Rattachement d'Avignon à la France

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Le 17 septembre 1791, la ville d' Avignon et le comtat Venaissin, un territoire à côté d'Avignon sont rattachés au royaume de France. Ces territoires faisaient partie des États du pape depuis le temps de la papauté d'Avignon aux XIIIe et XIVe siècles, voire plus tôt pour une partie.

Après deux refus, en 1790, justifiés pour ne pas mécontenter le pape Pie VI, l'Assemblée constituante cède enfin à la demande pressante de la majorité des habitants de la région.

Un territoire étranger au sein du royaume[modifier | modifier le wikicode]

Avignon au milieu du XVIIIe siècle. Tableau de Joseph Vernet

Depuis les XIIIe et XIVe siècles, Avignon, l'Enclave des papes ainsi que le comtat Venaissin sont propriétés de la papauté. Le pape, seigneur de ces territoires, y est représenté par un vice-légat. Depuis 1789, autour de cette région, le royaume de France est agité par des mouvements révolutionnaires. Les habitants des territoires pontificaux y sont sensibles et pour une partie d'entre eux veulent bénéficier des avantages obtenus par leurs voisins français. Dès l'été 1789, un parti « patriote » (favorable aux réformes qui s'annoncent en France) se forme dans la région).

Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes[modifier | modifier le wikicode]

Dès août 1789, les habitants font connaître leurs doléances au représentant du pape. En septembre 1789 des émeutes ont lieu à Avignon. En novembre 1789, un député de Provence dépose, à l'Assemblée Nationale constituante, une motion visant à rattacher à la France Avignon et le comtat Venaissin. Mais le parti-pro papauté d'Avignon parvient à faire rejeter cette demande.

En février 1790 de nouvelles émeutes éclatent et le Palais des papes est envahi. Prenant exemple sur les Français en mars 1790, les Avignonnais élisent une nouvelle municipalité favorable aux idées réformatrices. Le refus du pape de reconnaître la nouvelle situation provoque une insurrection le 10 juin 1790. Trois aristocrates accusés de vouloir renverser la municipalité sont pendus. Le 12 juin les insurgés envoient une demande à l'assemblée constituante française, afin d'obtenir le rattachement d'Avignon à la France. Le vice-légat quitte Avignon et se réfugie à Carpentras plus favorable à la papauté. La demande des Avignonnais est politiquement très importante. Contrairement à la pratique séculaire des monarques d'échanger selon leur « bon vouloir » des territoires et des populations au gré des guerres et des conquêtes, pour la première fois, un « peuple » décide avec qui il veut vivre : c'est le premier pas du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, une révolution dans les relations diplomatiques.

Le rattachement[modifier | modifier le wikicode]

Cependant les populations d'Avignon et du Comtat ne sont pas unanimes à demander le rattachement. Avignon, tout comme les communautés du Bas-Comtat (les régions du sud entre le Rhône et la Durance), sont favorable au rattachement. Par contre les région du Haut-Comtat au nord, et la zone rhodanienne tout comme la région de Carpentras sont contre le rattachement.

Le rattachement d'Avignon et du Comtat à la France embarrasse l'Assemblée constituante. Les députés pensent qu'il n'est pas souhaitable d'ajouter un nouveau sujet de discorde entre la France révolutionnaire et la papauté. Le pape s'oppose en effet à de nombreuses décisions prises par l'Assemblée nationale. Le pape n'admet pas la remise en cause de la position de domination exclusive du catholicisme en France . Dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen votée le 26 août 1789, il est inscrit que les Français jouissent désormais de la liberté de conscience et de culte ; les autres religions existantes dans le royaume (le protestantisme et le judaïsme) sont donc autorisées à se manifester publiquement. Cette « nouveauté » est condamnée par le Pape Pie VI officiellement au printemps 1791. Il en est de même pour la Constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790, et qui organise l'Église catholique en France en dehors du contrôle du pape. Pie VI condamne cette mesure officiellement en mars 1791. Il y a donc un grand risque de division nationale entre les Français qui sont partisans d'appliquer cette loi et ceux qui s'y refusent.

La question d'Avignon a provoqué nombreux débats au sein de l'Assemblée nationale : 25 séances lui ont été consacrées:. Cependant le 27 août et le 20 novembre 1790, l'Assemblée refuse la réunion d'Avignon et du Comtat à la France. Résolus à obtenir gain de cause, les avignonnais récidivent, le 24 mai 1791 où de nouveau l'assemblée rejette la pétition demandant le rattachement.

Le 10 juillet 1791, une assemblée régionale est convoquée, elle propose d'organiser une consultation sur le sujet des citoyens dans chacune des communes du territoire. Les résultats sont connus le 18 août :connus le 18 août : 54 communes veulent pour la réunion, 19communes décident de rester fidèle à la papauté ; 27 communes n'ont pas émis d'avis mais 18 d'entre elles s'étaient prononcées pour la France dans une consultation précédente.

Le 9 juillet l'assemblée nationale reçoit une délégation officielle d'Avignonnais et de Comtadins. Le 14 septembre ; elle accepte le rattachement. Cependant le nouveau territoire français est partagé entre les départements voisins alors existants des Bouches-du-Rhône (avec Avignon) et de la Drôme. Ce ne sera que le 25 juin 1793 que sera formé le département du Vaucluse qui regroupe Avignon, le Comtat, ainsi que l'enclave des papes.

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