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Takrouna

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Vue de Takrouna.

Takrouna est une ville tunisienne construite sur un rocher culminant à 200 mètres d’altitude et dominant une plaine environnante avec vue sur le Golfe d’Hammamet, Hergla Sousse à l’est, le Djebel Zaghouan au nord et la plaine de Kairouan au Sud.

En passant sur la route de Zaghouan à Enfida et 5 km, avant d’atteindre cette dernière station vous rencontrez à votre droite Takrouna. C’est un village berbère plusieurs fois millénaire. Son nom veut dire petit col dans la langue morte des autochtones et cela explique exactement sa situation géographique. Ce hameau est juché sur un gigantesque roc majestueusement dressé au milieu d’une plaine infinie.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Le passant se voit malgré lui attiré par merveilleuse position de cette Dachra. Au milieu du 19ème siècle, un voyageur français, M. Guérin visita Takrouna, y passa la nuit et lui légua dans ses mémoires une description enthousiaste.

Comment étaient à cette époque Takrouna et ses habitants ? Les flancs de ce hameau étaient couverts d’une végétation luxuriante. Une vieille plantation de cactus serrés, parsemée ça et là d’oliviers sauvages et caroubiers formait le fond du tableau. Des  églantines aux longues et innombrables ramifications s’étendaient et s’élançaient autour des arbres.

Sous cet enchevêtrement plein de fraicheur, narguant le soleil desséchant, poussait le tendre gazon et la lavande et le thym exhalaient leurs odeurs suaves.

Deux ou trois sentiers embragés donnaient accès au village. On y respirait à plein poumons la vie même, la vie enchanteresse, la vie libre et sauvage.

Les habitants étaient tous de grands "fellah" et des apiculteurs renommés dans tout le Nord de l’Afrique et même à Jérusalem d’après un prisonnier de guerre « Ya machi L’Takrouna T’gib El Assel firrouani » : « Ô toi qui vas certainement revenir avec  tes sacs pleins de miel » était depuis longtemps une expression courante dans le pays.

À mi-coteau Retbet (aire à silos). Enesbsi et Retbet Sidi Salah servaient de dépôts de grains aux gens de Takrouna. Il existe actuellement des silos en grand nombre taillés dans le roc, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des maisons. Des myriades de quintaux de blé et d’orge étaient ainsi enfouies chaque année au sein de la terre en provision des années de mauvaises récoltes si redoutées alors.

Arrive une disette et tout le monde d’accourir vers l’heureux village pour s’approvisionner à crédit. On y venait de bien loin et toujours on s’en retournait satisfait à sa famille affamée faute de sentences. Chaque fellah de Takrouna inscrivait ses avances aux nécessiteux sur un registre ordinaire mais par un notaire du pays.

C’est ainsi qu’aujourd’hui, on trouve à Takrouna des dizaines de ces registres sur lesquels sont portés des centaines de milles piastres restant impayées.

Jadis, des Takrouniens n'arrivaient jamais à dénombrer leurs troupeaux de vaches de brebis de chèvres qu’ils possédaient par moitié avec toutes les tribus voisines.

Apiculteurs, les Takrouniens  possédaient des ruchers comprenant des centaines des ruches et à chaque saison, ils inondaient de leurs produits les marchés de Sousse Nabeul Zaghouane et Tunis. Apprenait-on qu'un mariage devait avoir lieu dans une tribu voisine alors on voyait dix ou quinze cavaliers richement parés montés sur des chevaux fringants descendre du village pour aller satisfaire leur passion pour l’art de l’équitation. « Aujourd’hui ils sont dix sur un âne ».

Takrouna comptait plusieurs officiers supérieurs dans l’Armée beylicale. On venait de tous les villages et toutes les tribus pour consulter ses savants notaires qui étaient autorisés par les beys à élire étude partout où ils passaient même à Tunis.

C’était à Takrouni encore qui était le Secrétaire et la Cheville Ouvrière du Conseil de l’importance tribu des Oulad Said dont le grand Belouar était le chef. Takrouna fut un centre intellectuel riche peuplé et hospitalier.

L’écrivain et folkloriste Abderrahmen Guiga natif de Takrouna a compté en collaboration avec William Marçait une collection de littérature orale textes arabes de Takrouna parue en huit tomes. Son fils Tahar Guiga lui aussi natif de Takrouna collabore avec son père à l’édition en arabe et à la traduction en français de travaux sur la geste hilalienne et poursuit par ailleurs une carrière politique d’écrivain en langue arabe.

Culture[modifier | modifier le wikicode]

Le nom du village apparait dans le titre de la compilation de littérature orale du folkloriste Abderrahmen Guiga dès son premier livre en 1925 et dans chacun des huit tomes suivants1

Le village a été le lieu de tournage du film Sabra et le monstre de la foret de Habib Mselmani.

Le peintre Ali Bellagha a réalisé l’écomusée Dar Gmach dans le village.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Livre: L’angonie d’un village berbère en Tunisie TAKROUNA.
  2. Takrouna sur wikimedia Commons
  3. https://youtu.be/FfaZn2CyfIo
  4. https://youtu.be/Tb_0ii8l_Ag
  1. William Marçais et Abderrahmen Guiga Textes arabes de Takrouna  Paris Paul Geuthner/Centre national de la recherche scientifique 1958-1961 4453 p
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