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Soulèvement du 18 mars 1871

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Quelques uns des canons entreposés sur la Butte Montmartre. Ici pendant le siège de Paris par les Allemands

Le 18 mars 1871, une partie des Parisiens, ceux des quartiers nord et est, où résident la plus grande partie des classes populaires, se révoltent contre le gouvernement légal de la France présidé par Adolphe Thiers. Ces Parisiens, qui viennent de subir un long siège de la part des armées allemandes refusent que le gouvernement les désarment en leur enlevant les canons dont ils ont financés la fabrication. La plus grande partie des canons sont entreposés sur la butte Montmartre.

Les insurgés, rejoints par une partie des soldats des troupes régulières qui se sont mutinés, empêchent l'armée d' enlever les canons, fusillent deux généraux et élèvent des barricades. Le gouvernement abandonne la ville, se replie sur Versailles où le 20 mars vient siéger l'assemblée nationale élue le 8 février 1871, cette assemblée est dominée par les royalistes conservateurs, voire réactionnaires. C'est en fait la première manifestation de la Commune de Paris, qui va durer jusqu'à sa défaite finale le 28 mai 1871.

Pour la chronologie des évènements qui conduisent au soulèvement, lire :

Les Parisiens mécontents des dirigeants politiques républicains et monarchistes[modifier | modifier le wikicode]

Les tanneries de la rue de la Bièvre à Paris dans les années 1860. La Bièvre est à cette époque encore à "ciel ouvert".

Le Second Empire a été une période de grand développement de l'industrie. Paris, jusque là ville d'artisans spécialisés dans les industries du luxe devient une ville industrielle. Les travaux d'aménagement de la ville entrepris sous le Second Empire chassent des quartiers centraux les classes populaires qui se retrouvent concentrées dans les quartiers périphériques, où les usines ont la place pour s'installer. La ville connait alors une ségrégation spatiale : les beaux quartiers à l'ouest, les quartiers populaire au nord et à l'est. Ces quartiers périphériques (Montmartre, Belleville...) seront rattachés administrativement à la ville sous le Second Empire. La vie ouvrière est très dure, si la grève est autorisée à partir de 1864, l'association syndicale est interdite. Mais la vie politique est intense. À côté des révolutionnaires jacobins (les blanquistes ) souhaitant le rétablissement de la République et ont pour référence la Révolution française de 1789 (du moins sa période montagnarde de 1793-1794) on trouve des socialistes-internationalistes voulant des réformes sociales de grande ampleur, ils sont rattachés à l' Association internationale travailleurs, dont le siège est à Londres.

Artillerie allemande bombardant Paris en janvier 1871

La guerre déclenchée par le Second Empire en juillet 1870 est perdue et l'empereur Napoléon III est fait prisonnier à Sedan le 2 septembre. La République est proclamée le 4 septembre par des députés parisiens (surtout des républicains modérés). Les armées républicaines constituées pour continuer la guerre malgré leurs efforts ne parviennent pas à rétablir la situation militaire. Paris est encerclée dès le 19 septembre et est soumise à un siège très dur : pas de ravitaillement, pas de travail et misère dans les classes populaires auxquels s'ajoutent les bombardement de l'artillerie allemande du 5 au 26 janvier 1871. Les nombreuses tentatives pour briser l'encerclement par l'ennemi sont des échecs et les Parisiens accusent le gouvernement républicain de la défense nationale de mollesse voire de mauvaise volonté ou de trahison dans sa lutte contre les Allemands. Des manifestations contre le gouvernement républicain ont eu lieu les 31 octobre 1870 puis le 22 janvier 1871 elles ont toutes échoué mais ont affolé aussi bien les provinciaux que les républicains modérés. Le gouvernement de la défense nationale signe les préliminaires de paix le 28 janvier. Le gouvernement ordonne la capitulation de Paris pour le 29 janvier 1871. Il est prévu que la capitale sera en partie occupée par les armées allemandes pendant quelques jours (en fait du 1er au 3 mars).

L'Assemblée nationale élue en 1871, à majorité monarchiste, avec 396 députés monarchistes (en bleu) sur 768 — 214 orléanistes et 182 légitimistes.Les républicains (rose et rouge). Les centristes (en jaune, les bonapartistes en vert.

Les élections du 8 février 1871 pour la formation d'une assemblée nationale pouvant signer la paix avec les Allemands sont une grande déception pour les Parisiens. Si ceux-ci ont voté massivement pour les républicains et la continuation de la guerre et l'établissement de la République, les électeurs provinciaux ont élu en très grand nombre des députés pacifistes désirant signer au plus vite possible la paix avec les Allemands et souhaitant rétablir la monarchie. Cette assemblée réunie d'abord à Bordeaux le 12 février vote le 10 mars son transfert à Versailles ce qui est vécu comme un affront par les Républicains parisiens. Le 17 février l'assemblée nomme Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif de la République (régime considéré comme provisoire) celui-ci vient s'installer immédiatement à Paris.

Paris une menace pour l'ordre social et la paix ?[modifier | modifier le wikicode]

Le siège de Paris. Tableau d'Ernest Meissonnier. Au centre la ville de Paris entourée de défenseurs, de blessés et de morts, défie fièrement l'aigle prussien juché sur le spectre de la mort (à gauche).

Pendant le siège instauré par les Allemands les Parisiens s'étaient dotés d'un armement important. Ils disposent de près de 400 pièces d'artillerie (dont ils ont financé la fabrication grâce à une souscription) et d'un important stock d'armes. Une partie de la population est enrôlée dans la Garde nationale, ce qui lui permet de percevoir une solde, qui constitue souvent son seul revenu du fait de la fermeture des commerces et des ateliers … Il y a environ 200 000 hommes dans la Garde nationale parisienne, ils sont répartis dans 215 bataillons. Leur commandant en chef est nommé par le gouvernement. Ces « militaires » n'ont pas l'impression d'avoir failli à leur devoir puisque la capitulation du 27 janvier leur a été imposée par le gouvernement qui veut rapidement faire la paix. Beaucoup d'entre eux ont le sentiment d'avoir été trahi par le gouvernement (républicain). Le 3 mars la Garde nationale s'organise en créant un comité exécutif central de la Garde nationale, décide de ne reconnaître pour chef que ceux qu'elle a élus et refuse d'obéir au général Aurelle de Paladines nommé par le gouvernement.

le 26 février, a Garde nationale rassemble ses canons à Belleville et à Montmartre (quartiers à l'est et au nord de la capitale) pour les mettre hors de la portée des troupes allemandes qui doivent entrer dans Paris et s'installer dans les « beaux » arrondissements de l'ouest parisien.

Par soucis de revenir à une situation économique et sociale « normale » (celle d'avant la guerre) l'assemblée installée à Bordeaux vote des mesures qui apparaissent comme des provocations pour les Parisiens les plus en difficultés. Les indemnités payées à chaque garde national qui ne peut prouver qu’il estt incapable de travailler sont supprimées, c'est une perte de revenu pour des milliers de Parisiens. Les arriérés de loyer et toutes les créances commerciales qui avaient été suspendues pendant le siège doivent être réglés dans les 48 heures. Les petites commerçants, les artisans qui utilisent couramment ces procédés bancaires pour avoir une trésorerie sont menacés de faillite donc de perdre leurs outils de travail mais aussi d'être conduits en prison pour dettes. Provocation politique l'assemblée, dominée par les royalistes, choisit de s'installer à Versailles, le siège de la monarchie pendant deux siècles, et refuse de siéger à Paris jugé trop républicain.

Conscient du mécontentement profond et grandissant des Parisiens et du danger représenté par la Garde nationale le gouvernement Thiers, tente de la désarmer. Il faut que Paris soit "sûr" avant que l'assemblée vienne à Versailles. Le 8 mars, l'armée régulière échoue à enlever de force les canons installés à Montmartre ; elle renouvelle l'opération le 16 mars pour les canons installés place des Vosges mais échoue à nouveau.

Le soulèvement du 18 mars[modifier | modifier le wikicode]

Le plan de Thiers[modifier | modifier le wikicode]

Adolphe Thiers vers 1870. Photographie de Nadar.

Le 16 mars, le gouvernement Thiers s'installe à Paris. Le 17 au soir, en présence de Jules Ferry (maire de Paris), le gouvernement réunit au ministère des Affaires étrangères (quai d'Orsay) organise les opérations militaires destinées à reprendre les canons de la Garde nationale. L'armée régulière (en partie reconstituée grâce aux soldats prisonniers de guerre libérés par les Allemands) va investir totalement Paris.

Deux brigades (commandées par les généraux Paturaux et Lecomte) d'environ 4 000 hommes (soldats de l'armée régulière (les lignards) , gardes républicains, gardiens de la paix armés, appuyé par des mitrailleuses) doivent s'emparer des canons stationnés à Montmartre. Afin d'empêcher d'éventuelles réactions violentes de la part des Parisiens, la division du général Faron, soit environ 6000 hommes doit s'installer sur les Buttes-Chaumont afin de contrôler les quartiers populaires de Belleville et de Ménilmontant et occuper les gare de l'Est et du Nord, situées dans l'est parisien. La division commandée par le général de Maud'huy doit occuper l'hôtel de ville, la place de la Bastille, l’île de la Cité, le pont d'Austerlitz et le port de l'Arsenal. Le général Valentin, préfet de police de Paris, dispose des gardes républicains installés dans les casernes Lobau et de la Cité, des régiments de ligne et de cavalerie, il doit contrôler les Tuileries, la Concorde et l' avenue des Champs-Élysées (centre et ouest de Paris). L'opération est prévue pour les heures qui suivent en fin de nuit le 18 mars.

Échec de l'enlèvement des canons[modifier | modifier le wikicode]

Des parisiens s'opposent à l'enlèvement des canons de Montmartre par l'armée régulière

À Montmartre les soldats atteignent leur objectif vers 6 heures du matin. Mais les attelages de chevaux nécessaires au déménagement des canons sont insuffisants. Les Montmartrois réveillés par les bruits se rendent sur les lieux et empêchent l'enlèvement. Alerté le Comité central de la garde nationale fait battre l'alarme dans le IXe arrondissement (celui de Montmartre) et ordonne la construction de barricades pour paralyser les mouvements de l'armée. Pour dégager le chemin le général Lecomte ordonne de tirer sur la foule. Vers 8 heures les soldats du 88e régiment de ligne se mutinent contre leurs officiers et fraternisent avec la population. Le général Lecomte et les gendarmes qui l'entourent sont faits prisonniers et conduits au Château-Rouge et dans la mairie du XVIIIe arrondissement (un quartier populaire du nord de Paris).

Au cours de la matinée l'armée régulière se disloque un peu partout dans Paris, les soldats fraternisent avec la population. Des barricades sont édifiées dans le faubourg Saint-Antoine et à Ménilmontant (quartiers très populaires). La tentative du général Aurelle de Paladines de faire intervenir les 12 000 gardes nationaux des quartiers bourgeois de l'ouest, échoue car très peu de gardes répondent à l'appel. Le général Vinoy doit replier ses troupes sur l'École militaire.

Paris passe aux mains des insurgé[modifier | modifier le wikicode]

Une barricade édifiée le 18 mars à Ménilmontant

En début d'après-midi, un comité local de vigilance ordonne le transfert du général Lecomte vers la rue des Rosiers (aujourd'hui rue du chevalier de la Barre). Il y est rejoint par le général Clément-Tomas, en civil, qui a été reconnu et qui est accusé de relever le plan des barricades installées par les insurgés. À ce moment là, Montmartre, la gare de Sceaux, la mairie du XIVe, la gare d'Orléans, le Jardin des Plantes, le palais du Luxembourg, la mairie du Ve sont occupés par les révoltés. Une colonne de la garde nationale se déplace vers la place Vendôme où se trouve le quartier général de la Garde tandis que d'autres bataillons convergent vers l'Hôtel de Ville.

Au milieu de l'après-midi Thiers et le gouvernement quittent Paris pour Versailles afin d'organiser d'une autre façon la reprise militaire de la ville (plan que Thiers avait vainement proposé au roi Louis-Philippe, au moment de la Révolution de 1848). Il ordonne l'évacuation totale par l'armée et le départ de tous les fonctionnaires.

L'exécution des généraux Lecomte (à droite) et Clément-Thomas (en civil). Photomontage réalisé après l'évènement. Les participants sont des comédiens dont la tête a été remplacée par des photographie prises du vivant des deux généraux. Ici le photographe représente des soldats fusillant les généraux, ce qui est contesté dans d'autres versions de l'évènement.

En fin d'après-midi, à Montmartre, la foule où se mélangent civils en colère, soldats mutins et gardes nationaux exécutent sommairement les généraux Lecomte et Clément-Thomas, malgré de nombreuses tentatives de médiation d'élus parisiens.

En début de soirée, la place Vendôme, la préfecture de police, l'Hôtel de ville d'où Jules Ferry a tenté d'organiser la résistance aux insurgés sont occupés par les révoltés. Le Comité central de la garde nationale s'installe à l'Hôtel de ville. Quelques blanquistes proposent sans succès de marcher sur Versailles pour renverser l'assemblée nationale et le gouvernement Thiers. La majorité des insurgés préfèrent décider de convoquer pour le 26 mars les électeurs parisiens pour élire une nouvelle municipalité (le Conseil de la Commune).

Dès le lendemain, le gouvernement isole Paris en coupant toutes les communications entre la banlieue et la capitale.

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