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Pierre André de Suffren

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Portrait de Pierre André de Suffren.

Pierre André de Suffren, aussi appelé le bailli de Suffren ou encore Suffren de Saint-Tropez est un marin français, né le 17 juillet 1729 près d'Aix-en-Provence et mort le 8 décembre 1788 à Paris, en France.

Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Statue de Pierre-André de Suffren à Saint-Tropez.

Il est le descendant d'une famille de parlementaires établie en Provence depuis le XIVe siècle. Son père, Paul de Suffren de Saint-Tropez, marquis de Saint-Cannat (1679-1756) est Premier procureur de Provence.

Son frère Louis-Jérôme de Suffren est évêque de Sisteron de 1764 à 1789 puis évêque de Nevers.

Pierre André de Suffren est admis dès l'âge de 8 ans comme Chevalier de minorité de l'Ordre de Malte, dont il deviendra adulte bailli. Il poursuit les Barbaresques.

Il entre ensuite dans les gardes-marine en 1743 et est Lieutenant général des armées navales et vice-amiral de France. Il est fait prisonnier par les Anglais à la bataille de Lagos.

En 1775 le roi le nomme Lieutenant du roy de la ville de Saint-Tropez et gouverneur de la citadelle de Saint-Tropez.

Suffren dans l'océan Indien[modifier | modifier le wikicode]

Bataille de Dogger Bank, le 5 août 1781.

Après avoir participé à la Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique sous les ordres de l'amiral Charles Henri d'Estaing, à 55 ans, Pierre André de Suffren est nommé capitaine de vaisseau et désigné en 1781 pour commander en qualité de chef de l'escadre des Indes orientales, cinq vaisseaux envoyés en renfort aux Indes.

Avant d'arriver dans l'océan Indien, Suffren doit battre une escadre anglaise à la bataille de Porto Praya 1, au Cap Vert, le 16 avril 1781 et se ravitailler au Cap. L’escadre de Suffren n'arrive que le 25 octobre 1781, selon le journal de bord de Suffren. Il doit réparer sa flotte, et punir les insoumissions de quelques subordonnés. Le chef d’escadre d'Orves en 1780 n’a pas remporté de victoire. Il a même refusé d’hiberner aux Indes, malgré ses ordres.

Porto-Novo[modifier | modifier le wikicode]

La flotte composée de l’escadre qui s’est battue à bataille de Porto Praya et de celle présente dans l’océan Indien, conduisent les troupes aux Indes2. L’escadre de Suffren appareille de Port-Louis sur l'île de Maurice, le 7 décembre 17813.

Mais la manœuvre de sortie du port commence par deux accidents. Tromelin inaugure son commandement en faisant échouer l’Annibal. Le transport de Maurepas a le même problème. L'appareillage est alors remis au lendemain. L'Orient est en tête de file, le pavillon de chef d'escadre du comte d'Orves déployé et sur le Héros, l'étamine de Suffren. Ainsi réunies, les deux divisions Suffren et d'Orves, de concert - vingt-huit voiles, dont onze vaisseaux et le Toscan un navire-hôpital, constituent la flotte la plus considérable que la France n’ait jamais envoyé dans l'océan Indien.

L'expédition est toutefois assez mal préparée : les positions françaises sont intenables de par un manque d'effectif face à l’armée anglaise des Indes4.

Le ministre voulait envoyer 6 000 hommes, recruter 6 000 auxiliaires indiens ou cipayes sur place. Les Français disposaient de très peu d'argent (900.000 livres en lettres de change). Le nombre d'administrateurs, dont Benoît Mottet de la Fontaine, est encore plus faible que celui des combattants. Par ailleurs, les objectifs du Ministre et M. de Souillac divergent : le premier est partisan d’une alliance avec Haidar Alî, le second pense s’allier avec les Mahrattes, ses ennemis. Les troupes débarquent le 9 mars 1782 à Porto-Novo, alors sous pavillon du Nabab Haidar Alî (1722-1782), dans une contrée ravagée par cinq ans de guerres civiles et étrangères.

Bataille de Gondelour (3 avril 1782)[modifier | modifier le wikicode]

Carte du sud de l'Inde.

De Porto-Novo, les troupes françaises partent à Gondelour, une forteresse anglaise, qu'elles prennent. La bataille eut lieu le 3 avril 1782 entre les Français et les Britanniques.

Suffren tombe malade et ses relations avec Haidar Alî, très déçu malgré les victoires de Suffren en raison de l’insuffisance en nombre des troupes terrestres françaises, sont très mauvaises. Les officiers français apprennent que les Anglais refusent l'échange des prisonniers qui encombrent l'escadre et les forts. La présence de nombreux malades et blessés5, tant dans l'armée que dans l'escadre, la recherche de ravitaillement et d'équipement pour réparer l'escadre, les soldes non payées… tout cela contribue à l’affaiblissent du moral des troupes.

Cependant, malgré la supériorité numérique anglaise et les tempêtes, Pierre André de Suffren réussit à vaincre les Anglais. Mais, il doit faire construire un hôpital de 1.500 lits pour ses marins, tout en manquant sérieusement de poudre et boulets.

A Versailles, malgré l’opposition d’une partie de ses ministres, Louis XVI a ordonné que l’on envoie des renforts aux Indes. Mais à Port-Louis, Souillac essaie de contraindre Suffren à abandonner les Indes. Suffren refuse et pendant des mois il essaie de capturer des vaisseaux marchands pour ravitailler le corps expéditionnaire et ses marins. Ne pouvant plus nourrir, soigner et héberger les prisonniers anglais, il les livre à Haidar Alî. Cette décision provoque l’indignation même de ses amis, comme le capitaine de vaisseau Trublet de Villegu, qui parle d’un procédé inhumain…6.

Bataille de Négapatam (6 juillet 1782)[modifier | modifier le wikicode]

Bataille de Négapatam, le 6 juillet 1782 sur la côte de Coromandel entre l'escadre de Suffren et de Hughes.

Le 2 juillet 1782, avant de lever l'ancre, Pierre André de Suffren écrit à Souillac : « J’ai embarqué 700 Européens et 800 cipayes, en voilà bien assez pour attaquer les Anglais, prendre Negapatnam si nous les battons, et secourir Ceylan au besoin. Je n'ai pas voulu embarquer un seul homme sans l’avis du nabab. Je laisse à terre 800 malades ; envoyez-moi du monde et de l'argent, avec cela tout ira bien, mais sans cela rien ne peut aller. La misère est telle dans ce pays que, même avec des marchandises, on trouve difficilement de l’argent ».

Suffren embarque la 3e Légion de volontaires étrangers de la marine, la poignée de volontaires de l'île Bourbon (aujourd'hui La Réunion) et un détachement du régiment d'Austrasie. M. de l’Espinassy dirige l’artillerie. Ces troupes et cette artillerie contribuent à la victoire de Suffren sur mer, en face de Négapatam.

Cette victoire est chèrement payée : le bailli doit réparer ses vaisseaux qui sont en piteux état. Il va à Gondelour et débarque les blessés et les malades. Il se voit une fois de plus obligé de demander de l’aide à Haider Alî, et de commercer pour donner à manger à ses marins et ses troupes. Il écrit dans son journal de bord : « Les capitaines me désolent pour leurs tables ». Le père Delphine leur répond : « Messieurs, nous ne sommes pas ici pour manger, mais pour combattre ». Et puis après la faim, c'est une épidémie de variole qui emporte une bonne partie des survivants. Le moral des troupes et des équipages est au plus bas, même si Suffren capture un navire avec 6 000 bouteilles de vin.

Bataille de Trinquemalay (25 août 1782)7[modifier | modifier le wikicode]

La bataille de Trinquemalay, le 3 septembre 1782, vue par le peintre Dominique Serres (1719-1793).

Suffren arrive par surprise devant Trinquemalay, le 25 août. Les troupes sont débarquées, de nuit, à une heure du matin sur les plages, hors de portée des batteries du fort. Suffren prend le commandement. M. d’Agout 8, le lieutenant-colonel de la 3e Légion de volontaires étrangers de la marine, est responsable de l’infanterie et de quelques éléments de cavalerie, Duvis, du génie, M. Fontaine, de l’artillerie. Le 30 août 1782, la batterie d’André de Rambaud ouvre le feu. « Les boulets font effet sur les murs » note Suffren dans son kournal de bord, du 1er septembre 1782. Avec ses 1 272 soldats, il prend Trinquemalay. Mais, il doit fuir après avoir subi de lourdes pertes. Après cet échec, il envoie six de ses capitaines comme prisonniers à l’île de France. La mousson se profilant à l'horizon, Suffren décide, après une nouvelle courte escale à Gondelour, de laisser les troupes aller hiverner dans la vaste baie de Achem, à Sumatra.

La seconde bataille de Gondelour (navale et terrestre)[modifier | modifier le wikicode]

Le 29 juin 1783 la frégate parlementaire Médée apporte la nouvelle de la paix, entre la France et l'Angleterre, ratifiée à Versailles le 9 février 1783. La suspension d'armes est immédiate.

En deux ans et demi de campagne, Suffren n'a livré que des batailles indécises, mais il est parvenu à entretenir son escadre malgré un manque de ressources, aux plus loin de ses bases, tout en sauvant la présence française aux Indes. Les Anglais, du fait de l’indépendance américaine, conservent leur empire aux Indes. A Gondelour, sur terre, les Français ont perdu 18 officiers et 33 blessés, et 113 soldats tués et 293 blessés. 62 officiers anglais sont morts, 900 européens et 1 400 cipayes. André de Rambaud est à nouveau blessé. Des 300 cavaliers, 225 fantassins, et 75 artilleurs de la 3e Légion de volontaires étrangers de la marine, les 2/3 sont morts. Cornwallis écrira à Stuart qui célébrait la victoire : « Encore une victoire comme celle que vous prétendez avoir remportée et il n'y aura plus d'armée anglaise dans le Carnatic... » Le général Stuart est destitué.

  • L’amiral français Suffren débarque en Inde et tente de prendre Madras. Le général britannique Warren Hastings reçoit des renforts qui lui permettent de sauver Madras de justesse.
  • En mai : traité de paix de Salbai entre Britanniques et Marathes. Le sultan de Mysore (actuel Karnataka) Haidar Alî perd ses alliés Marathes.
  • En décembre, Tipû Sâhib succède à son père Haidar Alî comme sultan de Mysore. Allié à la France, il reprend la guerre contre les Britanniques.

Suffren à la Cour[modifier | modifier le wikicode]

La paix de Versailles signée, il est promu vice-amiral et revient à Saint Tropez. Il est fait chevalier de l'Ordre du Roi et grand croix de Saint-Jean-de-Jérusalem.

Pierre André de Suffren est le premier témoin au mariage du capitaine André de Rambaud et d'Agathe de Rambaud, Berceuse des Enfants de France, le 7 mars 1785 à la paroisse Saint Louis de Versailles. Un autre témoin de cette union est l'ami du marié et de Pierre André de Suffren, Louis Thomas Villaret de Joyeuse, capitaine de vaisseau 9. Sur cet acte Pierre André de Suffren est dit Haut et puissant Seigneur Pierre André de Suffren Saint Tropez, Chevalier des Ordres du Roi, Grand croix de Saint Jean de Jérusalem, vice Amiral de France. Ambassadeur de l'Ordre de Malte ».

Pierre André de Suffren est membre de L'Olympique de la Parfaite Estime.

M. de Suffren gère avec d’autres administrateurs la compagnie du Sénégal.

Suffren sera souvent comparé à Ruyter et Nelson sur les plans tactiques et stratégiques, bien que les historiens modernes se montrent beaucoup plus sceptiques sur ses compétences et ses résultats. Sa statue est coulée avec les bronzes des canons pris à l'ennemi, que Napoléon III offrira à la ville en 1866.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Bataille de Porto Praya sur Wikipedia en anglais
  2. Le régiment d’Austrasie, le 2e bataillon de l’Isle de France, ainsi qu’une unité d’artillerie de 220 hommes, 142 volontaires de l’île Bourbon, 470 noirs et cipayes, et 366 autres : des officiers, des volontaires, et leurs domestiques. En tout, 3.101 hommes, qui sont commandés par le comte du Chemin, maréchal de camp.
  3. Quatre fois moins que pour l'opération de Minorque de 1781
  4. Suffren a déjà attaqué l’ennemi, mais sans grands résultats du fait de certains de ses capitaines : a quli pouarc au la gadoulo au cuou, qui peut se traduire par ces porcs ont la gadouille au cul
  5. 1.200 à 1.500 selon un article dans la Lettre du Cercle Culturel des Pondichériens, n°18 décembre 1997
  6. Suffren ne lui en voudra pas. Il lui fera obtenir la croix de Saint-Louis du fait de sa conduite aux batailles pour Gondelour
  7. Bataille de Trinquemalay sur Wikipedia en anglais
  8. Antoine Jean, vicomte d'Agout, commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, de celui de Saint-Lazare, lieutenant général des armées du Roi, et premier écuyer de S. A. Madame, duchesse d'Angoulême, né en 1750
  9. Acte de mariage d'Agathe de Rambaud numérisé par les AD 78, 1112523, M, Versailles paroisse Saint Louis, 1785, p. 23, mais aussi conservé par les archives de la mairie de Versailles
Source : cette page a été partiellement adaptée de la page Pierre André de Suffren de Wikipédia.
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