Traité de Tordesillas

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Le traité de Tordesillas

Le traité de Tordesillas du 7 juin 1494 est un accord entre les rois de Castille, d'Aragon et du Portugal pour se partager les terres découvertes par les navigateurs-explorateurs de leurs pays respectifs depuis le début du siècle et celles qu'ils pourraient découvrir dans le futur.

Ces deux pays ibériques se réservent le monopole de la navigation sur les mers qui conduisent à ces terres nouvellement découvertes et sur l'exploitation des richesses quelles renferment. Les autres pays européens (royaume d'Angleterre|Angleterre]] et France) sont exclus du partage. L'avis des peuples indigènes qui sont désormais « sujets » d'un souverain étranger n'est pas demandé. Cet accord est soutenu par le pape Alexandre VI.

La limite entre les deux domaines de colonisation est un méridien qui passe à 370 lieues (environ 1 800 km) à l'ouest des Îles du Cap-Vert, ce qui correspond à la longitude 46° 37' ouest 1. Les régions terrestres et maritimes situées à l'est de ce méridien, c'est-à-dire la plus grande partie de l'Atlantique central et sud, l'océan indien ainsi que l'Afrique sont réservées aux Portugais. L'ouest de l'Atlantique et les terres inconnues à cette époque sont réservés aux Espagnols (Castillans).

Ce traité causa par la suite de gros conflits notamment sur l'endroit où passait le méridien de l'autre côté du globe, et donc quel état aurait l'archipel des Moluques, aussi appelées îles aux Épices et but principal du voyage de Magellan ainsi que source importante d'approvisionnement en épices qui à l'époque avaient presque autant de valeur que l'or.

Rivalités entre le Portugal et la Castille[modifier | modifier le wikicode]

Au cours du XVe siècle, le Portugal et la Castille achèvent la Reconquista et s'emparent progressivement des régions ayant été sous l'autorité des princes musulmans depuis le VIIIe siècle. Dans un esprit de croisade ils espèrent même reprendre l'Afrique du Nord. Les Portugais quant à eux entreprennent le contournement par voie maritime de l'Afrique afin d'atteindre l'Asie et ses trésors (en particulier les épices). Les deux pays ibériques sont donc rivaux. Différents accords tentent de résoudre ces problèmes.

En septembre 1479, par le traité d'Alcaçovas, Portugal et Castille s'accordent pour répartir les droits de navigation sur l'océan Atlantique. La Castille conservait les îles Canaries, tandis que les îles de Madère, Porto Saintto, les Açores, du Cap-vert et le droit exclusif de navigation au sud du parallèle des Canaries, reviennent au Portugal. Ce traité, est confirmé par une bulle papale en 1481. Il interdit de ce fait aux autres pays européens, dont la Castille, d'envisager des expédition contournant l'Afrique pour se rendre en Asie. C'est pour cette raison qu'en 1492 Christophe Colomb doit organiser une expédition vers l'ouest.

Les conséquences du premier voyage de Christophe Colomb[modifier | modifier le wikicode]

Le planisphère de Cantino de 1502, montre d'état des connaissances européennes sur la géographie du monde. À gauche on peut remarquer la ligne verticale (méridien) qui est la limité fixée par le traité de Tordesillas

La situation change quand Colomb, au service de la Castille, atteint l'Amérique en octobre 1492. Son parcours de navigation et les terres découvertes sont au sud du parallèle des Canaries, donc dans le domaine réservé aux Portugais. Au cours de son retour vers l'Espagne, en mars 1493, Colomb s'arrête à Lisbonne où le roi du Portugal lui fait savoir qu'il revendique la possession des terres découvertes.

Le pape Alexandre VI, d'origine espagnole, publie (« fulmine ») la bulle Inter caetera (4 mai 1493). Selon cette décision pontificale les Rois catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand II d'Aragon obtiennent la « libre et entière puissance, autorité et juridiction » sur les terres découvertes ou à découvrir situées à 100 lieues « à l’ouest et au midi » des archipels des Açores et du Cap-Vert. Sous peine d'excommunication il est de nouveau interdit à tout étranger de se rendre en ces lieux sans autorisation des rois catholiques. La ligne de démarcation entre le domaine portugais et le domaine espagnol correspond à environ deux jours de navigation vers l'ouest depuis les possessions portugaises des îles du Cap-Vert.

Le traité de Tordesillas[modifier | modifier le wikicode]

Les limites fixées par le traité de Tordesillas et par le traité de Saragosse

Pour éviter un nouveau conflit préjudiciable aux deux royaumes, des ambassadeurs portugais et castillans se réunissent dans la ville de Tordesillas en Castille. En juin 1494 ils décident de fixer la ligne de partage nord-sud des domaines respectifs à 370 lieues (environ 1 800 kilomètres) à l'ouest des îles du Cap-Vert : les Portugais reçoivent la partie est, les Castillans la partie ouest. Les deux parties s'engagent à ne pas empiéter dans le domaine de l'autre. Les Espagnols obtiennent cependant le droit de naviguer en « droit chemin » en direction de l'ouest y compris le droit de traverser de cette façon des eaux relevant de la souveraineté des Portugais. Cet accord sera confirmé par le pape Jules II en 1506, par la bulle Ea quæ pro bono pacis.

Cependant le traité est mis en cause assez rapidement. Les Portugais s'installent en 1510 dans l'archipel indonésien des Moluques, région riche en clou de girofle une des épices les plus recherchée par les Européens. Les Espagnols leur contestent cette installation, estimant que cette région dépendait de leur souveraineté. En effet selon le lieu d'où l'on observe, les Moluques se trouvent à l'est ou à est du méridien fixé à Tordesillas. Il faudra attendre le traité de Saragosse de 1529 pour qu'un accord soit conclu. Les Portugais conservent les Moluques et le méridien qui dans cette partie du monde « ferme » la moitié réservée aux Espagnols est fixé à 297 lieues à l'est des Moluques. L'« hémisphère » portugais s'étend alors sur 187 degrés de longitude, celui des Espagnols sur 173 degrés.

Conséquences du traité de Tordesillas[modifier | modifier le wikicode]

Le traité de Tordesillas a une énorme importance pour l'Amérique latine. Les Portugais héritent alors de la partie est du Brésil (peut être connue dès 1493 et officiellement découverte en 1500). Pour cette raison les Brésiliens parlent le portugais alors que les autres pays d'Amérique latine parlent l'espagnol.

Le traité, conclu sous le parrainage de la papauté, qui excommunie ceux qui n'obéirait pas à ses décisions, exclut les autres pays européens de la découverte de nouvelles routes maritimes vers l'Asie. Le roi de France cependant n'en tiendra pas compte lorsqu'il encourage les navigateurs qui travaillent à son service à naviguer plus au nord afin de découvrir un passage vers l'Asie. il en sera de même pour les Anglais surtout à parti du schisme anglican qui soustrait l'Angleterre à l'autorité religieuse de la papauté. Ce n’est qu’à partir des années 1640, alors que leur puissance militaire décline et qu'une partie de leurs colonies sont conquises par les Provinces-Unies, que l’Espagne et le Portugal admettent le droit des étrangers à naviguer dans leur « partie du monde ».

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Imprécision des distances, les unités de mesures à cette époque sont différentes au Portugal et en Espagne. De plus on ne sait pas si le point de départ est la façade est ou ouest de l'archipel du Cap-Vert

Sources[modifier | modifier le wikicode]

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