Blob

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Physarum polycephalum

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Physarum polycephalum
Un blob sur une souche.
Un blob sur une souche.
Nom(s) commun(s) Blob
Nom scientifique Physarum polycephalum
Classification Physaraceae
Répartition Sur tous les continents.
Milieu de vie Sous-bois(humide)
Taille Pouvant varier de 1 micromètre à 10m2 en laboratoire et jusqu'à 10 hectares dans son milieu naturel.
Reproduction Reproduction sexuée
Régime alimentaire Bactéries et champignons
Statut UICN NE IUCN.png Non évalué
Un autre dans une boîte de pétri en laboratoire.
Un autre dans une boîte de pétri en laboratoire.
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Le Physarum polycephalum, plus communément appelé blob, est une espèce de myxomycète faisant partie de la famille des Physaraceae et du règne des Amoebozoaires (comme l'amibe). Ce curieux organisme est composé d'une seule et unique cellule géante. Bien que dépourvu de cerveau ou de système nerveux, cet organisme vivant est tout de même capable d'apprendre. Ce n'est ni un animal, ni une plante, ni un champignon. Il vit dans les sous-bois depuis plus d'un milliard d'années. À l'état naturel, il se nourrit de bactéries et de moisissures (champignons). En laboratoire, les scientifiques leur donnent des flocons d'avoine, mais ils se nourrissent en fait des bactéries présentes sur l'avoine. Il existe plus de 1 000 espèces différentes de blob.

Reproduction et cycle de vie[modifier | modifier le wikicode]

Cycle de vie[modifier | modifier le wikicode]

Reproduction[modifier | modifier le wikicode]

Le blob est, comme nous, issu de la fusion de deux cellules sexuées. Elles ne sont pas appelées ovules ou spermatozoïdes, car le blob possède 720 sexes différents. Une fois dans un milieu humide, ces cellules sexuées (appelées spores comme pour les champignons) partent en quête d'une cellule de type de sexe différent. Avec plus de 720 possibilités, la tâche est plutôt facile. Lorsque deux cellules de sexes différents (appelés gamètes) se rencontrent, elles fusionnent pour devenir une cellule unique (œuf). Mais là, contrairement à nous, la cellule ne va pas se diviser, seul son noyau va le faire. Le blob grandira donc au gré des divisions de ses noyaux jusqu'à atteindre des tailles records.

Schéma de la division du noyau.

Plasmode[modifier | modifier le wikicode]

Sclérote du Physarum polycephalum.

La principale phase du blob est le plasmode, ou plasmodium. Ce plasmode est constitué de réseaux de veines qui assurent la distribution des nutriments, et de nombreux noyaux. C'est au cours de cette étape que l'organisme cherche de la nourriture. Le blob entoure sa nourriture et sécrète des enzymes pour la digérer. Ce procédé est appelé phagocytose. Si les conditions environnementales entraînent la déshydratation du blob lors de l'alimentation ou de migration, il se formera alors un sclérote. Le sclérote est constitué de tissus très renforcés servant de stade de dormance, assurant ainsi la protection du blob pendant de longues années. Une fois les conditions favorables revenues, le blob réapparaît pour poursuivre sa quête de nourriture.

Sporification[modifier | modifier le wikicode]

Quand les réserves alimentaires sont épuisées et qu'il a atteint une taille suffisante, le blob entre en phase de reproduction. Des poches contenant les spores (sporocystes) se forment dans le plasmode. Elles se forment habituellement à l'air libre pour que les spores soient dispersées par le vent. Les spores peuvent rester viables pendant des années. Lorsque les conditions environnementales sont favorables à la croissance, les spores germent et libèrent des cellules flagellées. Les cellules fusionnent ensuite pour former un nouveau plasmode.

Schéma décrivant le cycle de vie du blob.

Le blob dans son environnement[modifier | modifier le wikicode]

Les pseudopodes du blob.

Pour se déplacer, le blob utilise des excroissances appelées pseudopodes. Le déplacement du blob est lié au mouvement de son cytoplasme appelé "courant cytoplasmique" ou "shuttle streaming" en anglais, évoquant le va-et-vient d'une navette (shuttle). Ce mouvement est caractérisé par un changement de direction d’avant en arrière du flux de cytoplasme, avec un intervalle de temps d'environ deux minutes. À l’intérieur du blob, la force motrice est générée par la contraction suivie de la relaxation de couches membraneuses probablement constituées d'une protéine " l'actine ". La couche de filaments crée une pression grâce à laquelle le cytoplasme s’écoule à l’intérieur du blob. À la différence des êtres vivants capables d'apprendre, le blob n'utilise non pas une mémoire interne comme l'homme par exemple mais une mémoire externe (spatiale). Il utilise pour cela son mucus qu'il laisse partout où il passe. De ce fait, chaque fois qu'il rentrera en contact avec son mucus, il saura qu'il est déjà passé et ne reviendra plus par là. Le blob ne possède pas d'yeux et ne peut donc pas voir ses congénères mais grâce au mucus ou plutôt aux molécules chimiques présentes dans son mucus, un blob peut détecter la présence d'un autre blob. Le plus grand blob observé en laboratoire mesurait 10 m2 (mètre carré). Le plus grand observé dans la nature mesurait 13 hectares (il ne remplissait pas 13 hectares mais s'étendait sur 13 hectares). Le blob a la capacité de cicatriser en seulement deux minutes si une partie de son plasmode est sectionnée. Mais plutôt que de mourir, la partie sectionnée cicatrise et devient à son tour un blob parfaitement autonome.

Un blob en train de se déplacer (en accéléré).

La personnalité chez les blobs[modifier | modifier le wikicode]

Pour en savoir plus, lis l’article : Audrey Dussutour.
Deux blobs.

En fonction de son origine (pays, continent) un blob ne réagira pas de la même manière qu'un autre. De ce fait, un blob japonais ne réagira pas de la même manière qu'un australien (vitesse de déplacement etc). Audrey Dussutour et David Vogel ont observé que lorsque deux blobs australiens, placés dans une même boîte avec deux sources de nourritures et que quand ces deux blobs sont proches, ils sélectionnent la même source de nourriture en ignorant la seconde. Mais s'ils sont éloignés cela n'a aucun effet. Les blobs australiens peuvent donc interagir mais seulement sur de courtes distances. Pour les blobs japonais et les blobs américains, il n'y a aucune interaction. Chacun agit comme si l'autre n'existe pas. Par la suite ils ont observé que quand un australien se trouve à proximité d'un américain, ce dernier se dirige à chaque fois très vite en direction de la nourriture avant même que l'australien ai débuté l'observation de la boîte. Le blob australien rejoint donc l'américain mais quand ce dernier arrive il ne reste malheureusement plus rien du fait de sa lenteur. Il (le blob australien) se met donc à le suivre partout. Il adopte le même comportement avec le blob japonais. Mais lorsque qu'un blob américain se retrouve avec un japonais, l'américain dévore tout bonnement le japonais laissant une matière gluante et verdâtre. Le blob australien donc adopte un comportement amical envers les autres blobs contrairement à l'américain qui lui est cannibale. Chaque blob de cette expérience a une manière différente de se déplacer. Par exemple le japonais se déploie dans toutes les directions de manière circulaire et très rapidement. L'américain lui, forme d'extrêmement fins pseudopodes, rapides et arborés. En moins de 10 heures il fait le tour de son univers clos. Quant au blob australien, il se conduit de manière comparable mais en prenant trois fois plus de temps que le japonais.

Apprentissage et mémoire[modifier | modifier le wikicode]

L'expérience de Toshiyaki sur l'optimisation d'un réseau.

Le blob apprend en l'absence de cerveau. Dans un article publié par l'équipe d'Audrey Dussutour dans une revue scientifique internationale. « Le segment de la mémoire du blob est la substance elle-même, résume la chercheuse. C’est un peu comme si pour apprendre ses devoirs, un élève devait les manger ». Malgré sa simplicité apparente, le blob démontre une forme d’intelligence primitive. Il est ainsi capable de trouver le chemin le plus court dans un labyrinthe, de former des réseaux optimisés ou d’équilibrer son régime alimentaire. Une étude réalisée par le professeur japonais Toshiyaki Nagakaki démontre que le blob est capable d'optimisation. Il disposa des flocons d'avoines sur une surface de manière à reproduire le réseau ferroviaire japonais. Il y plaça un blob et observa la façon dont celui-ci relie les différentes sources de nourriture. Le résultat fut surprenant : le blob avait créé un réseau mieux optimisé et plus efficace que le réseau japonais en seulement 24h, alors que des ingénieurs avaient passé plus de 50 ans à le concevoir ! Et même si une rame était inutilisable, il était quand même possible de relier le tout.

Anticipation[modifier | modifier le wikicode]

En générant de façon répétée des stimuli de chaud et de froid au blob et ce avec 60 minutes d’intervalle, des biophysiciens de l’Université d’Hokkaidō (dont le professeur Toshiyaki Nagakaki) ont découvert que le blob peut anticiper ces stimuli en y réagissant même quand ceux-ci étaient absents. Ils ont également montré que ces résultats pouvaient être obtenus en appliquant les stimuli avec un intervalle de 30 ou 90 minutes.

L'habituation avec le blob[modifier | modifier le wikicode]

Expérience de l'habituation.

Afin d’étudier l’habituation chez le blob, Audrey Dussutour et David Vogel ont utilisé le sel qui est inoffensif mais que le blob déteste. Dans cette expérience, le blob est forcé à traverser un pont contenant du sel, pour atteindre de la nourriture. Une fois que le blob a rejoint sa nourriture, l'équipe recommence l’expérience. La première fois que le blob traverse le pont, il y va clairement à reculons et met plus de 10 heures à franchir le pont. Lors des traversées suivantes, le blob met de moins en moins de temps, jusqu’à effectuer le trajet en moins de 2 heures. Une fois le blob habitué au sel, Audrey et David vérifient que cette habituation est spécifique au sel. Ils contraignent donc le blob à traverser un pont contenant de la caféine, une autre substance que le blob ne supporte pas. Le blob met une éternité à franchir le pont. Il n’était donc pas habitué à toutes substances désagréables. Après un repos bien mérité, l'équipe teste le blob avec du sel à nouveau. Il se comporte alors comme lors de la première traversée. L’habituation n'est donc pas éternelle.

Images sur le Blob Vikidia possède une catégorie d’images sur le Blob.

Fusion et partage de connaissance[modifier | modifier le wikicode]

Le blob peut fusionner si ces conditions sont réunis:

  • Même espèce
  • Même origine (pays, continent)

Dans une expérience, Audrey Dussutour et David Vogel ont fait fusionner un blob habitué au sel avec un blob naïf. Après la fusion les blobs sont séparés et testés individuellement. Les blobs naïfs franchissent le pont rapidement et se comportent comme des blobs habitués au sel. En observant les blobs de près pendant la fusion, une veine se forme entre eux permettant l’échange d’information.

Robotique[modifier | modifier le wikicode]

À Bristol, le professeur Andrew Adamatzky utilise l'activité électrique du blob pour créer de nouveaux protocoles pour les robots. En greffant un blob à un robot, celui-ci se déplace en fonction des impulsions électriques du blob. Cette découverte permettrait à l'avenir de créer des robots capables de s'adapter constamment à leur environnement et de réagir et en conséquence, à la manière du blob.

Autres espèces de « blob »[modifier | modifier le wikicode]

Le plus connu des blobs est le physarum polycephalum mais il en existe d'autres. Certains vivant dans le désert, d'autres sous la neige ou encore dans l'eau. Les blobs sont présent sur toute la planète : Déserts, tropiques, forêts tempérées ou boréales, toundras arctiques. Rien ne les arrêtes, hormis les milieux surexploités par l'homme.

Un blob à bord de l'ISS[modifier | modifier le wikicode]

Le 22 avril 2021, l'astronaute Thomas Pesquet a emmené des blobs avec lui à bord de la Station Spatiale Internationale. Il a étudié notamment le vieillissement des cellules du blob et son comportement dans un environnement sans gravité. Parallèlement, 4500 écoles, collèges et lycées ont participé aux mêmes expériences que l'astronaute sur terre, permettant ainsi de comparer le comportement du blob sur terre et dans l'espace.

Le savais-tu.png
Le savais-tu ?
Le blob au cinéma
Le surnom du blob vient d'un film des années 50 : The Blob avec l'acteur américain Steve McQueen. Il est décrit comme une immense masse gélatineuse dévorant tout sur son passage. Le film a aussi inspiré les créateurs de Stranger Things, dans la saison 3 lorsque le Flagelleur mental (Mind flayer en anglais) se liquéfie pour passer à travers une porte de l'hôpital de Hawkins et tente de posséder Nancy Wheeler.

Quiz[modifier | modifier le wikicode]

  

1 Quel est le nom scientifique du blob ?

Physarum psittacinum
Physarum polycephalum
Fuligo septica

2 De quoi se nourrit (le plus souvent) le blob dans la nature ?

Œuf
Herbe
Bactéries
Avoine

3 Coche dans l'ordre les différentes étapes de son cycle de vie

1 2 3 4
Œuf
Gamètes
Plasmode
Spore

4 Quel était la taille du plus grand blob observé en laboratoire ?

10 m2
10 dm2
10 km2


Sources[modifier | modifier le wikicode]

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blob sans jamais oser le demander, Audrey Dussutour, édition Éditions des Équateurs, 2019 (ISBN 9782849904985)

Vikiliens pour compléter[modifier | modifier le wikicode]

Liens internes[modifier | modifier le wikicode]

Galerie de photographies et médias[modifier | modifier le wikicode]


Article mis en lumière la semaine du 26 août 2019.
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