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Michel VIII Paléologue

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Michel VIII Paléologue
Empereur byzantin
Michel VIII Paléologue.
Michel VIII Paléologue.
Fonction
Basileus
Pays Empire de Nicée puis Empire byzantin restauré
Règne 25 décembre 1261 - 11 décembre 1282
Période Paléologues
Prédécesseur Jean IV Lascaris
Successeur Andronic II Paléologue
Co-empereur Jean IV Lascaris (1er décembre 1259 - 25 décembre 1261)
Andronic II Paléologue (1272 - 11 décembre 1282)
Nom de naissance Μιχαήλ Παλαιολόγος
Naissance vers 1224 à Nicée ou Nymphalion
Décès 11 décembre 1282 à Pachomios (près de Lysimacheia)
Père Andronic Paléologue
Mère Théodora Doukas
Conjoint Théodora Vatatzès
Enfants Manuel Paléologue
Andronic II Paléologue
Constantin Paléologue
Théodore Paléologue
Irène Paléologue
Anne Paléologue
Eudoxie Paléologue
Théodora Paléologue
Résidence Palais sacré (Constantinople)
Emblème des Paléologues
Emblème des Paléologues
voir modèle • modifier

Michel VIII Paléologue, né vers 1224 et mort le 11 décembre 1282, est un empereur de Nicée puis empereur byzantin de 1261 à sa mort. En reconquérant Constantinople le 25 juillet 1261, il restaure l'Empire byzantin disloqué depuis la croisade de 1204. Il fonde également la dernière dynastie impériale : celle des Paléologues, qui dure jusqu'à la fin de l'Empire byzantin en 1453.

L'on peut diviser le règne de Michel VIII Paléologue en deux parties : avant la reconquête de Constantinople (1259-1261), et de cet évènement à sa mort (1261-1282). La première grande partie de son règne est passée à organiser la reprise de l'antique capitale, tandis que Paléologue cherche, après la reconquête, à restaurer la grandeur d'un empire dont l'agonie a déjà commencée. Michel VIII lutte aussi continuellement contre ses puissants voisins, les seigneurs des Balkans et de la Méditerranée orientale (Charles d'Anjou, le despote d'Épire, le tsar bulgare...) pour s'affirmer, et cherche vainement à obtenir un soutien de l'Occident pour défendre ses frontières. Il est le premier empereur byzantin à proposer une Union des Églises romaine catholique et grecque orthodoxe.

Les historiens se rappellent généralement son règne comme étant le dernier grand règne de l'Empire byzantin.

Origines et jeunesse[modifier | modifier le wikicode]

Michel Paléologue naît vers 1224 dans l'Empire de Nicée ; il est le fils du grand domestique Andronic Paléologue et de son épouse Théodora Doukas. Michel Paléologue a de prestigieuses origines : il descend de plusieurs grandes familles byzantines telles que les Doukas, les Comnène et les Ange dont des membres ont régné sur l'Empire byzantin (ainsi que sur le despotat d'Épire pour les Doukas et l'Empire de Trébizonde pour les Comnène, d'autres États grecs successeurs de l'Empire byzantin).

Michel Paléologue passe son enfance au palais impérial de Nicée, dans l'entourage de Théodore, le fils de l'empereur Jean III Doukas Vatatzès. En 1246, les troupes impériales parviennent à reprendre la ville de Thessalonique au despote d'Épire Michel II Doukas ; le père de Michel, Andronic, est alors nommé gouverneur de Thessalonique par l'empereur, tandis que Michel reçoit le commandement de garnisons proches de la Bulgarie et d'autres en Macédoine.

Bref emprisonnement[modifier | modifier le wikicode]

En 1253, l'empereur Jean III Doukas Vatatzès l'accuse de complot avec d'autres dignitaires nicéens et le fait jeter en prison. D'après l'historien byzantin Georges Acropolite, il semblerait que cette accusation provienne d'un malentendu ; aussi, dès l'année suivante, Jean III le fait libérer et lui attribue les titres de Grand Connétable et de gouverneur de Thessalonique. Pour renforcer son alliance avec la famille Vatatzès (qui à ce moment dirige l'Empire de Nicée), Michel épouse la petite-nièce de Jean III, Théodora Vatatzès.

Fuite chez les Seldjoukides et lutte contre les Épirotes[modifier | modifier le wikicode]

Le 3 novembre 1254, l'empereur Jean III meurt ; son fils Théodore II Lascaris lui succède. Ce dernier, qui a passé son enfance aux côtés de Michel Paléologue, connaît donc bien le Grand Connétable et, méfiant à son égard, il l'accuse dès 1256 d'alliance avec les Seldjoukides — accusation infondée et probablement fausse — ; Michel, qui à cette époque cumule les honneurs, est contraint de fuir au sultanat seldjoukide de Roum. Là, il se lie d'amitié avec le sultan Kay Kâwus II qui le nomme commandant de l'armée et l'envoie, à la tête de mercenaires chrétiens des Balkans, lutter contre les Mongols qui menacent le sultanat.

Pourtant, début 1258, Théodore II pardonne à Michel Paléologue et le rappelle à Nicée ; en effet, il est en grande difficulté face au despote d'Épire, Michel II Doukas, et a besoin d'un bon chef de guerre. Michel part donc guerroyer en Macédoine après avoir prêté serment à l'empereur et bat les Épirotes qui sont repoussés jusqu'à Dyrrachium ; mais, malheureusement pour lui, les armées d'Épire reprennent vite l'avantage et, avant la fin de l'année, c'est Paléologue qui a reculé jusqu'à Thessalonique assaillie.

Co-empereur[modifier | modifier le wikicode]

Mort de Théodore II[modifier | modifier le wikicode]

Le jeune empereur, Jean IV Lascaris.

Après ses échecs, Michel Paléologue est rappelé à Nicée où l'empereur le fait jeter en prison, ce qui mécontente beaucoup la noblesse ; en effet, celle-ci pense que Paléologue devrait retourner commander les armées européennes plutôt que de croupir en prison. Mais ce dernier a visiblement calculé ses actes : en se laissant arrêter, il peut-être prévoyait ainsi, avec le soutien de l'aristocratie, s'emparer du trône après la mort prochaine de Théodore II Lascaris qui, malade, n'a plus beaucoup de temps à vivre.

C'est bien la mort qui attend Théodore II : le 18 août 1258, il meurt d'épilepsie, laissant un fils de huit ans, Jean IV Lascaris. La régence est confiée à Georges Muzalon, un ami d'enfance de Théodore II, qui, d'origine modeste, est peu apprécié par la noblesse ; mais, neuf jours plus tard, à l'enterrement de Théodore II Lascaris, une émeute éclate et Muzalon ainsi que son frère Théodore sont tués et mutilés. L'armée et les nobles, soutenus par le clergé, libèrent Paléologue qui devient alors mégaduc puis despote (des titres de l'élite byzantine). Michel Paléologue est alors nommé régent, puis accède au titre de co-empereur le 1er décembre 1258, avant d'être couronné un mois plus tard ; le 1er janvier 1259, il est couronné en même temps que le jeune Jean IV. Michel Paléologue reçoit du patriarche une couronne richement sertie, contrairement à Jean qui n'obtient qu'un collier.

Lutte contre la coalition épirote[modifier | modifier le wikicode]

Quand Michel VIII devient co-empereur — et, de fait, dirige tout l'Empire —, quoique protégé à l'est par les Mongols qui occupent toutes les forces des Seldjoukides, il doit toutefois faire face à de nombreuses difficultés sur le front européen de l'Empire de Nicée : Michel II Doukas, le despote d'Épire, qui assiège toujours — sans succès — Thessalonique, appelle à l'aide son puissant voisin, Manfred de Sicile, fils de l'empereur germanique Frédéric II ; Manfred domine déjà une grande partie du territoire du despotat d'Épire, mais est prêt à soutenir Michel Doukas. Ce dernier est également rejoint par le royaume de Serbie et le prince d'Achaïe ; Michel II Doukas donne alors pour mission à Manfred Ier de Sicile de diriger leurs armées contre Michel VIII, ce qu'il fait en rappelant d'Allemagne près de quatre cents chevaliers.

La Macédoine étant près de lui échapper, Michel VIII envoie des émissaires auprès des souverains de la puissante coalition ; mais la diplomatie ne fonctionne pas. Michel VIII, toujours en quête de soutiens, envoie une ambassade à Rome pour négocier avec le pape l'union des Églises catholique et orthodoxe ; encore une fois, il échoue dans les pourparlers. En automne 1258, comprenant que ses tentatives de négociations sont vaines, Paléologue se met à recruter des régiments entiers à l'étranger ; des Serbes des Balkans, des Hongrois du Danube et même des Turcs d'Asie mineure rejoignent son armée. Envoyant cette armée — sous la direction du général Alexis Strategopoulos ainsi que du frère de Michel VIII, Jean Paléologue — à la rencontre des troupes ennemies, les Nicéens arrivent rapidement en vue des Épirotes qui, avec leurs alliés dont une immense armée avec pour chef le prince d'Achaïe en personne, sont au nombre de quarante-cinq mille. Michel VIII, qui sait la bataille inévitable, recommande à son frère de séparer les armées ennemies afin de mieux les vaincre ; cette technique s'avèrera fructueuse.

La bataille a lieu en septembre 1259 à Pélagonia : les quelques vingt mille soldats de Jean Paléologue, bien que deux fois moins nombreux que ceux de la coalition épirote, défont rapidement leurs ennemis lors d'une victoire éclatante ; le prince d'Achaïe, Guillaume II de Villehardouin, ainsi que les quatre cents chevaliers germaniques envoyés par Manfred Ier de Sicile, sont faits prisonniers, tandis que le despote d'Épire, Michel II Doukas, s'enfuit. Alexis Strategopoulos profite du désordre qui règne alors en Épire pour s'emparer d'Arta, la capitale du despotat.

Reconquête de Constantinople[modifier | modifier le wikicode]

Première tentative[modifier | modifier le wikicode]

L'Empire de Nicée en 1230. L'Empire latin de Constantinople a alors perdu une grande partie de ses territoires d'origine.

Michel VIII, qui désormais n'a plus besoin de se soucier de la situation politique en Macédoine, commence à organiser la reconquête de Constantinople, l'antique capitale de l'Empire byzantin, occupée par les Croisés depuis 1204. Au début de l'année 1260, il assiège la ville qui est le dernier vestige de l'Empire latin de Constantinople, dirigé par l'empereur Baudouin II de Courtenay. Mais l'armée nicéenne est incapable de percer de brèche dans le triple mur théodosien ; et une trentaine de navires vénitiens (la République de Venise étant l'un des derniers alliés de l'Empire latin) barre la Corne d'Or, le port naturel de Constantinople. Michel VIII n'a plus d'autre choix que de lever le siège après quelques mois, en septembre 1260.

Alliance avec Gênes[modifier | modifier le wikicode]

Comprenant qu'il lui faut une flotte pour percer les défenses maritimes de Constantinople, Michel VIII fait alors appel à la République de Gênes, éternelle ennemie de la République de Venise, et l'une des principales puissances maritimes de l'époque. Contre son aide, Michel VIII lui promet nombre d'avantages ainsi que le quartier de Péra où s'installeraient les marchands génois. Gênes accepte ; le 13 mars 1261, l'accord est signé entre les deux États à Nymphaeon, et la flotte génoise fait voile vers l'Asie mineure.

Reconquête imprévue[modifier | modifier le wikicode]

Les empereurs Michel VIII et Baudouin II.

Au début de l'été 1261, Michel VIII envoie Alexis Strategopoulos avec huit cents soldats pour surveiller la frontière bulgare, mais également en profiter pour inspecter les murailles de Constantinople et l'observer pour estimer le nombre de défenseurs latins qui s'y trouvent afin d'emmener un nombre d'hommes suffisant. Strategopoulos envoie donc une troupe d'hommes pour observer la ville de près ; et il apprend que la plupart des soldats latins et la flotte vénitienne sont partis attaquer une île byzantine du Bosphore. Strategopoulos en profite et, avec quelques soldats ainsi que l'appui de la population constantinopolitaine, il pénètre discrètement dans Constantinople dans la nuit du 25 juillet avant d'ouvrir les portes de la ville. Les huit cents soldats de la petite armée de Strategopoulos entrent donc en grande pompe dans l'antique capitale byzantine où la foule acclame le général en sauveur. Quant à l'empereur latin Baudouin II de Courtenay, il s'enfuit en barque ; l'Empire latin de Constantinople prend fin, et l'Empire byzantin renaît.

Déposition de Jean IV[modifier | modifier le wikicode]

Aussitôt prévenu de la reconquête de Constantinople, Michel VIII se dépêche de rejoindre Strategopoulos et fait une entrée triomphante dans la ville le 15 août, acclamé par le peuple qui le voit comme un libérateur. Paléologue va également se faire sacrer à Sainte-Sophie, la basilique la plus grande et importante de la ville, où se faisaient couronner par le patriarche de Constantinople tous les empereurs byzantins. Puis, après avoir fait de son fils Andronic l'héritier du trône impérial, il fait aveugler et déposer le co-empereur Jean IV Vatatzès le 25 décembre, alors qu'il fêtait ses onze ans.

Empereur[modifier | modifier le wikicode]

Reconstruction de l'Empire[modifier | modifier le wikicode]

La bannière tétragrammatique des Paléologues, qui devient le drapeau de l'Empire byzantin.

Malgré son prestige, Constantinople est une ville en ruines en 1261. Les empereurs latins, loin de la rénover, avaient vendu les ornements précieux des monuments faute d'argent ; et les différents sièges ainsi que le saccage de la ville en 1204 ont ruiné la capitale. Michel VIII fait restaurer un grand nombre des remparts en ruines, reconstruit de nombreux bâtiments détruits et fait également nettoyer les rues, d'une saleté extrême — saleté qui sera d'ailleurs propice à la grande peste de 1347. Michel VIII tente également de restaurer la puissante défense de la capitale ; outre la reconstruction d'une grande partie des murailles, il réinstalle la chaîne qui barrait la Corne d'Or — technique de défense qui servira aux assiégés lors de la chute de Constantinople en 1453 — et dote son armée d'une flotte de guerre. Constantinople voit également apparaître un quartier génois qui remplace le quartier vénitien de la ville.

Mais Michel VIII veut également faire à nouveau rayonner la splendeur de l'Empire byzantin ; il reconstruit nombre d'églises et encourage fortement l'art byzantin, notamment les mosaïques. Il crée également un nouveau drapeau, la bannière tétragrammatique, qui subsistera jusqu'à la chute de Constantinople.

Relations avec l'Occident[modifier | modifier le wikicode]

Michel VIII se sait impopulaire depuis l'aveuglement de Jean IV. Il essaie de tisser des liens avec l'Occident catholique ; aussi libère-t-il Guillaume II de Villehardouin, le prince d'Achaïe, en échange de cinq grandes villes parmi lesquelles Mistra. Michel VIII envoie aussi des émissaires demander à Manfred Ier de Sicile la main de sa fille Constance, veuve de Jean III, ainsi que des ambassadeurs au pape Urbain IV. Mais la demande en mariage de la veuve scandalise le peuple et le patriarche de Constantinople, Arsène Autorianos, excommunie Michel VIII en 1265 ; quant au pape, influencé par l'ancien empereur latin Baudouin II de Courtenay et par la République de Venise, il appelle les monarques européens à la croisade contre l'Empire byzantin. Heureusement, grandement aidé par le peu d'écho de cet appel, Michel VIII parvient à empêcher la croisade et réplique à Arsène Autorianos en le destituant de ses fonctions et en l'exilant. Un autre patriarche de Constantinople est nommé, mais il est rapidement destitué à son tour ; début 1267, Joseph de Constantinople, le successeur du patriarche Germain III, annule l'excommunication de Michel VIII, mettant ainsi fin à un rejet populaire du basileus qui n'avait plus le droit d'entrer dans des églises telles que la basilique Sainte-Sophie.

Toutefois, à l'est de l'Empire, Michel VIII rencontre une certaine opposition du peuple d'Asie mineure, partisan à la fois des Lascaris mais également du patriarche Arsène Autorianos.

Lutte contre la principauté d'Achaïe[modifier | modifier le wikicode]

Si la croisade contre l'Empire byzantin a pu être empêchée, ce n'est pas le cas de l'alliance des Latins qui, désireux de voir renaître l'Empire latin de Constantinople, s'allient dès 1262 en une coalition formée de la République de Venise et la principauté d'Achaïe ; alliance à laquelle se joint le pape Urbain IV. Michel VIII réplique en envoyant début 1263 neuf navires saccager toutes les îles grecques gardées par les Latins et reprendre une grande partie du Péloponnèse, et confie quinze mille hommes à son demi-frère le sébastocrate Constantin Paléologue pour qu'il assiège Sparte ; mais son armée est mise en déroute et Constantin s'enfuit. Une trentaine de jours après cette défaite, une bataille entre la flotte génoise soutenue par les Byzantins et la flotte vénitienne tourne en faveur des Vénitiens qui remportent la victoire.

Les tensions montent alors entre Constantinople et Gênes ; Michel VIII, furieux, chasse la flotte génoise du Bosphore et renvoie les dignitaires génois de la capitale impériale. La République de Gênes fait don d'une flottille à l'empereur afin de tenter de renouer des liens ; mais, en 1264, un complot de plusieurs aristocrates génois contre le basileus est découvert et Michel VIII rompt définitivement avec Gênes.

Michel VIII tente encore et toujours de trouver des alliés ; il fait alors appel au pape. Celui-ci a été trahi et affaibli par Manfred Ier de Sicile et accepte de négocier avec l'empereur qui, contre son aide, lui promet, outre une lutte commune contre la Sicile, l'union des deux Églises catholique et orthodoxe. Ce projet d'union rencontre une forte opposition dans le clergé byzantin, très attaché à ses traditions ; et il n'aura finalement jamais lieu. Les envoyés du pape, censés arriver à Constantinople pour traiter de l'Union, mettent du temps à venir, et Michel VIII, impatient, lance un nouvel assaut contre la principauté d'Achaïe. Le commandement est à nouveau confié à Constantin Paléologue, qui dirige son armée vers la capitale de la principauté, Andravida ; à proximité a lieu, en octobre 1263, une grande bataille qui se solde par une terrible défaite byzantine. En effet, outre la mort du Grand Connétable Michel Cantacuzène, les cinq mille mercenaires turcs, toujours impayés, se retournent contre les Byzantins. Le sébastocrate est de nouveau contraint à la fuite.

Guillaume II de Villehardouin, ivre de sa victoire, s'empare de la partie sud de la Morée et assiège Mistra, sans succès. Aidé des mercenaires turcs révoltés contre Michel VIII, il saccage les territoires alentours avant de proposer une nouvelle trêve à l'empereur, qui, attendant encore l'aide du pape, l'accepte avec joie.

Lutte contre Charles Ier d'Anjou[modifier | modifier le wikicode]

La bataille de Bénévent, en 1266, qui voit la défaite de Manfred Ier de Sicile face à Charles Ier d'Anjou.

Alors que les négociations pour l'Union sont entamées, le pape Urbain IV meurt, le 2 octobre 1264. Clément IV lui succède. Ce nouveau pape est, comme son prédécesseur, opposé à Manfred Ier de Sicile ; et il soutient le rival de ce dernier, Charles Ier d'Anjou, frère du roi de France Saint Louis, qui a prétentions sur la Sicile. Charles d'Anjou vainc finalement Manfred Ier qu'il tue en février 1266, et se fait couronner roi de Sicile ; mais il menace lui aussi l'Empire byzantin, menace qui se confirme après la prise de Corfou en 1267. Charles Ier d'Anjou conquiert également l'ouest de l'Épire où le peuple albanais le couronne roi, et s'allie avec le prince d'Achaïe, l'ancien empereur latin et même le pape auquel il promet de refonder l'Empire latin de Constantinople dont il deviendrait l'héritier si jamais l'ancien empereur Baudouin II de Courtenay et son fils devaient mourir sans enfants.

Michel VIII, qui n'a pour allié que le roi de Castille Alphonse X, essaie à nouveau de négocier avec le pape afin de contrer cette alliance ; mais Clément IV refuse de parlementer ou d'entendre parler de la potentielle union des Églises. Michel VIII persévère et propose de lancer une croisade contre les Turcs à laquelle il participerait, aux côtés du roi d'Arménie, orthodoxe lui aussi. Clément IV semble alors plus disposé à négocier mais meurt le 29 novembre 1268 ; et l'élection du nouveau pape, grandement influencée par Charles Ier d'Anjou, dure deux ans, ce qui empêche les négociations pour l'union des Églises. Michel VIII a pourtant enfin réussi à obtenir des soutiens ; la République de Gênes avec laquelle il s'est réconcilié quelques mois plus tôt, et la République de Venise en avril 1268. Les deux républiques rivales bénéficient ainsi des mêmes avantages dans l'Empire, et, quoique rivales, elles sont d'un grand secours à Michel VIII qui se félicite d'avoir comme alliées les plus grandes puissances navales de l'époque.

Mais Charles Ier d'Anjou, lui, s'est fait un plus grand nombre d'alliés ; on compte parmi eux le royaume de Serbie, l'empire de Bulgarie, le royaume de Hongrie, le sultanat de Roum et même l'empire mongol, tous de vieux ennemis des Byzantins. De plus, il a complètement envahi le sud du Péloponnèse, où il envoie quantité d'armes et de troupes ; et, pendant ce temps, Baudouin II de Courtenay fait entrer dans l'alliance le roi de Navarre, Thibaud de Champagne. Michel VIII, qui n'a presque que des ennemis en-dehors de ses alliées italiennes, fait alors appel au frère de Charles d'Anjou, le roi de France Saint Louis. Outre l'union des Églises au pieux roi, il lui demande également d'empêcher Charles Ier d'Anjou d'attaquer l'Empire byzantin ; et, pour le convaincre, il propose une croisade en Tunisie. Saint Louis, enthousiaste, entame des négociations avec Michel VIII et impose ses conditions, qui sont acceptées par l'empereur. Mais, alors que les émissaires impériaux arrivent en France pour apprendre au roi que l'empereur et le patriarche de Constantinople ont accepté les conditions, ils apprennent que le roi, débarqué à Tunis avec de nombreux chevaliers, vient d'y mourir du choléra le 25 août 1270. Le projet d'Union est encore une fois interrompu, et Michel VIII se retrouve une fois encore sans allié hormis les deux républiques italiennes.

Mais un évènement imprévu sauve toutefois l'Empire byzantin d'une attaque : Charles Ier d'Anjou, qui a accompagné son frère à Tunis, retourne en Sicile préparer le départ de sa flotte afin de lancer l'offensive contre Michel VIII ; mais, le 22 novembre 1270, une tempête a lieu et nombre de bateaux chargés d'armes sont engloutis par l'océan, et les soldats rescapés, peu nombreux, ne représentent plus une menace pour l'Empire byzantin. Ainsi, en une nuit, toute la puissance sicilienne est anéantie...

Union des Églises[modifier | modifier le wikicode]

En 1271, les cardinaux élisent un nouveau pape, Grégoire X. Celui-ci, qui rêve de reprendre Jérusalem aux mains des Turcs, veut s'assurer du soutien de l'Empire byzantin et entame de nouvelles négociations pour l'union des Églises, que Michel VIII accepte avec joie. En octobre, le pape convie le basileus à assister à une entrevue d'ecclésiastes romains et byzantins, afin de négocier les conditions de l'Union ; Michel VIII, usant de diplomatie, n'emmène avec qu'une maigre escorte « pour se protéger d'assassins siciliens à la solde de Charles d'Anjou ». Le concile doit se tenir à Lyon en mai 1274, et réunit près de 1 500 religieux. La messe est célébrée en latin et en grec, afin de renforcer le sentiment d'union des Grecs et des Latins. Le patriarche de Constantinople reconnaît la suzeraineté spirituelle du pape, mais garde les mêmes pouvoirs qu'avant le schisme de 1054 ; et les rites byzantins sont autorisés dans tout l'Empire. L'Union est annoncée le 6 juillet.

Mais, en automne 1274, quand Michel VIII rentre à Constantinople, la population et le clergé le considèrent comme un traître. En effet, se retrouver sous l'autorité du pape à peine treize ans après la chute de l'Empire latin de Constantinople leur déplaît beaucoup ; et ils considèrent l'alliance avec les Occidentaux qui sont depuis 1204 les ennemis des Grecs comme une trahison et une offense à la culture orthodoxe byzantine. Le 16 janvier 1276 est donnée, en l'honneur de l'Union, une messe identique à celle du concile de Lyon, à savoir dite en grec et en latin ; mais la division éclate pour de bon. Le 26 mai, le patriarche de Constantinople, Joseph, qui est opposé à l'Union, est destitué ; et la propre sœur de Michel VIII, Théophane Paléologue, monte les Bulgares et les Mamelouks contre Michel VIII pour le déposer, sans succès. Quant aux despotes d'Épire, les frères Nicéphore Ier Doukas et Jean Ier Doukas, ils encouragent la résistance à l'Union dont ils se servent pour affaiblir l'autorité de Michel VIII sur le peuple byzantin. Malgré tout, le basileus, qui est assuré que les princes occidentaux ne l'attaqueront plus pour des raisons religieuses, parvient à faire la paix avec Charles Ier d'Anjou.

Lutte dans les Balkans[modifier | modifier le wikicode]

L'Empire byzantin et pays voisins en 1265.

Malgré l'Union, la lutte continue avec les Latins ; Michel VIII veut reconquérir tous les territoires que l'Empire byzantin a perdus lors de la quatrième croisade, à commencer par la Grèce. L'empereur envoie donc son frère Jean Paléologue attaquer le despote de Thessalie Jean Ier Doukas ; si les combats semblent gagnés dans un premier temps, le despote, aidé du duc d'Athènes, parvient à contrer l'offensive byzantine. Après cela, les Vénitiens, alliés des Byzantins, perdent plusieurs des îles grecques de la mer Égée ; mais, finalement, la flotte latine est vaincue par les Byzantins. Toutefois, Michel VIII, prudent, préfère confier l'armée à un autre général, Alexis Doukas Philanthropène ; mais celui-ci, blessé, est incapable de diriger une armée. C'est finalement un Italien, nommé Licario, qui prend le commandement des troupes. Licario, qui se révèle être un habile général, reprend presque toutes les îles grecques perdues et assiège la ville de Chalcis, sur l'île d'Eubée, le dernier bastion latin. Après une première victoire, Licario fait prisonnier le gouverneur de la ville ainsi que le duc d'Athènes ; mais le fiasco d'une autre armée byzantine, sévèrement battue par le despote de Thessalie, oblige Licario à retourner à Constantinople où on lui attribue le poste de mégaduc. On pense qu'il meurt peu après.

Le pape Grégoire X, qui essaie tant bien que mal de calmer les hostilités entre Grecs et Occidentaux, décide d'appeler à la croisade contre les Turcs ; il pense que cela unirait les belligérants dans une lutte commune contre l'Infidèle. Michel VIII hésite d'abord ; le terrible souvenir de la quatrième croisade hante encore l'esprit byzantin, et les Croisés pourraient très bien se retourner contre les Byzantins et prendre Constantinople une seconde fois. Mais, d'un autre côté, ce pourrait être le moyen idéal de repousser les Turcs et de reprendre l'Anatolie, où l'Empire recrutait, avant sa perte, le plus gros de ses soldats. L'empereur propose donc au pape de se réunir à Pâques pour discuter de la potentielle croisade ; mais Grégoire X meurt le 10 janvier 1276, et la croisade n'aura finalement jamais lieu.

Lutte contre Charles d'Anjou et abandon de l'Union[modifier | modifier le wikicode]

Le nouveau pape élu est Nicolas III. Celui-ci est opposé à Charles Ier d'Anjou mais impose plus de conditions à l'Union des Églises promulguée le 6 juillet 1274. Le peuple byzantin est d'ailleurs de plus en plus hostile à Michel VIII ; en effet, le pape a envoyé des légats dans chaque grande ville byzantine afin de s'assurer que toute la population était favorable à l'Union. De plus, Nicolas III envisage de laisser en permanence un de ses émissaires à Constantinople, pour vérifier si la doctrine catholique est bien respectée. Michel VIII, ainsi que bon nombre des anciens pro-unionistes, trouve ces conditions de plus en plus pénibles et envahissantes ; et le patriarche de Constantinople, Jean XI Vekkos, démissionne de son poste après une dispute avec Michel VIII, mais, finalement, il reprend son poste. L'Union devient de plus en plus impossible à respecter.

Charles Ier d'Anjou, dont l'envie d'attaquer l'Empire byzantin est contenue par le pape en raison de l'Union, décide toutefois de se préparer à une offensive. Depuis qu'il a succédé au prince d'Achaïe Guillaume II de Villehardouin, en 1278, des révoltes des populations grecques de la région ont éclaté et l'anarchie règne en Morée ; mais Charles d'Anjou ne s'intéresse pas au Péloponnèse, et transfère quantité de troupes en Épire, où le despote, Nicéphore Ier, a conclu une alliance avec lui le 10 avril 1279.

La guerre, devenue inévitable en raison des trop nombreuses tensions entre Charles d'Anjou et Michel VIII, éclate à la mort de Nicolas III, le 22 août 1280. Charles Ier d'Anjou envoie ses huit mille soldats assiéger la place forte byzantine de Bérat, située en Albanie. Très bien défendue et idéalement située, elle est une forteresse importante ; c'est par conséquent elle que Charles d'Anjou attaque en premier. Michel VIII, averti de la nouvelle, prépare et envoie une armée commandée par son neveu Michel Tarchaniotoès en renforts aux défenseurs. Le siège s'éternise et dure tout l'hiver ; et les défenseurs commencent à souffrir de la faim. C'est en mars que l'armée de Tarchaniotoès arrive, et s'installe non loin de là, obéissant aux ordres de Michel VIII qui a ordonné à son neveu de ne pas attaquer. Charles d'Anjou ne tarde pas à l'apprendre, et, à la nouvelle de l'avancée de l'armée byzantine, ses troupes paniquent et s'enfuient ; après un très bref combat qui est surtout une poursuite des Latins par les Byzantins, les nombreux chevaliers latins sont presque tous faits prisonniers et emmenés à Constantinople où ils participent au triomphe de Michel Tarchaniotoès. Pour Charles Ier d'Anjou, la défaite est cuisante.

Suite à cette victoire, l'Empire byzantin domine désormais toute l'Albanie, et Charles Ier d'Anjou, qui a perdu toute crédibilité auprès de ses alliés, se retrouve seul. Pourtant, le nouveau pape, Martin IV, le soutient et met fin à l'utopique Union des deux Églises, en interdisant à tous les souverains de l'Occident catholique de s'allier avec le basileus et en excommuniant Michel VIII. Ce dernier, furieux, rompt toutes les négociations avec Martin IV et révoque toutes les restrictions imposées par la papauté, regagnant en partie le soutien du peuple orthodoxe, mais ne renonce pas à son projet d'union en espérant que les prochains papes le soutiendront. De plus, la République de Venise, évincée par l'Empire au profit de Gênes, s'allie avec Charles Ier d'Anjou contre Michel VIII. Charles d'Anjou est alors un des princes les plus puissants de toute l'Europe ; outre ses possessions siciliennes et grecques, il a également des territoires en France — dont le roi est son neveu — et est un des sénateurs de Rome. Il est aussi le beau-père du roi de Hongrie, ce qui lui accorde encore plus de soutiens. En peu de temps, il acquiert trois cents bateaux de guerre et se retrouve à la tête d'une armée de vingt mille hommes.

Illustration des Vêpres siciliennes par Francesco Hayez.
Débarquement de Pierre III d'Aragon en Sicile.

Face à lui, Michel VIII bénéficie de l'aide de la République de Gênes et du royaume d'Aragon. Avec l'aide du roi Pierre III d'Aragon, il appelle la population de Sicile à se révolter contre Charles d'Anjou qui y est impopulaire ; ce sont les Vêpres siciliennes. En mars 1282, les soldats de Charles d'Anjou présents sur place sont massacrés et, alors que celui-ci s'apprête à réprimer la révolte, Pierre III d'Aragon débarque en Sicile où le peuple l'acclame en sauveur. Le 2 septembre, presque toute l'île lui appartient ; il est couronné roi de Sicile. La dernière ville encore fidèle à Charles Ier d'Anjou, Messine, tombe le 2 octobre.

Mort[modifier | modifier le wikicode]

Andronic II Paléologue, fils et successeur de Michel VIII.

Après avoir enfin été débarrassé de la menace que représentait Charles d'Anjou, l'Empire byzantin est pourtant de nouveau attaqué, et sur deux fronts : le despote de Thessalonie, Jean Ier Doukas, attaque la partie occidentale, tandis que les Ottomans, qui ont formé leur État turc depuis peu, attaquent l'est. Michel VIII appelle alors le khan de la Horde d'or à l'aide ; celui-ci lui envoie une armée de quatre mille Tatars pour l'aider. Michel VIII, en mauvaise santé, décide d'anéantir complètement le despotat de Thessalie pour se débarrasser de cette menace ; et, cette fois-ci, il prend lui-même le commandement de l'armée. Mais le bateau qui le transportait en Thessalie est contraint de rentrer au port le plus proche, et Michel VIII continue sa route à cheval ; c'en est trop pour la fragile santé de l'empereur. Le 11 décembre 1282, il meurt à Pachomios, en Thrace. Son fils, Andronic, lui succède sous le nom d'Andronic II. Michel VIII est enterré en pleine forêt, non loin de Pachomios, car Andronic II craint des émeutes à Constantinople du fait de l'impopularité de son père. Des années plus tard, son corps sera transféré au monastère de Seleymbria.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Source : cette page a été partiellement adaptée de la page Michel VIII Paléologue de Wikipédia.

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance, éditions Albin Michel, 2006.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Liens internes[modifier | modifier le wikicode]

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

Article mis en lumière la semaine du 7 novembre 2022.
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