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Prise de la Bastille

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La Prise de la Bastille.

La prise de la Bastille à Paris, le 14 juillet 1789, est la première intervention du peuple parisien dans le déroulement de la Révolution française. L'intervention populaire met provisoirement fin aux tentatives du roi Louis XVI de reprendre le pouvoir absolu qu'il a perdu en juin 1789.

La prise de la Bastille est célébrée comme fête nationale française, le 14 juillet (en même temps que la Fête de la Fédération).

Le roi et la Cour menacent l'Assemblée Nationale Constituante

Gravure de propagande en faveur de Necker 1788-1789

Le 27 juin 1789, après plusieurs semaines de conflits avec la majorité des députés des États généraux, le roi Louis XVI doit ordonner aux députés de la minorité du clergé et de la majorité de la noblesse qui s'opposaient aux députés « patriotes » (Tiers état, majorité du clergé, minorité de la noblesse) de se réunir à ceux-ci. Enfin réunis, les députés forment l'Assemblée nationale. Celle-ci le 1 juillet décidera de commencer la discussion d'une constitution. Le roi reconnaît ainsi qu'il existe à côté de lui un second pouvoir qui conteste la monarchie absolue.

Mais le roi et surtout la Cour n'acceptent pas cet état de fait. Dès le 26 juin, le roi avait ordonné que 20 000 soldats soient rassemblés entre Paris et Versailles. Le prétexte est d'assurer l'ordre dans Paris où il y a une grande agitation populaire. En fait il s'agit de disposer de suffisamment d'hommes pour intervenir militairement contre l'Assemblée nationale et de la disperser par la force. À la suite d'actes d'indiscipline dans une partie des régiments appelés, le roi commande des renforts composés de régiments recrutant des étrangers, qui sont réputés plus sûrs.

Le 9 juillet, l'Assemblée nationale demande officiellement au roi d'éloigner les soldats. Le roi refuse le 11 juillet et le jour-même, il renvoie Necker, principal ministre qui passait pour un partisan des réformes. Par contre, le roi nomme des ministres contre-révolutionnaires, le baron de Breteuil et le maréchal de Broglie. La nouvelle sera connue à Paris dans l'après-midi du 12 juillet.

Les Parisiens mécontents

La moisson de l'été 1788 ayant été mauvaise, le prix du pain ne cesse d'augmenter depuis plusieurs mois. Il atteindra son maximum dans la première quinzaine de juillet 1789 (la livre de pain vaudra alors 4 sous alors que le salaire quotidien d'un ouvrier est de 30 à 40 sous). Par contre, le prix du vin s'effondre. La baisse du pouvoir d'achat d'une partie importante de la population réduit la consommation de produits manufacturés. Industriels, manufacturiers, artisans sont alors en difficulté. Leur situation est aggravée par le traité de commerce signé en 1786 avec le Royaume-Uni. Les importations de produits britanniques augmentent (le Royaume-Uni était à l'époque très en avance du point de vue technique). Les patrons licencient leurs salariés et le chômage de la population urbaine s'accroît.

La population rend les seigneurs et les décimateurs responsables de la hausse des prix. Percevant leurs impôts seigneuriaux ou religieux en nature, ils sont soupçonnés ne mettre en vente les produits qu'au compte-gouttes afin de faire monter les prix. Les privilégiés sont accusés de vouloir affamer le peuple et ainsi lui faire payer les changements politiques qui sont en cours.

Le 11 juillet, la nouvelle du renvoi de Necker (qui est un banquier genevois inspirant la confiance) fait craindre la banqueroute de l'État (celui-ci ne peut alors plus emprunter ni rembourser ses dettes). La valeur des titres d'emprunt d'État baisse immédiatement de 2,5%, ce qui inquiète les prêteurs qui s'imaginent ruinés. Comme il fait beau, les promeneurs sont très nombreux dans les jardins du Palais-Royal. Certains s'attroupent, discutent, écoutent des orateurs improvisés. Sur la Place Louis XV (actuellement place de la Concorde), des manifestants se heurtent aux cavaliers du régiment Royal-Allemand, que le roi a fait venir en région parisienne. Il y a des blessés. Le tocsin sonne, les Parisiens commencent à piller les armureries pour y prendre des armes. Des soldats du régiment des Gardes Françaises commencent à fraterniser avec la population. Les parisiens attaquent les barrières de l'Octroi et malmènent les employés si détestés de la Ferme générale. Le 12 juillet, les électeurs décident la création d'un Comité permanent chargé d'assurer la continuité de leur action, comité qui siège au côté de l'ancienne municipalité nommée par le roi. Ils décident que chaque district (arrondissement) de Paris doit fournir 200 hommes connus et aptes à porter les armes. Cette milice doit assurer la sécurité publique aussi bien contre les tentatives du roi que contre d'éventuelles menées populaires contestant la propriété.

Le 13 juillet, des tranchées et des barricades barrent les rues de Paris. Les forgerons fabriquent des piques. Les Gardes Françaises refusent d'obéir au roi qui leur ordonne d'évacuer Paris. Au contraire, elles se mettent à la disposition de la municipalité parisienne. Dans la nuit du 13 au 14, dans les rues illuminées circulent des patrouilles de miliciens et de Gardes françaises.

Les Parisiens attaquent la Bastille

Les derniers assauts contre la Bastille le 14 juillet 1789

Le prévôt des marchands (le maire) de Paris ayant refusé d'armer les Parisiens, ceux-ci, de bon matin, se rendent aux Invalides et y dérobent 32 000 fusils. Puis ils se dirigent vers la Bastille pour s'emparer de l'armement qui, pensait-on, s'y trouvait.

La Bastille, à l'est de Paris, était une forteresse transformée en prison d'État. En juillet 1789 y étaient détenus 7 prisonniers (4 faussaires, 2 fous et un criminel). Les témoignages et les archives montrent qu'il s'agissait d'une prison de « luxe », mais elle était le symbole de l'arbitraire royal, puisque c'est le plus souvent là qu'on détenait les victimes des lettres de cachet signées par le roi. La Bastille commandée par De Launay était défendue par moins de cent invalides encadrés par une trentaine de soldats du régiment des Suisses. Les assaillants étaient peu nombreux (artisans du faubourg Saint-Antoine tout proche, Gardes-françaises et quelques bourgeois de la milice parisienne), cinq canons les renforçaient. Ils étaient au total moins de 900 personnes (la liste officielle des « vainqueurs de la Bastille », établie après coup, ne comportent que 863 noms). Par contre, de très nombreux curieux assistèrent à l'assaut comme on va au spectacle.

Après échanges de coup de feu et de tirs de canons, le gouverneur De Launay capitule vers 17 heures. Le pont-levis est baissé et les assaillants entrent dans la forteresse. Les défenseurs sont massacrés (sauf deux Invalides et un officier). Les assaillants avaient 98 morts et 60 blessés.

Le recul du roi

Le 14 juillet, Louis XVI était à la chasse à Marly. De retour à Versailles, sur les pressions de nobles favorables aux changements, il décide d'éloigner les troupes de la région parisienne. Le 16, il rappelle Necker au ministère. Il se rend à Paris le 17. Il est reçu à l'Hôtel de Ville, par Bailly, nouveau maire élu par le comité permanent devenu Commune de Paris, et par La Fayette, nommé commandant de la Garde nationale (la milice créée quelques jours plutôt). Il y reçoit la cocarde tricolore (qui va devenir le symbole de la Révolution puis de la France). Mais une partie de l'entourage du roi (son frère le comte d'Artois, ses cousins de la famille de Condé, ses amis les princes de Polignac) a quitté Versailles et a pris la route d'un exil de combat aux Pays-Bas, en Suisse ou au Luxembourg.

Autres révoltes urbaines en province

Dans la semaine qui suit la Prise de la Bastille, la nouvelle est connue dans la plupart des villes du royaume. Partout la bourgeoisie locale va prendre le pouvoir. À Strasbourg, l'ancienne municipalité nommée par le roi est remplacée par une nouvelle issue de la bourgeoisie. À Dijon, la municipalité existante est absorbée dans une nouvelle organisation. À Bordeaux, un comité prend la direction de la ville et Toulouse la municipalité reste en place sans être inquiétée. Partout les représentants du roi (en particulier les intendants) disparaissent. La perception des impôts royaux est suspendue. Dans la région parisienne, il y a des émeutes violentes contre des meuniers ; à Verdun les barrières de l'octroi sont attaquées.

Partout, à l'imitation de Paris, la bourgeoisie organise des gardes nationales destinées à maintenir l'ordre et défendre les propriétés. Ces gardes nationales commencent à prendre contact avec celles des villes voisines et se regroupent (on disait se fédèrent) selon les provinces.

Vikiliens pour compléter sur les débuts de la Révolution française

Pour en savoir plus

Sources

  • Albert Soboul, Histoire de la révolution française, NRF, collection idées, 2 tomes.
  • François Furet et Denis Richet, La Révolution française, Fayard.
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