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Printemps de Prague

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Alexandre Dubček (au premier plan à gauche), Luvik Svoboda (au premier plan au centre) et Nicolae Ceausescu (chef de la Roumanie communiste), au premier plan à droite, lors d'une visite de ce dernier à Prague le 1er août 1968.

Le Printemps de Prague est un épisode de l'histoire de la Tchécoslovaquie qui dure de janvier à août 1968. Sous la direction d'Alexandre Dubček, le parti communiste et le gouvernement tchécoslovaque tentent de libéraliser le système politico-économique qui depuis 1948 a transformé le pays en démocratie populaire. Pour les réformateurs communistes qui sont alors au pouvoir il s'agit de mettre en place un « socialisme à visage humain ».

Craignant la contagion de l'exemple tchécoslovaque qui mettrait en danger les fondements de leur pouvoir, les dirigeants communistes des autres pays du bloc de l'Est tentent d'abord de convaincre Dubček de renoncer aux réformes. Puis ils décident d'intervenir militairement. Dans la nuit du 20-21 août 1968, les armées du Pacte de Varsovie, en fait surtout l'armée soviétique, envahissent la Tchécoslovaquie. Cette invasion est une application de ce qui sera appelé la doctrine Brejnev de la « souveraineté limitée ».

La résistance des habitants est alors assez faible dans l'immédiat. Cependant dans l'année qui suit la fin du Printemps de Prague des protestations spectaculaires se produisent. Le 16 janvier 1969, l'étudiant Jan Palach s’immole par le feu sur la place Venceslas à Prague en protestation contre la suppression de la liberté d’expression. Jan Zajíc un mois plus tard et par Evžen Plocek en avril feront de même. Dans la nuit du 28 au 29 mars 1969, 500 000 personnes manifestent spontanément : 21 garnisons soviétiques sont attaquées. Le premier anniversaire de l’invasion soviétique soulève de nouvelles manifestations. Sous protection des militaires soviétiques le parti communiste tchécoslovaque est « épuré » de ses éléments réformateurs. En avril 1969, Dubček est remplacé par Gustáv Husák à la tête du parti communiste. Le « retour à la normale » (c'est-à-dire le retour à la domination sans partage des communistes) commence.

Le malaise tchécoslovaque des années 1960[modifier | modifier le wikicode]

Depuis le début des années 1960, la Tchécoslovaquie, un des pays les plus industrialisés du bloc de l'Est, connait des difficultés économiques. Les entreprises ont vieilli et ont du mal à se moderniser. L'agriculture inspirée du modèle soviétique, avec 92% des terres arables qui sont collectivisées, est également en crise (comme en URSS d'ailleurs). Le taux de croissance annuel est en baisse, les salaires stagnent. En 1965, pour faire face à cette situation, le gouvernement communiste tente une réorganisation de l'économie. Les entreprises industrielles doivent viser la rentabilité et ne doivent plus dépendre des subventions étatiques. Elles doivent donc produire que ce qui est susceptible d'être acheté, ce qui suppose une réorganisation de la production et une amélioration importante de la qualité des produits proposés aux consommateurs. Mais ces réformes se heurtent aux difficultés de mise en œuvre créées par les bureaucrates des organismes du plan et dans les entreprises. Ils craignent de perdre une partie de leur pouvoir au profit des techniciens plus compétents pour diriger les entreprises.

En 1948, la Tchécoslovaquie, alors la seule démocratie libérale d'Europe centrale, est prise en mains par les communistes après un coup d'État. Le pays devient une démocratie populaire. La chasse aux déviationnistes (dont une partie est issue des rangs communistes), contre ceux qui refusent la tutelle stalinienne, est sévère, la censure règne partout. Depuis 1956, le pays est tenu fermement par le parti communiste dirigé par Antonín Novotný.

Alors que son coup d'envoi est de 1956 en URSS, ce n'est qu'en 1962-1963 que la déstalinisation commence timidement en Tchécoslovaquie. L'opposition politique fait sa réapparition. En 1967 des intellectuels, réunis en congrès en mai-juin, réclament la liberté d'expression. En octobre, les étudiants qui manifestent pour une amélioration de leurs conditions matérielles sont brutalement réprimés par la police gouvernementale. Les Slovaques, qui considèrent qu'ils n'ont pas la place qui leur revient dans la direction du pays le font savoir par l'intermédiaire d' Alexandre Dubček, premier secrétaire du parti communiste slovaque. Novotný refuse de les entendre et les traite de bourgeois nationalistes (qualification qui fait d'eux des déviationnistes susceptibles d'ennuis politico-judiciaires).

Leonid Brejnev (2e à partir de la gauche) et Walter Ulbricht, chef de la République démocratique allemande (3e à partir de la gauche), deux des principaux opposants au Printemps de Prague. Ici à Berlin en 1967

Pour calmer les contestataires Novotny fait appel à Leonid Brejnev, le tout puissant Premier secrétaire du parti communiste de l'URSS. Venu à Prague en décembre 1967 Brejnev se rend aussi à Bratislava en Slovaquie pour y rencontrer Dubček. Rassuré par celui-ci Brejnev préfère {{"|sacrifier» Novotny. Le 5 janvier 1968 Dubček devient le premier secrétaire du parti communiste tchécoslovaque. Le 22 mars le général Ludvík Svoboda, héros de la lutte anti-nazie au côté des soviétiques, ancien ministre de la Défense, est élu président de la République. Pour le moment il ne s'agit que d'une « révolution de palais » , un règlement de comptes à l'intérieur du parti communiste.

Le printemps de Prague[modifier | modifier le wikicode]

Pendant le printemps de Prague le gouvernement communiste tchécoslovaque entreprend des réformes politiques et économiques. Selon lui le parti communiste doit rester le centre du pouvoir mais le multipartisme peut être accepté. Les libertés fondamentales sont garanties : libre circulation des personnes sur le territoire national, liberté de la presse, liberté d'expression et de réunion. La police d'État voit ses pouvoirs limités. La vie politique reprend, de nombreux clubs de discussion politique se créent, le parti social-démocrate, disparu en 1948, réapparait. Mais rapidement les critiques contre le passé stalinien du pays, donc le comportement du parti communiste depuis la libération de Tchécoslovaquie en 1945, des critiques contre l'URSS et le modèle qu'elle impose aux autres pays du bloc de l'Est se font plus nombreuses et plus virulentes. Le gouvernement propose de transformer la république unitaire en une république fédérale où la Tchéquie et la Slovaquie seraient considérée comme égales.

Dans le domaine économique, le gouvernement va développer les mesures imaginée dès 1967 par les économistes critiques vis à vis de l'économie planifiée et favorables à une plus grande liberté des entreprises. L'organisme central de planification (qui prévoit la production dans tous ses détails) perd du pouvoir. Les entreprises doivent se préparer à ne plus recevoir de subventions venant de l'État. Elles doivent rechercher à être rentables (au risque de supprimer des productions jugées dépassées, ayant trop peu de qualité qui n'attirent pas les consommateurs et qui sont difficiles à exportées vers le monde occidental . Pour satisfaire la demande intérieure il faut développer l'industrie des biens de consommation et non plus tout consacrer à l'industrie lourde et des biens d'équipement. Pour développer l'initiative il faut désormais que les salaires soient plus représentatifs des compétences réelles et des performances individuelles et non plus viser à l'égalitarisme comme cela était le cas auparavant. S'il faut maintenir les liens économiques avec le COMECON ou CAEM (union économique des pays du bloc de l'Est) il faut aussi se rapprocher des entreprises occidentales. Il ne s'agit en rien de rétablir le capitalisme mais de réformer l'économie socialiste (comme cela a été le cas en URSS au même moment).

la crise politique[modifier | modifier le wikicode]

En mai 1968, Dubček annonce la convocation du 14e congrès du parti pour le 9 septembre. Le congrès devra débattre d'une loi créant la fédération entre la Tchéquie et la Slovaquie, élire un nouveau comité central (le parlement du parti) et inscrire les réformes en cours dans les statuts du parti communiste. Dans tout le pays les discussions se développent et créent une agitation politique. Le 27 juin, grâce à la liberté de la presse récemment accordée, une critique vigoureuse du parti est publiée dans un manifeste rendu public. Il y est suggéré que les citoyens demandent plus de libertés. Fin de l'été les frontières vers les pays de l'Europe occidentale sont ouvertes, une partie des intellectuels et des étudiants en profitent pour s'exiler à l'étranger.

Les adversaires de la réforme, ceux qui bénéficiaient de l'ancien système, ainsi que les partis communistes et gouvernements du bloc de l'Est s'inquiètent de cette ébullition démocratique qui risque de devenir contagieuse.

En mai lors d'une réunion à Dresde des dirigeants communistes d'Europe centrale et orientale, les Tchécoslovaques doivent s'explique sur les réformes. Le 3 août une conférence réunit à Bratislava en Slovaquie les dirigeants des partis communistes. Ces soviétiques demandent l'arrêt des réformes et de la démocratisation de la vie politique. Les Tchécoslovaques réaffirment leur attachement aux idées marxistes-léninistes, à l'alliance militaire du Pacte de Varsovie et à l'union économique du COMECON. En contrepartie les troupes soviétiques qui manœuvraient sur le territoire tchécoslovaque depuis juin sont éloignées tout en restant proches.

L'invasion de la Tchécoslovaquie[modifier | modifier le wikicode]

Des chars soviétiques bloqués pacifiquement par les habitants de Prague en août 1968

Dans la nuit du 20 au 21 août 1968, les armées du Pacte de Varsovie (essentiellement des soldats soviétiques) envahissent la Tchécoslovaquie (l'Albanie et la Roumanie, alors communistes ne participent pas à l'invasion). Près de 400 000 soldats , 6300 chars, 2000 canons et 800 avions participent à cette opération. L'objectif principal est de prendre Prague, siège du gouvernement. Dans la nuit des troupes aéroportées se rendre maitresses de l'aéroport ce qui va permettre l'atterrissage d'avion de la compagnie civile soviétique Aéroflot qui vont déposer des troupes et du matériel militaire lourd à proximité de la capitale. Ces dernières vont rapidement s'emparer du siège du gouvernement et retenir prisonnier le président de la République. L'armée tchécoslovaque ne riposte pas. Il est vrai que les autorités ne croyaient pas à une intervention militaire des « pays frères ». Par ailleurs la plus grande partie des officiers généraux ont été formés dans les écoles militaires soviétiques. Il est également possible que des fonctionnaires du ministère tchécoslovaque de la Défense, opposés aux réformes, aient fourni de l'aide aux envahisseurs. La seule « résistance » a été une mauvaise volonté pour déposer les armes. En une dizaine d'heure la capitale est conquise, le soir du 21 l'es armées terrestres parviennent à Prague, la Tchécoslovaquie est totalement sous contrôle.

La population montre une résistance plus visible bien que non-violente. Dans la journée du 21, des dizaines de milliers de manifestants défilent dans les rues de Prague. Les statues des héros tchèques sont ceintes de bandeau devant les yeux. Pour dérouter les envahisseurs les panneaux indicateurs sont déplacés. Les manifestants se regroupent autour des sièges de la radio publique à Prague et à Pilsen, afin de leur permettre d'émettre sans contrôle pour informer le pays.

La fin du printemps de Prague[modifier | modifier le wikicode]

L'invasion aurait provoqué entre 72 et 90 morts et des centaines de blessés. Rapidement près de 70 000 Tchécoslovaques s'exilent.

Le XIVe congrès du parti communiste qui devait avoir lieu en septembre est avancé en août et près de 1000 délégués protestent contre l'invasion par les « pays frères ». Le dirigeant roumain Nicolae Ceausescu ainsi que la Chine populaire dénoncent l'invasion mais les communistes Vietnamien l'approuvent. Les partis communistes finlandais, français et italien dénoncent l'occupation de la Tchécoslovaquie mais le parti communiste portugais, comme celui du Luxembourg l'approuvent. Les pays occidentaux occupés à résoudre les problèmes liées à la crise de 1968, comme la recrudescence des opérations militaires américaines de la guerre du Vietnam et soucieux de signer avec l'URSS des accords sur la limitation des armes stratégiques, n'ont que des protestations mesurées.

Alexandre Dubček, est maintenu dans son poste de secrétaire général du PC tchécoslovaque, mais sera démis en avril 1969 et remplacé par Gustav Husak qui entreprendra la « normalisation » pour satisfaire les partis frères et les membres les plus conservateurs du PC tchécoslovaque. Les réformes envisagées sont annulées. Les décisions du XIVe congrès sont déclarées nulles et non avenues. Le parti communiste est épuré et ses membres les plus favorables aux réformes sont exclus. Des milliers de fonctionnaires et d'intellectuels qui avaient soutenus le mouvement de réformes sont licenciés voire emprisonnés.

Source[modifier | modifier le wikicode]

Source : cette page a été partiellement adaptée de la page Printemps de Prague de Wikipédia.
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