Primogéniture

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
Aller à la navigation Aller à la recherche
Types de succession des monarchies en Europe.      Primogéniture cognatique ou absolue      Primogéniture cognatique avec préférence masculine, avant d'être changée en primogéniture absolue (en discussion)      Primogéniture cognatique avec préférence masculine      Primogéniture agnatique      Par élection ou désignation

La primogéniture est la règle qui veut que, dans l'ordre de succession à un trône royal à ou un titre de noblesse, ce soit l'enfant aîné, c'est-à-dire le plus âgé, qui hérite de ce royaume ou d'un fief. C'était la forme de succession la plus courante dans le Moyen-Âge féodal.

Intérêts[modifier | modifier le wikicode]

Le but de la primogéniture est avant tout d'éviter l'éparpillement d'un royaume, comme cela s'est produit en France, sous le régime du partage salique, pratiqué par les rois francs jusqu'à Hugues Capet. Les frères cadets, plus jeunes, quant à eux entraient dans les ordres religieux (des monastères), dans l'armée ou au gouvernement.

Au XVIe siècle, les Conquistadors espagnols qui conquirent l'Amérique étaient des cadets du roi qui avaient fait fortune en faisant la guerre. Durant les XVIIe et XVIIIe siècle, les cadets de familles aristocrates anglaises et irlandaises partaient eux aussi pour l'Amérique pour y faire fortune. Ainsi, les premiers habitants de la nouvelle colonie de Virginie étaient des frères cadets sans héritage, devenus propriétaires de plantations.

Formes de primogéniture[modifier | modifier le wikicode]

L'enfant le plus âgé d'un roi n'accédait pas forcément au trône, cela dépendait s'il s'agissait d'un garçon ou d'une fille. On distingue alors plusieurs cas de figure :

  • Primogéniture agnatique : seuls les hommes peuvent hériter, les femmes sont totalement exclues de l'ordre de succession.
  • Primogéniture cognatique avec préférence masculine ou semi-cognatique : les hommes héritent en priorité, même s'ils ne sont pas les aînés de la fratrie, les femmes héritant seulement s'il n'y a plus d'héritier masculin.
  • Primogéniture cognatique ou absolue : l'aîné hérite, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme.
  • Primogéniture matrilinéaire : la fille la plus âgée hérite, devant ses plus jeunes sœurs, ses frères étant exclus de l'ordre de succession ; ce cas de figure est historiquement très rare et très localisé.

Primogéniture agnatique[modifier | modifier le wikicode]

La primogéniture est dite agnatique lorsque seuls les hommes peuvent hériter, les femmes étant totalement exclues de l'ordre de succession.

Historiquement, ce fut le régime en vigueur sous le royaume de France à partir de Hugues Capet, qui acte la transmission héréditaire de la couronne. En effet, jusqu'ici le roi était élu par les seigneurs. Aussi, pour rendre l'élection inutile, Hugues Capet sacre de son vivant son fils aîné, Robert II, comme héritier. Les femmes n'étaient pas formellement exclues du trône par la loi mais elles l'étaient dans les faits. La loi salique disait en effet que lorsqu'une personne mourrait sans descendance, alors sa terre devait revenir à un héritier mâle. La loi salique s'inspire en effet de l'Empire romain, lorsque les Romains confiaient aux chefs de guerre francs des terres en échange de leur service militaire1.

Mais ce n'est véritablement qu'à partir de l'accession au pouvoir de la dynastie des Valois, qui réutilise la loi salique des Mérovingiens, alors oubliée de tous, pour en faire une règle de succession qui exclut clairement et définitivement les femmes du trône. Les femmes pouvaient uniquement exercer le pouvoir durant les périodes de régence, lorsque le roi est trop jeune, absent ou inapte à régner. Lorsque le roi n'avait pas de descendant mâle, c'était son plus proche parent homme qui était amené à régner. Un cas célèbre est celui de la succession du roi Henri III qui meurt sans fils et frère vivant. C'est son lointain cousin, connu sous le nom de règne de Henri IV, qui lui succède.

Aujourd'hui, c'est la règle en vigueur dans certains royaumes musulmans, comme le Maroc, la Jordanie, le Qatar, les sultanats de Brunei et d'Oman. Mais c'est aussi le cas en Europe de la principauté du Liechtenstein, dernière monarchie européenne dans ce cas de figure.

Primogéniture cognatique avec préférence masculine[modifier | modifier le wikicode]

La primogéniture est dite cognatique avec préférence masculine ou semi-cognatique lorsque les hommes héritent en priorité, même s'ils ne sont pas les aînés de la fratrie, les femmes héritant seulement s'il n'y a plus d'héritier masculin.

Cette règle fut appliquée pour les couronnes d'Angleterre et d'Écosse et notamment sous la dynastie des Tudors. Le roi Henri VIII, qui a régné entre 1509 et 1547, et notamment connu pour s'être marié six fois, a eu quatre enfants légitimes : un fils en 1511 (mais qui meurt plus d'un mois plus tard) et une fille en 1516 avec Catherine d'Aragon, une deuxième fille en 1533 avec Anne Boleyn et un deuxième fils en 1537 avec Jeanne Seymour. Lorsque Henri VIII meurt en 1547, c'est son plus jeune fils, Édouard VI qui lui succède, mais il meurt à son tour sans avoir régné à l'âge de 15 ans, en 1553. Après un conflit de succession, c'est sa sœur aînée Marie Ire, aussi connue sous le nom de Marie Tudor, qui lui succède. Mourant sans descendance à 42 ans, en 1558, c'est au tour de la deuxième fille de Henri VIII, Élisabeth Ire de régner. Cette période mouvementée de l'histoire de l'Angleterre est ainsi un bon exemple de la primogéniture avec préférence masculine.

Cette règle fut en vigueur au Royaume-Uni jusqu'en 2015. En Belgique, elle le fut jusqu'en 1991. Depuis, dans ces pays, c'est la primogéniture absolue qui est appliquée. La préférence masculine est encore en vigueur en Espagne, à Monaco et en Thaïlande.

Primogéniture cognatique[modifier | modifier le wikicode]

La primogéniture est dite cognatique ou absolue lorsque l'aîné hérite, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme.

Les Basques du Royaume de Navarre, au Moyen Âge, appliquaient la primogéniture cognatique puisque les titres de noblesse et les propriétés étaient transmis à l'aîné, indépendamment de son genre.

Mais dans l'époque contemporaine, il faudra attendre 1980 pour que la Suède modifie sa Constitution pour adopter la primogéniture cognatique. Cet amendement a eu un impact direct puisque le fils du roi Charles XVI Gustave, Carl Philip, né en 1979, a été relegué à la deuxième place dans l'ordre de succession, après sa sœur aînée, Victoria, née en 1977. Plusieurs autres royaumes ont suivi : les Pays-Bas en 1983, la Norvège en 1990, la Belgique en 1991, le Danemark en 2009, le Luxembourg en 2011 et le Royaume-Uni en 2015.

Primogéniture matrilinéaire[modifier | modifier le wikicode]

La primogéniture est dite matrillinéaire lorsque la fille aînée hérite du trône, à l'exclusion totale des hommes. C'est une forme de primogéniture très rare et très localisée, propre à certaines cultures, africaines notamment. C'est le cas par exemple de la Reine de la pluie, la reine du peuple Lovedu, dans la province du Limpopo en Afrique du Sud. On l'appelle reine de la pluie car elle utiliserait ses pouvoirs pour apporter la pluie sur les récoltes et dans les rivières, et le mauvais temps et les inondations pour protéger son peuple des ennemis.

On retrouve cette succession dans des sociétés matrilinéaire, c'est-à-dire dominées par l'autorité des femmes, comme les Nayars de l'État du Kerala en Inde.

Sources et références[modifier | modifier le wikicode]

Source : cette page a été partiellement adaptée de la page Primogeniture de Wikipédia.
  1. La France, les femmes et le pouvoir, Eliane Viennot. Consulté le 15 avril 2020.
Portail de la monarchie —  Tous les articles concernant la monarchie.
Arbre généalogique.jpg Portail de la Généalogie —  Généalogie, archives et état civil.