Menzel

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
(Redirigé depuis Menzel Djerbien)
Aller à la navigation Aller à la recherche
Menzel Djerbien

Le Menzel Djerbien est une forme d’habitation ancestrale en Tunisie.

C’est un espace de vie et un système de vie. Il est à la fois conçu à l’échelle individuelle et à celle de la campagne1.

Le terme Menzel signifie le lieu où l’on descend. C’est l’espace de demeure de la famille Djerbienne (de Djerba).

Un lieu occupé traditionnellement par une famille large (parents, enfants, petits-enfants) tendant à vivre en autonomie, de ces ressources agricoles et artisanales.

L’architecture traditionnelle de l’île de Djerba témoigne d’un lieu où l’interaction complexe entre l’homme et son environnement a produit un système urbain unique. Les Djerbiens très conservateurs, ont gardé leurs mœurs, leurs traditions et leur technique qui remontent dans certains cas à de nombreux siècles passés. L’élément fédérateur en est l’habitat, ou plus précisément le mode de vie, selon lequel les Djerbiens ont organisé leur espace quotidien.


Composantes du Menzel[modifier | modifier le wikicode]

Tabia[modifier | modifier le wikicode]

C’est une haute haie de terre puissante souvent, elle cerne le Menzel. Celle-ci est régulièrement refaite, surtout pendant la saison des pluies; Elle est plantée de cactus, d’agaves ou d’aloès destinés à la stabiliser. Outre son rôle essentiel dans la lutte contre l’érosion, elle protège aussi les habitants du Menzel des regards extérieurs2.

Porte d'entrée Sguifa

Entrée du Menzel (Fella)[modifier | modifier le wikicode]

Habitation (Houch)[modifier | modifier le wikicode]

Le houch est donc le cœur du domaine que forme le «Menzel», aussi bien géographiquement car le plus souvent implanté au milieu du terrain.

Il est la maison Djerbienne , le lieu d’habitation et l’élément de base de «Menzel».

Il est souvent implanté loin de l’entrée «Fella».

Vu de dehors, il apparaît comme une forteresse carrée ou rectangulaire. Le bâtiment est flanqué aux quatre coins de tours carrées (Grofs, singulier ghorfa). Sorte de tournelles défensives percées de fenêtres qui s’ouvrent sur les trois côtés pour servir d’observatoire et procurer un maximum de fraîcheur. Badigeonné en blanc, au chaud gras, le houch complètement fermé sur l’extérieur, n’a qu’une seule porte d’entrée massive, dotée d’un puissant système de verrouillage.

Skifa (Sguifa)[modifier | modifier le wikicode]

Une sorte d’entrée couverte en forme de bannette, certainement pour éviter les regards indiscrets. Cette espace sert aussi d’entrepôt de certains objets usuels qu’on suspend au « maalag », élément de bois sous forme de barre implanté au moment de la construction.

Patio

Wast el Houch (patio)[modifier | modifier le wikicode]

C’est un espace autour duquel s’organise une vie communautaire entre les sous-groupes familiaux. On pratique les travaux ménagers et on veille pendant les soirées estivales pour profiter de la fraîcheur. On le réserve aussi pour les femmes au cours des cérémonies de mariage et de deuil.

Les pièces (Dar, pluriel Diar)[modifier | modifier le wikicode]

Elles sont de réelles maisons familiales. Ces pièces sont de forme rectangulaire, et ont un plan à la fois simple, équilibré, et conforme au mode de vie djerbien.

La porte d’entrée mène à l’espace du séjour (El wastia). À gauche du séjour, au fond de la pièce se trouve la chambre à coucher des enfants, de forme à peu près carrée et surmontée d’une coupole. Ce lieu est au niveau du sol du (Dar) et un arc permet généralement d’en marquer les limites par apport au séjour. C’est la doukkana.

À droite du séjour, se trouve superposées, la salle d’eau (mesthan ou mestham) et la chambre de parents à laquelle on accède par un petit escalier droit. Celle-ci appelée ghorfa et bénéficie de vues sur l’extérieur et sur la cour de la maison grâce à des petites fenêtres protégées de fer forgé.

L’aération du dar se fait par la porte, les fenêtres, qui sont pratiquement ouvertes à l’étage, et enfin par des petites lucarnes circulaires ou rectangulaires. Ces petites ouvertures sont uniquement disposées dans le (masthan) et la chambre des enfants3.

Il y a d’autres espaces communs aux différents membres de la famille (cuisine, maskksen, el khsine) qui contient les provisions (huile, orges, blé...).

El Makhzen

Makhzen[modifier | modifier le wikicode]

Le makhzen sert à abriter les provisions de la famille. Comme il s’agit d’une pièce de grande surface, une série d’arcades soutiennent soit la terrasse soit les voutes en berceaux. On y trouvera à l’intérieur une collection de grosses jarres de Guellala qui sont remplies d’huile et de céréales, lesquelles constituent la provision annuelle de la famille. Les murs sont creusés de petites niches.

Les citernes d’eau de pluie (fesguia et Majene)[modifier | modifier le wikicode]

« Djerba a été marquée par le manque d’eau jusque dans son nom. En effet, son nom antique MENINX aurait pour racine punique «MA-NAQS » c’est-à-dire manque d’eau}}4.

Ce qui a poussé les Djerbiens à faire recours à deux moyens pour répondre à leurs besoins en eau.

La fesguia[modifier | modifier le wikicode]

C’est un réservoir de forme rectangulaire, inspiré des anciennes citernes romaines. Il se présente sous forme d’une chambre souterraine, pouvant être construite sous l’ouest el houch ou en marge du houch pour recueillir et stocker les eaux de pluie. Ce liquide précieux est incontestablement le plus grand souci des habitants de l’île.

La fesguia possède une capacité de l’ordre de cinquante mètres cube.

Majel ou Majene[modifier | modifier le wikicode]

Puits

Le Majel ou Majene, généralement préparé, pour sa plus grande profondeur, est une construction de forme cylindrique plus évasée vers la base, de forme d’un tronc de cône.

Puits (Bir)[modifier | modifier le wikicode]

L’eau de pluie recueillie dans la Fesguia (ou Mejel) est tout juste suffisante pour la consommation, il fallait donc un supplément de réserves. Donc les Djerbiens ont creusé des puits et chaque Menzel contient un ou deux puits.

Les puits ont été construits sur un monticule dominant la parcelle de terre à arroser. Ils sont également reconnaissables à leurs deux ailes en gradin qui supportent le système des poulies nécessaires au puisage. La profondeur est variable selon la région, ainsi à proximité des côtes elle ne dépasse pas une dizaine de mètres, alors qu’à l’intérieur de l’île elle attient parfois 50 mètres.

La construction en hauteur, des puits permettait ainsi à l’homme ou à l’animal (âne, dromadaire) chargé de faire fonctionner le puits, d’utiliser au mieux son énergie. C’est le (mjar) un plan incliné devant le «bir» qui constituait la trajectoire à suivre. L’eau puisée est ensuite reversée dans des bassins de collecte, (mida): petit bassin de réception des eaux, (jabia) bassin d’accumulation d’eaux, puis, grâce à un réseau (sarout) sorte de seguia en terre ou maçonnée et à ciel ouvert pour permettre l’irrigation de parcelle situés toujours en contrebas.

Aire de battage (rayeh)[modifier | modifier le wikicode]

C’est une aire circulaire de 10 m de diamètre, pour battre les récoltes (blé, orge, sorgho) l’action de battre se fait par foulage au pieds des bêtes (âne, mulet, chameau) et les roues de la (jaroucha) qui est une petite charrette à roues métalliques multiples. En effet il doit être dans une zone libre, dans laquelle la brise n’est arrêtée par aucun écran, ce qui est nécessaire pour la séparation des grains et de la paille.

Makhzen EdDiaf[modifier | modifier le wikicode]

La pièce des invités est la chambre des invités.

Les Djerbiens sont connus par leur hospitalité. Mais s'ils cultivent bien la tradition de l’hospitalité, ils tiennent par-dessus tout que cela n’entraine aucune perturbation dans la sacrosainte intimité familiale.

C’est pour cela qu’on trouve la chambre d’invité (makhzen Ed Diaf) à proximité immédiate de l’accès du Menzel.

Notons, que chez certains Djerbiens plus tolérants la pièce des invités est incorporée au « houch », elle est la seule à s’ouvrir sur le jardin du Menzel.

L’achoucha (hutte)[modifier | modifier le wikicode]

L’achoucha est une suite de voûtes ouvertes sur l’extérieur d’un seul côté qui servait d’abris pour les animaux tels les dromadaires, ânes, chevaux, bœufs. Les moutons, chèvres et poules profitaient du reste de l’espace.

Les Djerbiens, du fait de leur mentalité puritaine ont une conception de la pureté tant corporelle que spirituelle. Comme on l’a vu, tout est agencé pour que la propreté soit la règle d’or de la vie quotidienne :séparation des zones domestiques et des zones de repos et de détente, même dans la chambre, les différents niveaux répondent à ce souci, afin que les parties réservées au  sommeil soient épargnées par le va et vient, présence d’une salle d’eau dans chaque chambre, implantation de citerne d’eau derrière la maison et pratiquement jamais devant ou à l’intérieur, toujours impeccablement entretenu et bien propre5.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Djerba, Perle de la méditerranée. De HEDI BEN OUZDOU
  2. L’île de Djerba. De MONGI BOURGOU et ABDELFATTAH KASSAH
  3. Les Djerbiens. De SALAH –EDDINE TLATLI
  4. Préface Slah Eddine Tlatli page 76
  5. https://journals.openedition.org/belgeo/23941
Portail de la Tunisie —  Tous les articles sur la Tunisie.