Représentation de Mahomet

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Représentation de Mahomet (à droite) prêchant la parole d'Allah. Miniature d'un manuscrit turc du 17e siècle, elle-même copie d'une miniature du 14e siècle réalisée sur un manuscrit du NO de l'Iran ou du N de l'Irak

Interdiction de représenter des être animés dans le sunnisme

Dans le sunnisme (largement majoritaire), plus d'une douzaine de hadiths (paroles et actes du prophète Mahomet) interdisent clairement la représentation d'êtres animés. Exemples : « Ceux qui ont réalisé des représentations d'êtres animés seront punis le jour du jugement, et il leur sera dit : "Donnez vie à ce que vous avez créé". Et les anges n'entrent pas dans une demeure où il y a des images d'être animé » (al-Bukhârî, n° 4886 et 2986). Autre exemple : « Au Jour de la Résurrection, les gens qui éprouveront de la part d'Allah les plus terribles châtiments seront les peintres, sculpteurs, dessinateurs et autres » (Muslim, n° 3943). « Ceux qui réalisent ces représentations seront punis, et il leur sera dit : "Donnez vie à ce que vous avez créé" » (al-Bukhârî, n° 5607 ; Muslim, n° 2108). « Ceux qui auront l'(une des) plus grandes punitions le jour du jugement seront ceux qui imitent la création de Dieu » (al-Bukhârî, n° 5610 ; Muslim, n° 2107), « Toute personne ayant fait des représentations plastiques sera dans le feu, où on suscitera, pour chaque représentation qu'il aura faite, un être qui le punira. » (Muslim, n° 2110)

Autorisation de représenter des êtres animés dans le chiisme

D'après le Coran il est strictement interdit de représenter Allah (ce qui est aussi une pratique de la religion juive et du christianisme, c'est un des dix commandements de la Bible en ce qui concerne Yahvé). Cependant, aucun texte dans le Coran, livre saint de l'islam, il est écrit qu'il est interdit de représenter le prophète Mahomet. C’est surtout chez les chiites, la seconde branche la plus importante de l’islam, que les images du prophète sont les plus répandues. D'ailleurs de très nombreuses représentations de Mahomet existent dans l'art musulman, en particulier dans les miniatures provenant de la Perse (Iran). Dans la tradition chiite les représentations de Mahomet sont nombreuses encore aujourd'hui.

Cependant dès les premiers temps de l'Islam, et surtout dans la tradition sunnite qui était et est encore très largement majoritaire, les musulmans évitent de dessiner le prophète. S'il est dessiné pour une raison utile (par exemple pour une raison pédagogique), les traits de son visage sont remplacés par un disque blanc, ou masqué par un voile. Pour les musulmans, bien qu'étant un homme Mahomet est considéré comme un personnage sacré à qui il convient d'appliquer les interdits concernant Allah.

Éviter le retour à l'idolâtrie

L'art musulman d'une manière générale évite de représenter les êtres vivants. Il se sert des figures géométriques ou de la calligraphie de l'écriture arabe pour décorer les monuments ou les manuscrits.

Cette tradition est certainement due au contexte où est né l'islam. Avant la prédication de Mahomet, les Arabes étaient polythéistes et disposaient de statues pour représenter leurs différentes divinités. Ces statues étaient déposées près de la Kaaba à La Mecque, leur grand centre de pèlerinage. Après la prise de La Mecque par les adeptes de la nouvelle religion, une des premières actions de Mahomet est de faire détruire les idoles (bien que certaines peintures aient été respectées, en particulier celles représentant la Vierge Marie). Pour les musulmans des premiers temps, ne pas représenter Dieu est un moyen d'éviter le retour à l'idolâtrie.

Lors de la conquête des pays non-musulmans, et pour la plupart de religion chrétienne, beaucoup d'images (statues, fresques, mosaïques représentant Dieu) sont détruites dans les églises. Notons qu'au même moment la querelle des images agite violemment l'empire byzantin (mais là ce sont les partisans du maintien des images qui triomphent).

Dans beaucoup de pays musulmans actuels la représentation de Mahomet est interdite, en particulier si cette représentation est de nature provocante et a pour but de le salir. Celui qui s'y risque est considéré comme un traître à l'islam (apostasie) et peut être très sévèrement condamné (y compris à la peine de mort). En France, pays de tradition laïque où l'État et les religions sont séparés, le délit de blasphème n'existe pas. Les idées que certains considèrent comme outrageantes pour Dieu ou les prophètes et les saints, et représentées par les paroles ou des images ne peuvent être tenues pour un blasphème. L’incitation à la haine ou à la violence en raison de la religion (et à plusieurs autres motifs) (art. 24 du Code pénal), ou la diffamation contre un groupe religieux (art. 32) sont les seuls délits réprimés.

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