Robert-François Damiens
Robert-François Damiens (ou Damien) est un régicide, né le 9 janvier 1715 rue d'Allongeville (actuelle rue du Calvaire) à La Thieuloye, près de St Pol sur Ternoise dans le Pas-de-Calais (62). Il est mort le 28 mars 1757 à Paris.
Biographie[modifier | modifier le wikicode]
Il vient d'un milieu très pauvre. Il a exercé les métiers de garçon de cuisine, de valet et de domestique. Il a vécu à La Thieuloye, à Béthune, puis à Paris, où il a servi chez plusieurs magistrats1 du Parlement. Il est revenu à La Thieuloye, parce qu'il avait volé son patron et qu'il risquait d'être pendu.
L'attentat[modifier | modifier le wikicode]
L'attentat intervient le 7 janvier 1757, un peu après 18 heures. Quittant le château de Versailles, Louis XV s'apprête à repartir à Trianon où est la cour. Soudain, sortant de la nuit, Damiens s'élance, bouscule deux soldats et frappe le roi de toute sa force. La lame du « canif » utilisé est courte (8,10 cm) mais très pointue. Elle atteint le roi entre la 4ème et la 5ème côte. Il perd beaucoup de sang, mais en raison du grand froid (la Seine est gelée), les couches superposées de vêtements qu'il porte ont amorti et dévié le coup. Aucun organe vital n'est atteint. La plaie se cicatrisera vite2.
Mais cette blessure, physiologiquement sans gravité, « va jusqu'au coeur »3 du roi. La guerre de Sept ans a été déclarée en mai de l'année précédente, à l'initiative des Anglais qui veulent arracher à la France ses colonies d'Amérique du Nord et, on le sait, l'Angleterre est la première puissance navale du monde. Un gros effort naval du royaume des lys devient indispensable pour porter secours au Canada et aux Antilles françaises. L'alourdissement des mesures fiscales décidée par le Conseil du roi est donc inévitable, mais les Parlements freinent et diffèrent autant qu'ils peuvent ces nouvelles mesures. Dans ces circonstances internationales périlleuses, Louis XV aurait besoin de sentir l'ensemble de son royaume derrière lui, et le couteau de Damiens lui fait comprendre que son peuple conteste sa façon de gouverner. C'est pourquoi, cherchant à donner satisfaction aux Parlements (qui se posent, plus ou moins hypocritement, en défenseurs du peuple), il renvoie, moins d'un mois après l'attentat, ses Secrétaires d'État à la Marine et à la Guerre : Machault et le comte d'Argenson, les deux ministres les plus compétents et les plus expérimentés de son gouvernement... alors qu'il a à gérer une guerre qui s'avèrera la plus grave et la plus décisive de son règne.
Bref, ce geste fou a indirectement influencé le cours de l'histoire de France. Et pas en bien.
Le supplice[modifier | modifier le wikicode]
Le Parlement condamne Damiens à être torturé, écartelé en place de Grève4, à Paris, puis jeté au bûcher. Sa famille est bannie : elle doit changer de nom et s'exiler. Et là où s'élevait sa maison, tout est détruit ; les terrains sont salés pour que rien n'y pousse plus. Dura lex, sed lex5.
Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- Document qui a servi à découvrir qui était Robert-François Damiens : Les archives du Pas de Calais.
- ↑ "dont le conseiller Bèze de Lys, un des plus factieux |...| et (interrogé) il en nomma six autres qu'il avait écoutés chez ses maîtres. |...| Lui-même se vanta d'avoir voulu donner une leçon au Roi, pour que désormais il obtempère aux remontrances des magistrats." P. Gaxotte, Le Siècle de Louis XV, Fayard, 1974, p. 173-174.
- ↑ D'après P. Gaxotte, Le Siècle de Louis XV, p. 172-173.
- ↑ Ce sont les propos du roi lui-même (Gaxotte, Le Siècle de Louis XV, p. 173).
- ↑ Devenue, depuis 1803, la place de l'Hôtel-de-Ville (dans le 4ème arrondissement).
- ↑ (Latin) Littéralement : "La loi est dure, mais c'est la loi".
Annexes[modifier | modifier le wikicode]
Plan de La Thieuloye, avec le lieu présupposé de la maison de Robert-François Damiens
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