Romioi

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On appelait Romioi (au singulier Romios, du grec Ῥωμιοί, en français Romées) les habitants de l'Empire byzantin, un empire ayant existé de 395 à 1453. Cet État, qui officiellement porte le nom d'Empire romain d'Orient et se dit successeur de l'Empire romain antique, est en fait de culture et de langue grecque ; son territoire est situé sur les actuelles Grèce et Turquie, et sa population est majoritairement hellène et parlait le grec, qui devient la langue officielle en 641 sous le règne d'Héraclius. Malgré cela, l'Empire byzantin continue de se proclamer Romain (et d'appeler ses habitants Romioi), même si dans les faits il ne l'est plus1.

Sous l'Empire romain déjà, le terme de « Romain » (en grec Ῥωμαῖοι, Romaioi) est petit à petit déformé par les Grecs romanisés d'Orient, pour être remplacé par celui de « Romée » (Ῥωμιοί), qui devient dans l'Empire byzantin le gentilé officiel.

Les Byzantins, qui se désignent sous le terme de Romioi, sont très attachés à l'héritage romain, héritage « volé » à plusieurs reprises par les « barbares » occidentaux. En l'an 800, Charlemagne, roi des Francs, se fait couronner « Empereur des Romains » par le pape ; près de deux cents ans plus tard, en l'an 982, Otton Ier, roi franc de Germanie, est lui aussi couronné « Empereur des Romains » par le pape. Dès lors, pour l'Occident, les Byzantins ne sont plus considérés que comme des « Grecs » et non comme des Romains (Romioi). À Constantinople, la capitale de l'Empire byzantin, cette spoliation est très mal vécue. Les ambassadeurs qui s'adressent aux empereurs byzantins en les appelant « Empereur des Grecs » ou « Empereur des Hellènes » et non « Empereur des Romains » ou « Empereur des Romées », comme c'est le cas de l'évêque Liutprand de Crémone, sont aussitôt emprisonnés. Cette dénomination de « Grecs » et non de « Romioi » se retrouve même dans les écrits de Chrétien de Troyes sur la légende arthurienne : ainsi, les chevaliers Sagramor et Alexandre sont respectivement présentés comme « le petit-fils de l'empereur Adrien [empereur fictif] de Constantinople » et comme « le fils de l'empereur de Grèce et de Constantinople ».

Toutefois, cette insistance des Byzantins sur l'héritage romain antique s'atténue au fil du temps. En 1400, l'empereur Manuel II Paléologue, en quête de soutiens urgents pour lutter contre les Ottomans, est présenté par son allié le roi de France Charles VI comme « l'empereur des Hellènes » et non des « Romioi », et ignore le manque de protocole. Les empereurs byzantins de la dynastie Paléologue abandonnent eux-mêmes la désignation « Romioi », préférant celle de « Grecs » ou d'« Hellènes » ; le dernier empereur byzantin décrit ainsi Constantinople comme « le refuge des Chrétiens, espoir et joie des Hellènes » et non des Romioi.

Ainsi, l'identité romaine de l'Empire byzantin disparaît petit à petit ; le terme de Romain, remplacé au Moyen Âge par celui de Romée, finit par être balayé par ceux de Grecs et de Hellènes, en partie du fait de l'appropriation de l'héritage romain par les Occidentaux. Plus tard, à la fin du XVIe siècle, le terme de « Byzantin » apparaît ; il remplace de cette manière tous les autres et devient omniprésent dans la désignation de l'Empire romain d'Orient.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Horace disait, à propos de l'occupation des territoires grecs par les Romains : Græcia capta ferum victorem cepit, « la Grèce conquise conquit son farouche vainqueur ».
Mosaïque de l'Empereur Justinien.jpg Portail de l'Empire byzantin —  Tous les articles sur l'Empire byzantin.