Vanikoro

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Vanikoro, par Alphonse de Neuville en 1871.

Vanikoro est une île des îles Salomon, dans l'océan Pacifique, rendue connue par le roman Vingt mille lieues sous les mers et le naufrage de l'expédition Lapérouse.

C'est une île volcanique au climat tropical.

Population[modifier | modifier le wikicode]

La majorité des habitants sont des Mélanésiens qui parlent le teanu et se seraient installés sur l'île il y a 2 000 ans ; le tier de la population sont des colons polynésiens en provenance de l'île voisine de Tikopia.
Le pidgin et l'anglais supplantent peu à peu les langues vernaculaires.

Économie[modifier | modifier le wikicode]

Les habitants habitent dans des villages sur le littoral et vivent de cueillette, de chasse, de pêche et d'agriculture. Ils exportent du poisson, du bois, du coprah, de l'huile de palme, des fèves de cacao et des coquillages. On trouve des huîtres en abondance dans les baies.

Le botaniste Francis Hallé a étudié les jardins vivriers où sont cultivés des légumes (taros, manioc, patates douces, oignons, aubergines, chou canaque et ignames), des fruitiers (cocotiers, bananiers, ananas, manguiers, papayers, arbres à pain), quelques plantes médicinales (kava, bétel, aréquier, tabac) et de rares plantes ornementales entre les cases.

Le bois provient de la mangrove littorale : palétuviers, une variété d'hibiscus dont l'écorce sert de textile, et acanthes. Pour fabriquer leurs pirogues, les habitants utilisent le bois rose de Birmanie qui se trouve en abondance dans les palmeraies naturelles. Le kaori du Pacifique pousse sur les pentes et a été exploité par une entreprise de Melbourne (Australie) de 1920 à 1964, la Kauri Timber Company.

Faune sauvage[modifier | modifier le wikicode]

À Vanikoro vivent des cochons sauvages, des roussettes et de petites chauve-souris.

Les oiseaux sont des perroquets, des pigeons, des martins-pêcheurs, des hirondelles et de grands hérons blancs. Une espèce endémique se trouve à Vanikoro et dans les îles voisines, le Monarque de Vanikoro, qui se nourrit de moustiques.

Insectes et araignées sont rares. Il n'y a pas de termitières.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Maquette de la barrière de corail où reposent les épaves.

C'est en 1788 que les deux frégates de l'expédition Lapérouse firent naufrage dans le récif coralien qui entoure l'île.

Les restes des épaves n'ont été localisés que récemment et font l'objet de fouilles archéologiques sous-marines depuis Nouméa (Nouvelle-Calédonie) par l'équipe d'Alain Conan depuis 1980.

Un linguiste a recueilli auprès des autochtones plusieurs témoignages sur l'histoire de rescapés ayant établi un chantier naval à terre ; les campagnes archéologiques récentes ont confirmé l'existence de plusieurs installations, pour le travail et l'hébergement.

Légendes locales[modifier | modifier le wikicode]

Voici deux récits recueillis à Vanikoro par Alexandre François sur l'expédition Lapérouse

Jules Verne et Vanikoro[modifier | modifier le wikicode]

Les documents recueillis par le Capitaine Némo.

Jules Verne a évoqué l'ile de Vanikoro dans son roman Vingt mille lieues sous les mers comme ceci :

Dans le nord-est émergeaient deux îles volcaniques d’inégale grandeur, entourées d’un récif de coraux qui mesurait quarante milles de circuit. Nous étions en présence de l’île de Vanikoro proprement dite, à laquelle Dumont d’Urville imposa le nom d’île de la Recherche, et précisément devant le petit havre de Vanou, situé par 16°4’de latitude sud, et 164°32’de longitude est. Les terres semblaient recouvertes de verdure depuis la plage jusqu’aux sommets de l’intérieur, que dominait le mont Kapogo, haut de quatre cent soixante-seize toises.

Le Nautilus, après avoir franchi la ceinture extérieure de roches par une étroite passe, se trouva en dedans des brisants, où la mer avait une profondeur de trente à quarante brasses. Sous le verdoyant ombrage des palétuviers, j’aperçus quelques sauvages qui montrèrent une extrême surprise à notre approche. Dans ce long corps noirâtre, s’avançant à fleur d’eau, ne voyaient-ils pas quelque cétacé formidable dont ils devaient se défier ?

Je me précipitai vers la vitre, et sous les empâtements de coraux, revêtus de fongies, de syphonules, d’alcyons, de cariophyllées, à travers des myriades de poissons charmants, des girelles, des glyphisidons, des pomphérides, des diacopes, des holocentres, je reconnus certains débris que les dragues n’avaient pu arracher, des étriers de fer, des ancres, des canons, des boulets, une garniture de cabestan, une étrave, tous objets provenant des navires naufragés et maintenant tapissés de fleurs vivantes.

Le capitaine Nemo me montra une boîte de fer-blanc, estampillée aux armes de France, et toute corrodée par les eaux salines. Il l’ouvrit, et je vis une liasse de papiers jaunis, mais encore lisibles. C’étaient les instructions même du ministre de la Marine au commandant La Pérouse, annotées en marge de la main de Louis XVI !
« Ah ! c’est une belle mort pour un marin ! dit alors le capitaine Nemo. C’est une tranquille tombe que cette tombe de corail, et fasse le ciel que, mes compagnons et moi, nous n’en ayons jamais d’autre ! »

1.

Dumont d'Urville et Vanikoro[modifier | modifier le wikicode]

Entrée de la rivière de Païou (Île Vanikoro).
Cénotaphe Lapérouse.

Source : Découverte de l'expédition Lapérouse en 1827

Le 28, l’un d’eux s’offre à conduire les Français sur le lieu du naufrage, et, à une certaine distance, fait arrêter leur canot dans.une espèce de coupée au travers des brisants, puis par un signe invite les Français à regarder au fond de l’eau. En effet, à la profondeur de douze à quinze pieds, ils distinguent bientôt, disséminés ça et là, empâtés de coraux, des ancres, des boulets et divers autres objets, surtout de nombreuses plaques de plomb. A ce spectacle, tous leurs doutes furent dissipés ; ils restèrent convaincus que les tristes débris qui frappaient leurs yeux étaient les derniers témoins du désastre de la Pérouse.

Il ne restait plus que des objets en fer, cuivre ou plomb. Tout le bois avait disparu, détruit sans doute par le temps et le frottement des lames. La disposition des ancres faisait présumer que quatre d’entre elles avaient coulé avec le bâtiment, tandis que les deux autres avaient pu être mouillées. L’aspect des lieux permettait de penser que le navire avait tenté de s’introduire au dedans des récifs par cette espèce de passe, qu’il avait échoué, et n’avait pu se dégager de cette position, qui lui était devenue fatale. Les réponses des insulaires aux questions qui leur furent adressées plus tard ne sont pas plus explicites qu’auparavant. Quelques jours se passèrent à tirer du fond de la mer autant de débris qu’il fut possible.

Alors je leur fis part du projet que j’avais depuis longtemps conçu d’élever à la mémoire de nos infortunés compatriotes un mausolée modeste, mais qui suffirait du moins pour attester notre présence à Vanikoro, nos efforts et l’amertume de nos regrets, en attendant que la France pût un jour y consacrer un monument plus durable et plus digne de sa puissance. Cette proposition est reçue avec enthousiasme chacun veut concourir à l’érection du cénotaphe. Il est construit en planches que recouvrent des blocs de corail ; il est de forme carrée, et un chapiteau pyramidal en bois peint le surmonte ; on n’emploie dans cet ouvrage ni clous, ni ferrures pour en assembler les pièces, afin de n’offrir aux insulaires aucun objet qui pût les tenter à le détruire. On incruste dans une des traverses une plaque de plomb sur laquelle on trace en gros caractères profondément creusés une inscription.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Vingt mille lieues sous les mers, Chapitre 19
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