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Ouvriers de l'industrie au XIXe siècle

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Une filature de coton en Alsace vers 1880.

L'ouvrier de l'industrie apparaît au XVIIIe siècle lors de l'industrialisation, mais il prend une place importante dans l'économie et la société au XIXe siècle.

Les ouvriers proviennent des campagnes européennes qui rejettent leur main d'œuvre excédentaire du fait de changements dans l'utilisation de la terre. Une partie des ouvriers sont aussi issus de la classe ouvrière existante dont les enfants n'arrivent pas à accéder à d'autres métiers.

Les conditions de travail sont imposées par le rythme des machines-outils qui fonctionnent en continu, exigeant une présence constante des ouvriers. Ni la compétence technique ni la force physique ne sont nécessaires, car la machine-outil est actionnée grâce à l'énergie fournie par une machine à vapeur. Cela permet l'embauche de femmes et d'enfants en grand nombre, surtout dans l'industrie textile qui est très mécanisée.

La journée de travail est très longue et on travaille 6 jours par semaine (les vacances n'existent pas). Les salaires sont calculés au plus juste pour couvrir les besoins élémentaires des ouvriers. Jusque dans les années 1880, il n'y a aucune protection sociale (assurance-maladie, assurance-chômage, assurance-accidents du travail, assurance-retraite). L'ouvrier qui ne travaille pas n'a aucun revenu.

D'où viennent les ouvriers industriels?[modifier | modifier le wikicode]

Une petite fileuse en Caroline du sud (États-Unis), le 3 décembre 1908, enquête photographique de Lewis W. Hine pour le National Child Labor Committee.

Pour la plupart, les ouvriers de l'industrie proviennent du monde rural. Dans les îles Britanniques ce sont des paysans qui ont été chassés de leurs terres par le mouvement des enclosures, qui commence dès le XVIe siècle mais qui a pris de l'importance au XVIIIe siècle : les grands propriétaires terriens ont clos leurs parcelles, jusque là cultivées en céréales, afin d'y élever des moutons. La demande en laine est en effet importante dans l'industrie textile qui se développe. On remplace ainsi des cultivateurs nombreux par un petit nombre de bergers. Les paysans, désormais sans emploi, doivent émigrer vers les villes où l'industrie textile, très gourmande en main d'œuvre est en plein développement avec la nouveauté des cotonnades.

En France, le partage des terrains communaux au XVIIIe siècle, a eu le même effet. Les communaux, terres collectives avec accès libre, servaient à nourrir le bétail des paysans sans terres ou sans prés. Cela leur fournissait un revenu complémentaire indispensable. L'interdiction d'accès à ces terres, désormais privatisées et souvent encloses, conduit ces paysans à quitter les campagnes où ils ne peuvent plus vivre.

Une partie des ouvriers de l'industrie provient aussi du monde de l'artisanat aussi bien rural qu'urbain. Beaucoup de paysans tiraient un revenu complémentaire d'une activité de fabrication d'objets, en particulier en filant ou même en tissant la laine. Cela occupait les longues journées d'hiver. Ce travail était organisé par des négociants urbains. Mais l'arrivée du coton ruine cette production. Désormais tout est fait à l'usine et pour bien moins cher. Ceux dont les revenus agricoles ne peuvent suffire quittent les campagnes. Mais les tisserands urbains à domicile sont eux aussi touchés par la production sortant des usines. Celles-ci, grâce aux quantités importantes permises par l'utilisation des machines mues par le moteur à vapeur, leur font une concurrence mortelle. N'ayant plus de clients, ils n'ont plus qu'à quitter leur ateliers pour aller s'embaucher à l'usine et vivre dans des corons.

Aux États-Unis d'Amérique, l'industrialisation, qui démarre dans les années 1850, trouve sa main d'œuvre dans les foules d'immigrants venus d'Europe. Certains d'entre eux restent dans les États de l'est et produisent l'équipement nécessaire aux pionniers qui se lancent dans la conquête de l'ouest pour devenir paysans propriétaires. Mais une fois les terres disponibles prises par les premiers arrivants, les immigrés des années 1880-1890, surtout venus d'Italie ou de l'Europe balkanique, ne pourront devenir qu'ouvriers.

Une fois devenus ouvriers industriels, prolétaires, ceux qui n'ont que leurs bras et ceux de leurs enfants pour vivre, ont beaucoup d'enfants. Plus une famille dispose de bras, plus elle augmente ses revenus, qui lui permettent de survivre en ville. Car les enfants travaillent très jeunes, souvent avant 6 ans, et ne coûtent pas cher à élever. Les familles ouvrières sont des familles nombreuses... de futurs ouvriers.

Qui sont les ouvriers industriels ?[modifier | modifier le wikicode]

Au XIXe siècle, l'industrie la plus gourmande en main d'œuvre est l'industrie textile, qui travaille surtout le coton et la laine. Dans ces industries très mécanisées, les femmes sont très nombreuses (environ la moitié des effectifs). Les enfants sont aussi très employés ( quelquefois jusqu'au tiers de effectifs). Par contre dans l'industrie métallurgique, qui demande plus de force physique, les hommes sont beaucoup plus nombreux.

Sauf au Royaume-Uni, qui a très fortement développé son industrie, le monde ouvrier industriel ne représente qu'une petite partie de la population. En France vers 1860, les ouvriers (y compris ceux des ateliers artisanaux) n'étaient que 2 millions et demi, pour une population totale de 37,5 millions d'habitants.

Les conditions de travail[modifier | modifier le wikicode]

La révolution industrielle crée l'usine un nouveau lieu de production d'objets, qui remplace l'atelier artisanal ou la manufacture.

Les changements apportés par la machine à vapeur[modifier | modifier le wikicode]

Un atelier de peignage de la laine vers 1890

L'usine du XIXe siècle est un regroupement de machines autour d'un moteur central, la machine à vapeur ; il peut y en avoir plusieurs dans une usine. Les machines n'ont pas de moteur individuel, elle sont reliées au moteur central par des tringles, des poulies, des engrenages, des chaines, des courroies...

Dès que le moteur produit de la vapeur qui actionne un piston et des bielles, l'énergie produite doit être utilisée.
Produire cette énergie coûte cher : il faut financer la machine à vapeur et le bâtiment qui l'abrite, le combustible (à l 'époque le charbon) et payer les ouvriers chargés du fonctionnement.

Transmettre cette énergie est coûteux, car il faut de nombreuses pièces intermédiaires entre le moteur et la machine utilisatrice ou machine-outil (voir le paragraphe précédent).

La machine-outil doit donc travailler le plus possible, sans temps mort de production. Même si la machine fonctionne sans apport d'énergie humaine, il faut surveiller son bon fonctionnement, intervenir en cas d'incident dans les opérations de travail, l'approvisionner en matière première, évacuer les produits finis. Il faut donc des travailleurs.

Désormais c'est la machine-outil qui impose la durée et le rythme du travail humain (en fait cette durée et ce rythme sont déterminés par le chef d'entreprise).

La machine-outil produit des objets automatiquement, à un rythme régulier. Des pratiques fréquentes auparavant ne sont plus possibles. Il n'est plus question pour l'ouvrier de se déplacer dans l'atelier à la recherche d'un outil pour poursuivre le travail (l'outil c'est la machine), plus question de « souffler un peu » pour reprendre des forces (la machine-outil dispose d'une énergie constante), finies les pauses permettant de discuter avec un collègue pour un problème technique (ou pour le plaisir) car la machine-outil a été conçue pour ne pas avoir de problèmes. L'ouvrier doit rester en permanence à côté de la machine. D'ailleurs un salarié, le contremaître ou le chef d'atelier, est délégué par l'entrepreneur pour surveiller que les autres salariés sont bien « à leur poste ».

Un travail dangereux[modifier | modifier le wikicode]

Un atelier dans une filature de coton vers 1835 au Royaume-Uni. Noter à droite, l'ouvrier sous le banc de broches

Au XIXe siècle, le travail en usine est dangereux. Les divers organes des machines-outils ne sont pas protégés par des grilles ou des plaques, car cela augmenterait le coût d'achat. Les courroies et chaînes qui transmettent l'énergie sont à l'air libre. Les archives des inspections du travail, regorgent de cas d'accidents du travail. Passer trop près d'une machine en mouvement, ce qui provoque un mouvement de l'air, peut s'avérer fatal si l'on a les cheveux longs non retenus par un foulard ou des vêtements trop amples. Cheveux et tissus peuvent se prendre dans les engrenages. Le temps qu'on arrête la machine-outil, les dégâts corporels peuvent être considérables.

Le maniement des teintures, des solvants, du chlore pour blanchir, se fait sans protection des voies respiratoires. Les fines particules de fibres remplissent l'atmosphère des ateliers de filage car la ventilation des locaux pour les aspirer est insuffisante.

Coulée du laitier dans une cuve à scories

Dans la sidérurgie et la métallurgie, l'ouverture des hauts fourneaux de fabrication de la fonte, dégage une chaleur extraordinaire mais se fait sans vêtements de protection ; souvent les ouvriers travaillent torse nu tellement il fait chaud. Les gravures du temps montrent ces conditions de travail difficiles.

Quelquefois l'ouvrier intervient sur la machine-outil sans qu'on l'arrête afin de ne pas rompre le rythme de travail. C'est le cas sur les métiers à filer où il arrive qu'un fil casse sur les dizaines que la machine fabrique en même temps (le banc de broches). Un ouvrier, généralement un enfant car son petit gabarit le lui permet, se glisse sous le métier qui continue son mouvement de va-et-vient horizontal, pour renouer le fil cassé. Gare à lui s'il ne fait pas attention à la position du banc de broche qui est en mouvement.

La fatigue liée à des journées et des semaines de travail trop longues (voir ci-dessous), l'insuffisance de la nourriture qui peut provoquer des étourdissements, rendent aussi le travail près des machines-outils très dangereux. Sans compter l'inattention.

Les assurances sur le travail, pour lesquelles les cotisations sont versées par le salarié et l'employeur, n'existent pas. En cas d'accident, la période d'arrêt de travail n'est pas payée. En cas d'infirmité temporaire ou permanente il n'y a pas d'indemnisation ni de pension pour le reste de l'existence. L'ouvrier incapable de travailler doit être pris en charge par sa famille, se résoudre à la mendicité ou se réfugier dans un hôpital.

Un travail peu qualifié[modifier | modifier le wikicode]

Jeune ouvrier dans une filature de Manchester vers 1890

Au XIXe siècle, le recours aux machines-outils pour la production d'objets va bouleverser le travail. La machine est conçue et réglée pour produire des objets identiques en grande quantité. La présence humaine se limite le plus souvent à la surveillance de la machine. Il n'y a plus besoin du savoir-faire, ou de la qualification professionnelle, qui faisaient la fierté des ouvriers des ateliers artisanaux ou des manufactures. La formation professionnelle est réduite au minimum nécessaire pour savoir comment surveiller la machine et accomplir quelques opérations élémentaires. Seuls les mécaniciens qui entretiennent les machines ou ceux qui « servent » la machine à vapeur doivent avoir une qualification.

La demande en force physique, qui était nécessaire dans certains métiers comme ceux de la métallurgie, n'est plus indispensable.

Ces modifications vont avoir des répercussions considérables. Désormais les ouvriers peuvent se recruter parmi des personnes sans formation industrielle ; cela permet l'embauche quasi immédiate des paysans rejetés des campagnes. Les femmes et les enfants, même très jeunes, qui n'ont pas la même force physique que les hommes adultes, vont pouvoir les remplacer dans de multiples professions. La concurrence pour l'emploi va être rude pour les travailleurs traditionnels qualifiés, en grande partie des hommes.

Une journée de travail très longue[modifier | modifier le wikicode]

Au XIXe siècle, le temps de présence de l'ouvrier dans l'usine est très long. Le travail est payé à la journée et non à l'heure, donc plus la journée de travail est longue plus la production par ouvrier est importante, plus l'entreprise gagne. Il n'y a pas de contrat de travail qui indique les conditions de l'embauche. C'est l'entrepreneur qui fixe les horaires.

Les journées de travail sont donc souvent très longues ; souvent plus de 12 heures quotidiennes, quelquefois 15 heures. Femmes et enfants sont pendant longtemps soumis aux mêmes horaires que les hommes adultes. En France ce n'est qu'en 1841que la loi interdit le travail des enfants de moins de 8 ans et prévoit des journées maximum de 8 heures pour les enfants âgés de 8 à 12 ans ; et cette loi ne s'applique que dans les usines avec machine à vapeur (ce qui à l'époque était encore peu fréquent). La pause pour le repas de mi-journée est réduite (une demi-heure généralement), souvent le repas est pris au pied de la machine ou à l'extérieur dans la cour de l'usine.

La semaine de travail est généralement de 6 jours. Souvent, le dimanche matin, une partie des ouvriers doivent venir à l'usine pour nettoyer les ateliers et entretenir les machines. Il n'y a bien sûr pas de congés annuels.

Des salaires très faibles[modifier | modifier le wikicode]

En échange de sa présence indispensable auprès de la machine-outil, l'ouvrier reçoit un salaire. Celui-ci est destiné à lui fournir le strict nécessaire pour se nourrir, se vêtir, se loger, se chauffer, afin de pouvoir revenir travailler à l'usine le lendemain. Comme les besoins vitaux des femmes et des enfants sont jugés moins coûteux, leur salaire sera plus faible que celui accordé à un homme. Comme il y a beaucoup de main d'œuvre disponible, les salaires sont calculés au minimum. C'est à prendre ou à laisser, et donc renoncer à l'embauche.

Il n'y a pas de protection sociale. L'ouvrier n'est pas payé en cas d'absence pour maladie, accouchement, accident... Il n'y a pas d'assurance chômage pour celui qui perd son emploi. Il n'y a pas d'assurance vieillesse pour les vieux travailleurs, ils doivent travailler tant qu'ils le peuvent puis ensuite s'en remettre à la famille, à l'hospice, à la mendicité ou aux œuvres de bienfaisances mises en place par un très petit nombre d'employeurs. En Allemagne, pays en avance sur les autres dans ce domaine, l'assurance maladie n'existe qu'à partir de 1883, celle pour les accidents en 1884, pour l'invalidité et la vieillesse en 1889. Le Royaume-Uni ne crée ces assurances qu'en 1911, et la France en 1910 pour l'assurance maladie (qui n'est pas obligatoire).

Le travail est payé à la journée ; le dimanche n'est donc pas payé.

En 1848, à Rouen, dans l'industrie textile où la concurrence féminine et enfantine est très forte, un homme perçoit de 1,9 à 2,7 francs par jour, mais seulement sur 6 jours. Une femme de 1 à 1,3 franc, un enfant de 0,5 à 0,7 franc. Quelques métiers qui demandent de la qualification comme les maçons, les métallurgistes, les mécaniciens, sont un peu mieux payés.

Selon une enquête de 1848, le kilo de pain (base principale de la nourriture avec en moyenne trois kilos et demi par jour pour une famille de 6 personnes dont 4 enfants de moins de 10 ans) vaut entre à 0,20 et 0,25 franc le kilo. Le beurre coûte 0,5 franc les 250 grammes (seul le père de famille en consomme). Le litre de lait 0,15 franc. Le loyer revient 0, 20 franc/jour. Le charbon pour chauffer le logement, faire la cuisine et faire sécher le linge coûte près de 0,20 franc/jour. Il faut y rajouter les trois repas de viande hebdomadaires (que des bas-morceaux), le sucre, les pommes de terre, l'éclairage, les vêtements. Le recours au médecin et aux médicaments est quasi impossible.

Vikilien pour compléter sur la production d'objets[modifier | modifier le wikicode]

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