive face à l'Allemagne. Les nationalistes sont ravis. Près de 10 000 personnes défilent sur les boulevards en chantant « C'est Boulange, Boulange, Boulange, c'est Boulanger qu'il nous faut ! »

Son activisme commence à faire peur aux dirigeants républicains. En mai 1887 profitant d'un changement de gouvernement les républicains lui retirent ses fonctions gouvernementales. Pour l'éloigner de Paris on le nomme à la tête d'un corps d'armée stationné à Clermont-Ferrand. Le 8 juillet, jour de son départ par le train, à la gare de Lyon, son convoi ne peut partir tant les supporters du général sont nombreux sur les quais et les voies afin de l'empêcher de quitter la capitale : près de 10 000 personnes criant « il reviendra ».

En décembre 1887, à la suite du scandale des décorations, le président Jules Grévy est contraint de démissionner. Les conservateurs tentent d'échanger leur soutien à un candidat républicain s'il reprend Boulanger au gouvernement. Sadi Carnot est élu président, mais Boulanger n'entre pas au gouvernement. Les nationalistes sont furieux.

Le 1er janvier 1888, le général a une entrevue secrète, en Suisse, avec le prince Napoléon-Jérôme, cousin germain de l'empereur Napoléon III. Le prince lui assure le soutien des bonapartistes (réseau de partisans) ainsi qu'un appui financier.

Pour l'élection du 26 février 1888, malgré qu'il soit inéligible puisqu'il est en activité, la candidature de Boulanger est posée dans sept départements différents en même temps ; il obtient 54 671 voix.

Le 15 mars, le général Boulanger est relevé de ses fonctions par le gouvernement. Le 24 mars, il est rayé des cadres de l'armée et cassé de son grade. Il est désormais éligible et peut se porter candidat là où il veut. En avril, aux élections en Dordogne et dans le Nord il obtient 59 000 et 172 500 voix. Une foule importante assiste à son entrée à la Chambre des Députés le 12 juillet suivant.

Qui sont les boulangistes ?[modifier | modifier le wikicode]

Caricature à charge contre le général Boulanger (journal Le Grelo, décembre 1888). Au summum du succès boulangiste, le général est représenté en train de faire un coup d'État (comme le prince Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851 ; ce coup d'État mène au désastre militaire de Sedan en 1871). Derrière le général, ses soutiens bonapartistes et royalistes. Aux balcons de l'immeuble, les journaux soutenant le boulangisme.

Le général Boulanger réussit à réunir autour de lui des hommes politiques et des électeurs d'origine diverses. Chaque composante apporte ses idées qui peuvent être contradictoires avec celles-d'autres parties. Le mot d'ordre qui rassemble les boulangistes est :Dissolution -Révision- Constituante. La dissolution est celle de la chambre des députés élue légalement aux élections de 1885 (où les républicains modérés sont minoritaires). La révision est-celle des lois constitutionnelles de 1875 qui ont établi la Troisième République (sont mis en cause l'existence du sénat et les pouvoirs du président de la République). La Constituante, est l'élection d'une nouvelle assemblée dont le but est de rédiger une nouvelle constitution (avec l'espoir qu'un retour à la monarchie, ou du moins de l'établissement d'un pouvoir exécutif fort seront mis en place). L'habileté de Boulanger est de donner satisfaction verbale à chacune des composantes de ses soutiens.

Une partie des boulangistes proviennent des milieux populaires urbains, des boutiquiers, des artisans des ouvriers qui sont mécontents du chômage lié à la crise économique et critiquent l'absence d'une politique gouvernementale en leur faveur. Certains radicaux-socialistes et socialistes peuvent soutenir une partie de ces idées sociales du boulangisme. Cette composante est aussi sensible aux idées anticléricales de Boulanger. On retrouve là la tradition des montagnards et des Sans-Culottes de l'an II de la Révolution.

Le nationalisme fournit de grands effectifs de partisans et de sympathisants. Ils veulent un gouvernement plus énergique qui mène une politique plus agressive vis à vis de l'Allemagne afin de réviser le traité de Francfort de 1871. Pour eux le gouvernement doit s'appuyer sur une armée, symbole de discipline et de dévouement, armée renouvelée où peut se réaliser l'unité des Français grâce au service militaire généralisé. Le refus des républicains au pouvoir d'affronter l'Allemagne leur est insupportable. De ce fait ils sont antiparlementaire et leur idéal un chef de type bonapartiste c'est-à-dire autoritaire qui impose sa volonté sans tenir compte de l'opinion des hommes politiques considérés comme mous et corrompus. Les nostalgiques du bonapartisme fourniront une grande partie des militants actifs du boulangisme.

Le royalisme est aussi une des composantes du boulangisme. Les royalistes ont réalisé leur fusion en 1883 (à la suite du décès du comte de Chambord chef des légitimistes et de la désignation du comte de Paris, chef des orléanistes, comme unique prétendant au trône de France. Malgré la tradition parlementariste des orléanistes ils rêvent de renverser la république et d'instaurer une monarchie constitutionnelle. Ils pensent que le poids conjugué du catholicisme et de leur position de notables ruraux leur permettra de convaincre une grande partie du monde rural de revenir à la monarchie. C'est parmi les royalistes que le boulangisme trouvera une grande partie de ses soutiens financiers.

Succès et défaite du boulangisme[modifier | modifier le wikicode]

Journal La Cocarde (soutien du boulangisme) du 29 janvier 1889. Succès de Boulanger aux toutes récentes élections de la Seine

De mai 1887 à janvier 1889, le général Boulanger devient le porte-parole de tous les mécontents. À l'occasion d'une élection partielle dans le département de la Seine, il obtient 100 000 suffrages sans avoir été candidat, les électeurs ayant suivi les consignes du journaliste Henri Rochefort très écouté dans les milieux populaires.

Pour l'élection du 26 février 1888, la candidature du général est posée dans sept départements dans lesquels il obtient 54 671 voix.

Étant encore en fonction comme militaire il ne peut être élu. Mais le gouvernement évince Boulanger de l'armée en mars 1888. Devenu éligible il se présente à de nombreuses élections partielles. En avril 1888 il est élu député du département du Nord ( avec près de 172 000 voix) et en même temps en Dordogne avec 59 000 suffrages. Il opte pour le siège du Nord.

Dès son entrée à la chambre il devient le chef des députés nationalistes. Le 13 juillet il se bat en duel avec Charles Floquet, le chef du gouvernement qu'il a traité à la tribune de la l'assemblée de {{"| pion de collège , mal élevé». Contre toute attente Floquet triomphe et blesse sérieusement Boulanger à la gorge.

Rétabli, pour tester sa popularité et faire campagne sur ses idées révisionnistes, Boulanger se présente à de nombreuses élections partielles : en août il est élu dans les département du Nord, de la Somme et de la Charente-Inférieure (Aujourd'hui Charente-Maritime).

Le 27 janvier 1889, à la suite du décès du député titulaire, il se présente comme candidat à Paris. Son adversaire est le radical Édouard Jacques président du Conseil général du département de la Seine. Boulanger l'emporte par plus de 245 236 voix contre environ 163 000 à son adversaire Jacques et 17 000 voix au blanquiste Boulé. Il célèbre sa victoire dans un restaurant parisien. Alors que plus de 50 000 de ses partisans enthousiastes sont massés sur les grands boulevards de la capitale, certains de ses amis politiques tentent de la convaincre de faire un coup d'État en marchant sur l'Élysée. Hésitant, peu sûr d'avoir les soutiens nécessaires dans le pays et leur extrêmes contradictions, peut être Boulanger attent-il les élections générales de septembre-octobre 1889 qui pouveaint lui apporter une majorité lui permettant d'arriver légalement au pouvoir. , Boulanger refuse l'aventure.

Boulanger a laissé passé sa chance. Le gouvernement l'inculpe de complot contre la sureté de l'État. Boulanger s'enfuit en Belgique le Ier avril. Il est condamné à la détention perpétuelle par le sénat le 14 août 1889. Pour se débarrasser de lui et éviter d'en faire un martyr on le laisse s'installer en Grande-Bretagne. Mais il revient en Belgique et se suicide sur la tombe de sa maitresse récemment décédée en septembre 1891.

Parallèlement aux actions judiciaires contre Boulanger et certains de ses lieutenants, le gouvernement prend des mesures politiques. Il remplace le scrutin de liste par le scrutin d'arrondissement ce qui devait limiter les effets de vague populaire soutenant une forte personnalité politique. De plus les candidatures multiples sont interdites. Privé de son chef le boulangisme reflue alors. Aux élections du 22 septembre 1889, les boulangistes ne remportent que 44 élus contre 166 monarchistes et 366 républicains. Le mouvement boulangiste disparait, ses adeptes vont se reconvertir dans les partis existants.

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