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Question romaine

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Les différents états italiens avant l'unification.Les États pontificaux, au centre de la péninsule, sont coloriés en marron clair et en bleu. Les dates sont celles de leur annexion par le royaume de Piémont-Sardaigne puis par le royaume d'Italie à partir de 1861

La question romaine, c'est-à-dire le devenir des États pontificaux et de leur capitale Rome est un des problèmes qui se posent aux nationalistes italiens, et à leur alliés français, pour réaliser l' unification de l'Italie dans la seconde moitié du XIXe siècle. Rome est non seulement la ville d'où le pape gouverne l'Église catholique, mais c'est aussi la capitale politique d'un des sept États qui se partagent l'Italie avant 1848 et sont destinés à disparaître en cas d'unification de la péninsule. Rome est également le symbole de la puissance passée de l'Italie, pour les patriotes italiens elle ne peut être que la capitale du futur État italien unifié. L'attitude du pape Pie IX, qui règne de puis 1846 est déterminante pour réaliser ce mouvement d'unification. Après l'échec des révolutions qui se sont déroulées en Italie en 1848, le pape soutenu militairement par les armées françaises envoyées par la Seconde République française a rétabli son autorité temporelle sur ses états, refuse une démocratisation du régime politique et est profondément hostile au mouvement d'unification. Il juge que les territoires, qui ont été progressivement regroupés sous l'autorité pontificale depuis le IXe siècle, sont nécessaires pour assurer l'indépendance du gouvernement de l'Église catholique vis à vis d'un éventuel royaume d'Italie et des autres puissances catholiques européennes.

L'empereur Napoléon III, à partir de 1859, a aidé le royaume de Piémont-Sardaigne a réaliser l'unification partielle des terres italiennes. Mais il a besoin que les catholiques français soutiennent son action politique en France, aussi il refuse l'achèvement de l'unification c'est à dire d'accepter que le pape soit dépossédé de la ville de Rome et des territoires qui l'entourent. Des troupes françaises sont donc maintenue à Rome pour protéger le Pape.

En 1864, sans tenir compte de l'opposition du pape, un accord avec le Piémont, devenu entre temps le royaume d'Italie, prévoit que les troupes françaises se retireraient avant la fin de1866, le royaume d'Italie garantissant qu'il ne tenterait pas d'annexer Rome par la force. La tentative des nationalistes italiens menés par Giuseppe Garibaldi de s'emparer de Rome par la force en octobre 1867, contraint Napoléon III a envoyer à Rome un corps expéditionnaire qui bat les garibaldiens à Mentana en novembre et restent à Rome.

Les soldats français seront rappelés en France dès l'été 1870 pour renforcer l'armée française engagée dans la désastreuse guerre franco-allemande. Une fois les Français partis, et l'Autriche catholique ayant refusé d'intervenir malgré la demande du pape, après une résistance symbolique de l'armée pontificale, les troupes italiennes entrent dans Rome le 20 septembre 1870. Battu militairement le pape s'enferme dans les palais du Vatican où il se considère comme prisonnier t excommunie tous ceux qui avaient participé au renversement de son pouvoir temporel. En octobre par plébiscite les Romains votent leur rattachement au Royaume d'Italie à une écrasante majorité (133 000 pour, 1500 non et 32 000 abstentions). Rome devient la capitale du royaume, et le roi Victor-Emmanuel II s'installe dans l'ancien palais pontifical du Quirinal en 1871.

Cependant les relations entre le gouvernement pontifical et le nouveau royaume d'Italie sont très mauvaises. Pie IX et ses successeurs (Léon XIII, Pie X, Benoit XV ) refusent la loi des Garanties offerte par les Italiens en 1871. Ce ne sera qu'en 1929, sous le pontificat de Pie XI que l'Italie alors fasciste fera la paix avec la papauté grâce aux accords du Latran.

Pie IX, héros ou adversaire de l'unification italienne ?[modifier | modifier le wikicode]

Le pape Pie IX au moment de son élection en 1846

Un pape populaire auprès des patriotes italiens[modifier | modifier le wikicode]

En 1846, le cardinal italien Mastai Ferretti, archevêque d'Imola, est élu pape contre le candidat des cardinaux conservateurs italiens et des Autrichiens absolutistes (qui contrôlaient par leur droit de veto l'élection pontificale). Il prend le nom de Pie IX. Affichant des idées modernistes, il s'intéresse aux problèmes sociaux de la population des États pontificaux soumise à son autorité. Il favorise la modernisation des territoires qu'il dirige. Il introduit le télégraphe et le chemin de fer dans ses États.

Il démocratise la vie politique en se démarquant de la politique absolutiste de son prédécesseur le pape Grégoire XVI. L'absolutisme est alors la règle dans les autre États qui se partagent la péninsule italienne, états qui sont soumis à la domination directe ou indirecte de l'Autriche dirigée par le chancelier Metternich. Il amnistie et fait libérer les prisonniers politiques qui s'étaient opposés au gouvernement de Grégoire XVI. En mars 1848, il accepte une constitution et crée des assemblées destinées à lui faire connaître les souhaits de la population. Il devient un espoir pour les libéraux italiens.

En 1847, Pie IX s'oppose à l'Autriche qui avait fait occuper la ville pontificale de Ferrare. Pie IX devient alors l'espoir des patriotes italiens. Les intellectuels italiens voient en lui la possible autorité autour de laquelle pourrait se faire l'unification de l'Italie, sous la forme d'une fédération des États italiens existants dont il aurait la présidence.

Le tournant anti-unitaire et réactionnaire de 1848-1850[modifier | modifier le wikicode]

Caricature républicaine de 1850, sur le martyre de l'Italie après l'échec des révolutions de 1848-1850. La caricature s'inspire de l'imagerie chrétienne sur la crucifixion de Jésus. Sur la croix du centre l'Italie qui est mise à mort. Sur la croix de gauche, le roi Charles-Albert et sur celle de droite le roi Ferdinand II. Sur un cheval le pape Pie IX qui va percer de sa lance le flanc de l'Italie. Le soldat offrant une éponge remplie de vinaigre est le général La Marmora (patriote piémontais). Au pied de la croix assis le patriote italien Giuseppe Garibaldi et debout Giuseppe Mazzini. Assis et jouant au dés les vêtements de l'Italie, Cavour, premier ministre piémontais et Ratazzi important homme politique et patriote piémontais. Au premier plan, l'enfant portant un marteau et des clous destinés à crucifier l'Italie est l'empereur d'Autriche François-Joseph qui alors avait une vingtaine d'années

À la suite de la révolution de février 1848 qui en France a mis fin à la monarchie de juillet, partout en Europe les libéraux et les républicains tentent de s'emparer du pouvoir. En Italie les patriotes tentent de chasser les troupes autrichiennes qui assuraient le maintien de l'ordre absolutiste. Dans les États pontificaux il en est de même. Dès le 24 mars 1848Pie IX est contraint d'aider militairement le roi Charles-Albert de Piémont qui est entré en guerre contre les Autrichiens. Près de 7 500 soldats pontificaux et des volontaires venus de l'Italie centrale se joignent au soldats envoyés par le roi Ferdinand II des Deux-Siciles pour stationner à Ferrare aux limites des États pontificaux.

Cependant dès le 29 avril, le pape condamne la guerre faite à l'Autriche, la grande puissance catholique de l'Europe centrale : des catholiques ne peuvent combattre des catholiques. Profitant de la déclaration papale le roi Ferdinand, par ailleurs partisan de la monarchie absolue et proche parents de l'empereur d'Autriche, retire ses troupes. L'espoir des patriotes italiens disparaît. Il est désormais clair que le pape et l'existence des États pontificaux sont un obstacle à l'unification de l'Italie.

À Rome même, le gouvernement civil que le pape a dû accorder est en grande difficultés face aux républicains romains. Le 15 novembre 1848, Pellegrino Rossi, le chef du gouvernement est assassiné. Le 24 novembre 1848, alors que le palais du Quirinal, résidence du pape est attaquée par les partisans républicains de Giuseppe Mazzini, le pape s'enfuit de Rome et se réfugie à Gaëte en territoire du royaume des Deux-Siciles. Une république romaine est alors proclamée.

Le pape appelle alors au secours les puissances catholiques : l'Autriche, le royaume des Deux-Siciles et la république française, alors dirigée par de politiques très conservateurs regroupés autour du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte. Alors que l'Autriche est en difficultés en Europe centrale, la France envoie un corps expéditionnaire commandé par le général Oudinot qui s'empare de Rome le 30 juin, pourchasse les républicains romains et met fin à la république romaine dans les semaines suivantes.

Le 12 avril 1850, Pie IX retourne à Rome, confie le gouvernement de ses États au cardinal Giacomo Antonelli qui mène une violente politique réactionnaire anti-libérale et anti-républicaine.

Progressivement les États pontificaux perdent des territoires[modifier | modifier le wikicode]

Les troupes piémontaises à la bataille de Castelfidardo

La question romaine apparaît en 1859-1860 avec les débuts de l'unification italienne. Grâce à l'aide militaire de la France de Napoléon III, le royaume de Sardaigne évince l'Autriche du Milanais. Profitant de la défaite autrichienne, les patriotes d'Italie centrale se soulèvent contre leurs souverains (Parme, Modène, Florence). Une partie de la population des États pontificaux en fait de même (Romagne, Ancône, Marches, Ombrie). Le 12 juillet 1859, l'Autriche et la France arrêtent les combats grâce à l'armistice de Villafranca qui est confirmé par la paix de Zurich le 10 novembre. Si la Lombardie (sous domination autrichienne depuis 1815) devient piémontaise, la Vénétie reste autrichienne, les anciens souverains récupèrent leurs états. L'Autriche admet que le états italiens, y compris la Vénétie, puissent former une confédération sous la présidence du pape. On revient quasiment à la situation antérieure à la guerre.

Afin d'empêcher les républicains garibaldiens, vainqueurs dans le royaume de Naples, de marcher sur Rome et de renverser le gouvernement pontifical, le premier ministre piémontais Cavour, obtint de Napoléon III sa neutralité bienveillante pour faire pénétrer près de 40 000 soldats piémontais dans les États pontificaux. Le pape tenta de résister mais sa petite armée, moins de 10 000 hommes, dont de nombreux volontaires accourus de toute l'Europe pour défendre les États pontificaux, commandée par le général Lamoricière est bousculée à Castelfidardo le 18 septembre 1860. En novembre; par référendum, la population des Marches et de l'Ombrie (terres pontificales) acceptent leur rattachement au royaume de Piémont qui devient le royaume d'Italie le 14 mars 1861. Cependant le pape conservait Rome et sa région proche, protégé par des régiments français chargé de garantir son indépendance.

Fin des États pontificaux[modifier | modifier le wikicode]

En 1861, Cavour tente vainement de s'entendre avec le pape. Napoléon III négocie avec Cavour le retrait des troupes françaises de Rome sous la condition que l'Italie ne chercherait pas à prendre la ville. Mais Cavour meurt en juin 1861. La situation reste bloquée.

Cependant en septembre 1864, la France et l'Italie signe une convention pour définir l'avenir des États pontificaux. L'Italie s'engage à ne pas attaquer Rome et pour gage de bonne volonté la capitale du nouveau royaume d'Italie est fixée à Florence. En contrepartie les Français acceptent d'évacuer leurs troupes de Rome avant la fin de 1866, délai qui doit permettre au pape d'organiser une armée pouvant assurer sa défense.

L'entrée des troupes italiennes dans Rome, par une brèche faite dans la muraille près de la porte Pia.Tableau peint en 1880

Les troupes françaises ont définitivement quitté Rome à la fin de 1866. Mais en octobre 1867, Garibaldi ayant réuni des volontaires en Toscane, envahit l'État pontifical, le gouvernement italien laissant faire. Napoléon III pourtant réticent cède alors aux pressions des catholiques français et envoie un corps expéditionnaire commandé par le général de Failly. Les Français dispersent les troupes garibaldiennes à Mentana le 3 novembre 1867, les Français maintiennent alors des troupes à Civita Vecchia (dans les territoires dépendant encore du pape). Il est clair désormais que l'unification totale de l'Italie ne pourra se faire qu'après le départ des Français.

Pendant l'été 1870, à la suite des désastreuses premières batailles menées par les Français contre les armées des princes allemands, Napoléon III doit rappeler les troupes qui sont en Italie. Le gouvernement italien proclame alors qu'il occupera Rome. Le renversement du Second Empire le 4 septembre 1870 et le refus autrichien d'intervenir, permettent aux troupes italiennes d'attaquer Rome le 20 septembre. Après une résistance symbolique le pape s'enferme dans les bâtiments entourant la basilique Saint-Pierre sur la colline du Vatican et se considère comme prisonnier. De fait l'État pontifical n'existe plus. Mais il n'y a pas d'accord entre le royaume d'Italie et la papauté qui refuse de reconnaître la situation.

Le réglement de la question romaine[modifier | modifier le wikicode]

Signature des accords du Latran

Malgré le refus du pape de reconnaitre qu'il n'a plus le pouvoir de diriger Rome et a région, en octobre par plébiscite les Romains votent leur rattachement au Royaume d'Italie à une écrasante majorité (133 000 pour, 1500 non et 32 000 abstentions). Rome devient la capitale du royaume, et le roi Victor-Emmanuel II s'installe dans l'ancien palais pontifical du Quirinal en 1871. Le pape excommunie tous ceux qui ont contribué à renverser son pouvoir temporel, il interdit par ailleurs aux catholiques italiens de participer à la vie politique de leur pays.

Soucieux de régulariser la situation du pape, le gouvernement italiens fait voter en mai 1871 la loi des garanties qui accordait au pape la possession et la souveraineté d'une petite partie du territoire de la ville de Rome (le Vatican et quelques bâtiments religieux disséminés dans Rome et sa région), l'indemnisait financièrement pour qu'il puisse disposer de revenus suffisants pour tenir son rang de chef de l'État du Vatican mais aussi de chef de l'Église catholique. Pie IX, et ses successeurs refusent l'accord. Ce n'est qu'en 1929, que le pape (alors Pie XI) s'entend avec le gouvernement italien (alors fasciste) pour régler définitivement la question romaine.

Pour en savoir plus, lis l’article : Loi des Garanties.
Pour en savoir plus, lis l’article : Accords du Latran.
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