Noblesse d'Empire

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Le mariage de Jérôme Bonaparte et de Catherine de Wurtemberg, aux Tuileries le 22 août 1807. Napoléon et la haute noblesse d'Empire

La noblesse d'Empire est formée par l’ensemble des personnes (et de leurs héritiers) ayant reçu un titre nobiliaire accordé par Napoléon Ier entre 1804 et 1815. Napoléon attribua près de 3600 titres de noblesse.

Les titres étaient hiérarchisés : prince, duc, comte, baron, chevalier (par ordre décroissant) et correspondaient le plus souvent, mais pas toujours, à une fonction administrative (préfet, sénateur...), militaire (maréchal et général le plus souvent) ou religieuse (évêque). La noblesse d'Empire n'avait aucun des privilèges fiscaux dont avaient bénéficié la noblesse d'Ancien Régime.

Napoléon Ier souhaitait constituer une élite stable, regroupant les personnels militaires, politiques, religieux et administratifs ayant exercés de hautes fonctions pendant la Révolution (pour une grande partie d'entre eux des bourgeois) et l'Empire auxquels se joindraient certaines familles ou individus issus de l'ancienne noblesse d'avant 1789 acceptant de servir l'Empire.

Les titres créés par Napoléon Ier furent confirmés par le roi Louis XVIII après 1815 au moment de la Restauration.

Pourquoi Napoléon Ier a-t-il créé une noblesse d'Empire ?[modifier | modifier le wikicode]

Le but de l'empereur est de fusionner la noblesse d'Ancien Régime et la bourgeoisie révolutionnaire qui fournit en grande partie les cadres administratifs et militaires depuis 1790. Le but est donc de réconcilier une partie des Français qui avaient été des adversaires à la fin de l'Ancien Régime (à cette époque la bourgeoisie était exclue des postes administratifs, militaires et religieux du royaume, postes qui étaient réservés à la noblesse et pendant la Révolution la plupart des nobles étaient en exil ou tentaient de se faire oublier pour ne pas risquer la guillotine). Il souhaitait récompenser tous ceux qui soutenaient le régime impérial et ainsi créer une élite stable et fidèle au régime impérial. Napoléon était convaincu qu'avec ces récompenses honorifiques (des « hochets » selon lui) on pouvait mener les hommes comme on l'entendait.

La création d'une nouvelle noblesse, dans laquelle Napoléon comptait bien attirer des membres de l'ancienne noblesse, permettait aussi « d'aligner la France » sur le reste de l'Europe où quasiment tous les pays étaient des monarchies avec une noblesse héréditaire.

Les titres de la noblesse d'Empire[modifier | modifier le wikicode]

La noblesse d'Empire naît dès la proclamation de l'Empire en mai 1804, sont alors créés les titres de princes impériaux au profit des nombreux frères et sœurs de Napoléon. En 1806 sont créés des titres de ducs (le premier à en bénéficier est le maréchal Lefèbvre). En 1808, Napoléon complète l'organisation en créant les titres de comte, de baron et de chevalier. Les chevaliers de la Légion d'honneur sont de droit chevaliers de l'Empire.

Les princes[modifier | modifier le wikicode]

Le blason du maréchal Berthier, prince souverain de Neuchâtel

Le titre de prince français est réservé aux membres de la famille impériale ; ils sont appelés « Altesse impériale » ; chacun des " Princes de la famille " reçoit une dotation annuelle d'un million de francs.

Pour en savoir plus, lis l’article : Prince français.

Certains maréchaux, les Grand dignitaire de l'empires et certains ministres d'État reçoivent également le titre de prince. Ils sont appelés « Altesse sérénissime ». C'est le cas entre autres de Talleyrand ministre des Affaires Étrangères qui est prince de Bénévent, du maréchal Berthier, chef de l'État-major de l'armée impériale, titré prince de Neuchâtel et prince de Wagram. Le titre de prince peut se cumuler avec celui de duc, ainsi le maréchal Ney était prince de la Moskova et duc d'Elchingen. Ces titres sont tous situés en dehors du territoire de l'empire français, ceci afin de ne pas donner l'impression que la féodalité était rétablie. Ces titres sont purement honorifiques. Les princes ne gouvernement pas leur principautés et n'y résident pas. Mais ils donnent droit à d'importantes dotations financières annuelles versées par le Trésor français. Ces territoires dépendent entièrement de l'empereur et de son gouvernement.

Napoléon interdira aux rois qu'il a nommés, ses frères Joseph, roi de Naples puis roi d'Espagne et Louis, roi de Hollande et à son beau-frère Murat grand-duc de Berg puis roi de Naples, de décerner des titres de princes à leurs sujets.

Les ducs de l'Empire[modifier | modifier le wikicode]

Le titre de duc de l'Empire est attribué aux principaux dignitaires, aux ministres d'État et aux maréchaux.

Dès mars 1806, on distingues les 22 «  Duché grands fief de l'Empire » situés en Italie. Ces titres sont purement honorifiques et ne donnent droit à aucun pouvoir territorial.

Pour en savoir plus, lis l’article : Duché grand fief de l'Empire.

D'autres titres de ducs sont donnés à des maréchaux ou des généraux. Ils correspondent à des batailles où ces militaires se sont illustrés. Ainsi Lefèbvre est fait duc de Dantzig, Berthier est duc de Wagram (et prince de Neuchâtel en Suisse), Ney duc d'Elchingen (et prince de la Moskowa), Masséna duc de Rivoli (et prince d'Essling), Lannes est duc de Montebello, Marmont duc de Raguse, Davout duc d'Auerstaedt (et prince d'Eckmül), Suchet est duc d'Albufera, Kellermann duc de Valmy, Augereau duc de Castiglione. Tous ces titres sont en dehors du territoire français traditionnel, sauf Valmy mais il est donné à un maréchal honoraire.

Après son divorce en 1807, l'ex-impératrice Joséphine de Beauharnais reçut le titre de duchesse de Navarre (qui correspondait à un château près d'Évreux en Normandie), mais elle ne pouvait le transmettre à ses enfants Eugène et Hortense.

Par contre le maréchal Jourdan, vainqueur à Fleurus en 1794, mais hostile au coup d'État du 18 brumaire (en 1799) ne fut jamais titré duc ni comte.

Les comtes de l'Empire[modifier | modifier le wikicode]

Armoiries du comte Rœderer

De 1808 à 1815, Napoléon créa environ 500 comtes de l'Empire. Ils sont recrutés parmi les ministres, les sénateurs (110), les conseillers d'État à vie, les présidents du Corps Législatif et les archevêques et évêques (15), les généraux (110), les amiraux (10), 50 comtes proviennent du haut-personnel des maisons domestiques de la famille impériale, 15 comtes étaient des présidents de collèges électoraux importants. Quelques personnalités du monde scientifique ou des arts se voient décerner le titre de comte (Monge, Chaptal, Volney, Volta, Cabanis, Berthollet).

La titulature des comtes (comme d'ailleurs celle des barons et des chevaliers) consiste, le plus souvent, à faire précéder le nom de famille du titre. Mais certains rajoutent le nom d'un domaine ou d'une bataille pour les militaires.

Les barons de l'Empire[modifier | modifier le wikicode]

De 1808 à 1815 Napoléon décerna environ 1550 titres de barons de l'empire. Ils sont recrutés parmi les généraux (350) et les colonels (570), les présidents de collèges électoraux et les députés (175), les magistrats (70) parmi lesquels les Premiers présidents, les procureurs généraux de la Cour de Cassation et de la Cour des Comptes, les procureurs généraux des Cours d'Appel ; les préfets (105) et les sous-préfets (10) les maires des (37 puis 52) « bonnes villes » ; 70 comtes sont issus des maisons domestiques princières de l'empire ; il y a également 70 évêques.

Quelques personnalités titrées barons de l'Empire Corvisart, Silvestre de Sacy, Jean-Baptiste Éblé.

Les chevaliers de l'Empire[modifier | modifier le wikicode]

Les membres de la Légion d'honneur seront tous chevaliers. Ils sont environ 1500 dont le titre est transmissible (voir plus bas). Le titre n'est pas héréditaire sauf si pendant trois générations ont demande la transmissibilité du titre (à conditions de justifier des revenus nécessaires pour ce titre). Cela visait à freiner l'attribution de ce titre puisque le nombre de légionnaires devrait augmenter avec la durée de l'Empire. Les 4/5e des chevaliers sont des militaires de grade moyen et d'origine sociale modeste, seuls 120 d'entre eux sont des nobles d'avant 1789.

Parmi les chevaliers légionnaires on compte Vivant Denon, David, Houdon, Cuvier

Les caractéristiques de la noblesse d'Empire[modifier | modifier le wikicode]

Ils sont liés aux mérites et capacités reconnus par l'empereur[modifier | modifier le wikicode]

Cambacérès, prince-archichancelier de l'Empire. le principal rédacteur du code civil

En créant la noblesse impériale Napoléon devait cependant tenir compte que l'égalité des droits entre les Français était un des grands acquis de la Révolution. La nouvelle noblesse ne devait donc pas être un corps privilégié, à part du reste de la population (comme l'était la noblesse d'Ancien Régime). Ce n'était pas la naissance (sauf à la deuxième génération) qui donnait un titre de noblesse ; on devenait noble par la seule volonté de l'empereur récompensant les serviteurs qui lui permettaient de faire fonctionner la France (principe révolutionnaire de l'accès aux places selon les capacités, accès possible pour tous les Français).

Les titres sont surtout liés aux fonctions exercées[modifier | modifier le wikicode]

Les titres découlent de la fonction exercée dans l'Empire. Plus la fonction est élevée plus le titre est important, ainsi un membre de la famille impériale est Prince français, les grands dignitaires de l'Empire sont princes, un maréchal est généralement duc (pour certains princes), un ministre, un sénateur est comte, un préfet de départements ou un évêque est baron. L'ensemble est rationnel et imite l'organisation de la noblesse russe (le tchin) qui avait été mise en place au XVIIIe siècle. Cependant l'empereur se réserve le droit de nommer à tous les titres des personnalités n'exerçant pas de fonction définie mais dont les travaux, les services rendus à l'État ou la renommée est importante et donnent un éclat à l'Empire. La noblesse est donc ouverte à tous les Français (principe révolutionnaire).

En fonction de leurs fonctions dans l'Empire napoléonien les nobles d'Empire se répartissent de la manière suivante. Les militaires (surtout des généraux et des colonels) sont 264 (soit 40% de la noblesse d'Empire), on dénombre 8 princes et ducs, 41 comtes, 133 barons et 82 chevaliers.

Les Hauts fonctionnaires, comme les ministres, les membres du Conseil d'État et du corps préfectoral, les hauts magistrats, les diplomates, les archevêques et les évêques sont 124 (soit 18%), parmi eux il y a 4 princes et ducs, 24 comtes, 74 barons et 22 chevaliers.

Les notables, c'est-à-dire les sénateurs, les membres de collèges électoraux, les maires et les propriétaires sont 203 (soit 30%), parmi eux il y a 55 comtes, 134 barons et 14 chevaliers.

Les membres de la Maison de l'Empereur et des Princes français sont 81 (soit 12%). Ils se répartissent en 52 comtes (surtout des chambellans de 1'Empereur), 27 barons (qui sont les écuyers de 1'Empereur ou chambellans des Princes) et 2 chevaliers.

Les titres peuvent être transmis[modifier | modifier le wikicode]

Comme ils découlent de l'exercice d'une fonction, ces titres ne sont conférés qu'à vie pour le premier titulaire. Un titre peut cependant devenir héréditaire dans la branche masculine et ordre de primogéniture (seulement l'ainé des garçons y compris les enfants adoptés), à condition que le titulaire constitue un majorat qui fournit les moyens financiers permanents pour maintenir « l'éclat du titre » et « tenir leur rang ». En effet, au moment de la création de la noblesse (entre 1804 et 1808) Napoléon qui va de succès en succès militaires pense que son empire durera et qu'il utilisera les services des descendants des premiers nobles d'Empire. Le Premier Empire ayant disparu en 1814-1815, on ne peut savoir si le système imaginé par Napoléon aurait été performant.

Le majorat est un ensemble de biens fonciers (terres ou immeubles) ou de titres d'emprunts d'État ou des actions de la Banque de France (qui était alors un banque privée). Ces biens produisent des revenus (fermages, loyers, intérêts...). C'est le montant de ces revenus qui est pris en compte pour la création d'un majorat. Les biens du majorat sont immobilisés et ne peuvent être vendus ni saisis, ni démembrés (notons que ces obligations sont différentes de celles qui frappent les biens des autres Français). Les biens constituant le majorat pouvaient être pris sur le patrimoine du noble, ou bien être obtenus grâce à un don de l'empereur.

Le titre de prince était transmis par un majorat fournissant un revenu annuel de 200 000 francs, il fallait 30 000 francs pour celui de comte, celui de baron était transmissible grâce à un majorat qui produisant 15 000 francs, les chevaliers n'avaient besoin que de 3 000 francs de revenu.

Le bénéficiaire d'un majorat, en attendant la mort du père, recevait un titre inférieur à celui du père. Le fils ainé d'un prince était un duc et les fils cadets étaient soit comtes soit barons. Le fils ainé d'un duc était un comte, les cadets étaient des barons. Le fils ainé d'un comte (et le neveu s'il s'agit d'un archevêque) était baron.

Sous l'empire il y eut la création d'environ 800 majorats.

L'origine sociale de la noblesse d'Empire[modifier | modifier le wikicode]

Junot, duc d'Abrantès, son père était marchand

La Révolution à permis à de nouvelles classes sociales d'accéder aux responsabilités politiques (les députés, les grands administrateurs) elle a surtout permis aux militaires d'origine modeste, qui étaient bloqués dans leur avancement hiérarchique avant la Révolution, de parvenir aux plus hauts grades, donc de prétendre à être titrés nobles d'empire.

L'ancienne noblesse et la " bourgeoisie vivant noblement " (la haute bourgeoisie) d'avant 1789 représentent environ le tiers des nouveaux titrés:16 des 37 princes et ducs de l'Empire appartenaient à l'ancienne noblesse. Ainsi Talleyrand (d'une famille de la très haute noblesse), Caulaincourt (ancien marquis), Davout (à l'origine d'Avout, gentilhomme bourguignon), Cambacérès (noblesse de robe montpelliéraine), Lebrun (fils d'un secrétaire du roi), Berthier (fils d'un ingénieur-géographe anobli par Louis XV) appartenaient à la noblesse plus ou moins ancienne d'avant 1789.

Les autres titulaires ont une origine plus modeste mais relève de la moyenne et petite bourgeoisie. C'est le cas de Savary dont le père était chevalier de Saint-Louis, de Moncey et de Gaudin qui sont fils d'avocats au Parlement, de Soult dont le père était notaire, de Bessières est fils d'un chirurgien.

Vingt pour cent d'entre eux, sont d'origine populaire (surtout parmi les militaires) : Junot est le fils d'un marchand, Masséna celui d'un épicier, Mortier fils de cultivateur, le grand-père de Lannes était métayer.

Le ralliement limité de l'ancienne noblesse[modifier | modifier le wikicode]

Un des ralliés, l'ex-marquis de Caulaincourt, général d'Empire et duc de Vicence

Un des buts de Napoléon était de rallier à son régime une partie de l'ancienne noblesse (du moins celle qui n'avait pas combattu la France depuis 1789). Encore fallait-il que ces anciens aristocrates n'aient pas perdu toute leur fortune, qu'ils acceptent de travailler pour l'Empire et qu'ils ne rechignent pas à se voir décerner des titres qui dans la nouvelle hiérarchie seraient inférieurs à leurs titres d'Ancien Régime (bien que sous l'Ancien Régime, mis à part les ducs, ce qui comptait le plus c'était l'ancienneté et l'importance de la maison noble).

Les nouveaux nobles de l'Empire (mis à part les chevaliers, qui sont dans leur grande majorité d'origine modeste) représentaient environ un tiers (soit 680 environ) de la noblesse d'Empire, ce qui est peu relativement aux nombres de familles nobles en 1789. Les titres anciens qui avaient été abolis sous la Révolution ne sont pas rétablis, des titres nouveaux sont créés. Quatre vingts un des nouveaux titulaires occupent les fonctions de chambellan, d'écuyer, de dame et de préfet du Palais. Il s'agissait pour Napoléon de donner un aspect aristocratique à sa Cour, de faire apprendre les « bonnes manières » à des courtisans qui n'avaient aucune idée des usages de la Cour royale d'avant 1789. Les militaires issus de l'ancienne noblesse sont environ 40% de la nouvelle noblesse.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Wikipedia [1] consultée le 12 septembre 2015
  • Napoléon.org [2] ce site est une mine d'informations précises sur la période napoléonienne
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