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Virilité

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La virilité est l’ensemble des qualités qui forme l’homme modèle, l’homme parfait. Ces qualités sont très nombreuses, et elles sont différentes en fonction des époques de l’Histoire, des régions du monde et des groupes de personnes concernées1.

Origine du mot[modifier | modifier le wikicode]

Il vient du terme latin vir, qui désignait l’homme, la personne de genre masculin, et pas l’être humain en général. Ce mot pouvait aussi parfois les organes génitaux masculins, ainsi que l’époux2.

Dans l’Antiquité[modifier | modifier le wikicode]

Dans le monde des Grecs[modifier | modifier le wikicode]

Un guerrier courageux, un homme qui ose et qui persévère[modifier | modifier le wikicode]

Le courage physique, notamment lors des batailles, était l’élément principal de la virilité pour les Grecs. En dehors des guerres, cela pouvait être du courage « moral », par exemple d’oser faire des choses (audace) et de persévérer (vouloir continuer) malgré les difficultés. Ceci explique que des femmes, audacieuse et persévérante soit parfois qualifiées de viriles3.

Un corps musclé qu’il faut entièrement montrer[modifier | modifier le wikicode]

La beauté du corps faisait aussi partie de la virilité, ce que nous prouve la tradition, installée plus de 700 ans avant Jésus-Christ chez les Grecs, de pratiquer les sports en étant nus. Par exemple, la course avec armes et bouclier n’est pas seulement un entraînement militaire, puisqu’elle se fait sans vêtements ni armure, mais une façon de comparer les corps des athlètes. Le fait de fabriquer de nombreuses statues d’hommes nus confirme cela4.

Un homme qui domine dans tous les domaines...[modifier | modifier le wikicode]

Selon les Grecs, l’homme réellement viril devait montrer une supériorité en permanence, lors de compétitions sportives ou intellectuelles publiques, mais aussi sur ses partenaires, dans ses relations conjugales et sentimentales5.

... même ses propres émotions.[modifier | modifier le wikicode]

Selon les Grecs, les hommes ne doivent en aucune occasion montrer leur douleur : pleurer, par exemple, leur est donc interdit en public, même (et surtout) au moment des enterrements de leurs proches6.

Dans le monde des Romains[modifier | modifier le wikicode]

Cheveux courts, corps bronzé, et poils[modifier | modifier le wikicode]

Pour les garçons, devenir un homme était marqué par l’acte de couper ses longues mèches de cheveux bouclées2.

Un autre signe de virilité était le bronzage du corps. On retrouve cela sur les vases de l’époque : les hommes y sont peints de couleur rouge brique, alors que les femmes ont la peau systématiquement représentée avec des couleurs claires. Attention cependant : ce bronzage doit être lié à de « bonnes » raisons. Travailler la terre ou pratiquer du sport en extérieur, d’accord, mais passer ses journées allongé à cuire au soleil était mal vu par les écrivains anciens. En effet, cela révélait une attention trop « féminine » à son apparence physique7.

Le port de la barbe semble plus être lié à des effets de mode qu’à un signe de virilité chez les Romains. Malgré tout, le premier rasage complet, entre 17 et 20 ans, est un moment très important, qui marque le passage de l’adolescent à l’homme. C’est une cérémonie sacrée, et les poils sont conservés précieusement dans une boîte. Il est mal vu pour un homme de s’épiler le corps, mais aussi, à l’inverse, d’avoir trop de poils, et surtout de ne pas les laver. Le tout est une affaire de juste milieu8.

Un homme qui domine dans tous les domaines[modifier | modifier le wikicode]

Comme les Grecs de l’Antiquité, les Romains pensait que l’homme réellement viril devait être, dans ses relations conjugales et sentimentales, en position de dominer (d’être supérieur à) ses partenaires, quels qu’ils soient9.

Cependant, à la différence des Grecs, participer à des compétitions sportives (par exemple, les Jeux Olympiques) était mal vu. La supériorité physique se manifestait sur le Champs de Mars, dans des jeux non officiels, et toujours revêtu au moins d’un pagne couvrant les parties génitales. Les Romains y pratiquent la lutte, la course à cheval, les jeux de balle et de cerceau. La natation, dans les thermes notamment, était aussi une pratique mise à l’honneur chez les hommes, le seul sport que les Romains pratiquaient entièrement nus10.

Courage, fidélité au pays, pudeur, maitrise de soi et de ses émotions[modifier | modifier le wikicode]

Comme ailleurs, la principale qualité virile chez les Romains est le courage à la guerre.

Elle doit s’accompagner aussi, sur un plan moins guerrier, de fidélité au pays et de respect des promesses faites.

À la différence des Grecs, cependant, la pudeur (l’a fait de ne pas se montrer entièrement nu en public) est aussi une qualité virile. Le Romain honnête doit se promener en toge en toute circonstance, même sous la chaleur écrasante des étés italien.

Enfin, l’homme vraiment viril ne montre pas ses émotions, ne pleure pas en public. Mieux même, il lui est conseillé d’être entièrement maître de soi11.

Un modèle, mais pas appliqué même par des Romains modèles[modifier | modifier le wikicode]

Attention ! Ce qui a été écrit ici reste un modèle, un ensemble de « règles » que l’on trouve chez les écrivains romains, mais les historiens manquent de preuves sur leur application réelle, dans la vie de tous les jours. D’ailleurs, des empereurs célèbres, et appréciés, étaient connus aussi pour ne pas les avoir respectées. Auguste, le premier d’entre eux, avait peur des éclairs, la peau sans bronzage et s’épilait les jambes11

Au Moyen Âge[modifier | modifier le wikicode]

Chez les Germains au début du Moyen Âge (Mérovingiens)[modifier | modifier le wikicode]

Le métier des armes au cœur de la virilité[modifier | modifier le wikicode]

Comme dans l’Antiquité, la virilité se montre à la guerre et dans le maniement des armes. On a retrouvé dans la tombe d’un jeune prince de 7 ans, près de Cologne, un casque, une épée et un bouclier faits à sa taille. Quand ce métier de guerrier est au service de quelqu’un d’important (la garde personnelle d’un roi par exemple), c’est encore mieux12.

Chevelus mais soignés[modifier | modifier le wikicode]

Il faut cependant se méfier de l’idée reçue du Barbare mal peigné envahissant le monde des Romains. Ce sont eux qui décrivaient ainsi leurs ennemis, et ils pouvaient avoir envie de les montrer comme très efffrayant ou mauvais. Les archéologues ont en effet retrouvé dans les tombes des Germains des pinces à épiler, des peignes, et des « forces » (les ancêtres des ciseaux)13.

Cultivés et chastes[modifier | modifier le wikicode]

De même, la virilité chez les Germains était aussi liée à la capacité à écrire de beaux textes, de la poésie, et les princes du Nord de l’Europe se faisaient aussi enterrer avec des lyres précieuses.

Dans leurs relations amoureuses et sentimentales, les Germains virils devaient être fidèles à une unique femme, ce qui est assez différent de ce qui se passait durant l’Antiquité. Il ne devait avoir qu’une seule femme, mais dont ils pouvaient se séparer pour se marier avec une autre14.

Des femmes avec plus de droits que précédemment[modifier | modifier le wikicode]

Les Germains du Moyen Âge considèrent, plus facilement que les Grecs et les Romains de l’Antiquité, que la puisse être virile dans ses attitudes.

De plus, les femmes peuvent régner, sur Tolède en Espagne par exemple à la fin du VIe siècle. Au décès des parents, les filles ont le droit, à égalité avec les garçons, de récupérer une partie des richesses. Et elles peuvent posséder des richesses (terres, objets, maisons...) sans que leur mari ne leur prennent15.

Chez les Carolingiens (à l’époque de Charlemagne)[modifier | modifier le wikicode]

Une nouvelle manière de faire la guerre : les chevaliers[modifier | modifier le wikicode]

Sur les champs de bataille, les cavaliers deviennent peu à peu les soldats les plus importants, comparés aux hommes se battant à pied. Équipés d’une armure de plus en plus lourde, tout comme leurs armes, il leur faut de plus en plus de force physique. C’est pour cela que la force devient de plus en plus LA qualité virile, première parmi toutes les autres. La preuve en est que dans de nombreuses histoires de cette époque, l’ours, symbole de cette force, est présent, et que le héros doit le combattre, ou lui ressembler16.

Dans les campagnes[modifier | modifier le wikicode]

Ici, aussi, la force est prioritaire comme qualité qui fait l’homme. Les travaux qu’il se réserve ont besoin de force : pousser la charrue, manier la faux pour couper l’herbe dans de grands mouvements par exemple. La femme se trouve cantonner dans les travaux plus précise nécessitant moins cette force : manier la faucille pour couper le blé, tisser et coudre des vêtements par exemple17.

Montrer sa supériorité jusqu’à la vantardise[modifier | modifier le wikicode]

De plus en plus, la supériorité d’un homme, preuve de sa virilité, est affirmée bruyamment, et devient proche de la vantardise. Les hommes racontent des exploits qu’ils ont effectué en les exagérant de façon presque ridicule parfois.

Et le lieu où cela se passe souvent est la taverne, où les hommes se retrouvent entre eux pour parler fort et boire beaucoup de vin. L’alcool est de plus en plus associé à la virilité18.

Les blessures et la mort héroïque[modifier | modifier le wikicode]

Le sang et les blessures sont très présents dans les récits de chevaliers du Moyen Âge. Les écrivains aiment souvent donner le plus d’informations possibles sur les combats et les coups donnés . Cela peut nous faire peur ou nous donner envie de vomir aujourd’hui, mais c’est à l’époque une façon de montrer le courage, qui fait partie de la virilité.

Le chevalier, après avoir fait une promesse, se retrouve souvent en grand danger de mort pour pouvoir la respecter.

Au final, un homme viril montre les cicatrices des blessures terribles qu’il a subi19.

À la Renaissance (époque du roi François Ier)[modifier | modifier le wikicode]

À l’époque moderne (époque de Louis XIV)[modifier | modifier le wikicode]

Un nouveau changement dans la guerre : le chevalier devient cavalier[modifier | modifier le wikicode]

L’utilisation croissante des armes à feu rend les lourdes armures inutiles. La force ne fait donc plus la virilité sur les champs de bataille. Les armes très lourdes faites pour briser les armures disparaissent, et sont remplacées peu à peu par les rapières, des épées plus fines et beaucoup plus légères. On ne tranche plus avec le côté de la lame, dans un grand geste, on perce avec la pointe, dans un geste précis. Voilà en partie pourquoi la finesse et la rapidité deviennent les qualités les plus viriles qui soient.

La vie à la cour du roi : délicatesse, bonnes manières et bon parler[modifier | modifier le wikicode]

De plus en plus, le roi de France devient un arbitre pour toutes les disputes pouvant survenir dans le royaume. Il faut donc, si l’on veut être supérieur aux autres, vivre près de lui, dans son château ou pas trop loin.

De plus, il faut parvenir à le convaincre. Un nouveau changement dans la virilité apparaît ainsi. Il faut de l’éducation, de l’intelligence, du raisonnement et des bonnes manières : voici les nouvelles qualités viriles20.

Plusieurs virilités ? Le cas des prêtres catholiques[modifier | modifier le wikicode]

Pendant des siècles, le fait de participer à des combats, des batailles a été un signe de virilité. Mais les hommes dont le métier interdit de se battre peuvent-ils être quand même virils ? La question est posée pour les prêtres catholiques. La réponse qu’ils donnent au XVIIe siècle est claire : oui, ils sont virils, mais d’une autre manière. Ce qui est intéressant, du coup, c’est qu’il pourrait y avoir plusieurs virilités...

Certains estiment que les prêtres sont des combattants qui ont de la force. Mais pas physiquement : on parle de force de l’esprit, de la tête, du cerveau. Ils se battent avec des mots, pour convaincre les gens autour d’eux qu’ils ont raison, que leur dieu est le vrai dieu. C’est pour cela qu’on les a parfois appelé les soldats du Christ. Ils sont virils quand ils protègent leur religion avec les mots, et surtout lorsqu’ils prennent le risque d’être frappés à cause de ces mots utilisés pour protéger leur religion

Un autre signe de leur virilité est la fidélité qu’ils ont envers les plus pauvres, les plus faibles. Il doivent consacrer leur vie à les aider, les protéger21.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. G. Vigarello (dir.), Histoire de la virilité vol.I, préface, éd. du Seuil, 2011
  2. 2,0 et 2,1 J.P. Thuillier, in Histoire de la virilité vol. I, sous la direction de G. Vigarello, éd. du Seuil, 2011, p. 69-71.
  3. M. Sartre, in Histoire de la virilité vol.I, sous la direction de G.Vigarello,éd. du Seuil, 2011, p. 20-21.
  4. Idem, p. 39-42.
  5. Idem, p. 45-56.
  6. Idem, p. 63-64.
  7. J.-P. Thuillier, in Histoire de la virilité vol. I, sous la direction de G. Vigarello, éd. du Seuil, 2011, p. 88-89.
  8. Idem, p. 98-104.
  9. Idem, p. 77-87.
  10. Idem, p. 90-97.
  11. 11,0 et 11,1 Idem, p. 105-114.
  12. B. Dumézil, in Histoire de la virilité vol. I, sous la direction de G. Vigarello, éd. du Seuil, p. 123-124.
  13. Idem, p. 125.
  14. Idem, p. 126-130.
  15. Idem, p. 130-134.
  16. C. Thomasset, in Histoire de la virilité vol. I, sous la direction de G. Vigarello, éd. du Seuil, 2011, p. 143-153.
  17. Idem, p. 146-147.
  18. Idem, p. 153-156.
  19. Idem, p. 161-181.
  20. G. Vigarello, in Histoire de la virilité vol. I, sous la direction de G. Vigarello, éd. du Seuil, 2011, p. 185-193.
  21. J.-M. Le Gall, in Histoire de la virilité vol. I, sous la direction de G. Vigarello, éd. du Seuil, 2011, p. 228-234.
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