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Les Très Riches Heures du duc de Berry

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Les Très Riches Heures du duc de Berry
Un feuillet des Très Riches Heures, avec texte latin enluminé et miniature représentant l'attaque d'une ville.
Un feuillet des Très Riches Heures, avec texte latin enluminé et miniature représentant l'attaque d'une ville.
Titre Les Très Riches Heures du duc de Berry
Date de sortie 1411-1416
années 1440
1485-1486
Pays France
Genre Religion
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Les Très Riches Heures du duc de Berry sont un livre manuscrit de la fin du Moyen Âge, connu pour ses enluminures exceptionnelles. C'est un livre d'heures, rappelant les prières et les diverses tâches à accomplir tout au long de l'année. Il est conservé au musée Condé, à Chantilly en France.

L'ouvrage a été commandé par le duc Jean Ier de Berry aux frères Paul, Jean et Herman de Limbourg vers 1410-1411. Il a été complété dans les années 1440, puis achevé en 1486.

Le livre, de format 29 x 21 cm, comporte plusieurs sections enluminées. La partie la plus connue est le calendrier, dont chaque mois est illustré par une enluminure montrant des personnages en activité devant un château célèbre ou un paysage symbolique.

Avec des couleurs lumineuses, il choisit de montrer une autre facette de la vie médiévale : celle des paysans.

Le chef-d’œuvre des Très Riches Heures résulte d'un long travail d’équipe.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Jean de France, duc de Berry, le « Prince bibliophile », comme on le surnomme, est né en 1340. Il est le troisième fils du roi de France Jean II le Bon. Il devient duc de Berry à l’âge de vingt ans. Avec sa fortune et ses richesses, il peut faire travailler les meilleurs artistes et peut assouvir sa passion de collectionneur. Il possède au total dix-sept châteaux qu’il embellit sans cesse.

Son immense bibliothèque est particulièrement extraordinaire : on y trouve au total trois cents ouvrages assez rares et des chroniques historiques.

Le duc de Berry commande aux trois frères enlumineurs, Paul, Jean et Hermann deux somptueux livres de prières. Ils commencent les Très Riches Heures en 1413.

En 1416, les trois frères de Limbourg et le duc de Berry meurent de la peste, laissant le manuscrit inachevé. Un peintre anonyme reprend le flambeau vers 1440, puis l'ouvrage est achevé en 1486 par le peintre Jean Colombe.

Ayant miraculeusement traversé les siècles, le précieux manuscrit est acheté en 1855 par le duc d'Aumale. Puis le château du duc d'Aumale est devenu le musée Condé à Chantilly où le livre se trouve toujours. Il est un des plus beaux fleurons des collections du musée.

Le calendrier[modifier | modifier le wikicode]

Les trois frères décident d’enluminer le calendrier des Très Riches Heures avec une enluminure par page qui représente un mois de l’année. Ces enluminures montraient les occupations principales du peuple en fonction des saisons. En arrière-plan des enluminures sont représentés les châteaux du duc de Berry, avec des scènes de la vie quotidienne au Moyen Âge.

Janvier[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois de janvier: le capricorne et le verseau.

La miniature témoigne de l'ambiance festive qui entoure la naissance de Jésus (de Noël à l'Épiphanie)

Le duc de Berry est assis en bas à droite, dos à la cheminée : il est habillé de bleu et coiffé d'un bonnet de fourrure. Ceci veut donc représenter sa richesse car ce matériau ne se trouvait pas aux alentours.

Il invite ses proches à une table bien garnie : derrière lui figure l'inscription aproche aproche, c'est-à-dire « Approche, approche ! ». Plusieurs familiers du duc se dirigent donc vers lui. Pendant ce temps, des serviteurs sont au travail : des échansons servent à boire ; au centre, deux écuyers tranchants (serviteurs qui coupent les mets) sont vus de dos ; au bout de la table s'affaire un panetier (qui coupe et sert le pain).

Au-dessus de la cheminée figurent les armes de Jean de Berry, « d'azur (= bleu) semé de fleurs de lys d'or (= jaune), à la bordure engrêlée de gueules (= rouge) », avec deux petits ours et des cygnes blessés, emblèmes du duc. On voit aussi des animaux de compagnie : deux petits chiens sur la table et un lévrier au sol.

La tapisserie du fond de la salle représente des scènes de batailles, peut-être des épisodes de la guerre de Troie.

Selon les historiens, la scène pourrait se dérouler le 6 janvier 1414, à Paris, lors de l'Épiphanie.

Février[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois de février : le verseau et les poissons.

Cette fois, une scène de vie à la campagne en plein hiver, dans une ferme, à l'intérieur d'un enclos. Dans la salle commune, trois personnages et un chat gris se chauffent devant le feu. La basse-cour montre une bergerie, avec un troupeau de moutons bien serrés les uns contre les autres ; des pies sont venues picorer ; une carriole, des tonneaux, quatre ruches, un pigeonnier et une meule de foin complètent cet ambiance d'hiver, recouvert d'une couche de neige.

Trois autres personnages travaillent à l'extérieur, au second plan : l'un rentre chez lui en soufflant dans ses mains, un autre, dans la forêt, abat un arbre, des petites branches à ses pieds ; le troisième conduit un âne chargé de bois vers le village voisin, en arrière-plan.

Les critiques attribuent cette scène à Paul de Limbourg : il s'agit, font-ils remarquer, d'un des tout premiers paysages de neige de l'histoire de la peinture. La composition du tableau entraîne l’œil depuis l'intimité de la maison par la courbe de la clôture, jusqu'aux personnages au travail et au village, à l'horizon, dominé par le clocher de sa petite église.

Mars[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois de mars : les poissons et le bélier.

La scène se déroule au pied du château de Lusignan, dans le Poitou, propriété du duc de Berry. À droite, au-dessus de la tour, un dragon ailé représente la fée Mélusine, qui fut, selon la légende, à l'origine du château. Celui-ci a par la suite été démantelé et ses pierres récupérées : de nos jours, il a entièrement disparu.

Les beaux jours sont revenus et c'est le moment de tous les travaux agricoles. Au premier plan, un paysan âgé laboure un champ, en vue d'y semer les céréales de printemps. Il utilise une charrue à versoir à deux roues, tirée par deux bœufs.

Des vignerons, dans l'enclos de gauche, taillent la vigne ; ils retournent le sol à l'aide d'une houe.

Un homme, à droite, puise le grain qu'il va semer dans son champ. Plus loin, un berger mène son troupeau, accompagné de son chien.

L'auteur de la miniature est probablement Paul de Limbourg, mais le dessin de la charrue semble avoir été repris par l'atelier de Jean Colombe. La composition est organisée en X, avec une fontaine gothique au carrefour. Le château fort semble redoutable, occupant toute la largeur de l'image avec ses créneaux et ses tours.

Avril[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois d'avril : le bélier et le taureau.

La miniature montre une scène de fiançailles : au premier plan, un couple échange des anneaux devant deux témoins et un autre personnage, représenté en arrière. Il pourrait s'agir des fiançailles de Bonne d'Armagnac, petite-fille de Jean de Berry, fiancée à Gien, le 18 avril 1410, avec Charles d'Orléans, neveu du roi Charles VI et par ailleurs bien connu dans la littérature pour son œuvre poétique.

Deux suivantes cueillent des fleurs, qui ne sont pas figurées. À droite, un édifice à créneaux est entouré d'un mur enserrant un verger.

Maquette du château de Dourdan.

Le château, à l'arrière-plan, au pied duquel deux pêcheurs pêchent au filet dans un étang, est souvent désigné comme le château de Dourdan, au pied de l'Orge (rivière). Cette forteresse, construite par Philippe Auguste en 1222, a été la propriété de Jean de Berry à partir de 1400.

Jean de Limbourg pourrait être l'auteur de cette miniature.

Mai[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois de mai : le taureau et les gémeaux.

Le 1er mai avait lieu traditionnellement une cavalcade : des jeunes gens partent à cheval, en forêt, précédés de trompettes, chercher des rameaux qu'ils porteront sur leur tête ou autour du cou. À cette occasion, les dames arborent une longue robe verte. De fait, plusieurs personnages portent dans leur coiffure des feuillages, auxquels on prête des effets bénéfiques.

Mais cette vue rappellerait aussi le mariage de Jean Ier de Bourbon qui, en 1410, venait d'accéder à la couronne ducale, et de Marie de Berry, fille du duc de Berry. L'identification des personnages serait confirmée par la présence, sur les harnais des chevaux, de cercles d'or à sept petits disques, emblème de la maison de Bourbon.

L'édifice, en arrière-plan, est certainement le palais de la Cité, à Paris, avec le Grand Châtelet (à gauche), la Conciergerie et la tour de l'Horloge, de forme rectangulaire.

Juin[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois de juin : les gémeaux et le cancer.

Les travaux agricoles continuent avec une scène de fenaison. Le palais de la Cité, à Paris, est, cette fois, aisément identifiable, en bord de Seine, avec la Sainte-Chapelle, la tour de l'Horloge et d'autres éléments de fortifications caractéristiques, comme la tour d'Argent et la tour César, qui existent toujours.

Au premier plan, une femme râtelle du foin ; une autre le met en tas à l'aide d'une fourche. Trois faucheurs coupent l'herbe à l'aide de faux, de manière méthodique. D'autres personnages s'affairent sur le fleuve et aux abords du palais, sur une poterne et un escalier couvert.

Il peut s'agir de la suite de la scène de mai et de la cérémonie du mariage qui s'est déroulée dans ce palais. La composition est en courbe, du coin inférieur gauche vers l'horizon. La miniature pourrait être attribuée à Paul de Limbourg, achevée par Jean Colombe. Le palais de la Cité semble représenté dans son état de 1440.

Le palais de la Cité, pendant les travaux de 1858 : de gauche à droite, la tour de l'Horloge, les tours d'Argent et César, la tour Bonbec.

Juillet[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes signes astrologiques du mois de juillet : le cancer et le lion.

Juillet est le mois des moissons et de la tonte des moutons. Dans une composition en diagonale, deux personnages tondent la laine à l'aide de forces, tandis que deux autres, au-delà d'un ruisseau bordé de saules, fauchent les blés, parsemés de bleuets et de coquelicots, à l'aide d'un volant (longue faucille avec un manche en angle) et d'une baguette, qui sert à dégager un paquet de tiges avant de le couper.

Un château fort triangulaire occupe l'arrière-plan : il pourrait s'agir de celui de Poitiers, propriété du duc de Berry, au bord du Clain. La miniature pourrait être l’œuvre de Paul de Limbourg.

Août[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois d'août : le lion et la vierge.

Au premier plan, une noble troupe à cheval part pour la chasse : c'est une scène de fauconnerie. En tête, le fauconnier tient ses oiseaux au poing, ainsi qu'un long bâton. Il porte à la ceinture un leurre en forme d'oiseau pour inciter les faucons à revenir. Des chiens accompagnent le cortège. Trois hommes du cortège portent également un oiseau : épervier ou faucon.

Au second plan, un paysan fauche un champ, un autre réunit les épis en gerbes, tandis qu'un troisième les charge sur une charrette tirée par deux chevaux. D'autres personnages se baignent dans la rivière.

La tour Guinette, dernier reste du château d’Étampes, démantelé en 1589.

Le duc de Berry avait acquis le château d'Étampes en 1400. Derrière les remparts, on distingue bien le donjon quadrilobé appelé tour Guinette, qui existe toujours. Le duc de Berry offrit le château à Charles d'Orléans, mari de sa petite-fille Bonne d'Armagnac : le couple est vraisemblablement représenté à gauche, le duc de Berry sur le cheval blanc et le duc et la duchesse d'Alençon à droite.

La miniature est probablement de Jean de Limbourg, mais la scène centrale a peut-être été reprise vers 1440.

Septembre[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois de septembre : la vierge et la balance.

Le mois de septembre est illustré par une scène de vendanges devant le château de Saumur, bien connu et parfaitement conservé de nos jours.

Cette miniature appartient à une série plus récente que les précédentes. Elle a certainement été exécutée en deux temps : le château qui constitue ici le sujet principal serait de la main du peintre de 1440, tandis que la scène de vendanges serait un ajout plus tardif de Jean Colombe.

Le château de Saumur, avec ses vignes.

Le château de Saumur est bien reconnaissable, mais l'artiste a voulu lui donner une silhouette plus élancée que la réalité. Il a fière allure, avec ses tours coiffées de girouettes à fleurs de lys ! Devant le château, on distingue une lice, lieu habituel des tournois, avec sa barre centrale de séparation et son muret de protection en treillage.

Pas moins de cinq personnes cueillent le raisin, tandis qu'un homme et une femme enceinte se reposent ou goûtent les grappes. Celles-ci sont collectées dans des paniers qui sont vidés dans des hottes portées par des mulets. Les hottes sont déversées dans des cuves, chargées sur des charrettes tirées par des bœufs. On ne procède pas autrement aujourd'hui.

Octobre[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois d'octobre : la balance et le scorpion.

Octobre est le mois des semailles. Un homme sème à la volée, tandis qu'un autre passe la herse, alourdie par une grosse pierre plate. La couverture du cheval est découpée en lanières pour écarter les insectes. Un épouvantail déguisé en archer et des plumes tendues sur des fils sont censés éloigner les oiseaux, mais des pies et des corneilles picorent néanmoins les graines qui viennent d'être semées.

À l'arrière-plan figure la seule représentation précise du Louvre de Charles V dont nous disposions. On voit, au centre, le donjon circulaire construit par Philippe Auguste, avec la façade orientale du château, à droite, et les deux tours qui encadrent le pont-levis. À gauche, la façade méridionale est représentée avec ses deux tours jumelées. Devant le château, l'enceinte est ponctuée de trois tours et deux bretèches. Sur le rivage de la Seine, des promeneurs conversent par petits groupes. On distingue de minuscules petits chiens et des barques amarrées à la berge.

Plan du Louvre de Charles V le Sage, avec le donjon central de Philippe Auguste. (le nord est en bas)

La miniature est probablement attribuable aux frères de Limbourg, mais certains éléments ont pu être repris en 1440.

Novembre[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois de novembre : la scorpion et le sagittaire.

La glandée est une ancienne coutume : c'est le droit accordé aux paysans de ramasser les glands, fruits du chêne, comme nourriture pour leurs animaux. Un porcher est ici accompagné d'un gros chien : il fait paître un troupeau de porcs dans un bois de chênes. On voit les glands à terre. Deux autres personnages battent les branches à l'aide d'un bâton pour faire tomber les glands ou d'autres fruits de la forêt. Le droit de pratiquer la glandée (ou paisson) était généralement accordé pour la période allant de la Saint-Rémi (1er octobre) à la Saint-André (30 novembre).

On aperçoit à l'arrière-plan un château indéfini, accroché à des rochers qui rappellent les paysages de Savoie, ainsi qu'une rivière ou un lac, au pied des montagnes.

La miniature a été réalisée vers 1485 : elle est attribuée à Jean Colombe.

Décembre[modifier | modifier le wikicode]

La partie haute de la miniature présente les signes astrologiques du mois de décembre : le sagittaire et le capricorne.

Le peintre termine l'année par une scène de vénerie à Vincennes. Le bois de Vincennes est alors une vaste forêt, théâtre des chasses à courre des rois de France. C'est l'instant de la curée : un chasseur sonne l'hallali et les chiens dépècent le sanglier.

Au fond se dessinent les hautes tours du château de Vincennes, lieu de naissance du duc Jean de Berry. Le donjon, achevé par Charles V, est la résidence la plus sûre des souverains français. Le dessin de l'immense château fort est aussi exact que possible : les portes monumentales et les tours d'enceinte sont toutes représentées avec précision. De nos jours, leur hauteur est moindre, les tours d'angles ayant été arasées au XVIIIe siècle pour une meilleure efficacité des pièces d'artillerie.

Certains critiques attribuent la miniature du mois de décembre à Paul de Limbourg, alors que d'autres y voient plutôt la main du peintre de 1440.

Château de Vincennes : tour d'angle et entrée principale, dite « tour du Village ».

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Les Très Riches Heures du duc de Berry : Petit Léonard (N°066) . Petit Léonard, 01-01-2003, 066
Article mis en lumière la semaine du 23 septembre 2013.
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Source : cette page a été partiellement adaptée de la page Les Très Riches Heures du duc de Berry de Wikipédia.