Procès d'animaux

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La truie de Falaise, accusée d'assassiner un enfant, est jugée par cette cour de justice.

Au Moyen Âge, les procès d'animaux étaient monnaie courante : les bêtes ayant commis un crime comparaissaient devant un tribunal, étaient jugées et le plus souvent condamnées de la même manière que les hommes. Une exécution exemplaire était alors donnée.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les archives des comptes-rendus de procès racontent le déroulement de nombreux procès où les accusés étaient des animaux. Si de nos jours ce sont les propriétaires qui sont responsables de leurs animaux, il semblerait que ce n'était pas le cas à cette époque.

Procès d'animaux

Des animaux accusés

La truie de Falaise


En 1386, une truie renverse un enfant de son berceau, le défigure et lui mange une jambe. Face à un tel forfait infanticide, l'animal est capturé et cité à comparaître devant un tribunal. Le procès est incroyablement long : pendant 9 jours, avocat et procureurs s'affrontent dans une lutte interminable. Finalement, le verdict est remis et la truie est reconnue coupable. La truie, déguisée en femme, est traînée dans toute les rues, torturée et amputée d'une jambe (loi du talion) avant d'être exécutée sur place devant une foule de paysans de la région qui ont amené leur cochon. Le vicomte de Falaise espère ainsi faire comprendre aux bêtes que tout n'est pas permis aux animaux sur ses terres !

Ce procès, qui est un des plus documentés, est resté comme emblématique de cette série de procès d'animaux.

À l'assassin !

Les animaux n'ont pas de conscience, ne savent pas distinguer le bien du mal, et ne sont donc pas responsables de leurs actes ? Une autre version est proposée aux Européens du Moyen Âge : à l'initiative de certains théologiens chrétiens, tout un discours est développé : l'homme et l'animal sont tous deux des créatures de Dieu ; ils sont parents et doivent donc être jugés dans les mêmes conditions. De nombreux textes bibliques viennent appuyer cette thèse assez illogique. Seulement, au Moyen Âge, la foi religieuse prime sur la raison et la logique. Aussi est-ce la seconde version qui est retenue, en dépit des protestations de quelques intellectuels de l'époque.

Partout en Europe, sont ainsi traduits devant un tribunal des animaux criminels. Rien que dans le Royaume de France, entre les XIIIe et XVIIIe siècles, plus d'une soixantaine de procès d'animaux relatés dans des archives sont fermement confirmés par les historiens. Les comptes-rendus d'audience nous donnent aussi les détails : si l'animal est de petite taille (rat, souris...), il doit comparaître devant le tribunal criminel ordinaire tandis que s'il s'agit d'un animal de grande taille (cochon, cheval...), celui-ci est traduit devant une cour de justice seigneuriale.

Après avoir été mis en détention provisoire, les animaux criminels sont conduits devant un tribunal où un procureur formule le chef d'accusation. À la barre, les plaignants et d'autres témoins viennent raconter ce qu'ils ont vu. Dans chaque procès, les animaux ont le droit à un avocat, qui doit le plus souvent assurer lui-même toute la défense... Après avoir été reconnu coupable, l'animal est conduit à l'échafaud et une exécution solennelle est rendue, dans le but de montrer l'exemple...

Des animaux particulièrement délinquants

Parmi tous les cas de procès qui nous sont parvenus, il apparaît que les cochons et les truies étaient les animaux les plus délinquants : près de 90% des procès étaient intentés contre des porcs. Cela s'explique par une raison très simple : comme ces bêtes se nourrissent sans problème dans les poubelles, on les laisse déambuler dans les rues des villes à le recherche de quelque déchet. Bien souvent, ces animaux se heurtent à des cavaliers ou à des passants, occasionnant des dégâts pouvant aller jusqu'à l'assassinat. Ainsi, en 1131, le dauphin de Louis le Gros, Philippe, est renversé par un cochon alors qu'il chevauche dans la ville. Le jeune homme tombe à terre, se heurte à une pierre et meurt des suites des ses blessures. Là, ce n'est plus un cochon assassin, c'est même un cochon régicide !

Il n'en reste pas moins que d'autres animaux, tels que les rats et les souris, font de parfaits boucs-émissaires. Accusés de dévaster les cultures, les limaces, les insectes, les taupes sont amenés devant des tribunaux ecclésiastiques afin que leurs âmes soient exorcisées par Dieu. Les réfractaires à l'autorité divine sont menacés d'excommunication. L'Église prend ainsi sa part de responsabilité et montre aux paysans, qui constituent tout de même 90% de la population, qu'elle n'est pas indifférente aux famines.

Sources

Article mis en lumière la semaine du 30 octobre 2017.
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