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Performance (art)
En art, une performance est une œuvre qui se présente sous la forme d'une action accomplie par une ou plusieurs personnes. La performance produit un sens artistique grâce à l'utilisation du corps, des sens et de la psychologie humaine.
La danse et le théâtre sont des arts très proches de la performance, mais ils reposent sur l'esthétique contrairement à la performance qui interroge. Le happening est une variante possible de la performance qui se présente sous la forme d'une suite d'événements sans montrer des personnes (sans agent)
La performance est une forme nouvelle de l'art et en particulier de l'art contemporain : elle est apparue dans le courant du XXe siècle, Europe et plus tard aux États-Unis, au sein des mouvements futuristes, dadaïstes et surréalistes.
Paramètres de la performance[modifier | modifier le wikicode]
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Une performance peut être accomplie par un seul ou plusieurs agents (on appelle « agent » une personne qui accomplit une action dans le cadre d'une performance). Les agents sont l'artiste, bien entendu, mais aussi parfois le public que l'artiste peut prendre à parti pour voir sa réaction. La relation avec le spectateur est très importante : les interactions humaines sont au cœur de la performance.
Il faut prêter attention au comportement : les gestes, les mimes, les voix, les paroles, les postures. Chaque détail a du sens. L'action peut être concrète (les agents accomplissent véritablement une action), narrative (les agents jouent la comédie), expressive (les agents ont des gestes expressifs) ou encore symbolique (la situation est caractéristique d'une société).
Le déroulement de la performance peut être linéaire (un début et une fin définis), périodique (répétée régulièrement), en fil rouge (en parallèle d'un autre événement comme la durée d'un festival) ou encore conditionnel (l'action démarre et s'achève lorsque des conditions sont réunies).
Le lieu de la performance a aussi une grande importance. Il faut scruter les dimensions, la forme générale de l'espace, l'éclairage, les couleurs, le décor, le mobilier, les équipements et le matériel.
Quelques performances célèbres[modifier | modifier le wikicode]
Crier jusqu'à l'épuisement[modifier | modifier le wikicode]
- [vidéo] Pour voir Crier jusqu'à l'épuisement de Jochen Gerz, clique ici
Réalisé en 1972, Crier jusqu'à l'épuisement (en allemand : « Rufen bis zur erschöpfung ») dénonce les exactions commises lors de la guerre du Viêt Nam (1963-1975). Dans une vidéo de 25 mn, perché sur la colline du Blanc-Mesnil à Paris, Jochen Gerz crie bonjour à une caméra située à 60 mètres dans sa langue natale (« Hallo »), jusqu'à n'en plus pouvoir : il vacille d'abord, puis il suffoque et enfin s'effondre avant d'être transporté à l'hôpital.
Il se justifiait ainsi : « Si j'utilise tous ces médias dans mes pièces, c'est pour montrer qu'ils ne fonctionnent pas. Les médias ne permettent pas de communiquer, ni de reproduire le réel. Faire de l'art c'est produire des objets opposés à notre réalité, des artifices. L'art éloigne de tout ce qui est originel. ».
Le Cours des choses[modifier | modifier le wikicode]
- [vidéo] Pour voir Le Cours des choses de Fischli & Weiss, clique ici
Réalisé en 1987 par le duo artistique suisse Fischli & Weiss, Le Cours des choses (en allemand : « Der Lauf der Dinge ») peut être considéré comme un happening. La vidéo montre une suite d'événements qui s'enchaînent sans aucune autre intervention, uniquement grâce à des réactions chimiques (eau, vent, feu...) : une bougie enflamme un matériau, lequel envoie des étincelles, lesquelles enflamment une flaque de pétrole, laquelle enflamme une autre ficelle...
Les auteurs ont certes conçu le travail en amont, ils ont minutieusement calibré, millimétré, calculé les effets de chaque événement, mais ils sont absents lorsque l'œuvre elle-même se réalise. Elle ne comprend donc pas d'agent. Les artistes interrogent le temps, la causalité la vie grâce à une suite d'événements rares et exceptionnels, 30 minutes d'enchaînements ininterrompus.
Discrimination day[modifier | modifier le wikicode]
- [vidéo] Pour voir Discrimination Day de Jota Castro, clique ici
Réalisée en 2005, Discrimination Day de Jota Castro est une œuvre politique qui dénonce la discrimination en la faisant vivre concrètement au spectateur. La performance caricature et inverse les normes : alors qu'en France, ce sont les Noirs, les Arabes ou les Chinois qui sont souvent discriminés, ici ce sont les Blancs qui prennent leur place.
Lors du vernissage d'une exposition qui lui était consacrée au palais de Tokyo, l'auteur trie les visiteurs et les fait passer dans deux files d'accès différentes : les blancs doivent sont fouillés à l'excès, tutoyés, traités avec mépris, tandis que les personnes d'autres couleurs de peau entrent sans aucun contrôle et ont droit à un cocktail dans un espace privatif. Une affiche indique : « Et si pour une fois c'était toi le bougnoul ? ».
La performance du matelas[modifier | modifier le wikicode]
Réalisé entre 2014 et 2015 par Emma Sulkovicz, Carry That Weight (en français : « porter ce fardeau ») ou Mattress Performance (« (fr) la performance du matelas ») chercher à dénoncer la manière dont les viols sont traités par les autorités au sein des universités américaines.
Emma Sulkovicz avait elle-même été victime d'un viol : sa plainte avait été conduite par les autorités de l'université de Columbia. Pendant toute l'année universitaire 2015-2015, l'auteure encore étudiante en arts a donc vécu nuits et jours accompagnée de son matelas, sans jamais le quitter, le transportant partout où elle se déplaçait.
L'artiste avait le droit de recevoir de l'aide mais pas de l'accepter : très vite de nombreux étudiants sont venus l'aider a porter son matelas dans un geste éminemment symbolique. Cette solidarité s'est prolongée sur les réseaux sociaux où la performance est vite devenue le symbole de la lutte contre les viols.
Matress Performance lors de la remise des diplômes
Le mur des règles de l'œuvre
Des camarades aident Emma Sulkovicz à porter son matelas
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Quelques performeurs célèbres[modifier | modifier le wikicode]
Marina Abramović[modifier | modifier le wikicode]
Marina Abramović est une artiste serbe connue pour ses performances originales, figure majeure de l'art contemporain. Son œuvre questionne la nature même du corps : qu'est-ce qu'un corps ? Comment s'exprime-t-il ? La présence est-elle physique, donc due au corps, ou mentale, liée à l'esprit ?
Artiste audacieuse, elle est une des pionnières de l'art corporel. Elle utilise son corps comme un instrument, elle le soumet à des expériences extrêmes, parfois même au risque de sa vie. Elle est ainsi prête à le lacérer, le congeler ou le flageller. Ainsi, dans Rest Energy, pendant 4 mn, Marina et son mari Ulay mettent un arc et une flèche en tension sous la poids de leur corps, la flèche pointée sur le cœur de Marina. La performance repose sur la confiance mutuelle qu'ils se vouent.
Dans Rythme 0, elle offre son corps aux fantasmes, aux désirs et aux délires du public. Pendant 6 heures, elle reste totalement pétrifiée et le public peut lui faire tout ce qu'il veut, grâce à différents objets qu'elle met à sa disposition : parfum, roses, mais aussi couteau, pistolet, armes... L'artiste manque d'être tuée et sort de la performance grièvement blessée.
Dans The Artist is Present, dès l'ouverture du Museum of Modern Art au petit matin, Marina Abramović est attablée face à des membres du public qui se succèdent pour affronter son regard. Elle les fixe du regard, en silence, sans flancher, pour tester leur réaction (rire, embarras...).
The Artist is Present (2010)
Body Pressure (2005)
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Abraham Poincheval[modifier | modifier le wikicode]
Abraham Poincheval est un performeur français du Sud de la France, né à Alençon et officiant aujourd'hui à Marseille. Ses performances, souvent exposées au palais de Tokyo, à Paris, traitent du thème de la solitude, de la vie en autarcie et de la perte des sens.
Ainsi, en avril 2017, il s'enferme dans un vivarium avec quelques objets et couve, telle une poule, des œufs jusqu'à leur éclosion. Au musée de la chasse et de la nature, il s'est déjà aussi, par exemple, enfermé pendant 13 jours dans un ours empaillé, dépecé et un peu aménagé de l'intérieur pour l'occasion.
Lors de la Nuit Blanche à Paris, en 2016, il a aussi vécu pendant une semaine, 24 heures sur 24, perché en haut d'un mât, disposant de rares provisions et d'un très petit espace pour s'allonger. Cette performance s'appelle Vigie urbaine.
Abraham Poincheval couve des œufs
Abraham Poincheval vit dans un ours
La vigie urbaine, Nuit Blanche, 2016.
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Piotr Pavlenski[modifier | modifier le wikicode]
Piotr Pavlenski, né le 8 mars 1984 à Léningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg), en Russie, est un performeur russe, également activiste politique et militant anarchiste : il utilise son art pour lutter contre la politique du président russe Vladimir Poutine.
Il est connu pour ses performances extrêmes où son corps devient un objet de mutilations. Menacé par des procès en Russie, il se réfugie en France le 4 mai 2017. Il ne tarde pas à y reprendre ses activités : dans la nuit du 15 au 16 octobre 2017, il incendie la banque de France dénoncer le pouvoir des banquiers sur les citoyens français.
Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]
- Pour en savoir plus sur Abraham Poincheval : [vidéo] Stupéfiant !, un magazine de France 2.
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