Terreur blanche de 1815

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
Aller à la navigation Aller à la recherche

Après l'épisode napoléonien des Cent-Jours, la terreur blanche de 1815 est une période où les royalistes français, profitant de la défaite définitive de Napoléon à Waterloo le 18 juin 1815, prennent leur revanche sur les anciens révolutionnaires et les partisans du Premier Empire. Dans un premier temps il s'agit d'actions violentes provoquées par des groupes de royalistes ultras en dehors de tout contrôle gouvernemental. Puis pour freiner ces actions « spontanées », le gouvernement du roi Louis XVIII prend des mesures légales de condamnation à mort qui visent des personnalités révolutionnaires et bonapartistes mais également réduisent les libertés publiques.

La terreur blanche d'origine populaire[modifier | modifier le wikicode]

Après 15 ans de révolution les Français restaient tout autant divisés que dans les années 1789-1795. Une partie de l'opinion n'acceptait toujours pas les changements apportés depuis 1789. La Terreur de 1793-1794 exercée par les républicains Montagnards pour faire face à l'invasion étrangère et à la guerre civile avait en partie détruit l'opposition royaliste, mais celle-ci continuait clandestinement dans l'ouest et le sud-est de la France.

Les mesures rigoureuses prises par le régime napoléonien pour étouffer toute opposition et ses efforts de fusion entre les élites issues de la période révolutionnaire et les nobles de l'Ancien régime qui acceptaient de collaborer, n'avaient que masqué la division profonde qui existait.

De vieilles haines entre catholiques et protestants (en particulier dans le sud-est de la France) resurgissaient : depuis 1790 le catholicisme avait perdu sa place de religion d'État et il y avait désormais la liberté de pensée et de culte pour toutes les confessions chrétiennes ou non-chrétiennes (comme le judaïsme).

Après la chute de Napoléon, 60 départements français étaient envahis et occupés par les troupes prussiennes, autrichiennes et russes.

À Marseille, les 25 -26 juin 1815, une semaine après Waterloo, une partie de la population massacra les officiers bonapartistes et les Mamelouks (soldats d'origine égyptienne) qui avaient été ramenés par Bonaparte en 1799 à l'issue de l'expédition d'Égypte, il y eut plus de 200 morts. À Avignon, le 2 août, le maréchal Brune qui un mois après la chute de l'Empire avait maintenu le drapeau tricolore à Toulon est assassiné par les royalistes, son corps mutilé est jeté dans le Rhône. À Toulouse, le général Ramel qui commandait les troupes royales mais qui avait voulu réprimer les actions violentes des « Verdets » (royalistes qui comme signe de ralliement portaient à leurs chapeau ou à la boutonnière la cocarde verte, emblème du comte d'Artois, le frère et héritier du roi Louis XVIII) est également assassiné le 15 août. À Nîmes les patrons protestants sont attaqués par leurs ouvriers catholiques ; il y eut plus de 80 morts ; la situation est telle que les troupes d'occupation autrichiennes doivent intervenir contre les émeutiers royalistes.

La terreur gouvernementale[modifier | modifier le wikicode]

L'exécution du maréchal Ney en décembre 1815

Le gouvernement sur la pression des députés nouvellement élus doit sévir contre les partisans de la République et de l'Empire. Les élections législatives d'août 1815, envoient à la chambre des députés plus de 350 ultra-royalistes (sur 393 députés)1. La plupart des élus sont des provinciaux propriétaires ruraux, beaucoup sont d'anciens nobles ayant quitté la France pendant la Révolution et l'Empire. Très hostiles aux idées révolutionnaires ils avaient peu de compétences politiques. Ils obéissent au comte d'Artois, le frère du roi. Selon un mot du roi Louis XVIII, ils formaient la « chambre introuvable ».

Dès que la chambre se réunit, elle impose le départ des ministres de Napoléon qui avaient pourtant négocié le retour de la monarchie. Joseph Fouché, pour se faire pardonner son action terroriste et 1793-1794, et son action très efficace la tête du ministère de la police pendant une grande partie de l'Empire, avait dressé une liste de ses anciens amis fin qu'ils soient éliminés. Il doit cependant s'exiler car il a voté la mort de Louis XVI en janvier 1793. Il en est de même pour Lazare Carnot, Cambacérès, le peintre Louis David tous des régicides...

Seize généraux qui en 1814 avaient prêté le serment de fidélité au roi Louis XVIII mais qui s'étaient ralliés à Napoléon au printemps 1815 pendant les Cent-Jours, sont jugés par des tribunaux de guerre et condamnés à mort. Le général La Bédoyère, le premier officier supérieur à s'être rallié à Napoléon pendant les Cent-Jours, est exécuté le 15 août. Le maréchal Ney (condamné par la Cour des pairs où siègent d'anciens militaires et fonctionnaires de l'Empire) est fusillé le 7 décembre. Le maréchal Soult parvient à se cacher dans le Massif Central. La Valette, ancien directeur général de la Poste est sauvé par sa femme qui parvient à le faire évader de sa prison en prenant sa place.

Le gouvernement présidé par le duc de Richelieu, crée des tribunaux spéciaux, les cours prévôtales, qui pourchassent les ennemis supposés de la restauration monarchique. Plus de 70 000 personnes sont arrêtées.

La loi de Sûreté Générale votée le 31 octobre 1815, suspend la liberté individuelle et permet de poursuivre et de détenir sans jugement les suspects.

Une vaste épuration sévit dans la fonction publique, où le quart des fonctionnaires ayant exercé pendant l'Empire sont exclus (ce qui va permettre de donner des postes aux Émigrés qui ont perdu une grande partie de leurs revenus avec la confiscation puis la vente de leurs biens pendant la Révolution).

C'est sous la pression des ambassadeurs des puissances occupantes (Prusse, Autriche, Russie) qui craignent que les excès des ultras royalistes ne provoquent un mouvement révolutionnaire qui chasserait une fois de plus les Bourbons, que le roi dissout la chambre introuvable en septembre 1816.

Référence[modifier | modifier le wikicode]

  1. pour une population d'environ 26 millions d'habitants, mais les femmes ne votaient pas, il y avait moins de 100 000 électeurs. Ils devaient payer un impôt direct de plus de 300 francs, seuls pouvaient être élus ceux qui payaient plus de 1 000 francs d'impôt direct, ce qui était une somme considérable.
Icone chateau.png Portail de l'Histoire —  Toute l'Histoire, de la préhistoire, jusqu'à aujourd'hui.
Francestubmap.png Portail de la France —  Accéder au portail sur la France !