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Quatrième République (France)

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Histoire de la France
Avant la chute de Rome
Moyen Âge et temps modernes
Depuis le XIXe siècle

La Quatrième République est le régime politique de la France d'octobre 1946 à décembre 1958. Elle succède aux institutions provisoires mises en place à la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle disparait à cause de la Guerre d'Algérie qui révèle les faiblesses politiques du pays.

La Quatrième République va prendre des mesures efficaces pour reconstruire la France ravagée par la Seconde Guerre mondiale et l'Occupation allemande. Elle est confrontée au mouvement de décolonisation et doit accorder l'indépendance à l'Indochine, au Maroc et à la Tunisie. Mais elle échoue devant la complexité du « problème algérien ». Le coût de la reconstruction et des opérations militaires mettent en grandes difficultés les finances de l'État. À partir de 1951 et surtout de 1957, avec six pays voisins la France commence l'édification de l'Union européenne. La Quatrième République était minée par les attaques des gaullistes et du Parti communiste français et par l'éparpillement des partis politiques ce qui aboutit à une très forte instabilité gouvernementale (même si on retrouve souvent les mêmes hommes politiques dans les différents gouvernements).

Attention Cet article ne traite que des aspects politiques de la Quatrième République. Pour la reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale voir l'article Reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale

Une naissance difficile

Le 21 octobre 1945, par 96% des électeurs, les Français décident de faire disparaître la Troisième République. Le même jour ils élisent une assemblée constituante qui doit rédiger la constitution d'une nouvelle république. Dans cette assemblée le parti communiste français (PCF) et le parti socialiste (SFIO) ont la majorité absolue.

En janvier 1946, le général De Gaulle, président du gouvernement provisoire démissionne, car il n'est pas d'accord avec la majorité de gauche de l'Assemblée. Cette majorité élabore un projet de constitution. Il n'y aurait qu'une seule assemblée et le président de la république n'aurait que peu de pouvoirs. Ce projet est rejeté par 53% des électeurs en mai 1946.

En juin 1946, une nouvelle assemblée est élue. On constate un recul de la gauche et un renforcement du Mouvement républicain populaire (parti centriste formé de chrétiens démocrates) et de la droite modérée. Un nouveau projet de constitution est élaboré. Il comprend une seconde assemblée et le président de la république a un rôle plus important. Il est accepté par 53 % des Français en octobre 1946. Il donne naissance à la Quatrième République.

Les institutions de la Quatrième République

Le fait essentiel est la prépondérance de l'Assemblée nationale. Cette assemblée est élue pour cinq ans au scrutin proportionnel à la plus forte moyenne. Toutes les sensibilités politiques devraient donc être représentées quasiment en fonction de leur importance, mais cela risque de créer un grand émiettement politique. Cette assemblée décide de son ordre du jour, vote les lois et le budget de l'État. Elle donne son accord pour la formation du gouvernement (investiture) et peut le renverser. Elle ne peut être dissoute qu'après avoir réuni des circonstances difficiles à obtenir.

Il existe une seconde assemblée dénommée Conseil de la République. Ses membres sont élus par les conseillers généraux et les représentants des conseils municipaux. Ce conseil a des pouvoirs limités puisqu'il ne donne que des avis que l'Assemblée nationale n'est pas obligée de suivre.

Le président de la République est élu pour sept ans (le septennat), par les députés de l'Assemblée nationale et les membres du Conseil de la République. Il représente la France. Il nomme le président du conseil des ministres qu'il choisit parmi les personnalités politiques susceptibles de trouver une majorité à l'Assemblée nationale.

Le président du conseil des ministres est le chef du pouvoir exécutif. Après sa nomination par le président de la République, il doit obtenir l'accord (l'investiture) de l'Assemblée nationale à laquelle il présente un programme d'action. Ensuite il forme le gouvernement en répartissant les différents ministères entre les partis qui ont voté son investiture. Les chefs des partis désignent alors les personnalités qui deviendront ministres et secrétaires d'État.

Le gouvernement est soumis à un contrôle permanent de la part de l'Assemblée nationale. Par le système des interpellations celle-ci oblige les ministres à venir devant elle pour expliquer leur action. Souvent non satisfait des réponses faites un des partis ayant des ministres au gouvernement se retire de la majorité. Le gouvernement pose alors la « question de confiance », si elle est refusée le gouvernement est renversé.

La vie politique jusqu'en 1954

En mai 1947, les ministres communistes sont exclus du gouvernement du fait du début de la Guerre froide et de l'application du plan Marshall. Les communistes et la Confédération syndicale CGT qu'ils contrôlent vont alors provoquer des grèves très dures et des manifestations très violentes en 1947-1948.

Les socialistes doivent donc former des majorités avec divers partis de centre-gauche (Parti radical et UDSR) et le MRP. C'est ce qui va s'appeler la Troisième force. Ces partis sont divisés sur des points importants de la politique de la France (finances, politique économique, politique sociale). Par contre ils sont d'accord pour des alliances avec les États-Unis afin de s'opposer à l'URSS (ce que l'appellera l'« atlantisme »). Ils souhaitent construire une Europe unie économiquement voire politiquement et sont pour une politique de fermeté dans les colonies où se développe l'agitation des nationalistes. De plus, ils sont soumis à des rivalités personnelles entre leurs dirigeants. Enfin les gaullistes, regroupés dans le Rassemblement du peuple français (RPF) fondé en avril 1947, sont des adversaires constants de la Quatrième république. De ce fait les gouvernements ne vivent que quelques mois : il y aura neuf gouvernements entre janvier 1947 et juillet 1951. Pour survivre on décide de ne rien décider, le champion de cet immobilisme est le radical Henri Queuille (trois fois président du conseil pendant la période).

En juin 1951, les élections législatives montrent un glissement de l'électorat vers la Droite. La Gauche toujours dominée par le PCF (près de 27% des électeurs) réduit son influence du fait de l'effritement des socialistes SFIO (désormais soutenus par 14 % de l'électorat). La Droite modérée progresse (14%), surtout apparait un nouveau parti le RPF gaulliste avec près de 22% des voix. Le MRP a perdu la moitié de son électorat (il totalise désormais 12%). Au centre, les Radicaux restent stables à environ 10%.

Antoine Pinay

Après une tentative pour rétablir un gouvernement de la « Troisième Force », à partir de mars 1952, la Droite va diriger la France. Le gouvernement d'Antoine Pinay rassure les possesseurs de capitaux en leur accordant l'amnistie fiscale et leur propose de souscrire dans des conditions très avantageuses un emprunt d'État. Il met également en place une politique de rigueur budgétaire en taillant dans les dépenses sociales et combat vigoureusement les revendications et l'agitation des salariés. La production agricole et industrielle ayant repris, la pénurie disparait et Pinay arrive à stabiliser les prix. Cette politique sera poursuivie par Edgar Faure ministre des finances de 1953 à 1955. Cependant, la majorité est divisée sur la question de la Communauté européenne de Défense (CED). D'après ce projet, la France et ses partenaires étrangers, devraient opérer une intégration partielle de leurs forces armées. Cela reviendrait à abandonner une partie de sa souveraineté en matière militaire et diplomatique et à s'en remettre à une autorité européenne qui reste à créer. Se profile également la réintégration de l'Allemagne dans le dispositif militaire européen. Les communistes et les gaullistes sont hostiles à ce projet qui est soutenu par le MRP, parti très « européen ». Dans les autres partis politiques les militants et les sympathisants sont divisés entre des pro-CED et des anti-CED. les gouvernements de Pinay (en décembre 1952) et de René Mayer (en mai 1953) seront renversés sur ce problème. Cette division de la majorité conduit à la difficile élection, au treizième tour de scrutin, du nouveau président de la République, le fallot René Coty, un modéré. En août 1954, l'Assemblée nationale rejette définitivement le projet de CED.

Dans les colonies, les gouvernement successifs engagent l'épreuve de force avec les nationalistes. Dans le Protectorat de Tunisie, le gouvernement français affronte le Néo-Destour d'Habib Bourguiba qui lutte pour l'indépendance et la création d'une république en remplacement de la monarchie du Bey. Dans le protectorat du Maroc, la France chasse du pouvoir le roi Mohammed V et le remplace par un dirigeant complaisant. En Indochine, l'armée française poursuit la guerre contre les nationalistes du Viêt-minh dirigé par le communiste Hô Chi Minh. Mais les Français doivent capituler à Diên Biên Phu le 7 mai 1954.

La tentative de redressement du gouvernement Mendès-France

Pierre Mendès_France

En juin 1954, le radical Pierre Mendès-France parvient à constituer une majorité de gauche (communistes, socialistes SFIO, UDSR, radicaux, gaullistes républicains sociaux). Il forme un gouvernement (sans les communistes, ni les socialistes) qui propose de régler les problèmes coloniaux, de développer l'économie afin d'améliorer les conditions de vie des salariés.

À l'occasion de la conférence tripartite de Genève (avec l'URSS, les États-Unis et la Chine) il parvient à conclure les accords de Genève qui donnent l'indépendance aux quatre pays d'Indochine (Cambodge, Laos, Viêt Nam du nord et Viêt Nam du sud). Il reprend les négociations avec les nationalistes tunisiens et marocains en vue d'abolir le protectorat français sur ces pays. Cependant, le 1er novembre 1954 commence la Guerre d'Algérie. Tout en affirmant la nécessité de maintenir l'ordre dans les départements algériens Mendès-France envisage des réformes destinées à créer l'égalité civique entre les arabo-berbères et les colons d'origine européenne. Malgré lui, le projet de CED est définitivement « enterré » en août 1954. Cette politique extérieure lui vaut l'hostilité du MRP et de la Droite qui l'accusent d'être le « bradeur de l'Empire » (colonial).

Le style de gouvernement de Mendès-France indispose les chefs des partis politiques qu'il tient un peu à l'écart. Il parle directement aux Français, à qui il explique sa politique dans des émissions radiodiffusées. Il suscite un grand espoir chez de nombreux militants de la gauche non-communiste déçus par l'immobilisme et l'inefficacité de leurs partis respectifs. Il se crée alors dans l'opinion un courant favorable au « mendésisme ».

Ses conceptions dirigistes en matière d'économie et sa volonté de réformes sociales lui valent l'hostilité des milieux d'affaires et des hommes politiques qui leur sont liés (y compris dans son propre parti). Le gouvernement tombe le 7 février 1955.

Le radical Edgar Faure forme alors un gouvernement s'appuyant sur une majorité de droite. L'indépendance est accordée à la Tunisie et au Maroc, mais l'armée d'Algérie est renforcée pour faire face à l'extension de la rébellion. Des contacts sont repris avec les différents gouvernements européens pour relancer l'union économique de l'Europe. Cependant, le gouvernement doit faire face à l'agitation souvent violente des petits commerçants, des artisans et de certains agriculteurs. Leur situation financière et leur position sociale se dégradent face aux formes modernes de production et de commercialisation qui se mettent alors en place. Ce mécontentement, attisé par l'extrême-droite qui réapparait ouvertement sur la scène politique, va donner lieu à un fort mouvement électoral antiparlementaire : le poujadisme (du nom de Pierre Poujade, son fondateur.

L'échec du front républicain. 1956-1957

Les élections législatives du 2 janvier 1956 sont marquées par le succès de l'extrême droite et du poujadisme (près de 13% des voix) et l'effondrement des gaullistes (moins de 4% des voix). Les socialistes SFIO en léger progrès (plus de 15% des voix) ont regroupé autour d'eux des électeurs radicaux et d'une partie de ceux de l'UDSR (plus de 11% des voix). Ils forment le « Front républicain » auquel sont rattachés une partie des gaullistes. Avec l'appui du PCF (près de 26% des voix et 150 députés) la Gauche est majoritaire dans l'Assemblée. Alors que la campagne s'était faite sur le thème du soutien ou du rejet du « mendésisme » (qui est le lien qui unit les différentes composantes du Front républicain), le président de la République désigne Guy Mollet, secrétaire général de la SFIO, pour être président du conseil des ministres.

Le Front républicain vote une série de mesures sociales : la troisième semaine de congés payés, la retraite pour les vieux travailleurs qui n'avaient pas cotisé en raison de l'absence d'un système organisé de retraite, la diminution des frais de santé grâce une réforme de la Sécurité sociale. Les négociations avec les partenaires européens de la France aboutissent le 25 mars 1957 à la signature du traité de Rome qui crée une union douanière, mise en place progressivement, entre les six pays signataires : la Communauté économique européenne et l'Euratom pour la gestion de l'énergie atomique.

La politique extérieure est rééquilibrée par un dégel des relations avec l'URSS dirigée par Nikita Khrouchtchev et de meilleures relations avec l'Inde de Jawaharlal Nehru et l'Égypte de Gamal Abd el-Nasser, qui sont les leaders du camp « neutraliste ». Une loi-cadre votée en juin 1956, donne plus d'autonomie aux colonies françaises d'Afrique et permet la mise en place d'un personnel politique indigène (qui fournira les premiers dirigeants africains au moment de l'indépendance quelques années plus tard).

Par contre, la volonté de réformes en Algérie est annulée à la suite de la houleuse visite de Guy Mollet à Alger le 6 février 1956. L'opposition violente des colons à toutes réformes ne laisse que le seul recours à la solution militaire : le gouvernement pense que seule la victoire contre les rebelles du FLN devrait permettre des négociations plus faciles avec des nationalistes algériens modérés. En mars 1956 l'Assemblée nationale vote massivement les « pouvoirs spéciaux » qui permettent au gouvernement de diriger comme il l'entend la lutte en Algérie. Les opérations militaires conduites avec beaucoup de brutalité (par exemple pendant la bataille d'Alger pendant l'hiver 1957) renforcent les critiques d'une partie de la Gauche française qui est partisan de négociations avec les rebelles devant aboutir à une paix rapide en Algérie. Guy Mollet préfère faire renverser le gouvernement en mai 1957.

C'est la fin du front républicain, car les socialistes refusent de faire partie des prochains gouvernements. Toute la politique est paralysée par la « question algérienne ».

La fin de la Quatrième République

Le 13 mai 1958, alors qu'à Paris on forme le gouvernement centriste de Pierre Pfimlin, qui a pour idée de négocier avec les « rebelles algériens », les colons d'Alger manifestent et avec la bienveillance des cadres militaires provoquent une insurrection contre les représentants du gouvernement républicain. L'armée d'Algérie avec les généraux Salan et Massu prend le pouvoir et demande que le général de Gaulle, qui est partisan de l'Algérie française, revienne au pouvoir à Paris. Le gouvernement français ne peut compter ni sur l'armée ni sur la police qui sont gagnées aux idées des colons insurgés.

Pour éviter la guerre civile, René Coty, le président de la République, le 1er juin 1958, nomme le général de Gaulle, président du conseil des ministres. Ce dernier forme un gouvernement représentant tous les partis politiques sauf les communistes et quelques personnalités comme François Mitterrand. Le 2 juin, il obtient les pleins pouvoirs grâce à un vote favorable de l'Assemblée Nationale. Le 3 juin de Gaulle obtient le droit de réviser la constitution de la Quatrième République. En fait, de Gaulle, qui depuis 1946, est un adversaire continu de la Quatrième République, va proposer de fonder une nouvelle république. Le référendum sur la nouvelle constitution est approuvé massivement (70% de oui) le 28 septembre 1958. La Quatrième République est alors remplacée par la Cinquième République.

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