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Traite orientale des esclaves

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Un marché aux esclaves noirs au Yémem. Manuscrit arabe du XIIIe siècle

Les traites orientales des esclaves ont approvisionné en esclaves l'espace dominé par des peuples musulmans du milieu du VIIe siècle au début du XXe siècle (avec un maximum au XIXe siècle). Les traites orientales sont différentes de la traite occidentale menée par les Européens entre l'Afrique subsaharienne et l'Amérique.

Les esclaves provenaient de l'Europe méditerranéenne, de l'Afrique subsaharienne, du Caucase et des pays slaves. Les régions de destination de ces esclaves étaient l'Afrique du Nord (du Maroc à l'Égypte), la Corne de l'Afrique, le Moyen-Orient et les îles de l'océan Indien (Zanzibar, les Comores, La Réunion, île Maurice...)

Faute de documentation suffisante les historiens ne sont pas d'accord sur le nombre d'esclaves des traites orientales (de 8,5 à plus de 17 millions de personnes ont été réduites en esclavage pour fournir ces régions du monde pendant plus de treize siècles.1).

La plus grande partie des voyages des captifs se faisaient par voie terrestre, certains trafics se faisant par contre à travers la mer Rouge ou l'océan Indien.

Les besoins en hommes[modifier | modifier le wikicode]

Les pays asiatiques, africains et européens qui vont former le monde musulman ont connu l'esclavage dès l'Antiquité qu'ils aient été dirigés par l'Empire romain comme le Levant, l'Égypte ou le Maghreb ou pas, comme par exemple les pays de la péninsule arabique (où est apparu l'Islam) ou du monde persan. Le christianisme qui en partie a dominé des régions à partir de la conversion des empereurs romains au IVe siècle n'a pas fait disparaître l'esclavage.

Dès le VIIe siècle la conquête arabe (avec ensuite, après leurs conversions, des Syriens, des Berbères ou des Égyptiens) unifie ces pays autour de l'Islam. La loi musulmane (Fiqh el Charia) interdit de transformer ou de garder des musulmans comme esclaves. Pour échapper à l'esclavage, ou à l'impôt spécial (Jizya) et les discriminations frappant les non-musulmans en Terre d'Islam (dhimmis), nombre de peuples conquis se sont convertis à l'islam 2.

Carte des régions exportatrices et importatrices d'esclaves africains ainsi que les itinéraires de la traite.

Pourtant les besoins en main-d'œuvre augmentaient avec l'extension des conquêtes. Le recours à l'esclavage de personnes prises ailleurs que dans le monde musulman devenait donc nécessaire. Les musulmans reprirent donc les sources d'approvisionnement déjà utilisées par les Romains et avant eux les Égyptiens, les Carthaginois et les Grecs ; le monde slave, le Caucase. La piraterie des corsaires barbaresque (berbères) en Méditerranée et les razzias sur les côtes sud européennes (Cotes-d'azur, Corse, Italie, Espagne, Grèce) de cette mer fournirent des esclaves. Les Vénitiens ou les Varègues (Vikings d'Europe de l'est) vendirent des captifs européens (à l'époque encore des païens) aux musulmans. Ces esclaves européens étaient particulièrement recherchés en Afrique du Nord et en Égypte ou dans l'Espagne musulmane.

Les musulmans s'approvisionnèrent aussi en Afrique noire au sud du Sahara (à l'époque les populations y étaient animistes). Cependant l'expansion musulmane en Afrique orientale pose le problème de la traite des populations de ces régions qui se sont converties à l'islam. Beaucoup d'esclavagistes ne s'en préoccupaient pas, l'esclavage étant considéré comme la punition de l'Incroyant (Kafir) présent ou passé. Beaucoup considéraient aussi que les noirs, désignés comme les descendants de Cham fils de Noé (Nouah dans l'arabe coranique), payaient la grave faute commise par leur ancêtre biblique (dont pourtant l'histoire n'a rien à voir avec l'Afrique).

Le trafic des esclaves[modifier | modifier le wikicode]

Au Moyen Âge, les régions exportatrices d'esclaves étaient au sud du Sahara, le Kanen Bornou, la Nubie, puis l'Éthiopie, les côtes des Zang (Tanzanie et Mozambique).

Les fournisseurs étaient soit des Arabes organisant des expéditions de razzias soit des populations noires islamisées qui y trouvaient des ressources importantes. L'empire du Mali, l'empire du Ghana étaient esclavagistes et approvisionnaient l'Afrique du Nord. Toute une population vivait des profits de ce trafic, des villes prospéraient sur ce commerce, c'est le cas de Tombouctou. Pour les achats d'esclaves, les marchands se servent rarement de monnaies métalliques. Chaque esclave est évalué selon son sexe, son âge, son aspect, ses qualités supposées. Il est ensuite proposé à la vente contre un poids plus ou moins élevé de produits ou un certain nombre d'objets. Au Mali et au Songhaï, empire des steppes et de la savane, les chevaux servent souvent de monnaie d'échange. Ailleurs en Afrique noire, les trafiquants paient en petite vaisselle, en morceau de cuivre, en verroterie ou plus encore en coquillages, les cauris.

Les régions importatrices étaient, l'Espagne musulmane, la Sicile (longtemps possession musulmane), l'Arabie, la Mésopotamie, l'Inde et l'Insulinde (actuel archipel indonésien). Dès le IXe siècle, des plantations (en particulier la canne à sucre) sont créées en Mésopotamie. Il en sera de même au XVIe siècle au Maroc. Surtout en Orient, dans les harems en partie remplis de concubines noires, la surveillance des femmes est assurée par des eunuques noirs. Dans les déserts les esclaves travaillaient à la culture du palmier-dattier ou au creusement des foggaras. L'extraction de l'or dans les mines de Nubie ou la pêche aux perles en mer Rouge étaient aussi assurées par des esclaves.

Les convois d'esclaves, en direction du Nord de l'Afrique, sont souvent également des transports de marchandises, et se faisaient à travers le Sahara, avec étapes dans les oasis ou près des puits. La traversée durait d'un à trois mois, avec tous les dangers et les risques liés à la traversée du désert. Les itinéraires les plus longtemps empruntés sont la route partant du Sénégal pour joindre le Maroc en passant par la Mauritanie. C'est l'itinéraire le plus ancien. L'itinéraire reliant les têtes de pont de la boucle du Niger, Tombouctou et Gao au puits d'Araouane juste avant la traversée du désert est le plus fréquenté. Liée au pèlerinage des musulmans vers La Mecque, la route dite des 40 jours se développe dès le XVe siècle. Elle suit les régions du Sahel, par le Kanem (Tchad), l'Ouadaï (Tchad) et le Darfour pour relier Assiout sur le Nil Inférieur.

La mortalité était très forte, (jusqu'à 20% des effectifs certaines fois, soit au total plus de 1,5 millions de personnes). Ceux qui prenaient la voie maritime, se servaient des vents de la mousson pour atteindre l'Arabie, l'Inde et l'Insulinde.

Au XIXe siècle, la traite orientale s'intensifia. La culture des épices, comme le clou de girofle à Zanzibar 3 demandait beaucoup de main-d'œuvre. En 1834, l'île comptait 100 000 esclaves, soit les deux-tiers de la population. La mortalité est telle qu'il faut importer près de 10 000 nouveaux esclaves chaque année. Dans la première moitié du siècle, le pacha d'Égypte (en lutte contre le sultan turc, son suzerain), pour renforcer ses armées, y intègre des soldats noirs ; les travaux de modernisation et d'irrigation qu'il entreprend demandent aussi des esclaves. Les nombreuses guerres à connotation religieuse qui ravagent alors l'Afrique occidentale fournissent des prisonniers vendus comme esclaves.

Au début du XXe siècle, il existait plus de 4,3 millions de noirs esclaves en Afrique occidentale. Leur rôle économique n'était pas négligeable. Il y a encore peu, au Soudan, les noirs du sud (animistes ou chrétiens) étaient réduits en quasi esclavage par les musulmans du nord-Soudan avec l'accord du gouvernement central.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Les traites occidentales organisées par les Européens à partir de l'Afrique pour alimenter le travail forcé en Amérique, ont représenté 11 millions de personnes sur environ 3 siècles et demi (La documentation sur cette autre traite esclavagiste est beaucoup plus importante et grâce aux livres de comptes laisser par les esclavagistes transatlantiques; l'estimation est beaucoup plus précise).
  2. Dans le Coran, il n'y a aucune justification de l'esclavage ou de la traite et on encourage les affranchissements (et il est en théorie obligatoire pour tout esclave musulman). Le premier muezzin désigné par Mahomet pour l’appel à la prière (Adhan) est un esclave noir du nom de Bilal originaire d’Éthiopie que Mahomet a affranchi.
  3. de Zenj et bahr, deux mots arabes qui signifient littoral des Noirs

Source[modifier | modifier le wikicode]

  • sur Wikipedia [1]
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