Prise d'Alger par les Français en 1830

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Le 5 juillet 1830, l'armée française s'empare de la ville d'Alger et met fin à trois siècles de règne Ottoman en Algérie.

L'intervention militaire française est officiellement due à la volonté du gouvernement du roi Charles de répondre à un affront diplomatique que le Dey d'Alger a commis contre le consul de France en avril 1827. Il s'agit surtout pour le gouvernement français de détourner l'attention de l'opinion publique française à un moment où il tente d'imposer une politique intérieure très réactionnaire.

Le coup de chasse-mouches du Dey d'Alger[modifier | modifier le wikicode]

Le coup d'éventail du Dey d'Alger le 29 avril 1827
Bombardement du navire français La Provence par les Turcs d'Alger-Août 1829

Au début du XIXe siècle, Alger était une des Échelles du Levant, c'est-à-dire un des ports méditerranéens où les intérêts commerciaux de la France étaient défendus par un consul.

Le 29 avril 1827, au cours d'une audience publique, le dey d'Alger frappe (légèrement) le consul de France avec son chasse-mouche, un moucharabié symbole du pouvoir en Algérie. Pourquoi cet incident diplomatique ?

A la fin du XVIIIe siècle, pendant le Directoire, le Dey d'Alger avait prêté de l'argent au gouvernement français pour acheter du blé par l'intermédiaire de commerçants italiens de Livourne, qui depuis avaient fait faillite.

Depuis, malgré un remboursement partiel sous le règne de Louis XVIII, la France doit toujours de l'argent. Le Dey s'impatiente. Recevant en audience le consul de France, le Dey lui rappelle la dette française et, selon la version algérienne, le consul lui répond avec insolence. En colère le Dey frappe de trois coups le consul.

En représailles, le gouvernement français organise le blocus maritime d'Alger (fin juillet-début août 1827).

En août 1829, les Français lèvent le blocus. Des parlementaires français se rendent sur des bateaux de guerre à Alger, afin de régler les relations franco-algériennes. Après une entrevue avec le Dey, pendant le retour des parlementaires vers leurs navires les Algériens bombardent leurs embarcations.

Le gouvernement français qui vient de se former avec le prince de Polignac aux Affaires étrangères, décide donc une action plus ferme contre le Dey.

Les motivations du gouvernement français[modifier | modifier le wikicode]

En novembre 1829, le prince Jules de Polignac, fils de la favorite de la reine Marie-Antoinette et ami intime du roi Charles X, est nommé par le roi à la tête du gouvernement français. Il est secondé par le comte de La Bourdonnais comme ministre de l'Intérieur et le général Bourmont comme ministre de la guerre. Il s'agit d'un ministère très réactionnaire dont les principales personnalités sont des symboles de la Contre-révolution : Coblence et la lutte des émigrés contre la Révolution (Polignac), le soulèvement vendéen et la Terreur blanche de 1815 (La Bourdonnais), la Chouannerie et la trahison à la veille de Waterloo (Bourmont). Le gouvernement est vite impopulaire.

Polignac veut réduire au silence l'opposition libérale qui se manifeste à la chambre des députés (pourtant recrutée dans la grande bourgeoisie et les propriétaires terriens). Polignac pensait que le succès d'une expédition militaire jugée facile contre le Dey, améliorerait l'image de son gouvernement.

L'expédition contre Alger[modifier | modifier le wikicode]

Depuis le XVIe siècle, Alger a de nombreuses fois été attaquée par les Européens désireux de détruire ce repaire de corsaires barbaresques, elle n'a jamais été prise. L'opposition libérale est contre l'expédition qu'elle juge coûteuse et dangereuse, on va même jusqu'à craindre pour la vie des soldats qui pourraient être mordus par des serpents. Les marins craignent les tempêtes fréquentes en mer Méditerranée et ignorent s'ils trouveront des abris sûrs sur la côte algérienne. Inquiet d'un renforcement de la présence française en Méditerranée, le gouvernement britannique menace d'intervenir. Mais Polignac ignore toutes les mises en garde. Il échafaude même des plans qui permettraient d'échanger les territoires conquis ce qui aboutirait à la prise de contrôle française d'une partie de la rive gauche du Rhin (un vieux rêve français).

Bataille de Sidi-Khalef
La prise d'Alger par les Français le 4 juillet 1830
Bombardement d'Alger par la marine française les 1 et 3 juillet 1830

Aussi les Français préparent-ils une expédition imposante. Dès février 1830, le gouvernement français organise l'expédition en concentrant à Toulon les navires et troupes nécessaires. Trois cent cinquante navires de commerce, transportant près de 37 000 soldats, escortés par plus de 100 vaisseaux de guerre (avec près de 1800 canons) prennent la mer le 25 mai 1830. Le commandement est assuré par le vice-amiral Duperré et par le général Bourmont. Une mer et des vents difficiles dispersent la flotte qui parvient difficilement à se regrouper à Palma de Majorque d'où elle repart le 14 juin.

Les troupes sont débarquées en Algérie à Sidi-Ferruch (à environ 25 kilomètres à l'ouest d'Alger) le 14 juin. Les Français ignorent précisément la géographie du pays et faillirent se perdre en marchant sur Alger. Les troupes (les Janissaires) du Dey n'offrent qu'une faible résistance (bataille de Satouëli le 19 juin et de Sidi-Khalef le 24 juin). Alger est atteinte le 29 juin. La flotte bombarde la ville, sans faire de grands dégâts car elle est restée hors de la portée des canons turcs. Le fort l'Empereur qui protège Alger vers l'intérieur est pris le 3 juillet, après que les Turcs aient fait sauter le dépôt de munitions avant d'abandonner la position. La population demande au Dey de capituler avant l'assaut des Français. Le 5 juillet Alger est prise. Le Dey refuse de se replier sur Constantine et part en exil pour l'Italie le 15. Les soldats turcs (janissaires) sont expédiés en Asie mineure. Les Français ont eu 415 morts (dont le fils du général Bourmont) et 2160 blessés.

Vikiliens pour compléter sur l'installation des Français en Algérie[modifier | modifier le wikicode]

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