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Nation russe trinitaire
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Le concept de nation russe trinitaire est une théorie panslave élaborée dans l'Empire russe. Elle affirme que la nation russe est divisée en trois peuples frères : les Grands-Russes (le peuple russe au sens strict), les Blancs-Russes ou Blancs-Russiens (les Biélorusses) et les Petits-Russes (les Ukrainiens). Cette notion de peuple russe trinitaire était l'un des piliers de l'Empire russe : en effet, elle permettait au pouvoir moscovite puis pétersbourgeois de l'empereur de conserver une autorité sur ces trois peuples et les empêchait de se révolter puisque, d'après elle, ils étaient tous frères.
Sous le régime soviétique, cette théorie est d'abord rejetée par le gouvernement bolchevik, qui l'associe à une tradition tsariste. Pendant la guerre civile russe, les Bolcheviks jouent d'ailleurs sur le nationalisme de certains peuples comme le peuple ukrainien pour obtenir leur soutien contre les monarchistes. Joseph Staline revient cependant sur les décisions de ses prédécesseurs, afin d'unifier les peuples slaves sous un régime centralisé à Moscou ; malgré cela, le Holodomor (famine provoquée par le gouvernement soviétique) qu'il organisera ciblera spécialement les Ukrainiens, ce qui lui vaudra plus tard la qualification de génocide de la part du gouvernement ukrainien apparu en 1991.
En 2022, le président russe Vladimir Poutine s'appuie particulièrement sur cette théorie pour justifier la guerre russo-ukrainienne qu'il provoque le 24 février.
Arguments[modifier | modifier le wikicode]
Cette théorie se base sur les origines communes des peuples russe, biélorusse et ukrainien : tous trois sont issus des Slaves orientaux peuplant la Rus' de Kiev, qui est considéré comme l'ancêtre de la Russie, de la Biélorussie et de l'Ukraine. De plus, les langues russe, biélorusse et ukrainienne dérivent toutes du vieux russe, la langue parlée dans la Rus' de Kiev. En outre, l'adjectif russe русский (ruskiï 
) dérive de l'adjectif rus', qui était propre à la Rus' de Kiev.
De plus, le terme de biélorusse est en fait une latinisation du vieux russe белая русь (bielaya rus), qui signifie littéralement « Rus' blanc ». Le terme ukrainien, lui, vient de l'ukrainien Україна, proche du russe Украина (transcrit Ukraïna dans les deux cas), qui veut dire « à la limite du pays » (у ayant le sens de « proche, à la limite de » et край signifiant « pays » ou « frontière »).
Failles[modifier | modifier le wikicode]
Néanmoins, la théorie de nation russe trinitaire dispose de plusieurs failles. En effet, si la Rus' de Kiev est considérée comme l'« ancêtre commun » de ces trois pays, elle n'en reste pas un pays ancien qui n'était malgré tout qu'une des nombreuses principautés russes ou slaves de l'époque (avec la République de Novgorod, la principauté de Vladimir, etc.) et elle finira d'ailleurs par s'effondrer lors des invasions tataro-mongoles. C'est plus tard que les Russies seront unifiées, et elle le seront par un autre État slave apparu entre-temps : la Grande-principauté de Moscou, qui est fondamentalement russe. De leur côté, les peuples ukrainien et biélorusses se divisent : l'Empire d'Autriche des Habsbourg annexe la moitié occidentale de l'Ukraine, et le Grand-duché de Lituanie s'empare d'une grande partie de la Biélorussie. Quand le tsarat de Russie puis l'Empire russe récupèrent les restes non-conquis de ces pays, ils entament un processus de « russification » et vont jusqu'à interdire certains usages culturels ukrainiens et biélorusses afin de mieux mélanger les trois peuples : interdiction de la langue, centralisation des pouvoirs à Moscou, etc..
Ainsi, ces peuples divisés en deux voient leur évolution beaucoup différer selon leur localisation : les Autrichiens et les Lituaniens n'interdisant pas le nationalisme ukrainien et biélorusse, celui-ci est resté plus fort dans les régions de l'Ukraine et de la Biélorussie qui auparavant faisaient partie de ces deux empires.
Conséquences[modifier | modifier le wikicode]
Ce concept est resté très important aux yeux de nombreux nationalistes russes et d'une partie des populations biélorusse et ukrainienne. Le président de la Russie Vladimir Poutine s'appuie notamment sur ces idées pour rédiger en juillet 2021 un essai, intitulé De l'unité historique des Russes et des Ukrainiens. Il justifie ainsi l'invasion de l'Ukraine par ses troupes le 24 février 2022.
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